Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Quel tigre impressionnant ! Un livre qui me laisse sans voix, sidéré.
Neige Sinno a été violée, abusée par son beau-père de sept à quatorze ans. Elle racconte. Les abus, le jugement, le coupable, la famille, le village, la justice… Et elle
Un livre majeur, puissant. Qui n’évite rien, met les mots et regarde au fond des yeux, sans baisser le regard
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Portrait de mon violeur
Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant c'est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c'est facile, on peut tous se mettre à leur place. Même si on n'a pas vécu ça, une amnésie traumatique, la sidération, le silence des victimes, on peut tous imaginer ce que c'est, ou on croit qu'on peut imaginer.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume de la littérature m'accueillerait comme n'importe lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur de l'abjection. La littérature ne m'a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée.
Voilà un coffret bien sympathique, poétique et magnifique !
Les dessins sont plein de grâce, les aquarelles aériennes, les noirs profonds, les mises en pages créatives et variées, pleines de folie.
L’histoire ? celle de la servante-secrétaire-bonne-gouvernante de Marcel Proust qui fut bien maltraitée, puis révoltée et enfin affirmée et affairée auprès du « génie créatif littéraire« .
Deux inséparables albums magnifiques pour me décider – une fois de plus – à me plonger dans la Recherche
Celeste : Bien sûr, Monsieur Proust, première partie Celeste : Il est temps, Monsieur Proust, seconde partie
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Celeste : Bien sûr, Monsieur Proust, première partie
Paris, 1956.
Rue des Cannettes.
... Trois mois...
... Oh ?! Tu m'écoutes ?
Hein ?
Je disais : les polonais n'ont pas payé depuis trois mois.
Celeste : Il est temps, Monsieur Proust, seconde partie
Pas encore...
Voilààà...
Même avec l'âge...
... Je continue à déceler la note parfaite...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Portrait de Céleste Albaret (1891-1984), gouvernante de Marcel Proust et parfois secrétaire à laquelle il dicte son oeuvre.
Le premier volume met en lumière la particularité de leur lien et la construction d'un monument de la littérature ainsi que les multiples facettes et aspérités de l'écrivain.
Le second met en lumière la particularité de leur lien et comment il se resserre au fil du temps et des épreuves, entre désir de gloire pour l'un et d'ascension sociale pour l'autre. Avec un dossier documentaire.
Voilà un livre qui nécessite une certaine culture littéraire pour pouvoir en profiter pleinement. Car les pensées de Deborah découlent principalement de ses lectures. Et là, elle m’a perdu bien des fois.
Mais lorsqu’elle parle de Ballard, de Crash ! et de voitures, de Marguerite Duras, de féminisme ou du désir j’ai pu me raccrocher plus facilement à ses pensées à l’humour fort britannique.
Une lecture pleine de pistes de lectures
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Chère étrangère,
J'ai plusieurs fois commencé cette lettre mais jusque-là, je ne croyais pas à ce que j'écrivais. Je suis romancière et j'ai écrit des livres sur le bonheur comment la pression qu'on nous met pour être constamment heureux peut nous rendre malheureux et silencieux alors que tous les autres ont le bonheur bruyant.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Et si Deborah Levy nous ouvrait les portes de sa bibliothèque personnelle ? Si elle nous emmenait à la découverte des artistes qui l'inspirent et la secouent ? Et si, en passant, elle nous livrait une anecdote savoureuse impliquant les petites cuillères, son voisin de palier et Nietzsche ?
Tour à tour jeune femme aux yeux noircis de khôl, ses fidèles creepers aux pieds pour arpenter le Londres underground des années 1970, déjà fascinée par Colette et Simone de Beauvoir, amante féministe relisant Marguerite Duras et Sigmund Freud et Violette Leduc et Roland Barthes, voyante lorsqu'il s'agit de scruter l'âme des artistes qui l'obsèdent - Edouard Manet, Lee Miller, Francesca Woodman -, à l'affût du monde sous toutes ses coutures - technologie, pandémie, gastronomie... - Deborah Levy nous livre au fil de ces textes réjouissants, rassemblés ici pour la toute première fois, un véritable traité de l'indiscipline et une plongée revigorante dans son intimité loufoque et érudite.
Regarder le monde, négocier la façon dont en retour le monde nous regarde, est au coeur de l'écriture.
A l’heure ou la célébrité se suffit à elle même et où les stars des écrans (tous les écrans) ne brillent plus que par leurs strass et leurs paillettes, ce petit manuel essentiel est enfin arrivé pour nous permettre, à nous aussi, de parvenir à cette gloire.
Adressé principalement au milieu littéraire (mais déclinable à souhait), cet essai démontre que le talent, le travail, le style ou le propos ne sont que peu de choses face au succès. Car oui, pour avoir du succès, il faut en avoir (si ce sophisme (qui, je l’espère, aurait charmé Schopenhauer) vous semble curieux, il est temps pour vous de lire cet indispensable ouvrage!)
Peut-être un seul bémol pour le dernier chapitre qui m’a semblé tellement inutile !
Un essai brillant ! Une pépite d’humour pour pleurer de dépit devant notre consternante époque
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Nos esprits les plus hautement spéculatifs ont découvert l'existence de milliers d'exoplanètes, identifié les traces d'un ankylosaure vieux de 168 millions d'années, établi que la vitesse de la lumière était de 299 792 458 mètres par seconde, mis au point des parapluies biplaces, des perruques pour chien, des protège-moustache, des masques antigloutons, des porte-glace à piles, et mille autres merveilles.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Comment se faire un nom ? Comment émerger de la masse ? Comment s'arracher à son insignifiance ? Comment s'acheter une notoriété ? Comment intriguer, abuser, écraser, challenger ? Comment mentir sans le paraître ? Comment obtenir la faveur des puissants et leur passer discrètement de la pommade ? Comment évincer les rivaux, embobiner les foules, enfumer les naïfs, amadouer les rogues, écraser les méchants et rabattre leur morgue ? Comment se servir, mine de rien, de ses meilleurs amis ? Par quels savants stratagèmes, par quelles souplesses d'anguille, par quelles supercheries et quels roucoulements gagner la renommée et devenir objet d'adulation ?
Cet excellent recueil d’aphorismes pêche malheureusement par son excès. Peut-être sous la forme d’un calendrier en remplacement des bondieuseries journalières détachables ou en rappel journalier sur les réseaux sociaux ci-conchiés ? Je ne sais pas, mais hélas la quantité nuit malheureusement au propos.
Pourtant c’est drôle, virulent, engagé, contestataire, violent, juste, léger, solide, réfléchi… (il y a de tout, du bon, du très bon et même du meilleur. Mais il y en a tant)
Si vous ne connaissez pas Anne Archet, commencez peut-être par ses courts textes érotiques. Mais si vous y avez déjà gouté, si vous êtes patient-e-s et si vous vous contentez d’un page par jour, ce recueil est aussi puissant et goûtu qu’un espresso napolitain matinal
Et si vous ne connaissiez pas encore Sara Hébert, Bijou de Banlieue, c’est elle ! Et c’est incroyable
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Posture
Je suis celle qui dit tout bas ce que personne ne pense.
Autre posture
Sur internet, personne ne sait que je ne suis qu'une stratégie discursive.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «J’ai dit à la mère de mon amoureux que j’étais aphoriste et elle m’a donné son appui dans ma lutte pour l’acceptation et la reconnaissance. Je l’ai remerciée avec émotion, même si j’ai vite compris qu’elle pensait que le mot “aphoriste” désignait une identité sexuelle ou de genre à la mode. Pour une fois qu’on ne se moque pas de mes prétentions littéraires, je n’allais quand même pas gâcher mon plaisir.»
«Je crois qu’il faut cesser de dire “environnement” et commencer à dire “survie de l’espèce humaine”. Ce serait rigolo d’entendre les politicien•ne•s dire “la survie de l’espèce humaine est importante, mais pas aux dépens de l’économie”.»
Anne Archet est connue pour ses récits érotiques et les textes polémiques qu’elle publie sur le web depuis la fin des années 1990. Avec Le vide: mode d’emploi, cette écrivaine caustique, fulgurante, volontiers provocatrice et un brin mythomane, s’essaie à un nouveau genre: l’aphorisme.
Les brefs commentaires sur le monde d’aujourd’hui dont est composé cet essai sont autant de petites grenades lancées pour faire éclater nos certitudes, ou simplement pour nous faire éclater de rire. Un essai à lire pour faire le vide autour de soi! Anne Archet est une auteure anarchiste
Au travers d’un roman épistolaire, Virginie Despentes propose un recueil de pensées sur la société, les drogues et autres addictions, la masculinité toxique, #metoo, les réseaux sociaux et leurs shitstorms.
Des pensées à plusieurs strates qui s’approfondissent, se répondent, se démasquent et évoluent au fil des échanges.
Un œil vif, un verbe tranchant et pourtant une parole qui ne cesse de s’interroger
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) OSCAR
Chroniques du désastre
Croisé Rebecca Latté, dans Paris. Sont remontés à ma mémoire les personnages extraordinaires qu'elle a interprétés, femme tour à tour dangereuse, vénéneuse, vulnérable, touchante ou héroïque combien de fois je suis tombé amoureux d'elle, combien de photos d'elle, dans combien d'appartements, au-dessus de combien de lits j'ai pu accrocher et qui m'ont fait rêver.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Roman épistolaire entre Rebecca, une actrice quinquagénaire séduisante, Oscar, un écrivain trentenaire peu connu victime du syndrome de la page blanche et Zoé, une jeune féministe accro aux réseaux sociaux. Ces trois individus à la personnalité abrupte, tourmentés par leurs angoisses, leurs névroses et leurs addictions, sont amenés à baisser les armes quand l'amitié leur tombe dessus
Une amusante et distrayante histoire d’amour saupoudrée de littérature, de jalousie et d’intrigue.
Une collectionneuse de dédicaces décide de rencontrer l’auteur de l’une d’elle et en tombe amoureuse tout en devenant jalouse de la dédicataire.
Une histoire d’amour (im)possible ?
Avec des pages très drôles sur la sous-littérature, sur les Levy et Musso, de la part d’un auteur qui pourtant navigue dans des mers guère plus profondes. Non ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Le roman qui aime les livres et ceux qui les écrivent, quitte à les malmener parfois.»
De Claire, on ne sait pas grand-chose, sinon qu'elle vit à Paris et collectionne les livres dédicacés. Son plus grand plaisir est d'écumer les librairies à la recherche de ces trésors qui font de chaque livre un objet unique et précieux, « parce que la dédicace ajoute une histoire à l'histoire ».
Chez un bouquiniste, elle tombe sur un livre dont la dédicace lui laisse une désagréable impression de vulgarité. L'auteur, Frédéric Hermelage, laisse son numéro de téléphone à une certaine Salomé, assorti d'un compliment outrancier. Seulement, à la lecture, le roman est à l'opposé de la dédicace. Subtil, élégant. Comment expliquer un tel contraste ?
De librairies en Salons du livre, Claire va alors se lancer sur les traces de cet écrivain discret, jusqu'à franchir les règles de la fiction
Oscillant entre surinterprétation (il s’en défend bien) et enquête scrupuleuse (avec un grand talent), Laurent Nunez s’attaque aux premières phrases mythiques de la littérature.
C’est cultivé, sagace, malin, drôle, un tantinet élitiste et référencé
Un reproche ? C’est presque trop, mais c’est si bien fait !
« C’est le moment de croire que j’entends des pas dans le corridor », se dit Bernard
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Aujourd'hui, maman est morte. »
« Doukipuddonktan, se demanda Gabriel, excédé. »
Voilà deux célèbres premières phrases de livres ô combien célèbres. Elles ouvrent L'Étranger et Zazie dans le métro. Ce livre en contient quinze autres (plus deux interludes) que Laurent Nunez examine mot après mot. Tout ce que l'on peut deviner d'une œuvre, et de son auteur, n'est-il pas contenu dans « sa » première phrase ?
Aussi instructif qu'ironique, aussi passionnant que savant, ce livre nous parle plus que des livres, il nous parle de l'amour, de la séparation, de la perte, de la vie même. Italo Calvino avait écrit Pourquoi lire les classiques ?, voici le « comment (re)lire les classiques ? » des temps nouveaux
Au sein d’une collection qui regroupe les sept péchés capitaux, Laurent Nunez s’est occupé de l’orgueil
Et ça commence très bien, c’est drôle et plein d’érudition et d’autodérision et puis… hop, je ne sais quoi, que ne sais comment… mystère et mise en abyme, grosse poilade… voilà qu’il nous propose ses poèmes (que j’avoue, j’ai lu de travers. Mais que voulez-vous, la poésie ne me parle pas. Je l’aperçois et je tire au flanc).
Bouarf…
4 étoiles pour le début, 2 pour la fin en forme de journal post-électoral (au demeurant plutôt drôle) et mille sabords pour la poésie.
Et bon… pourquoi ça ? Certes, c’est drôle… mais zut, Monsieur Nunez, vous allez trop vite pour moi
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les 7 péchés capitaux orgueil
« Sitôt que j'eus fini d'écrire ce conte, je sortis prendre l'air, marchant comme on danse sur les trottoirs de Paris, et j'étais si fier de moi - si fier de ce que j'avais écrit - que je compris bien sûr que j'avais échoué.
Impossible de composer tout un livre sur l'orgueil - c'est-à-dire de se confronter à ce péché, de le disséquer vraiment, de le dénoncer. On est si fier ensuite ! »
Tout d’abord, cessons de nommer les productions annuelles d’Amélie Nothomb : romans ! Le terme nouvelles conviendrait mieux.
Ceci étant dit, voilà un livre qui a du charme, de l’élégance et de l’intelligence.
C’est donc court, mais il n’est pas toujours obligatoire d’en faire des caisses pour réussir. Une jolie histoire de passage à l’âge adulte de deux jeunes un peu seuls dans des environnements familiaux toxiques ou absents.
C’est bien léger, mais c’est chou 😉
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) "La jeunesse est un talent, il faut des années pour l'acquérir".