Tu aimeras ce que tu as tué

Quelle hargne, quelle violence ! Combien de frustrations, de douleurs, de blessures pour arriver là ?

Je cherche le ciel pour mieux le maudire, je veux te saisir entière, Chicoutimi, pour connaître le visage de celle que je déteste. J'ai hâte de te voir ravagée. J'ai tellement hâte de te voir agonisante, de voir tes yeux en détresse implorer ma pitié. Mais je serai sans pitié. Je n'en peux plus d'attendre ta destruction, d'espérer une catastrophe qui mettrait fin à tes jours, qui te rayerait de la carte. C'est moi qui te détruirai, Chicoutimi. En consultant le ciel, en parlant aux astres et aux puissances occultes, à tous ces morts que tu portes en toi, j'ai reçu ma mission. J'ai rêvé ta fin toutes les nuits. Je ferai œuvre de ta destruction, je serai un artificier splendide; la démolition systématique à laquelle je me prépare, seuls les saints ou les hypocrites n'en conviendront pas, sera bien agréable.
Tu aimeras ce que tu as tué de Kevin Lambert

Kevin Lambert écrit des romans hypnotiques, hallucinatoires. Des textes portés par la rage.

Et Tu aimeras ce que tu as tué porte suffisamment de violence pour détruire Chicoutimi et tous ses enfants. Enfin, tous ceux qui ne sont pas encore morts. L’histoire d’une jeunesse homosexuelle au Québec avec des morts, tout plein. Une écriture qui ne reprend jamais son souffle, un cri ininterrompu.

J’en reste sans voix, et même pas vraiment capable de comprendre ce que j’ai aimé tant tout ça est rude. Et pourtant, c’est génial !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dans la classe, la professeure entre. Elle porte une canne et son autorité fêlée, on rit d'elle dans son dos, la vieille sorcière, on est en deuxième année du primaire. Elle s'appelle madame Marcelle. On se fait des grimaces, des attrapes, des mauvais coups, sauf quand elle nous regarde; là, on s'applique fort sur notre feuille. Le local d'arts plastiques rend toujours surexcité, je sais pas si c'est la couleur des murs ou les dessins des autres classes qui sont exposés un peu partout et qu'on regarde avec intérêt, surtout pour les trouver laids, surtout le nom de ceux qui les ont faits, leur faire savoir, à la récréation, qu'ils ont aucun talent.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Faldistoire s'ennuie tellement à l'école qu'il a juré la perte de sa ville.
Bel édifice de pelouses et de béton, Chicoutimi cultive derrière ses murs l'hypocrisie et les vices de ses habitants. Quand la petite Sylvie meurt dans un accident de déneigeuse, une série d'actions en chaîne fait tomber le vernis de la normalité. Une nouvelle réalité émerge : celle des enfants morts qui reviennent en vie pour hanter la ville et prendre leur revanche.
Faldistoire donne le signal de la révolte. Dans les cahiers d'écoliers comme dans la forme des nuages, il lit les signes qui annoncent la fin de Chicoutimi. Entre coups de poing et coups de bassin, il prend la tête de la conjuration. Sa ville sera l'épicentre de l'apocalypse.
Dans un style punk étrangement poétique,
Kevin Lambert dévoile les fantômes d'une société urbaine, où la différence est considérée comme une menace à l'ordre établi.

« Ce que nous portons en nous est trop grand et le monde trop petit. La destruction est notre manière de bâtir. »