Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Panayotis a besoin de tout cracher, tout dire, au risque d’en faire trop. Il a besoin de tout casser, de vomir tout ce qui lui reste en travers de la gorge avec l’espoir – probablement – qu’il en ressortira pur, immaculé, lavé de ses péchés, absous de ses petites perfidies, en paix avec lui même, son père, son homosexualité et libéré de ses épisodes dépressifs.
La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot
Et là, il n’a pas fait dans la demi-mesure et a fini par me perdre.
Reste un témoignage touchant et qui semble très sincère sur l’acceptation de son homosexualité et l’ambivalence de la relation avec son père
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je crois qu'il va bientôt mourir. Il me l'a dit douze fois : Tu sais je vais bientôt mourir, mais je ne le croyais pas. Parce qu'il aime créer du frisson, il aime ajouter à son charisme avec des annonces dramatiques. Sauf que je l'ai vu s'essouffler de plus en plus vite, j'ai vu son regard se perdre souvent dans le vide, pas en mode réflexion, en mode bilan.
Voilà un coffret bien sympathique, poétique et magnifique !
Céleste, vol. 1 : Bien sûr, monsieur Proust de Chloé Cruchaudet
Les dessins sont plein de grâce, les aquarelles aériennes, les noirs profonds, les mises en pages créatives et variées, pleines de folie.
Céleste, vol. 2 : Il est temps, monsieur Proust de Chloé Cruchaudet
L’histoire ? celle de la servante-secrétaire-bonne-gouvernante de Marcel Proust qui fut bien maltraitée, puis révoltée et enfin affirmée et affairée auprès du « génie créatif littéraire« .
Deux inséparables albums magnifiques pour me décider – une fois de plus – à me plonger dans la Recherche
Celeste : Bien sûr, Monsieur Proust, première partie Celeste : Il est temps, Monsieur Proust, seconde partie
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Celeste : Bien sûr, Monsieur Proust, première partie
Paris, 1956.
Rue des Cannettes.
... Trois mois...
... Oh ?! Tu m'écoutes ?
Hein ?
Je disais : les polonais n'ont pas payé depuis trois mois.
Celeste : Il est temps, Monsieur Proust, seconde partie
Pas encore...
Voilààà...
Même avec l'âge...
... Je continue à déceler la note parfaite...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Portrait de Céleste Albaret (1891-1984), gouvernante de Marcel Proust et parfois secrétaire à laquelle il dicte son oeuvre.
Le premier volume met en lumière la particularité de leur lien et la construction d'un monument de la littérature ainsi que les multiples facettes et aspérités de l'écrivain.
Le second met en lumière la particularité de leur lien et comment il se resserre au fil du temps et des épreuves, entre désir de gloire pour l'un et d'ascension sociale pour l'autre. Avec un dossier documentaire.
Le génial récit de voyage de Tété-Michel qui, dans les années 60, fugua à 16 ans du Togo pour le Groenland. Un voyage de près de 10 ans fait de rencontres, d’amitiés et de découvertes ! L’Africain du Groenland de Tété-Michel Kpomassie
Un livre plein d’émerveillement et de surprises face aux coutumes, mœurs, habitudes alimentaires, paysages, températures rencontrées… mais aussi sur la lente perte d’identité groenlandaise face à l’acculturation danoise. Comme un livre d’anthropologue fasciné par ses rencontres, accueilli comme un prince invraisemblable dans ces glaciales contrées inhospitalières
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le cocotier et le serpent
- Il n'est pas encore réveillé, l'autre ? demanda l'oncle, avec mépris.
Il parlait à voix basse, faisant visiblement un effort pour ne pas hausser le ton, soit pour retenir sa colère, soit pour ne pas déranger, dans leur sommeil, ceux qui étaient couchés dans les cases avoisinantes.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Quand j'ai débarqué, tous croyaient avoir vu le diable. J'étais le premier Africain qu'ils voyaient de leur vie. »
Né en 1941 dans une famille traditionnelle togolaise, Tété-Michel Kpomassie est destiné à 16 ans à servir le culte du python après avoir réchappé à un accident causé par ce serpent. Effrayé par cette perspective, il est saisi d'une fulgurance singulière à la lecture d'un livre sur le Groenland. Il se découvre, lui, l'homme de la forêt tropicale, de profondes affinités avec ces hommes du Grand Nord.
Passionné par cette région et par le mode de vie de ses habitants, il fuit son village et entame une odyssée improbable qui le conduira huit ans plus tard au Groenland. Froid, neige, obscurité ou soleil de minuit, rien ne le décourage. Accueilli par les Inuits, Tété-Michel Kpomassie découvre une société traditionnelle, vivant de la pêche et de la chasse, mais aussi une société fragilisée, dépendante et de plus en plus individualiste, conséquences de la colonisation danoise.
Esther continue de grandir et, ma foi… commence à me lasser un peu. Les cahiers d’Esther, tome 8 : Histoires de mes 17 ans de Riad Sattouf
Certes, à 17 ans, il y a forcément un peu moins de fraîcheur et d’innocence qu’à 10, mais les ficelles m’ont semblé usée, les clichés éculés, le déroulement prévisible, les cases et les planches déjà trop vues. Avec quand-même quelques pleines pages très réussies !
Et que dire de cette auto-promo posée là ?
Non, pas sûr que je me laisserais tenter par le dernier opus
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je m'appelle Esther et j'ai 16 ans. J'habite toujours à Paris, dans le 17e arrondissement avec ma pure famille d'exception et je songe à arrêter mes études.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans ce huitième tome des Cahiers d'Esther, de Riad Sattouf, Esther est en première ! C'est bientôt le bac de français – AKA la condamnation à mort –, et Esther se pose des questions sur son avenir : pourquoi pas arrêter ses études en fait mdr ? Pour devenir libraire ? Vivre au milieu des livres ? Mais ça paie moins qu'Instagrameuse il paraît, c'est chaud... En attendant, elle prépare le BAFA, mais tout ne se passe pas comme prévu non plus...
Toujours accompagnée de son amie d'enfance, Cassandre, sa queen, d'Eva qui organise des grosses teufs sans le dire à ses darons ; et de Léa, en couple avec un dealer (mais " sensible " dans le fond en fait), elle survit au lycée Royal.
C'est alors que Poutine, le dictateur chauve, attaque l'Ukraine, et c'est la guerre. Et si ça nous arrivait ici en France aussi ?
Il était un temps où les pilules bleues n’étaient pas encore synonyme de bandaison ou de choix dans la matrice mais plutôt d’une maladie grave et inguérissable, le HIV et les trithérapies.
Pilules bleues de Frederik Peeters
Dans cette bande dessinée autobiographique, Frederik Peeters parle de son couple, son amour, sa famille recomposée… sa vie avec Cati et son fils, les deux séropositifs.
Une bouillonnante histoire d’amour avec toujours, cette maladie entre les deux. Et les préservatifs, et la peur… Et l’amour !
C’est beau, drôle, inquiet, ça déborde d’émotions incontrôlables sans tomber dans le mélo. Une ode à la vie !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) ... Discerner ...
... Discipline ...
... Emm.. Discobole ...
... Disconvenir ...
Ah !, Voilà !.. Discordant !..
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) A travers une histoire simple et des thèmes universels (l'amour, la mort), Frederik Peeters nous parle de sa rencontre et de son histoire avec Cati, de ce maudit virus qui va bouleverser la donne, et de toutes les émotions les plus contradictoires qu'il va devoir apprendre à gérer : compassion, pitié, ou amour pur et inaltérable? Pilules bleues nous propose, sans pathos ni sensationnalisme, de regarder sous un jour rarement (jamais ?) abordé, le quotidien de la maladie, tout en nous balançant quelques vérités surprenantes et bien senties sur le sujet. Malgré la gravité du thème, Pilules bleues se présente comme une oeuvre remplie de fraîcheur et d'humour.
Laure Murat est issue d’une grande famille de France. Noblesse, ascendance prestigieuse, châteaux et domaines, aristocratie… un monde où paraître est primordial, les codes omniprésents et intangibles et où la forme l’emporte sur le fond. Une famille que Proust, fréquentait et dont nombre de représentants servirent de modèles pour les personnages de ses romans. Proust, roman familial de Laure Murat
Laure Murat est également ouvertement homosexuelle et cela lui valut le bannissement familial.
Dans cet impressionnant essai biographique, elle parle d’elle, de sa famille et de Proust. Et ce petit journaliste du bout de la table sert ici de révélateur. A l’instar d’un bain photographique qui dévoile les ombres et la lumière, la recherche éclaire les propos de Laure Murat sur ce monde vide.
Un livre émouvant, drôle, accessible et érudit, éloquent et engagé. Le livre marquant de 2023 !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le diable se cache dans les détails
Il m'a fallu des années pour comprendre une chose très simple. Elle m'a sauté aux yeux lorsqu'un soir, regardant un épisode de Downton Abbey, j'ai découvert la scène où le maître d'hôtel sort un mètre devant la table dressée pour le dîner afin de mesurer la distance entre la fourchette et le couteau et de s'assurer que l'écart entre les couverts est le même pour chaque convive.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Toute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages d'À la recherche du temps perdu, persuadée qu'ils étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrière-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman.
J'ai fini, vers l'âge de vingt ans, par lire la Recherche. Et là, ma vie a changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. Il me montrait à quel point l'aristocratie est un univers de formes vides. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles.
Proust ne m'a pas seulement décillée sur mon milieu d'origine. Il m'a constituée comme sujet, lectrice active de ma propre vie, en me révélant le pouvoir d'émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps.
Couverture trop moche, typo pourrie, genre détesté (qu’importe les raisons)… Mais parfois, ceux-ci nous tombent dans les mains, on y jette un œil condescendant, lointain, dédaigneux. Et, surprise, quelques mots nous accrochent. Et phrases après phrases, nous voilà piégés et les préjugés volent.
Je ne sais rien faire d’autre que vivre de Lou Sarabadzic
En l’occurrence, la poésie ne me parle pas. Et ouvrir ce livre à la mise en page si caractéristique m’a immédiatement repoussé.
Mais voilà, le texte était là, brillant, lumineux, solaire.
Lou parle de sa peur. Mais aussi, par effet de miroir, de son amour de la vie
Et c’est magnifique
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est comme ça depuis le début
j'apprends des choses
dans des livres ou dans des gens
je m'essaye aux trajectoires
aux stratégies réfléchies
je goûte des plats nouveaux
des fois même, j'en fais
en laissant une tache d'huile sur la page de droite
[...]
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Car enfin si je devais mourir pouvez-vous m'expliquer à quoi aurait servi
Au travers de questions souvent anodines, Charlie Delwart se demande et si ? Et qu’ai-je fait, qu’aurais-je pu faire autrement ? Est-ce (où était-ce) le bon choix, quel est le sens de tout ça ? Et la mort, ça arrive quand ?
Que ferais-je à ma place ? de Charly Delwart
Souvent drôle mais parfois répétitif, l’exercice est amusant mais tend à surfer sur la blague en restant en surface
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tous les jours, des faits ou des événements nous interrogent, parce qu'ils nous percutent directement ou nous interpellent par empathie avec la personne concernée que ferais-je à sa place ? - ou par autocentrage - que ferais-je si ça m'arrivait ? Même si au fond la principale question qui se pose globalement à nous est: que ferais-je à ma place ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) On se demande souvent ce que l'on ferait à la place de l'autre. Mais à cette question, il est impossible de répondre tant chacun a sa façon de vivre et de penser. Pour Charly Delwart, la question qui se pose plutôt serait : « Que ferais-je à ma place ? »
De situations anodines - répondre à un SMS, aller aux urgences, lire la presse - surgissent des questions fondamentales : ne communiquerai-je à terme plus qu'en émojis ? Que suis-je prêt à faire pour ma survie ? Serai-je un jour un lanceur d'alerte ? Et pour chacune, plusieurs réponses s'offrent à nous. Charly Delwart a capturé soixante-dix questions et, avec beaucoup d'esprit et d'humour, il les déplie pour former le questionnaire à choix multiple de son existence avec, en filigrane, une question qui nous relie tous : comment mener la seule existence qu'on a ?
Il se promène dans Paris, fait des rencontres et se souvient. Tout ça dans un style éblouissant.
La danseuse de Patrick Modiano
Alors oui, c’est vraiment beau !
Mais quel ennui
Ah, oui, et aussi, il y a une danseuse
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Brune? Non. Plutôt châtain foncé avec des yeux noirs. Elle est la seule dont on pourrait retrouver des photos. Les autres, sauf le petit Pierre, leurs visages se sont estompés avec le temps. D'ailleurs, c'était un temps où l'on prenait beaucoup moins de photos qu'aujourd'hui.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « La danseuse arrivait, le matin, à sept heures quarante-cinq, gare du Nord. Ensuite le métro jusqu'à la place de Clichy. Le bâtiment du studio Wacker était vétuste. Au rez-de-chaussée, une dizaine de pianos d'occasion, rangés en désordre comme dans un dépôt. Aux étages, une sorte de cantine avec un bar et les studios de danse. Elle prenait des cours avec Boris Kniaseff, un Russe que l'on considérait comme l'un des meilleurs professeurs... Une odeur particulière de vieux bois, de lavande et de sueur. »
Vous approchez de la cinquantaine et vous êtes une femme : ne lisez pas forcément ce roman graphique, ça risquerait de vous faire peur. Quoique, c’est tellement drôle ! Tout compte fait : lisez-le, c’est trop bien foutu.
Vous approchez de la cinquantaine et vous êtes un homme (ou si vous n’êtes pas personnellement concerné-e par la ménopause) : lisez le absolument ! En plus de passer un bon moment, vous apprendrez quelque chose et vous changerez probablement votre regard !
Déréglée : journal d’une ménopause de Francine Oomen
Après une première partie consacrée à la ménopause et aux dérèglement physiques, mentaux, sociaux, humains… qu’elle peut induire (oui, Francine parle d’elle et de son cas précis, difficile d’en tirer des généralités), la seconde partie est beaucoup plus introspective (et encore plus touchante)
Un vrai bijou de bande dessinée à la créativité assez folle !
J’ai adoré !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le titre... Euh... Hum... Quelque chose avec le mot ménopause ? Ménopause : le guide de survie ? Non ! Comment j'ai survécu à la ménopause ? Comment j'ai vécu la ménopause ? Non plus, ça ne va pas ! Euh... Déréglée, journal d'une ménopause ?
Yes ! Je l'ai ! Yes !
Merde... Encore une bouffée de chaleur !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un roman graphique bourré d'humour, dans lequel Francine Oomen décrit sa traversée personnelle de la ménopause et la crise existentielle qui l'accompagne.
À 52 ans, Francine ne comprend pas ce qui lui arrive : cerveau en compote, bouffées de chaleur, sautes d'humeur, syndrome de la page blanche... Elle ne se reconnaît plus. Jusqu'à ce qu'elle identifie la source de ces bouleversements : la ménopause bien sûr !
Avec fraîcheur, sincérité et humour, l'autrice nous entraîne dans sa traversée personnelle de cette période si redoutée, dont les symptômes envahissants la plongent dans une crise existentielle et la poussent dans une introspection aussi douloureuse que salutaire.
Et si le secret, pour se libérer des injonctions de la société et des traumatismes du passé, c'était de ralentir ? Et si, pour surfer la grande vague de la ménopause, il fallait d'abord accepter de s'y jeter ?