Tendances : plaidoyer pour ne plus en suivre aucune

Oui, navrants ! Nous sommes navrants !

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Tendances : plaidoyer pour ne plus en suivre aucune de Saphia Azzeddine et Jennifer Murzeau

A vouloir être « nous-même » tout en cherchant à ressembler à … (à qui d’ailleurs ?). A nous regarder le nombril pour y trouver notre richesse intérieure. A acheter notre aura pour mieux étaler notre humilité…

Florilège d'objets connectés navrants
Hydratesparke, une bouteille d'eau intelligente qui « brille pour vous assurer que vous n'oublierez plus jamais de boire de l'eau ». Pour seulement 63 euros.
Kerastase Hair Coach, la brosse à cheveux intelligente et suréquipée (d'un gyroscope, d'un accéléromètre et d'un micro) qui vous dit comment vous brosser les cheveux.
Slide, le petit boîtier à 300 euros qui permet d'ouvrir ses rideaux avec son smartphone.

Un livre qui m’a souvent fait penser à l’excellent Développement (im)personnel de Julia de Funès. Démontage en règle de tous ces manuels, tous ces gourous, toutes ces tendances qui nous promettent le bonheur en nous vendant leurs techniques et merdouilles éphémères et standardisées (tout en salopant, exploitant, détruisant et exterminant en toute hypocrisie). L’industrialisation de nos tristesses ou comment tirer profit des misères humaines.

La réponse est dans un article du site américain The Verge, « Welcome to Airspace », de Kyle Chayka. Ou quand la décoration résulte d'algorithmes. Dans son texte, l'auteur se demande dans quelle mesure la Silicon Valley contribue à rpandre la même esthétique stérile à travers le monde. Tout à coup, on est saisi et l'on se rend compte en effet que les espaces se ressemblent de plus en plus malgré des propriétaires qui claironnent à tous vents décorer leurs intérieurs en fonction de leur personnalité, pour obtenir quelque chose qui leur ressemble vraiment, quoi... Mehdi se précipite sur tous ses magazines préférés, de Milk à Kinfolk et The Socialite Family, là où justement il se souvient avoir aimé ceci, moins cela, annoté et plié des pages pour y revenir

Un essai salutaire et hilarant d’une triste société consternante d’individualisme

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le monde va mal. Ceux qui l'habitent, pas ouf. « L'environnement », comme un écran psychiatrique sur lequel nous autres humains projetons nos névroses, déversons nos poubelles, crachons notre détresse, se détériore dans des proportions jamais atteintes et
qui menacent jusqu'à la survie de l'espèce.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quel est le point commun entre une architecte qui cherche son salut dans les plaids molletonnés, une jeune active qui tente de reprendre pied en enlaçant des arbres, une grande bourgeoise autoproclamée styliste qui fait bénir ses « créations » par un chaman, un trentenaire qui ingurgite des jus verts dans l'espoir de purifier son corps, accessoirement son âme, et une femme au foyer qui range compulsivement pour ne pas s'effondrer sous sa charge mentale ? Tous sont victimes des tendances.

Omniprésentes et insidieuses, sur nos écrans et dans nos magazines, suivies ou subies, elles se présentent comme des solutions miracles à tous nos maux. Un burn out ? La pleine conscience ! Un couple en crise ? Le minimalisme ! De l'éco-anxiété ? Le greenwashing ! Les tendances sont surtout des symptômes, ceux d'une époque où la religion consumériste fait marcher sur la tête, scier la branche sur laquelle on est assis, et chercher désespérément un sens qui se dérobe de plus en plus.

Dans ce faux guide de développement personnel, Saphia Azzeddine et Jennifer Murzeau démontrent sans jugement et avec beaucoup d'humour qu'il est essentiel d'arrêter de se soumettre à ces injonctions absurdes qui, en prétendant nous tendre les clés du bonheur, font de nos vies des simulacres. Et affirment qu'alors tout ira mieux !