Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
C’est des petites phrases, visées avec précision. Des tristesses misanthropes et des désespoirs intimes.
Traité du cafard par Frédéric Schiffter
C’est drôle et désespéré
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Le drame des types comme moi qui ne veulent pour rien au monde être pris au sérieux, est, justement, qu'on exauce leur vœu.
Une magnifique édition soignée de la Finitude pour un petit recueil de textes rigolos qui ne valent principalement que par la nature de leur auteur.
Restent de belles drôleries et incongruités, dont ces conseils pour choisir une femme mure pour maîtresse: L’art de choisir sa maîtresse : et autres conseils indispensables de Benjamin Franklin
Sacré Benjamin, quel coquin !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Comment choisir sa maîtresse ? Question cruciale s'il en est dans ce domaine où la moindre erreur peut s'avérer fatale... Plein de sagesse, Benjamin Franklin nous fait part de son expérience : il faut la préférer vieille. Il donne d'ailleurs au lecteur incrédule huit excellentes et réjouissantes raisons de suivre son conseil.
Mais ce précieux petit livre recèle bien d'autres recommandations indispensables puisqu'on y apprendra quelques règles pour se montrer un compagnon détestable ou encore la meilleure façon de devenir la reine des commères
C’est vraiment beau, bien écrit, sensible. Un père rock-star porté disparu depuis de nombreuses années pourtant aperçu.
Chanson de la ville silencieuse de Olivier Adam
Et, en entrelaçant son récit de souvenirs, sa fille part à sa recherche.
C’est joli
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Je suis la fille du chanteur. La fille dans les rues de Lisbonne, sur les pentes de l'Alfama. La fille dont le père est parti dans la nuit. La fille dont le père a été déclaré mort. Qui guette un musicien errant, une étoile dépouillée d'elle-même, un ermite qui aurait tout laissé derrière lui
Avec la volonté d’en dire le moins possible, Yves Ravey met en scène Marcello Martini de retour en France pour trois jours afin de revoir sa tante qui lui a coupé les vivres.
Trois jours chez ma tante de Yves Ravey
Mais à force de tente d’entretenir un micro suspense sans vraiment pouvoir nourrir cette histoire plutôt simple… Il en résulte un livre assez plat et manquant de consistance.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Après vingt ans d'absence, Marcello Martini est convoqué par sa tante, une vielle dame fortunée qui finit ses jours dans une maison de retraite médicalisée, en ayant gardé toute sa tête.
Elle lui fait savoir qu'elle met fin à son virement mensuel et envisage de le déshériter. Une discussion s'engage entre eux et ça démarre très fort
Des ados qui partent en vrille, des parents qui merdent ou n’y comprennent pas grand chose, des peurs et des démissions, un entourage absent ou maladroit… le chaos s’installe, grossi, qui pourra arrêter la descente annoncée ?
Les loyautés de Delphine de Vigan
Et l’écœurement devant ce cri que personne n’arrive à lancer devant une situation où chacun projette ses propres peurs et fêlures.
Et ce titre magnifique, ces loyautés qui reviennent tout au long du livre. Loyal oui, à qui, à quoi ?
Une grosse bousculade.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révélerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ? »
Un deuxième livre un peu désarçonnant d’Olivier Bourdeaut. Pas dénué d’un charme un peu étrange que lui donne cette petite touche de sel de Guerande.
Après un début aux trop nombreux adjectifs qui empâtent d’un style pédant son écriture, le récit prend du corps et de l’envergure. Michel et Jean se retrouvent sur les marais salants et s’affrontent dans un combat de coqs, à celui qui aura la plus grosse, le dernier mot, la plus cinglante répartie, à qui mettra la plus belle paire de baffes.
Pactum salis de Olivier Bourdeaut
Avec beaucoup d’alcool aux ivresses calamiteuses
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Très improbable, cette amitié entre un paludier misanthrope, ex-Parisien installé près de Guérande, et un agent immobilier ambitieux, prêt à tout pour « réussir ». Le premier mène une vie quasi monacale, déconnecté avec bonheur de toute technologie, tandis que le second gare avec fierté sa Porsche devant les boîtes de nuit.
Liés à la fois par une promesse absurde et par une fascination réciproque, ils vont passer une semaine à tenter de s'apprivoiser, au coeur des marais salants
Une des frustration des nouvelles en est la sensation d’inabouti et Murakami s’en amuse délicieusement. C’est fin et subtil, comme une délicatesse pâtissière en laissant aux lecteurs une totale liberté de s’y projeter.
Birthday girl de Haruki Murakami
Un très beau très petit livre aux illustrations flamboyantes de Kat Menschik
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Je ne vais pas vous offrir quelque chose de matériel. Mon cadeau n'aura rien à voir avec un objet de valeur. En fait, voilà ce que j'aimerais offrir à la merveilleuse fée que vous êtes, mademoiselle. Vous allez faire un voeu. Et je l'exaucerai. Quel qu'il soit. À condition que vous ayez un voeu à formuler.
Comme un songe éveillé, un de ces instants suspendus qui nous hantent encore, longtemps après, Haruki Murakami nous livre une nouvelle mélancolique, douce-amère, magnifiquement mise en image par la talentueuse illustratrice allemande Kat Menschik, pour mieux restituer l'univers hypnotique du maître
Ça ressemble à du feel-good… Et c’est quand même un petit peu plus que ça, même si elle va très bien. L’histoire dure, douce et tendre d’une inadaptée sociale au lourd passif. Une vie terne et perdue dans la solitude noyée à la vodka.
Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman
Avec une jolie dédicace aux amateurs peu soigneux des bibliothèques qui m’a fait bien sourire dans ce livre qui ne manque pas d’humour.
Et une méchante coquille de la traductrice, Aline Azoulay-Pacvoñ qui failli clore cette lecture prématurément. Madame, lorsque les docteurs (esses!) sont des femmes… parlez d’elles, s’il vous plait.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dotée d'une culture générale supérieure à la moyenne, peu soucieuse des bonnes manières et du vernis social, elle dit les choses telles qu'elle les pense, sans fard, sans ambages. Fidèle à sa devise « Mieux vaut être seule que mal accompagnée », Eleanor évite ses semblables et préfère passer ses samedis soir en compagnie d'une bouteille de vodka.
Rien ne manque à sa vie minutieusement réglée et rythmée par ses conversations téléphoniques hebdomadaires avec « maman ».
Mais tout change te jour où elle s'éprend du chanteur d'un groupe de rock à la mode. Décidée à conquérir l'objet de son désir, Eleanor se lance dans un véritable marathon de transformations. Sur son chemin, elle croise aussi Raymond, un collègue qui sous des airs négligés va lui faire repousser ses limites.
Car en naviguant sur les eaux tumultueuses de son obsession amoureuse et de sa relation à distance avec « maman », Eleanor découvre que, parfois, même une entité autosuffisante a besoin d'un ami...
C’est doux et pur comme de la nostalgie heureuse, c’est l’enfance en tons pastels, les trains électriques et les écorchures au genoux.
Neverland de Timothée de Fombelle
Il y a les parents, les grand-parents, les chambre, la pluie, le vélo… et c’est plutôt réussi. Un peu comme une petite douceur poétique un peu (trop) sucrée.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Je suis parti un matin d'hiver en chasse de l'enfance. J'avais décidé de la capturer entière et vivante. « Regarde, elle est là, tu la vois ? » Je l'avais toujours sentie battre en moi, elle ne m'avait jamais quitté. Mais c'était le vol d'un papillon obscur à l'intérieur, le frôlement d'ailes invisibles dont je ne retrouvais qu'un peu de poudre sur mes bras au réveil. »
Neverland est un retour au pays d'enfance, un irrésistible voyage vers ces hauts territoires perdus que nous portons tous en nous
Pas fan absolu des nouvelles, la couv. m’a quand même bien branché et mes dernières lecture de Joyce Carol Oates (m’)ont achevé… de me convaincre.
Les femelles de Joyce Carol Oates
Et je n’ai pas été déçu par ces femelles qui, par vengeance, sadisme, accident, démence ou opportunité passent à l’acte. Mais, comme pour toutes les nouvelles, il faut se contenter d’une brève accroche, d’un court développement et d’une fin rapide. En l’occurrence, souvent brutale…
A conseiller aux amateurs de cruauté amorale et aux fans d’histoires courtes qui n’ont pas peur de s’endormir au coté d’une femme.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Petite fille jalouse, prostituée précoce, vierge effarouchée, bourgeoise en mal de sexe ou infirmière dévouée, elles ont six, onze, vingt, trente-cinq ans et, à première vue, paraissent inoffensives. À ceci près qu'il vaut mieux ne pas laisser traîner un revolver, un couteau ou une seringue à leur portée. Car ce sont des tueuses, les (anti) héroïnes de ces neuf nouvelles dérangeantes, que Oates met en scène avec un sadisme d'une sournoise sobriété. Une savante économie de moyens qui explique sans doute la montée de tension que le lecteur ressent à chacune de ces pages où l'horreur s'installe tranquillement...