Malax

Que raconte Malax ? Eh bien, ce n’est peut-être pas le plus important à savoir dans ce petit livre. Pour faire court, l’inspecteur Jean enquête sur une mort suspecte.

 - Tu ne regardes pas le film ? s'étonne Juliette.
 - Je n'aime pas le sang.
 - Ce n'est pas handicapant pour un inspecteur ?
 - Je connais un jardinier sujet au rhume des foins, un boulanger allergique à la farine et un ingénieur affligé de dyscalculie. Le pont n'est tombé, le pain est croustillant et le jardin en fleurs.
 - Je n'ai dit que tu faisais mal ton travail. Seulement que tu dois parfois souffrir.
 - Pas tellement. Les gens sont de plus en plus propres. Ils préfèrent une mort aux médicaments plutôt qu'aux armes. Peut-être parce que les médicaments sont remboursés par l'assurance.
Malax de Marie-Jeanne Urech

Mais savoir ça ne permet guère de comprendre ce qui vous arrive en lisant cette histoire surréaliste et absurde.

 - Pensez-vous qu'il se soit suicidé en apprenant son licenciement ? lui demande le supérieur.
 - On ne sait pas encore s'il a été licencié. Dans l'affirmative, pourquoi aurait-il souri avant de mourir ?
 – Parfois, c'est un tel soulagement de quitter le monde du travail, lâche le supérieur en frottant nerveusement sa médaille.
 - On aurait trouvé des traces de cyanure dans sa bouche ou tout au moins une odeur de médicaments, objecte l'inspecteur Jean.
 - Vous oubliez le trou dans le bras. Il s'est peut-être administré une substance dans les toilettes du Bâtiment des Forces Générales.
 - Souhaitez-vous que je passe les toilettes au peigne fin ?

Bienvenue dans un monde où rien n’est à sa place, comme un rêve sous acide après avoir lu 1984 à la sauce Brazil de Terry Gilliam. Tout semble normal mais rien ne l’est. Tout semble fonctionner mais rien ne marche. Tout le monde semble sensé mais rien n’est logique… Une balade sous surveillance, hallucinée et hilarante, dans une nonsense City

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sourire aux lèvres, un homme s'écroule sur la chaussée, mort. Dans ses poches, un billet de dix francs, une clé, un stylo, un roman de gare, un dé à coudre, mais pas d'identité. Le temps presse. Bientôt, il faudra retirer le corps du frigo pour y placer la dinde de Noël de la Brigade. L'inspecteur Jean ne négligera aucune piste pour offrir une sépulture à celui que la science nommera Pierre comme ces squelettes préhistoriques que l'on rend humain d'un simple prénom.
Une enquête urbaine, labyrinthique, hasardeuse et qui de façon improbable aboutit. Un univers noir, sombre, enté de rares couleurs chaudes, une narration froide qui rapidement gagnent notre sympathie, nous retiennent. Des personnages lointains, insolites, hésitants, affairés à des affaires absurdes et auxquels on s'attache

Le ciel volé : dossier Renoir

En français, Andrea Camilleri n’a pas toujours bénéficié des meilleures traductions possibles – faute probablement à la difficulté de traduire de l’italiano-sicilien. Mais ses productions hors inspecteur Montalbano ont bénéficié d’un traitement moins caricatural. Et c’est, à mon avis, là que toute la qualité de ses ouvrages peut le mieux s’apprécier en français. La pension Eva, Le neveu du Négus ou Le grand cirque Taddei en sont des forts bons exemples.

Veuillez en revanche agréer, très chère amie, mes plus vifs compliments. Et conservez-vous comme un objet du plus grand prix : une personne belle, intelligente et passionnée d'art est rarissime dans le panorama affligeant de notre époque.
Je m'incline encore une fois devant votre beauté. 
Votre
Michele Riotta

P.-S. Je rouvre mon enveloppe pour ajouter ces lignes. Vous ne me le pardonnerez sans doute pas, mais je viens de brûler votre photo. Si je l'avais gardée, je n'aurais pas résisté à la tentation de la contempler tous les jours et je me serais senti aussi triste et ridicule que les vieillards épiant Suzanne.
Pardonnez-moi, si vous le pouvez.
M.R.
Le ciel volé : dossier Renoir de Andrea Camilleri

Et ce ciel volé fait partie de ceux-ci. Une intrigue bien amenée, une première partie épistolaire fort amusante, une seconde qui ne l’est pas moins et un sujet auquel on aimerait veut croire !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pierre-Auguste Renoir a-t-il bien séjourné en 1882 dans la ville sicilienne de Girgenti (aujourd'hui Agrigente), comme l'affirme son fils Jean dans la biographie qu'il lui a consacrée ? Si oui, pourquoi n'existe-t-il aucune trace de ce voyage dans les toiles du maître de l'impressionnisme ? À travers l'échange épistolaire qu'entretient le vieux notaire Michele Riotta avec la belle et mystérieuse Alma Corradi, Andrea Camilleri propose un scénario adroit et mordant, où la passion brouille les cartes jusqu'à l'ultime rebondissement

La vie clandestine

En mai, je lisais La fille de Deauville de Vanessa Schneider et voilà que je retombe dans la même histoire qui marqua la France dans les années 70, le groupe terroriste Action Directe. Pour autant, nulle similitude dans le traitement de ce sujet.

Dans une certaine mesure, j'emploie encore ce procédé aujourd'hui. Le meilleur moyen de ne pas être déçue, enragée ou désespérée par une réponse consiste encore à ne pas poser la question. Pas de questions, pas de réponses.
C'est simple. Je m'entretiens avec les livres, ceux que je lis, ceux que j'écris, loin, très loin des vivants. Mais cela ne marche plus très bien. Avec cette enquête, je poursuis quelque chose, tel un explorateur sur les traces d'une bête, mais par un étrange retournement de situation, on dirait que cette chose est derrière moi. A mes trousses. La nuit, dans mes songes, je cours dans la neige, chaussée de bottes de ski, traquée par un ours. Ou par un tigre qui s'échappe d'une cage dont on a déverrouillé la porte. Et puis, Yves S. surgit, c'est lui qui a ouvert l'enclos. Je mène une double vie, l'une diurne, l'autre nocturne, et aucune d'elles ne se déroule ici, maintenant. Il est peut-être temps de cesser de visiter des magazines et des souvenirs.
La vie clandestine de Monica Sabolo

Alors que la fille de Deauville s’intéressait à Joëlle Aubron, Monica Sabolo s’attelle à reconstruire une histoire plus complète, plus intime du groupuscule. Ce faisant elle s’interroge sur son identité, ses propres secrets de famille et laisse resurgir un incestueux beau-père.

Une (auto)biographie ou tout se mêle, s’interroge et se répond. Un livre où la recherche du pardon se confronte à la violence d’hier

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je ne sais plus comment cela a commencé. Comment j'en suis arrivée à commander sur eBay, moyennant la somme de soixante euros, une buse naturalisée avec une queue tordue, juchée sur une branche.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Je tenais mon sujet. Un groupe de jeunes gens assassinent un père de famille pour des raisons idéologiques. J'allais écrire un truc facile et spectaculaire, rien n'était plus éloigné de moi que cette histoire-là. Je le croyais vraiment. Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de tout ce qui me constitue : le silence, le secret et l'écho de la violence". La vie clandestine, c'est d'abord celle de Monica Sabolo, élevée dans un milieu bourgeois, à l'ombre d'un père aux activités occultes, disparu sans un mot d'explication. C'est aussi celle des membres du groupe terroriste d'extrême gauche Action directe, objets d'une enquête romanesque qui va conduire la narratrice à revisiter son propre passé. Comment vivre en ayant commis ou subi l'irréparable ? Que sait-on de ceux que nous croyons connaître ?

Miss Marple : un cadavre dans la bibliothèque

Le défi était de taille, adapter un polar un petit peu complexe dans une bande dessinée de 64 pages.

Miss Marple : un cadavre dans la bibliothèque de Dominique Ziegler, dessins d’Olivier Dauger adapté d’un roman d’Agatha Christie

Le dessin à la ligne claire et les indispensables explications et dialogues et l’ambiance so british donnent à cette BD un petit air de Black et Mortimer.

La tâche était toutefois bien ardue et le résultat me laisse mitigé

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le cadavre étranglé d'une femme inconnue est découvert au petit matin sur le tapis de la bibliothèque de la demeure du colonel Arthur Bantry et de son épouse Dolly. Celle-ci fait immédiatement appel au bon sens de son amie Jane Marple, pour dénouer un écheveau encore plus compliqué qu'il n'y paraît au premier abord. Jane Marple, plus connue sous le nom de Miss Marple, est un personnage de fiction créé par la romancière Agatha Christie. Un Cadavre dans la bibliothèque est la seconde aventure de ce personnage atypique, sorte de « détective en fauteuil » (en anglais : armchair detective) qui vit à St Mara Mead, village imaginaire de la campagne anglaise. Une de ses maximes favorites dit que « la nature humaine est partout la même »

Nymphéas noirs

Après avoir lu l’impressionnante adaptation en bande dessinée de Fred Duval et Didier Cassegrain, je me suis quand même (après quelques hésitations) lancé sur l’original signé Michel Bussi.

Nymphéas noirs de Michel Bussi

Hélas, la magie n’opère pas de la même façon lorsqu’on connait les trucs du prestidigitateur.

Reste un excellent polar à la construction horlogère, chef d’œuvre de chausses-trappes et d’illusionnisme.

Et juste comme ça, cher Michel, je n’arrive toujours pas à croire qu’un flic amoureux se tire parce qu’on tue un chien

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tout n'est qu'illusion, surtout quand un jeu de miroirs multiplie les indices et brouille les pistes. Pourtant les meurtres qui troublent la quiétude de Giverny, le village cher à Claude Monet, sont bien réels.
Au cœur de l'intrigue, trois femmes : une fillette de onze ans douée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui voit et sait tout. Et puis, bien sûr, une passion dévastatrice. Le tout sur fond de rumeur de toiles perdues ou volées, dont les fameux Nymphéas noirs. Perdues ou volées, telles les illusions quand passé et présent se confondent et que jeunesse et mort défient le temps

Nymphéas noirs

Incroyable comme je me suis laisser berner et balader par cette bande dessinée. Magnifique !

Nymphéas noirs de Fred Duval et Didier Cassegrain adapté d’un roman de Michel Bussi

Déjà, le dessin de Didier Cassegrain est très bon, adapté au sujet (un polar) et au genre (Monet à Giverny), des aquarelles superbes dans une mise en page classique, des personnages et des paysages vivants et travaillés, une réussite.

Et le boulot de Fred Duval ! Comment réussir une pareille adaptation ? Chapeau ! Cette histoire de meurtres à différentes époques avec la sensation de ne parfois pas tout comprendre et cette façon de tirailler les perceptions est absolument réussie.

Une grosse BD, un polar convainquant qui me donne envie de lire l’original. Mais maintenant que je sais, aurais-je le même plaisir ? … C’est fait et c’est ici !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Trois femmes vivaient à Giverny, le village de Normandie où Monet a peint ses légendaires Nymphéas. La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. Toutes les trois pensaient que le village était une prison, un grand et beau jardin grillagé, un tableau dont il serait impossible de déborder du cadre. Une fois pourtant, pendant treize jours, les grilles du parc s'ouvrirent pour elles... Ces treize journées défilèrent comme une parenthèse qui s'ouvrit par un meurtre, le premier jour, et se termina par un autre, le dernier jour...

Publié en 2011, Les Nymphéas noirs est un roman multiprimé de Michel Bussi qui a su conquérir dans un même élan lecteurs et critiques. Mais est-ce suffisant pour réaliser une bande dessinée exceptionnelle ? Oui, si l'adaptation est écrite par Fred Duval et si les couleurs de cette histoire sont confiées à Didier Cassegrain. Pour la première fois, ce virtuose de la bande dessinée d'action arme son pinceau d'acrylique, donnant toute son ambition picturale à cette intrigue située dans la capitale de l'impressionnisme. Avec Fred Duval et Didier Cassegrain, Michel Bussi trouve son incarnation graphique

De mon plein gré

Un court roman sur une déposition dans un commissariat suite à un viol. Un récit qui part dans tous les sens, chaotique, répétitif, digressif et parfois incohérent à l’instar de l’inévitable confusion suite à une telle agression et à un état de choc post-traumatique.

De mon plein gré de Mathilde Forget

Et même si je n’ai pas apprécié cette lecture, à postériori, j’ai trouvé ça plutôt bien fait même si ce fut ardu et parfois même désagréable. Tous les livres n’ont pas vocation à être faciles !

Un livre qui pourrait rejoindre le brillant Zéro virgule neuf pour cent de Jeanne Broucq et de la difficulté d’accueillir les victimes au sortir de leur agression.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elle pensait venir porter plainte, mais très vite elle se demande si ce n'est pas elle qui a commis le crime cette nuit-là.
L'enquête est en cours.

Algues vertes : l’histoire interdite

Lobbying, déni, intimidation, menace, disparition de dossiers, euphémismes, paroles officielles, procès, accidents, morts… Le scandale puant des algues vertes décortiqué sous la forme d’une BD

Algues vertes : l’histoire interdite de Ines Leraud, Pierre Van Hove et Mathilda

Un dossier solide avec une trame historique, les événements clés, les responsables, les coupables, les facilitateurs, les embrouilleurs, les actionnaires, les consortiums, les politiques, les maires et préfets… Mais aussi les activistes et tous ceux qui ont lutté et payé parfois cher pour que ce scandale soit reconnu…

Mais de là à ce que cela cesse…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Depuis la fin des années 1980, au moins quarante animaux et trois hommes se sont aventurés sur une plage bretonne, ont foulé l'estran et y ont trouvé la mort.

L'identité du tueur en série est un secret de polichinelle. Son odeur d'oeuf pourri le trahit. L'hydrogène sulfuré (H2S) émanant des algues vertes arrive en tête de la liste des suspects. De nombreux citoyennes et citoyens ont lancé l'alerte à de multiples reprises, sans réussir à empêcher la répétition des accidents. Thierry Morfoisse est ainsi décédé en 2009, après avoir charrié une benne d'algues en décomposition de trop. C'est seulement en juin 2018, neuf ans après son décès, que sa mort a été reconnue en accident de travail.

Les algues maudites sont le symptôme d'un mal profond qui prend ses racines dans les lois de modernisation agricole des années soixante, leur fumet méphitique s'immisce dans une nébuleuse d'intérêts et de lâchetés mêlant gros bonnets de l'agro-industrie, scientifiques à la déontologie suspecte, politiques craignant pour l'emploi ou leur réputation touristique.

C'est ce que révèle l'enquête choc de la journaliste Inès Léraud et du dessinateur Pierre Van Hove

Le Dalida noir

Petit chef-d’oeuvre (tout petit et pas très chef, ni oeuvre…) d’humour absurde un peu débile et attardé autour de la mort du Dalida noir (un sosie)

Le Dalida noir de Tra’b

C’est pas bon du tout, et pourtant… c’est presque un bon moment

Au cinéma, le Dalida noir aurait même une potentielle carrière de nanar culte

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une enquête confidentielle du détective privé Jean-Jacques Bichon sur un mystérieux meurtre

Disparaître

Une suicidée par défenestration à Paris, un noyé inconnu à Saint-Jean Cap Ferrat, une enquête qui piétine, une passion adultère au boulot… Tout ça pour un petit roman qui pousse à tourner les pages pour tenter comprendre…

Disparaître de Mathieu Menegaux

Un peu couci-couça pour l’ensemble qui, s’il est cohérent, manque d’un brin de panache ou d’une étincelle de fantaisie.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une jeune femme met fin à ses jours à Paris. Un homme impossible à identifier est retrouvé noyé sur une plage : le séjour en mer l'a défiguré, et l'extrémité de chacun de ses doigts a été brûlée. Quel lien unit ces deux affaires ? Qui a pris tant de soin à préserver l'anonymat du noyé ? Peut-on encore disparaître dans notre monde de surveillance généralisée ?

Avec ce roman impossible à lâcher, Mathieu Menegaux nous rappelle que les histoires d'amour finissent mal, en général