La correction

Amusant, ce premier roman d’Élodie Llorca. Très amusé par ses Invasions domestiques, j’ai regardé ce qu’elle avait fait d’autre et ici on retrouve un personnage assez similaire à Thomas. Un homme, dans le deuil, perdant pied, dominé par son entourage et ne réussissant pas à reprendre sa vie en main.

J'arrivai enfin devant notre immeuble. Je composai le code tout en me disant que j'étais quelqu'un d'extraordinairement lâche, inapte à m'ériger contre ma femme.
Je refermai la porte d'entrée et m'engageai vers l'escalier. En montant les marches calmement, j'éprouvai douloureusement ma profonde impuissance à imposer un quelconque desideratum à ma femme.
La correction de Élodie Llorca

Un livre dans lequel l’autrice s’amuse avec son anti-héros comme avec les mots dans une courte fiction un tantinet inaboutie

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Depuis quelque temps, je soupçonnais ma patronne de volontairement introduire quelques coquilles dans la copie afin de pouvoir me prendre en faute. J'avais ce jour-là relevé le mot roulure étrangement substitué à celui de coulure.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une seule lettre change et tout est déréglé. Le narrateur va l'apprendre à ses dépens lorsqu'après avoir travaillé quelque temps dans une papeterie, il décide de devenir correcteur professionnel. Il y est d'autant plus résolu que sa mère a toujours cru qu'il était prédestiné à ce métier. Il est embauché à ce poste dans la Revue du Tellière, dirigée par Reine, une femme autoritaire et dominatrice qui va bientôt exercer sur lui son emprise. Reine le fascine autant qu'elle l'intimide. L'aventure se complique lorsqu'il constate que des coquilles sont systématiquement ajoutées après coup sur son jeu de copies. Il soupçonne bientôt Reine de les glisser là délibérément afin de le prendre en faute. Mais bientôt des coquilles d'une toute autre nature vont faire leur apparition

Les mauvaises graines

C’est toujours difficile de tomber sur un livre qui ne nous était pas forcément destiné. Pas mauvais, non, mais pas pour soi.

Je voudrais comprendre pourquoi elle pleure la nuit, quand elle pense que je dors. Il faut avoir du cran pour s'être éprise à vingt ans d'un maître de ballet et d'avoir décidé de nous planter, moi et mon père, pour suivre ses rêves. Ma mère refuse de me parler de cet homme avec qui elle s'est enfuie.
Les mauvaises graines de Élodie Llorca

L’histoire d’une fille de treize ans un peu paumée et d’une petite vieille pas tout à fait sénile qui partent en auto-stop à travers la France. L’une pour rechercher un mec pour sa mère et la duchesse qui s’en va retrouver son duc. Un road-trip émouvant, un peu mièvre et plein de bonnes vibes. Du pur feel-good jeunesse qui ravira son public.

Zut

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai immédiatement aimé Marguerite. Le premier jour de notre rencontre, j'ai calculé que soixante-dix-huit ans nous séparaient. J'ai imaginé sept vies comme la mienne pour parvenir à son âge incommensurable, j'en ai eu le vertige.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Anaé en est certaine : en retrouvant Florimond, l’ancien amoureux de sa mère, sa vie changera.
Avec Marguerite, une vieille dame qui n’a plus toute sa tête, Anaé part direction Bormes-les-Mimosas. Rencontres loufoques ou profondément humaines, le voyage ne sera pas de tout repos mais verra fleurir, entre ces deux mauvaises graines, une amitié sincère

Invasions domestiques

Voilà qui vraiment fort plaisant ! Commencer un livre dont on se dit : tiens, voilà une petite farce plaisante et divertissante et se retrouver dans un conte à la dimension plus étendue qu’attendue.

Une heure plus tard, je repris le contact. L'artisan chantonnait. Il m'expliqua être coincé chez une Japonaise dont la chaudière était en nervous breakdown. Je suis en train de la chauffer, dit-il d'un ton ambigu, de sorte que je ne compris pas s'il parlait de la chaudière ou de cette femme. Je me demandai si la vulgarité d'un homme comme lui séduirait Kim-Ly. Malgré moi, je les imaginai tous deux coincés dans le réduit de mes sanitaires. Je crus même entendre l'ouvrier murmurer : Je vais essayer de me la faire. La vision de cet homme posant ses mains sur elle me sidéra.
Invasions domestiques de Élodie Llorca

Car l’histoire est loufoque, Thomas Thommassin a une petite vie tranquille – limite dépressive – et voilà que débarquent dans sa vie un plombier imprévisible et envahissant ainsi qu’une collègue sculpturale et insaisissable. Rien de tel pour déstabiliser ce petit téléopérateur qui se remet juste d’une séparation.

Kim-Ly menait la danse. Je recevais avec parcimonie ses messages, m'indiquant le jour de sa venue à l'appartement. Lorsque je répondais avec trop d'enthousiasme, elle changeait brusquement ses plans, aussi, je pris l'habitude d'accueillir chacune de ses avancées avec une réserve feinte.
Son corps m'obsédait. J'imaginais sa taille étroite, le tissage de sa peau et le laqué de ses cheveux corbeau, noués ou déliés à l'envi. Dans la journée, je saisissais à son insu certains de ses gestes pour les reproduire, le soir, dans mes collages.

Une fable sur l’envahissement, les limites, la personnalité et la difficulté de faire sa vie sienne

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'homme s'est présenté à mon domicile avec une heure d'avance.
La veille, j'avais laissé sur son répondeur un message expliquant ma situation. J'avoue avoir été surpris qu'il me recontacte, passé minuit, jour de Toussaint.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Thomas Thomassin, téléopérateur quasi propriétaire à Paris, mène une vie solitaire et bien réglée jusqu’à sa rencontre avec Joël, un plombier lunatique.
Après des débuts cocasses et chaotiques, une amitié naît entre eux, nourrie par une connivence artistique – Thomas a une passion secrète : le collage. Joël le pousse à travailler sans relâche pour proposer ses œuvres à une galerie. Au centre de celles-ci se trouve la figure énigmatique d’une femme au regard inquisiteur, inspirée de sa collègue Kim-Ly qui l’a toujours fasciné. Encouragé par son nouvel ami, Thomas entame une relation avec la jeune femme.
Le trio ainsi formé libère le protagoniste de sa solitude et de sa morosité. Mais peu à peu les choses se grippent, et les intentions de Joël et de Kim-Ly apparaissent troubles

Périandre

Premièrement, c’est le style qui m’a séduit, c’est fluide et très bien écrit, c’est beau sans être pédant, une vraie réussite.

Elle le guiderait. Elle l'aiderait à faire les bons choix, envers et contre tous, contre lui si nécessaire ; car qui d'autre qu'une mère pourrait savoir ce qui est bon pour son fils ? Elle seule savait, puisqu'elle était sa mère. Et tant qu'il l'écouterait, tant qu'il se conformerait à ses désirs, à sa volonté et à ses décisions le concernant, prises uniquement dans son intérêt, pour son bien, tant qu'il l'aimerait de cet amour inconditionnel, exclusif, total, alors toutes les beautés, toutes les joies et toutes les richesses de cette terre ici-bas lui appartiendraient. Il en serait ainsi, puisqu'elle était sa mère.
Périandre de Harold Cobert

L’histoire ? Une mère un peu abusive (oui, un peu est en italique !) que l’on suit de la naissance de son fils jusqu’à … (il va falloir le lire, mais ça vaut la peine).

De retour à l'appartement de son fils, la jovialité affichée de la mère disparut. Elle  inspecta les lieux avec minutie, retraçant comment cette petite envahisseuse avait progressivement grignoté l'espace et le cœur de la chair de sa chair. Un jour on oublie un T-shirt, un autre un chemisier, un autre encore une culotte, jusqu'à investir un tiroir de la commode, une rangée de l'armoire et un pan du dressing pour ne pas avoir à se déplacer sans cesse avec un sac d'affaires de rechange, et finir par l'anschluss fatal de la brosse à dents dans le verre de la salle de bains, point de non-retour marquant le début de la vie de couple et sonnant le glas de la liberté. « On ne se méfie jamais assez des brosses à dents », pensa-t-elle en se glissant dans les draps de son fils qu'elle voulait marquer une dernière fois de son odeur de mère.

Une histoire mise en résonance avec le mythe de Périandre. Et ça aussi, c’est très bien monté.

Peut-être un petit bémol pour la fin qui aurait peut-être pu être plus proche du mythe. Zut, Harold Cobert n’a sûrement pas osé, préférant sacrifier la marraine.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Kratéa se caresse amoureusement le ventre. Seule sur la terrasse de son palais surplombant Corinthe, elle contemple la ville sur laquelle régnera un jour son fils.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une femme donne naissance à un fils et noue une relation fusionnelle et malsaine avec son enfant, qu'elle considère comme son chef-d'oeuvre. Omniprésente, intrusive voire perverse, elle accepte difficilement l'arrivée de sa belle-fille qu'elle tente de manipuler et de briser. Lorsque cette dernière accouche à son tour d'un garçon, la grand-mère imagine son nouveau rôle

Un dimanche de révolution

Au travers d’une histoire un peu alambiquée d’écrivaine cubaine qui découvre après la mort de ses parents que son père n’était pas celui qu’elle croyait grâce à un acteur préparant un film sur Cuba, Wendy Guerra parle de sa relation avec son île, son pays et la Havanne.

La lettre d'invitation indique que je me rends au lancement d'un de mes livres, mais ce n'est pas vrai. La promotion du dernier a déjà eu lieu au Mexique. Pourquoi est-ce que je mens ? Pourquoi mentons-nous ? La seule façon honnête de quitter Cuba serait-elle de mentir ? Nous mentons aux autorités cubaines, nous mentons aux autorités internationales. Les Cubains apprennent dès l'enfance à aiguiser leur double discours pour survivre.
Un dimanche de révolution de Wendy Guerra

Une relation trouble, schizophrène, faite d’amour pour son pays et sa culture mais de haine pour le régime, de fierté révolutionnaire et de honte face à cette dictature fonctionnaire et paranoïaque. Une relation viscérale désincarnée.

J'écoutai son témoignage, si intense que je ne pus quitter le studio avant la fin. Chacun d'entre nous a un livre à écrire, c'est la seule façon de vaincre le silence dans lequel est confinée l'histoire récente à Cuba.

Un livre qui peine pourtant à prendre, faute à une histoire peut-être un peu bancale, comme son héroïne, Cléo

Sans Cuba, je n'existe pas.
Je suis mon ile.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Comment raconter tout cela sans souiller mes pages ?

Il n'y a certainement que moi pour me sentir seule à La Havane aujourd'hui. Je vis dans cette ville peu respectueuse de la vie privée, intense, insouciante et dissipée, où l'intimité et la discrétion, le silence et le secret, tiennent du miracle, ce lieu où la lumière te trouvera dans ta cachette. Ici, se sentir seul signifie peut-être que l'on a vraiment été abandonné.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Écrivaine censurée, Cléo vit dans une immense solitude depuis la mort de ses parents et l'échec de ses amours. Tandis qu'elle tente de travailler à son nouveau livre, l'arrivée de Géronimo, un acteur hollywoodien qui prépare un film sur Cuba et détient des informations sur sa famille, fait basculer sa vie. Portrait d'une génération, les petits-enfants de la révolution, avec sa rage et ses espoirs

Anatomie de l’amant de ma femme

Raphaël, architecte, dans ce qui ressemble fort à un burn-out ou une grosse crise de la cinquantaine, décide de tout arrêter pour écrire, comme sa femme, écrivaine à petit succès. En panne d’inspiration pour son livre mettant en scène un nazi pétomane, il tombe sur les carnets de sa femme dans lesquels il lit ce qu’il n’aurait jamais dù ! Sa femme a un amant, et bien monté !

J'aimais bien lire ces lettres, elles étaient joliment tournées et je suis resté une bonne heure à les feuilleter, ému au souvenir de ce jeune homme sympathique qui était devenu un parfait étranger. Puis, je pris un nouveau carnet. Comme on s'ouvre une bière après en avoir déjà bu plusieurs litres. En se demandant si on en a vraiment envie. Et si je ne ferais pas mieux de suivre le conseil de la Voix, à savoir sortir faire un tour pour m'aérer la tête. J'aurais dû suivre le conseil de la Voix. En bas d'une page de ce carnet, je suis tombé sur ces phrases que je reproduis ici intégralement : « Ai revu Léon. Il m'a prise deux fois sans débander. Sa queue est plus grosse que celle de Raphaël. Je n'avais jamais fait attention à cette question de taille. Maintenant, je comprends. Il me pénètre mieux, plus vigoureusement, plus profondément. »
Anatomie de l’amant de ma femme de Raphaël Rupert

S’en suit une bonne grosse descente en déprime obsessionnelle, plutôt sexo-drolatico-philo-fantasmatico-masturbatoire

 « Il y a longtemps qu'on a pas lu un premier roman aussi libre, passionné, et bien troussé (si l'on ose dire). »
Frédéric Beigbeder, Le Figaro Magazine
Validé par Beigbeder… Fallait-il le préciser.
C’est bien ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
À midi, je suis allé faire un tour et je me suis souvenu de quelque chose concernant les débuts de roman. Plus précisément l'introduction des personnages principaux dans un récit. L'auteur se sent parfois tenu de justifier le choix de l'identité qu'il a réservée à ses personnages.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À trop fréquenter la littérature, il arrive qu'on tombe dedans. Lecteur invétéré, époux d'une écrivaine nantie d'un petit renom, architecte en rupture de plans, le héros de ce premier roman n'est pas avare de confidences sur son grand projet : écrire un livre, lui aussi. Mais son écran d'ordinateur ne se remplit que d'images qui ralentissent son travail tout en accélérant son flux sanguin... Les affres de la création deviennent de terribles compagnons dont on se distrait d'un poignet actif. Alors, le jour où par ennui ou par dépit, notre homme commet l'incorrection de parcourir le journal intime de sa femme, il en est puni par une découverte qui porte un nom : Léon, et par une révélation : c'est un amant hors normes. Affolé, vexé mais stimulé, il se lance dans une enquête qui a tout d'une quête : pourquoi chez lui sexualité et littérature sont-elles autant liées ? Cet amateur de théories cocasses s'épanche et nous entraîne, l'air de rien, dans la dernière des grandes aventures : celle qui mène à soi

Pas ce soir

Un couple qui s’éloigne, se distancie, imperceptiblement, les corps qui se séparent…

Est-ce qu'on peut rester cul et chemise avec sa femme quand elle ne vous montre plus son cul et refuse d'enlever sa chemise ?
300 jours sans toucher Isa.
Pas ce soir de Amélie Cordonnier

Et tout d’un coup, voilà 200 jours qu’on ne se touche plus, 300, plus ? Et puis, chambre à part pour mieux dormir…

Une bile âcre lui remonte depuis hier, qui n'a rien à voir avec la gueule de bois. C'est un mélange acide de hargne et de frustration, où surnagent l'amertume, la rancœur et le dépit.
Et puis ce matin est apparu dans sa bouche, pour la première fois, un goût inconnu, amer et écœurant, qu'il n'a pas encore identifié, mais qui pourrait bien être celui de la séparation.

Amélie Cordonnier se met dans la peau d’un homme qui voit sa femme s’éloigner et qui crève de désir pour elle sans réussir à la rattraper dans une totale absence de dialogue

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Désolée, ne m'en veux pas, mais je dormirai tellement mieux là-bas. Elle a dit là-bas pour désigner la chambre de Roxane, et leur quatre-pièces a beau mesurer moins de quatre-vingts mètres carrés, il lui a semblé que c'était loin. Très loin. Très très loin. Le bout du monde. Et peut-être aussi la fin d'un monde. Ah, bah d'accord. Ils en sont donc arrivés là... Des mois qu'ils se


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Un homme et une femme. Chacun de leur côté. Un homme qui ne dort pas et une femme qui s'assomme. Un homme sur sa tablette et une femme dans son bouquin. Un homme qui désire et une femme qui soupire. Un homme qui se désole, une femme qui s'enferme, les heures qui s'étirent. Et plus rien. Rien de rien."Huit mois, deux semaines et quatre jours qu'il n'a pas fait l'amour avec Isa. Et ce soir, elle lui annonce qu'elle s'installe dans la chambre de Roxane, leur fille cadette qui vient de quitter la maison. Pourquoi le désir s'est-il fait la malle ? Comment a-t-il pu s'éteindre après de si belles années ? Le départ des enfants a-t-il été fatal ? Est-ce que tout doit s'arrêter à cinquante ans ? Lui refuse de s'y résoudre puisqu'Isa semble l'aimer encore.Amélie Cordonnier ausculte l'histoire d'un couple à travers le regard d'un homme blessé

L’anomalie

Voilà bien un roman fantastique, mazette !

- Et pour le reste d'entre nous, Victor Miesel, à votre avis, si vous deviez prédire ce qui va maintenant se passer ?
- Rien.
- Pardon ?
- Rien. Rien ne va changer. On se réveillera le matin, on ira travailler parce qu'il faut toujours payer son loyer, on mangera, on boira, on fera l'amour comme avant. On continuera à agir comme si nous étions réels. Nous sommes aveugles à tout ce qui pourrait prouver que nous nous trompons. C'est humain. Nous ne sommes pas rationnels.
L’anomalie de Hervé Le Tellier

J’ai tenu tout le premier tiers sans comprendre grand chose, tout était emmêlé.
Ensuite, j’ai compris, trop bien, génial !
Et après… je me suis un peu ennuyé, j’ai trouvé ça un peu moyen comme approche de la fin, je me demandais « tout ça pour ça ? »

Comme toi, Aby, comme toi, Joanna, comme tant d'autres embarqués sur cet avion, j'ai cherché des réponses, des indices seulement, dans L'Anomalie, ce livre étrange qu'a écrit l'écrivain français à bord. Je n'ai rien trouvé, sinon ceci : « On doit tuer le passé pour le rendre encore possible. »

Et finalement, non ! C’est vraiment original, il y a des ouvertures, des questions sans réponses, presque philosophiques. Un peu comme un épisode de cette vieille série La quatrième dimension dans une version choral.

Malgré tout, je n’aime pas trop ce mot de « destin ». Ce n’est qu’une cible qu’on dessine après coup à l’endroit où s’est fichée la flèche.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tuer quelqu'un, ça compte pour rien. Faut observer, surveiller, réfléchir, beaucoup, et au moment où, creuser le vide. Voilà. Creuser le vide.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l'intelligence, et même le génie, c'est l'incompréhension."En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d'hommes et de femmes, tous passagers d'un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte. Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n'imaginait à quel point c'était vrai

Peggy

Paru à l’origine dans un recueil en 2008 (Premières amours aux éd. de la Courte Échelle), cette nouvelle traite des sujets qui reviennent en boucle dans l’oeuvre de Nelly Arcan : le corps, l’image de soi et la beauté de la jeunesse.

On dit que l'idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête. Rester jeune par-dehors et grandir par-dedans. S'assagir, prendre de la graine de la vie, se faire son expérience dans un corps de jeune. Foncer dans la vie avec une force de jeune. Parce que la force, pour les adultes, c'est la pente montante des cellules qui se régénèrent. À vingt-cinq ans, c'est la pente descendante. À vingt-cinq ans, on percute le point de non-retour après quoi on recule. Les cellules paressent, se mettent à bayer aux corneilles, elles en ont assez de s'activer comme des bonnes, elles en ont marre de se fendre en quatre comme des diables dans l'eau bénite.
Peggy de Nelly Arcan

Un texte bien court, qui aurait peut-être mérité un développement. Une jeune fille qui n’aime pas son corps et son amie dont la beauté irradie dès qu’elle lève les bras au ciel. L’invisibilité vs le succès, la solitude pour l’une et les garçons pour Peggy

Je sais, je me répète, mais lisez Nelly Arcan !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
On dit que l'idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête. Rester jeune par-dehors et grandir par-dedans. S'assagir, prendre de la graine de la vie, se faire son expérience dans un corps de jeune. Foncer dans la vie avec une force de jeune. Parce que la force, pour les adultes, c'est la pente montante des cellules qui se régénèrent. À vingt-cinq ans, c'est la pente descendante. À vingt-cinq ans, on percute le point de non-retour après quoi on recule.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Peggy comme un feu roulant. Peggy qui brûle tous ceux qu’elle touche. On retrouve dans cette nouvelle les thèmes de prédilection de Nelly Arcan : la dictature de la beauté, la cruauté des relations entre des êtres tourmentés par l’existence, l’amour, le désir, la difficulté de se construire une image de soi positive et saine. Peggy raconte tout cela, et plus encore, dans une langue à la fois naïve et directe, à partir de l’histoire d’une amitié ordinaire entre deux jeunes filles dissemblables et pourtant rongées de l’intérieur par le même spasme de vivre

L’enfant dans le miroir

Voilà un objet inclassable, magnifique et hypnotique. Conte, album, livre, nouvelle ? Inclassable !

L’enfant dans le miroir de Nelly Arcan illustré par Pascale Bourguignon

Une nouvelle de Nelly Arcan mise en images de façon magistrale par Pascale Bourguignon !

Une petite fille à la recherche de son reflet, son image, son identité. Dans les yeux de son père, de sa mère ou de l’inatteignable miroir ? Un corps en devenir. Un corps de femme, le sien. Mais à qui appartient le corps des femmes.

L’enfant dans le miroir de Nelly Arcan, calligraphie de Pascale Bourguignon

Mille mercis et mille bravos à Pascale Bourguignon pour cette superbe adaptation !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
On dit que l'idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Conte cruel pour jeunes filles, L'enfant dans le miroir raconte les angoisses reliées à la quête de la beauté. Pascale Bourguignon, illustratrice, nous donne le passe-partout du serrurier pour entrer dans l'univers de Nelly Arcan. Ce livre-cadeau rempli de papillons crève-coeurs, de femmes-cloches et de forêts de miroirs propose une nouvelle vision des mythologies entourant la beauté. L'enfant dans le miroir présente une encyclopédie naturelle et générale des mots qui provoquent la tyrannie de la beauté. Devant ces demoiselles décadentes parsemées de fleurs, ces femmes grimpeuses, les Andromaque gothiques, ces petites icônes-fées et ces femmes qui ont troqué leur corset pour une cuirasse, on comprend que la beauté est une simple construction