Assemblage

Une bonne claque ! Voilà un livre qui va me faire réfléchir encore longtemps.

Va prendre ce train.
Mais me voilà, 
malgré tout, 
debout, immobile
à la gare.
Vraiment, je devrais
Assemblage de Natasha Brown

Une femme noire qui a réussi après de brillantes études tombe malade. Cancer. Un choc qui va l’amener à réfléchir à sa situation, son intégration.

Avec une facilité vertigineuse, les faits de l'histoire non militaire de la Grande-Bretagne au vingtième siècle ont été déracinés, expurgés de la mémoire collective du pays. Supplantés. De vagues contes de fées vantant la bienveillance impériale fleurissent à la place. Comment peut-on engager la réflexion, discuter, ne serait-ce que penser dans une perspective post-coloniale, sans le moindre socle de connaissances partagées? Alors que tout récit des faits, même le plus simple préservé dans les archives du pays, paraît suspect, comme un délire de conspirationniste, à l'esprit des citoyens éduqués ?

Un livre sur l’Angleterre post-coloniale qui secoue bien fort la bien-pensance en démontrant la brutalité de tous les non-dits.

Il y a bien plus que de la poussière sous les tapis. Est-il possible de continuer à marcher dessus ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tout va bien
Faut que tu arrêtes, dit-elle.
Arrêter quoi, on fait rien. Elle a eu envie de le reprendre. Il n'y avait pas de « on ». Il y avait lui le sujet et elle l'objet, mais lui, il a dit écoute, pas la peine de t'énerver pour rien.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Découvrir l'âge adulte en pleine crise économique. Rester serviable dans un monde brutal et hostile. Sortir, étudier à « Oxbridge », débuter une carrière. Faire tout ce qu'il faut, comme il faut. Acheter un appartement. Acheter des œuvres d'art. Acheter du bonheur. Et surtout, baisser les yeux. Rester discrète. Continuer comme si de rien n'était.

La narratrice d'Assemblage est une femme britannique noire. Elle se prépare à assister à une somptueuse garden-party dans la propriété familiale de son petit ami, située au cœur de la campagne anglaise. C'est l'occasion pour elle d'examiner toutes les facettes de sa personnalité qu'elle a soigneusement assemblées pour passer inaperçue. Mais alors que les minutes défilent et que son avenir semble se dessiner malgré elle, une question la saisit : est-il encore temps de tout recommencer ?

Le premier roman de Natasha Brown a été une véritable déflagration dans le paysage littéraire britannique. « Virtuose » (The Guardian), « tranchant comme un diamant » (The Observer), Assemblage raconte le destin d'une jeune femme et son combat intime pour la liberté.

Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel

Incessamment, de nouveaux mots se glissent dans notre langue et bien souvent ceux-ci sont détournés, repris, traduits, malaxés et retournés… Des concepts clairs deviennent obscurs et ce qui semblait lipide vire rapidement à l’incompréhensible et tout prête à la controverse. Tout le monde s’y met, politiques, médias, gauche, droite, populistes, militants et intellectuels et nul ne s’y retrouve plus.

Islam
Juliette Galonnier
L'islam occupe une place croissante dans notre vocabulaire. Des populations auparavant désignées par des catégories nationales, socio-économiques ou légales (Algériens, Maghrébins, travailleurs immigrés, étrangers) sont désormais souvent renvoyées à leur appartenance religieuse réelle ou supposée : on parle de plus en plus de « musulmans ». Cette centralité discursive de l'islam est le fruit de plusieurs évolutions. Une partie de ces populations, en particulier leurs enfants et petits-enfants nés et socialisés en France, investit de plus en plus le référent religieux comme catégorie positive d'identification.
Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel – Islam de Juliette Galonnier

Petit dictionnaire (la liste des termes est dans les mots clés) pour ne plus s’y perdre, cet essai tente de débroussailler cette jungle en faisant appel à nombre de chercheuses et chercheurs pour des mots qui fâchent la France (Car oui, c’est culturel ! Et cette liste ne serait évidement pas la même en Angleterre ou en Allemagne).

Néoféminisme
Martine Storti
Il y a des termes fourre-tout, ils sont bien pratiques, ils permettent de tout confondre et de se dispenser de la complexité. Néoféminisme en est un. Être en désaccord avec tel ou tel courant féministe ou qui s'autoqualifie ainsi et le critiquer est bien sûr un droit indiscutable. Ce qui l'est moins, ce sont les procédés mis en œuvre : homogénéisation, généralisation, simplification, caricature, indifférence aux nuances, aux différences, aux distinctions.
Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel – Néoféminisme de Martine Storti

Essentiellement centré autour des racismes et des exclusions avec quelques (trop rares) incursions dans les genres et les sexualités, voilà un excellent petit guide pour ne plus s’y perdre. Avec un petit bémol toutefois pour certains auteurs qui ne peuvent s’empêcher de faire des mots ou ceux dont les partis-pris militants écrasent le sujet.

Un petit livre qui m’a rappelé Génération offensée de Caroline Fourest, bien moins léger que Les mots immigrés, moins international que ceux qu’on trouve dans Le dico des mots extraordinaires, moins poétique que le magnifique Il nous faudrait des mots nouveaux et que Jean Roscoff aurait évidement du lire dans Le voyant d’Étampe

Avec les participations de Nicolas Bancel, Rachid Benzine, Magali Bessone, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Ahmed Boubeker, Philippe Corcuff, Claire Cosquer, Juliette Galonnier, Sophie Guérard De Latour, François Héran, Philippe Huneman, Monique Jeudy-Baluni, Memphis Krickeberg, Nicolas Lebourg, Éléonore Lépinard, Françoise Lorcerie, Philippe Marlière, Nonna Mayer, Sarah Mazouz, Laure Murat, Alain Policar, Myriam Revault D’Allonnes, Jacob Rogozinski, Haoues Seniguer, Patrick Simon, Martine Storti, Julien Talpin, Michel Wieviorka, Valentine Zuber

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il est temps de mettre un coup d'arrêt à la dégradation des échanges intellectuels et aux controverses toxiques pour la démocratie qui touchent désormais l'université et le monde de la recherche en France.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
D'antisémitisme à wokisme en passant par identité et laïcité, une liste de mots sujets à controverse selon certains camps politiques dans les milieux intellectuel et universitaire français. Les contributeurs dénoncent le climat délétère qui règnerait dans le monde de la recherche où, selon eux, diatribes et invectives ont remplacé débats et échanges au nom de ce qu'ils nomment bien-pensance

Ma part de Gaulois

Le chanteur de Zebda raconte son enfance, la banlieue, le sexisme, l’immigration algérienne, la violence… Mais aussi, le théâtre, la musique et le bac et la culture qui permettent de rêver plus loin. C’est tendre et violent.

Ma part de Gaulois de Magyd Cherfi
Ma part de Gaulois de Magyd Cherfi

Un livre qui n’a malheureusement pas autant de ressort que ce qu’il raconte. Zut !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'année du baccalauréat pour Magyd, petit Beur de la rue Raphaël, quartiers nord de Toulouse. Une formalité pour les Français, un événement sismique pour l'« indigène ». Pensez donc, le premier bac arabe de la cité. Le bout d'un tunnel, l'apogée d'un long bras de fer avec la fatalité, sous l'incessante pression énamourée de la toute-puissante mère et les quolibets goguenards de la bande. Parce qu'il ne fait pas bon passer pour un « « intello » » après l'école, dans la périphérie du « vivre ensemble » - Magyd et ses inséparables, Samir le militant et Momo l'artiste de la tchatche, en font l'expérience au quotidien.

Entre soutien scolaire aux plus jeunes et soutien moral aux filles cadenassées, une génération joue les grands frères et les ambassadeurs entre familles et société, tout en se cherchant des perspectives d'avenir exaltantes. Avec en fond sonore les rumeurs accompagnant l'arrivée au pouvoir de Mitterrand, cette chronique pas dupe d'un triomphe annoncé à l'arrière-goût doux-amer capture un rendez-vous manqué, celui de la France et de ses banlieues.

Avec gravité et autodérision, Ma part de Gaulois raconte les chantiers permanents de l'identité et les impasses de la république. Souvenir vif et brûlant d'une réalité qui persiste, boite, bégaie, incarné par une voix unique, énergie et lucidité intactes. Mix solaire de rage et de jubilation, Magyd Cherfi est ce produit made in France authentique et hors normes : nos quatre vérités à lui tout seul !