La première enquête de Maigret

Cette première enquête ressemble fort à une présentation (à postériori, écrite en 1949 alors que les premiers datent de 1931) des personnages. Et même si Maigret n’a pas toujours été vieux, Madame était déjà une « bonne grosse mémère ».

À neuf heures moins dix, une Mme Maigret souriante, qui sentait bon le frais et la savonnette, tirait les rideaux de la chambre, livrant passage à un soleil guilleret. Il n'y avait pas si longtemps qu'elle était mariée, et elle ne s'était pas encore habituée à l'aspect d'un homme endormi, avec les pointes des moustaches roussâtres qui frémissaient, les plissements du front quand une mouche s'y posait, les cheveux drus à rebrousse-poil. Elle riait. Elle riait toujours quand elle s'approchait de lui le matin, une tasse de café à la main, et qu'il la regardait avec des yeux vagues et un peu enfantins.
C'était une grosse fille fraîche comme on n'en voit que dans les pâtisseries ou derrière le comptoir de marbre des crémeries, une grosse fille pleine de vitalité qu'il pouvait pourtant laisser des journées entières dans leur petit appartement du boulevard Richard-Lenoir sans qu'elle s'ennuyât un instant.
 - A quoi penses-tu, Jules?
La première enquête de Maigret de Georges Simenon

Une enquête dans laquelle Jules (tout jeune et pas encore commissaire (juste secrétaire)), va s’en prendre plein la figure. Une sorte de clé pour la compréhension de son fatalisme ultérieur.

 - Je n'y comprends plus rien.
 - Parce que vous avez la prétention de comprendre?
Ce fut peut-être la première vraie leçon de modestie que reçut Maigret. L'inspecteur était plus âgé que lui. Il avait dépassé la trentaine. Il avait ce calme, cette sorte d'indifférence de ceux qui en ont beaucoup vu. Il fumait sa pipe à petites bouffées, sans essayer d'entendre ce qui se disait à l'intérieur.

Une enquête où les coupables resteront possiblement impunis… Mais comment le prouver ? Et ils sont si riches et si bien vus en société…

Maigret 55/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La déposition du flûtiste
Une balustrade noire partageait la pièce en deux. Du côté réservé au public, il n'y avait qu'un banc sans dossier, peint en noir lui aussi, contre le mur blanchi à la chaux et couvert d'affiches administratives. De l'autre côté, il y avait des pupitres, des encriers, des casiers remplis de registres énormes, noirs encore, de sorte que tout était noir et blanc. Il y avait surtout, debout sur une plaque de tôle, un poêle en fonte comme on n'en voit plus aujourd'hui que dans des gares de petites villes, avec son tuyau qui montait d'abord vers le plafond, puis se coudait, traversant tout l'espace avant d'aller se perdre dans le mur. L'agent au visage poupin, qui avait déboutonné son uniforme et qui essayait de dormir, s'appelait Lecœur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui a tiré un coup de revolver, en pleine nuit, dans l'hôtel particulier de la puissante famille Gendreau-Balthazar, rue Chaptal ? Tout jeune secrétaire du commissariat du quartier Saint-Georges, Jules Maigret se voit confier une enquête officieuse - car on n'attaque pas de front ces gens de la haute société, aux relations influentes. Maigret va habilement débrouiller l'écheveau des secrets de la famille Gendreau. En particulier les ambitions d'Hector, fondateur de la dynastie : assurer à sa descendance un nom à particule. Comment la vanité mêlée aux intérêts d'argent peut déboucher sur le meurtre, c'est ce que nous découvrirons au terme de l'enquête. Enquête inutile. Maigret apprendra que les riches méritent des égards auxquels d'autres classes sociales n'ont pas droit...

Maigret et voleur paresseux

Maigret est un commissaire de romans bien spécial. Il fait des erreurs, s’accommode d’affaires non résolues, de tueurs impunis, de butins non récupérés, de voleurs en liberté… Tant que cela lui semble juste ou pas trop déraisonnable.

C'était rare qu'il parle de son métier, encore plus rare qu'il émette une opinion sur les hommes et leurs institutions. Il se méfiait des idées, toujours trop précises pour coller à la réalité qui, il le savait par expérience, est tellement fluide. Avec son ami Pardon seulement, le docteur de la rue Popincourt, il lui arrivait, après dîner, de grommeler ce qui pouvait passer à la rigueur pour des confidences.
Quelques semaines plus tôt, justement, il s'était laissé aller à parler avec une certaine amertume.
 - Les gens se figurent, Pardon, que nous sommes là pour découvrir les criminels et obtenir leurs aveux. C'est encore une de ces idées fausses comme il y en a tant en circulation et [...]
Maigret et voleur paresseux de Georges Simenon

Maigret (même s’il s’en désole et s’en réjouit à tour de rôle) n’est pas le juge, il n’est même pas la justice. Il est le flic !

Et comme il le dit dans ce voleur paresseux :

En réalité, notre rôle principal est de protéger l’Etat, d’abord, le gouvernement, quel qu’il soit, les institutions, ensuite la monnaie et les biens publics, ceux des particuliers et enfin, tout à la fin, la vie des individus…
« Avez-vous eu la curiosité de feuilleter le Code pénal? Il faut arriver à la page 177 pour y trouver des textes visant les crimes contre les personnes. Un jour, je ferai le compte exact, plus tard, quand je serai à la retraite. Mettons que les trois quarts du Code, sinon les quatre cinquièmes, s’occupent des biens meubles et immeubles, de la fausse monnaie, des faux en écritures publiques ou privées, des captations d’héritages, etc., etc., bref, de tout ce qui se rapporte à l’argent… A tel titre que l’article 274, sur la mendicité sur la voie publique, passe avant l’article 295, lequel vise l’homicide volontaire…»

Un commissaire bien désabusé !

Avec une vision bien cocasse des femmes…
Elle avait débuté, très jeune, sur le trottoir, aux alentours de la place des Ternes et, à vingt-cinq ans, elle dirigeait une maison de rendez-vous fréquentée par les hommes les plus distingués de Paris.
Elle avait tenu ensuite, rue Notre-Dame-de-Lorette, un cabaret de nuit d'un genre spécial à l'enseigne de La Cravache.

Maigret 86/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il y eut un vacarme pas loin de sa tête et Maigret se mit à remuer, maussade, comme effrayé, un de ses bras battant l'air en dehors des draps. Il avait conscience d'être dans son lit, conscience aussi de la présence de sa femme qui, mieux éveillée que lui, attendait dans l'obscurité sans rien oser dire.
Sur quoi il se trompait - pendant quelques secondes tout au moins - c'était sur la nature de ce bruit insistant, agressif, impérieux. Et c'était toujours en hiver, par temps très froid, qu'il se trompait de la sorte.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il y eut un vacarme pas loin de sa tête et Maigret se mit à remuer, maussade, comme effrayé, un de ses bras battant l’air en dehors des draps. Il avait conscience d’être dans son lit, conscience aussi de la présence de sa femme qui, mieux éveillée que lui, attendait dans l’obscurité sans rien oser dire. Sur quoi il se trompait – pendant quelques secondes tout au moins – c’était sur la nature de ce bruit insistant, agressif, impérieux

Maigret et la grande perche

Si le Jules Maigret des romans (pour les séries télévisées, c’est tout autre chose!) a quelques traits communs avec son homologue de Los-Angeles, Frank Columbo (dont le prénom n’est jamais cité alors qu’on aperçoit parfois celui de Maigret), il y a quand même une très grosse différence : le français fait des erreurs !

Et c’est avec Ernestine que débute ce polar, venant demander de l’aide au commissaire alors que des années auparavant, elle avait fait de la prison par erreur à cause de Maigret… Pas rancunière !

 - Pour quelle raison l'aurais-je inventée? Vous pensez ça aussi, monsieur Maigret?
 - Je ne pense rien du tout.
Il souriait vaguement. Il était bien, quasi béat. La bière était fraîche, et l'ombre avait du goût, comme à la campagne, peut-être à cause de la proximité du Bois de Boulogne.
Une après-midi de paresse. Ils avaient bu deux demis. Puis, pour ne pas abandonner la fille si loin du centre de Paris, ils l'avaient prise dans leur taxi et l'avaient déposée au Châtelet.
 - Téléphonez-moi dès que vous recevrez une lettre.
Il sentait qu'il la décevait, qu'elle l'avait imaginé autrement. Elle devait se dire qu'il avait vieilli, était devenu comme les autres et ne s'occuperait que mollement de son affaire.
Maigret et la grande perche de Georges Simenon

Une histoire de perceur de coffres nocturne qui tombe sur un cadavre qu’il n’aurait pas du voir

Maigret 66/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où Maigret retrouve une ancienne connaissance qui a fait une fin à sa façon et où il est question de Fred-le-Triste et d'une probable dépouille mortelle.
La fiche que le garçon de bureau avait fait remplir et qu'il tendait à Maigret portait textuellement :
« Ernestine, dite la Grande Perche (ex-Micou, actuellement Jussiaume), que vous avez arrêtée, il y a dix-sept ans, rue de la Lune, et qui s'est mise à p... pour vous faire enrager, sollicite l'honneur de vous parler de toute urgence d'une affaire de la plus haute importance. »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«La Grande Perche», c'est Ernestine, une prostituée qui a eu jadis maille à partir avec le commissaire Maigret. C'est à lui, dont elle a pu apprécier l'humanité et l'indulgence, qu'elle vient confier le secret qui terrorise son mari. Au cours d'un cambriolage chez un dentiste de Neuilly, celui-ci a découvert le cadavre d'une femme dans la maison.
Ainsi Maigret va-t-il faire la connaissance du Dr Guillaume Serre, veuf d'une première femme et, dit-il, quitté par la seconde, une Hollandaise du nom de Maria. Maria a-t-elle vraiment regagné Amsterdam ?
Quels secrets ténébreux partagent le dentiste et sa mère, personnalité dominatrice dont il n'a manifestement jamais su s'affranchir ?

Le chien jaune

Maigret en Bretagne pour un des titres qui fit la renommée de Simenon… Et pourtant.

 - Assieds-toi !... Quel âge as-tu?
 - Vingt-quatre ans...
Il y avait en elle une humilité exagérée. Ses yeux battus, sa façon de se glisser sans bruit, sans rien heurter, de frémir avec inquiétude au moindre mot, cadraient assez bien avec l'idée qu'on se fait du souillon habitué à toutes les duretés. Et pourtant on sentait sous ces apparences comme des pointes d'orgueil qu'elle s'efforçait de ne pas laisser percer.
Elle était anémique. Sa poitrine plate n'était pas faite pour éveiller la sensualité. Néanmoins elle attirait, par ce qu'il y avait de trouble en elle, de découragé, de maladif.
Le chien jaune de Georges Simenon

Un polar dans lequel les meurtres et les tentatives se succèdent chaque jour avec pour témoin… un chien jaune. Et un commissaire qui ne pense pas, ne devine pas et ne semble rien faire alors que tout Concarneau panique et s’affole.

Le maire n'avait eu qu'un tressaillement.
 - J'espère que ce n'est qu'une petite vengeance...
Alors Maigret se leva soudain, secoua sa pipe dans le foyer, prononça en arpentant la bibliothèque :
 - Même pas ! Vous voulez des conclusions? Eh bien ! en voilà... J'ai tenu simplement à vous montrer qu'une affaire comme celle-ci n'est pas une simple opération de police qu'on dirige de son fauteuil à coups de téléphone... Et j'ajouterai, monsieur le maire, avec tout le respect que je vous dois, que, quand je prends la responsabilité d'une enquête, je tiens avant tout à ce qu'on me f... la paix !
C'était sorti tout à trac. Il y avait des jours que cela couvait. Maigret, peut-être pour se calmer, but une gorgée de whisky, regarda la porte en homme qui a dit ce qu'il avait à dire et qui n'attend plus que la permission de s'en aller.

Puis, tout s’éclaire. Miracle ou omniscience ? Maigret génie ou Simenon prestidigitateur ?

Une enquête qui fit partie de la première saison des enquêtes du commissaire Maigret avec Jean Richard dans le rôle titre

Maigret 6/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le chien sans maître
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.
C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent s'engouffre dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Des notables peu recommandables - A Concarneau, le sort s'acharne sur les joueurs d'une banale partie de carte...

A Concarneau, des faits troublants mettent la ville en émoi. On tente d'assassiner M. Mostaguen, au sortir de sa partie de cartes quotidienne à l'Hôtel de l'Amiral. Le sort s'acharne sur ses partenaires, car, deux jours après l'arrivée de Maigret, Jean Servières, rédacteur au Phare de Brest, disparaît ; le siège avant de sa voiture est maculé de sang. M. Le Pommeret meurt chez lui, empoisonné. Le docteur Michoux pense être le suivant

Maigret et le client du samedi

Un homme – un faiblard que Maigret aimerait bien secouer – vient lui annoncer après pas mal d’hésitations qu’il va bien finir par tuer sa femme et son amant qui couchent dans son lit alors que lui est relégué au salon sur un lit pliable.

Ce fut un dimanche matin comme les autres, paresseux et vide, un
peu terne. Maigret avait l'habitude, ce jour-là, quand, par chance, il le passait chez lui, de faire la grasse matinée et, même s'il n'avait pas sommeil, il restait au lit, sachant bien que sa femme n'aimait pas « l'avoir dans les jambes » tant qu'elle n'avait pas fini le gros du ménage. 
Presque toujours, il l'entendait se lever avec précaution, vers sept heures, se glisser hors du lit, gagner la porte sur la pointe des pieds; puis il entendait le déclic du commutateur dans la pièce voisine et un trait lumineux se dessinait au ras du plancher. 
Il se rendormait, sans s'être éveillé tout à fait. Il savait que les choses se passaient ainsi et cette certitude pénétrait son sommeil.
Maigret et le client du samedi de Georges Simenon

Mais voilà que trois jours après, il disparaît.

Il mangea son rôti de veau sans appétit et sa femme se demanda pourquoi il lui disait tout à coup: 
 - Demain, tu nous feras des andouillettes...

Une enquête pas vraiment intéressante et qui tient avec des bouts de ficelles mais raconte une bien navrante histoire. Et si Maigret n’a pas beaucoup d’empathie pour les soumis, il semble franchement détester les forts-à-bras

Maigret 87/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Certaines images, sans raison, sans que nous y soyons pour rien, se raccrochent à nous, restent obstinément dans notre souvenir alors que nous sommes à peine conscient de les avoir enregistrées et qu'elles ne correspondent à rien d'important. Ainsi, sans doute, Maigret, des années plus tard, pourrait- il reconstituer minute par minute, geste par geste, cette fin d'après-midi sans histoire du Quai des Orfèvres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Léonard Planchon est un homme médiocre et faible, qui a repris, à la mort de son patron, une petite entreprise de peinture assez prospère. Plusieurs samedis consécutifs, on l'a vu à la P.J. faisant antichambre pour parler au commissaire Maigret, mais repartant toujours avant d'être reçu. Ce « client du samedi », comme on l'appelle au quai des Orfèvres, se présente – un samedi également – à l'appartement du commissaire ; il veut s'ouvrir à lui d'une idée qui l'obsède : tuer sa femme et son amant, Roger Prou, un bel homme, qui travaille chez Planchon où, peu à peu, il prend la place du patron

Un crime en Hollande

Voilà un Maigret qui se passe dans une ville dont je ne serais jamais sûr d’avoir réussi à prononcer le nom : Delfzijl, en Hollande (je vous laisse essayer).

C'est ainsi que Maigret commença cette enquête en aidant un veau de pure race frisonne à venir au monde, en compagnie d'une jeune fille dont les gestes assurés révélaient l'entraînement sportif.
Une demi-heure plus tard, tandis que le nouveau-né cherchait déjà les mamelles de sa mère, il était penché avec Beetje sous un robinet de cuivre rouge et se savonnait les mains jusqu'aux coudes.
« C'est la première fois que vous faites ce métier ? plaisantait-elle.
La première... »
Elle avait dix-huit ans. Quand elle retira son tablier blanc, la robe de soie sculpta des formes pleines qui, peut-être à cause de l'atmosphère ensoleillée, avaient quelque chose d'extrêmement capiteux.
Un crime en Hollande de Georges Simenon

Maigret appelé officieusement pour élucider un meurtre dont le principal suspect est un compatriote qui a été trouvé l’arme à la main.

Une histoire un peu technique que Maigret semble assez miraculeusement élucider malgré son incompréhension totale du Néerlandais

Maigret 8/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La jeune fille à la vache
Quand Maigret arriva à Delfzijl, un après- midi de mai, il n'avait sur l'affaire qui l'appelait dans cette petite ville plantée à l'extrême nord de la Hollande que des notions élémentaires.
Un certain Jean Duclos, professeur à l'université de Nancy, faisait une tournée de conférences dans les pays du Nord. A Delfzijl, il était l'hôte d'un professeur à l'École navale, M. Popinga. Or, M. Popinga était assassiné et, si l'on n'accusait pas formellement le professeur français, on le priait néanmoins de ne pas quitter la ville et de se tenir à la disposition des autorités néerlandaises.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jean Duclos, sociologue français d'origine suisse, est professeur de criminologie à l'Université de Nancy. A l'occasion d'une tournée de conférences aux Pays-Bas, il est amené à se rendre à Delfzijl. Après une soirée donnée en son honneur chez Conrad Popinga, professeur à l'Ecole navale de la ville et ancien capitaine au long cours, son hôte est tué d'une balle de revolver

Le monde avant #MeToo : à travers 100 images pop culture décryptées

Génial. Déjà pour les images qui illustrent le propos. A chaque page c’est un choc, une surprise, un rappel, une évidence. Oui, elles sont déjà vues (justement), inconsciemment intégrées, souvent sans aucun questionnement. Et là, toutes à la suite, impossible, C’est un choc !

Il fut un temps où l'on considérait qu'une bonne fessée pouvait faire du bien à une femme.
Dès qu'elle la ramenait un peu trop ou prenait un peu trop le dessus, hop! une fessée ! Et le monde continuait de tourner rond. Moi qui étais une jeune fille un peu grande gueule et qui avais tendance à la ramener, je ne compte plus le nombre de fois où l'on m'a dit : « Plus tard, ton mari te foutra des trempes! »
Le monde avant #MeToo : à travers 100 images pop culture décryptées de Agnès Grossmann

Ensuite, pour le propos ! Ce livre n’est pas qu’une collection d’images. L’essai est construit, avec un argumentaire et un point de vue clair et limpide. Les causalités s’enchainent et Agnès Grossmann démontre.

Et c’est ainsi que toutes petites, depuis bien longtemps, on apprend aux filles que les loups guettent. Puis que leur beauté est dangereuse, que leur indépendance leur coutera cher, qu’elles sont faites pour être belles et susciter le désir des hommes… et ainsi de suite. Un boulevard de conditionnements pour arriver à l’apothéose Weinstein – #metoo

Un essai qui peut sembler peut-être un peu léger, mais qui brille justement par sa lisibilité et sa concision ! Comme une excellente introduction au sujet

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
En octobre 2017, deux grands journaux américains, le New York Times et le New Yorker, faisaient éclater l'affaire Weinstein, du nom d'un grand producteur de cinéma américain.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En octobre 2017, le mouvement #MeToo a secoué la planète. Parti d'Hollywood avec l'affaire Weinstein, il s'est propagé dans le monde entier et a changé, sans doute définitivement, en tout cas en Occident, la donne entre les hommes et les femmes. Les cartes ont été rebattues. #MeToo est une ligne de fracture entre un ancien et un nouveau monde dans lequel il ne doit plus être possible de maltraiter le corps féminin.

Ce livre, Le monde avant #MeToo, revient sur les représentations des femmes et des rapports hommes-femmes avant cette ligne de fracture. À travers la culture pop des années 1950 à nos jours, en décryptant des contes pour enfants, des dessins animés, des films, des affiches publicitaires, des photos, Le monde avant #MeToo essaie de comprendre les mécanismes culturels, le système de pensée, qui ont permis qu'un Harvey Weinstein se conduise comme un prédateur sexuel, au vu et su de tout le monde, jusqu'en octobre 2017

La tête d’un homme

Un Maigret des débuts, sympa, avec un commissaire qui semble perdu, dérouté, ne comprenant rien et se laissant flotter.

Atavisme trouble. Responsabilité atténuée.
Et Maigret, qui avait arrêté Joseph Heurtin, avait affirmé au chef de la police, au procureur de la République et au juge d'instruction :
« Ou il est fou, ou il est innocent! »
Et il s'était fait fort de le prouver.
Dans le couloir, on entendait le pas de l'inspecteur Dufour qui s'éloignait en sautillant.
La tête d’un homme de Georges Simenon

Un livre qui débute curieusement, avec un condamné à mort qui se voit offrir une curieuse évasion par le commissaire.

Enfin il se leva à son tour, avec tant de lenteur que le Tchèque eut une crispation des traits. Il lui posa doucement deux doigts sur l'épaule.
C'était le Maigret des grands jours, le Maigret puissant, sûr de lui, placide.
« Écoute, mon petit bonhomme !... »
Cela tranchait d'une façon savoureuse avec le ton de Radek, avec sa silhouette nerveuse, son regard pointu et pétillant d'une intelligence d'un tout autre genre.
Maigret avait vingt ans de plus que son interlocuteur, cela se sentait.
« Écoute, mon petit bonhomme... »
Janvier, qui avait entendu, faisait un effort pour ne pas rire, pour contenir sa joie de retrouver enfin son chef.
Et celui-ci se contentait d'ajouter avec la même désinvolture bonasse :
« On se retrouvera un jour ou l'autre, vois-tu !... »

Un polar sous le signe de la manipulation et de la peine de mort

L’occasion de découvrir les cigarettes Abdulla

Maigret 5/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Cellule 11, Grande surveillance »
Quand une cloche, quelque part, sonna deux coups, le prisonnier était assis sur son lit et deux grandes mains noueuses étreignaient ses genoux repliés.
L'espace d'une minute peut-être il resta immobile, comme en suspens, puis soudain, avec un soupir. il étendit ses membres, se dressa dans la cellule, énorme, dégingandé, la tête trop grosse, les bras trop longs, la poitrine creuse.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le 7 juillet, à Saint-Cloud, une riche veuve américaine, Mme Henderson, et sa femme de chambre, Élise Chatrier, sont assassinées dans leur villa. Très rapidement, Joseph Heurtin, un livreur de vingt-sept ans dont la présence sur les lieux du crime est attestée, est arrêté puis condamné à la peine de mort. Mais Maigret ne croit pas à la culpabilité de Heurtin, et il organise en secret son évasion, persuadé que celui-ci va le mener sur la piste du véritable assassin

Émail diamant : trente-deux récits à géométrie variable en rapport plus ou moins étroit avec les dents

L’humour de Fabienne Radi est subtil et léger, il s’attache aux petites choses, dérisoires et cocasses.

MON PREMIER DENTISTE
Mon premier dentiste s'appelait René. Il était petit, rond, très excité, et avait fait les scouts avec mon père quand ils étaient adolescents. Ses sourcils ressemblaient à deux touffes de mauvaise herbe. Il n'hésitait pas à les faire bouger à n'importe quelle occasion, ça lui donnait un petit air démoniaque qui, on le sentait tout de suite, lui plaisait infiniment.
Émail diamant : trente-deux récits à géométrie variable en rapport plus ou moins étroit avec les dents de Fabienne Radi

Ici, c’est les dents. Au moins trente-deux chances de sourire (et de les montrer (quand il en reste)).

BEAUCOUP ET EN BONNE SANTÉ
Aux États-Unis les cheveux comme les dents sont très importants. Il faut en avoir beaucoup, en bonne santé et ne pas hésiter à les montrer. D'où l'importance des orthodontistes et des coiffeurs. Le comble de la misère, c'est d'avoir des queues de rat et des dents de travers. C'est pour cette raison (mais pas seulement) que l'actrice américaine Shelley Duvall est une femme extraordinaire.

Des petits textes, des pensées, des tentatives entre mémoires et OULIPO. C’est souvent chou, comme des petites sucreries (mais sans risque de caries)

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Trente-deux récits à géométrie variable en rapport plus ou moins étroit avec les dents

Quand on les sent, c'est qu'il y a un problème. Sans elles, on ne mangerait que des yaourts et on aurait tous l'accent auvergnat. Si on a les moyens, on peut les redresser et raviver leur teinte. Lorsqu'on est mort, elles peuvent servir aux policiers et aux archéologues.

Ce livre convoque une performeuse anglaise, une nonne belge, un dentiste vaudois, l'Homme des glaces, Shelley Duvall, Peter Pan et Harry Dean Stanton pour traiter d'une partie singulière de notre corps

La guinguette à deux sous

Un Maigret des débuts, sympa. Il avait encore un chapeau melon et buvait modérément (quoique ! il alignait déjà bien les Pernod).

Elle n'était ni belle ni jolie. Mais elle était appétissante, surtout dans ses vêtements de deuil qui, au lieu de lui donner un aspect triste, la rendaient plus croustillante.
Une femme bien en chair, bien vivante, qui devait être une maîtresse tumultueuse.
Le contraste était violent avec James et son visage ennuyé, son regard toujours un peu vague, sa silhouette flegmatique.
La guinguette à deux sous de Georges Simenon

Un cold-case réveillé grâce à un condamné à mort qui, la veille de son exécution, parle à Maigret d’un meurtre dont il fut témoin. L’occasion d’une anecdote bien déplaisante : si personne ne se soucia alors d’élucider cette disparition, c’est qu’il s’agissait d’un petit usurier juif qui me manquerait à personne… Sordide.

Un Maigret de bord de Seine avec des canaux, des barques et des longues nuits d’été

Maigret 11/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le samedi de M. Basso
Une fin d'après-midi radieuse. Un soleil presque sirupeux dans les rues paisibles de la Rive Gauche. Et partout, sur les visages, dans les mille bruits familiers de la rue, de la joie de vivre.
Il y a des jours ainsi, où l'existence est moins quotidienne et où les passants sur les trottoirs, les tramways et les autos semblent jouer leur rôle dans une féerie.
C'était le 27 juin. Quand Maigret arriva à la poterne de la Santé, le factionnaire attendri regardait un petit chat blanc qui jouait avec le chien de la crémière.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un jeune truand nommé Jean Lenoir apprend au commissaire Maigret qu'il a été témoin d'un crime. Un homme a jeté un corps dans le canal Saint-Martin. Il a fait chanter l'assassin mais a perdu sa trace avant de le retrouver, par hasard, parmi les clients de la Guinguette à deux sous