Situations

Véritable Inception du détournement et de la référence, de réf de réf, d’auto réf et de contre réf… Situation nous emmène dans le monde du spectacle dans une mise en abyme vertigineuse.

Situations de Maxime Morin, dessins et couleurs de tienstiens

Avec un curieux procédé explicatif (un peu surprenant – voir gênant au début mais finalement fort bien utilisé), Maxime Morin et Tienstiens nous parlent de la spectaclisation de la société, de l’économie, de la politique, de l’intime et même… du monde du spectacle.

Le rêve dans le rêve dans le rêve, vous dis-je !

Avec une fin en fractale un peu confuse, peut-être

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quel est le point commun entre Le Parrain, L'Exorciste, et Gladiator ? Réponse : ce sont tous des flims. Dans Situations, tienstiens (@tienstiensbd) et Maxime Morin (@wikihowmuseum) détournent films, émissions de télé et autres productions culturelles mainstream pour en dévoiler les mécanismes, les saboter, et provoquer, fatalement, le rire. En outre, les auteurs ont pris une décision unique et originale : celle d'expliquer toutes les références convoquées. Ainsi personne ne sera abandonné sur le bord de l'autoroute de la « réf ».

L’étranger

Dans ma mémoire, le roman de Camus ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Peut-être un peu d’ennui scolaire nimbé d’une aura de chef d’oeuvre que je n’avais pas du comprendre. Guère plus.

L’étranger de Jacques Ferrandez, d’après le roman d’Albert Camus

L’adaptation m’avait donc intéressé, peut-être m’étais-je trompé alors et le dessin pourrait révéler ce qui m’avait échappé. Mais non. L’ennui est toujours là.

Certes, certaines aquarelles sont réussies, mais l’ensemble reste aussi statique que son personnage bartlebien. Une BD dans l’étouffante torpeur algérienne qui m’a laissé froid

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut- être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le jour où sa mère est morte, Meursault a remarqué qu’il faisait très chaud dans l’autobus qui le menait d’Alger à l’asile de vieillards, et il s’est assoupi. Plus tard, dans la chambre mortuaire, il a apprécié le café que lui offrait le concierge, a eu envie de fumer, a été gêné par la violente lumière des lampes électriques. Et c’est avec une conscience aiguë du soleil qui l’aveugle et le brûle que l’employé de bureau calme et réservé va commettre un acte irréparable.
Camus présente un homme insaisissable amené à commettre un crime et qui assiste, indifférent, à son procès et à sa condamnation à mort

Déréglée : journal d’une ménopause

Vous approchez de la cinquantaine et vous êtes une femme : ne lisez pas forcément ce roman graphique, ça risquerait de vous faire peur. Quoique, c’est tellement drôle ! Tout compte fait : lisez-le, c’est trop bien foutu.

Vous approchez de la cinquantaine et vous êtes un homme (ou si vous n’êtes pas personnellement concerné-e par la ménopause) : lisez le absolument ! En plus de passer un bon moment, vous apprendrez quelque chose et vous changerez probablement votre regard !

Déréglée : journal d’une ménopause de Francine Oomen

Après une première partie consacrée à la ménopause et aux dérèglement physiques, mentaux, sociaux, humains… qu’elle peut induire (oui, Francine parle d’elle et de son cas précis, difficile d’en tirer des généralités), la seconde partie est beaucoup plus introspective (et encore plus touchante)

Un vrai bijou de bande dessinée à la créativité assez folle !

J’ai adoré !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le titre... Euh... Hum... Quelque chose avec le mot ménopause ? Ménopause : le guide de survie ? Non ! Comment j'ai survécu à la ménopause ? Comment j'ai vécu la ménopause ? Non plus, ça ne va pas ! Euh... Déréglée, journal d'une ménopause ?
Yes ! Je l'ai ! Yes !

Merde... Encore une bouffée de chaleur !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un roman graphique bourré d'humour, dans lequel Francine Oomen décrit sa traversée personnelle de la ménopause et la crise existentielle qui l'accompagne.
À 52 ans, Francine ne comprend pas ce qui lui arrive : cerveau en compote, bouffées de chaleur, sautes d'humeur, syndrome de la page blanche... Elle ne se reconnaît plus. Jusqu'à ce qu'elle identifie la source de ces bouleversements : la ménopause bien sûr !
Avec fraîcheur, sincérité et humour, l'autrice nous entraîne dans sa traversée personnelle de cette période si redoutée, dont les symptômes envahissants la plongent dans une crise existentielle et la poussent dans une introspection aussi douloureuse que salutaire.
Et si le secret, pour se libérer des injonctions de la société et des traumatismes du passé, c'était de ralentir ? Et si, pour surfer la grande vague de la ménopause, il fallait d'abord accepter de s'y jeter ?

Chronosquad, tome 6 : Chapeaux melons et hordes de Huns

Suite à un petit souci temporel dans le tome 5, Télonius et Mumin ont bien vieilli… en tout cas leur corps et leurs articulations !

Chronosquad, tome 6 : Chapeaux melons et hordes de Huns de Giorgio Albertini, dessins et couleurs de Grégory Panaccione

Dans ce sixième tome, les soucis temporels se superposent les Huns aux autres pour une bouillabaisse qui peine à en dévoiler un goût bien clair… (Et si cette phrase ne semble pas très compréhensible, elle me semble être, ma foi, à la hauteur de cette histoire qui peine à conserver la simplicité et la fraîcheur des premières aventures)

Pourtant, le dessin et les couleurs de Panaccione me semblent de plus en plus travaillées avec des planches vraiment très réussies !

Un demi zut, donc

Chronosquad 5

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le temps ne pouvait pas être plus pourri.
Calme toi
Quelque chose va se passer tu vas voir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alors qu'ils recherchent une jeune employée spatio-temporelle portée disparue dans le Japon de la fin du XIXe siècle, Bey et Hera aperçoivent Silverberg étonnamment rajeunie. Penn, quant à elle, revient d'une mission qui a mal tourné. Des touristes sont morts, d'autres ont été capturés par les hordes d'Attila. Bloch, toujours attentif aux détails historiques, sait comment leur porter secours

Chronosquad, tome 5 : Vie éternelle mode d’emploi

Les quatre premiers Chronosquad m’avaient laissé un sentiment très mitigé. Un scénario sympa mais un peu léger avec toutefois une cohérence intéressante. Des dessins de Panaccione à la qualité très diverse où des planches de grande qualité côtoient des brouillons approximatifs.

Chronosquad, tome 5 : Vie éternelle mode d’emploi de Giorgio Albertini, dessins et couleurs de Grégory Panaccione

Tombé par hasard sur ce cinquième tome, j’ai été très heureux de découvrir un dessin plus abouti et une histoire dont le fond sur l’immortalité est assez sympatoche.

Une bonne retrouvaille avec des Chronosquad qui risquent bien de prendre un sacré coup de vieux dans un voyage au pays de l’éléphant !

Chronosquad 6
Chronosquad 1-4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Booouum
Donc...
... nous avons deux pipes...
... une lampe à huile...
Bouum


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Non, les Chronosquads n’ont pas remisé leur équipement !
Une anomalie rare du voyage dans le temps provoque le naufrage de deux journalistes, d’un scientifique et d’une romancière connue, en haut d’une montagne, au début du Moyen Âge d’une ligne temporelle inexplorée. Les Chronosquads se préparent pour un sauvetage inédit ignorant en partie les risques d’un trop long séjour dans cette dimension

La fantaisie des dieux : Rwanda 1994

Voilà près de trente ans s’est déroulé un génocide en Afrique.
Plus de 800 000 morts en cent jours !

La fantaisie des dieux : Rwanda 1994 de Patrick de Saint-Exupéry, dessins de Hippolyte

Et la France, Mitterand, décidait de regarder ailleurs.

Témoin du génocide, Patrick de Saint-Exupéry raconte ici les événements, mis en dessins par Hippolyte. C’est dur et violent, voir parfois onirique quand les mots ne suffisent plus. Une brillante réussite en tant que bande dessinée, un choc comme témoignage.

Le récit d’une infamie

A lire pour aller plus loin : L’inavouable : la France au Rwanda

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
En 1994, il se produisit un génocide au Rwanda.
Un génocide est un crime contre l'humanité.
Monsieur le président.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il n'y avait plus de mots. Juste ce silence. Épais, lourd. C'était un génocide, celui des Tutsis du Rwanda, le troisième du XXe siècle.

Il faisait beau, il faisait chaud. Nous avions pénétré le monde du grand secret.

Sur les collines de Bisesero, des instituteurs tuaient leurs élèves, des policiers menaient la battue. C'était la « grande moisson ».

François Mitterrand niait « le crime des crimes ». Comment raconter ?

Au cœur des ténèbres

Adapté du roman le cœur des ténèbres de Joseph Conrad, voilà une bande dessinée qui m’a immédiatement attiré.

Au coeur des ténèbres de Stéphane Miquel, dessin de Loïc Godart, librement adapté du roman de Joseph Conrad

J’en ressors, mitigé.

Certes, le scénario m’a semblé fidèle à mon souvenir, cette lente remontée vers l’halluciné Kurtz sur un fleuve poisseux m’a rappelé cette lecture collante, moite et étouffante. Mais pourquoi ce choix de couleurs sépia au milieu de cet enfer vert ? Un album qui me semble effectuer une sorte de grand écart entre le roman original auquel il tente d’être fidèle tout en semblant fort inspiré par les ambiances d’Apocalypse Now avec une sorte de naïveté dans le trait bien déroutante.

L’adaptation en demi-teinte (sépia) d’une oeuvre originale fondamentale sur le colonialisme ! Et en passant, jetez un œil sur Exterminez toutes ces brutes !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Entendez-le comme vous voulez, mais... Marlow est un cas. Il est bien plus qu'un marin, c'est un errant...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Librement adapté du roman de J. Conrad, ce récit en trois parties explore les ressorts de l'âme humaine et entraîne le lecteur dans une expédition au coeur du continent africain. Missionné par une compagnie de commerce pour retrouver un certain Kurtz, Marlow s'embarque dans un voyage au Congo qui se transforme en descente aux enfers

Une nuit de pleine lune

Un groupe de jeune loulous mal assortis attendent que des vieux sortent de leur maison isolée pour en ouvrir le coffre et s’envoler avec l’oseille. Mais (oui, il y a bien évidement des mais !) tout ne se passe aussi facilement que prévu.

Une nuit de pleine lune de Yves H. et dessin de Hermann

Une bande dessinée dans les canons du duo Huppen père et fils avec un début au soleil qui s’enfonce rapidement dans une sanglante noirceur réglée par une loi du talion franchement expéditive.

Un album aux 56 pages contractuelles, le boulot est fait… sans trop de surprises

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Karim rêve de retourner vivre un jour au Maroc, dans une villa au soleil, au bord de la mer. Mais pour ça, il aurait besoin de toucher le pactole. Avec une équipe pas vraiment pro, il décide de s'attaquer à la petite fortune d'un couple de particuliers… Ce sont donc cinq jeunes nerveux et mal préparés qui pénètrent un soir chez les Boisseau, un couple âgé vivant dans une maison isolée en rase campagne. L'idée est d'attendre le retour du couple et de les effrayer suffisamment pour qu'ils dévoilent le code de leur coffre. N'importe qui finirait par céder ! Sauf que Boisseau n'est pas n'importe qui…

Chroniques birmanes

Ces chroniques birmanes sont le carnet de voyage de Guy Delisle qui a suivi sa femme en mission pour M.S.F en Birmanie durant une année.

Chroniques birmanes de Guy Delisle

L’occasion de présenter dans son style bien personnel les différentes facettes de ce qu’il a vu. Les expats, bien sûr… avec fêtes, piscines et alcool. Mais aussi la dictature et la parano qui en découle, la chaleur et l’humidité, le paludisme, les magasins et les classes sociales, les moines et la religion, les O.N.G, l’armée et les fonctionnaires, les déplacements et… tout le reste…

Une somme impressionnante, un peu lassante parfois, mais drôle et pleine d’autodérision

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Guatemala
Dring !
Clac !
Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'auteur a suivi sa compagne pendant quatorze mois en Birmanie alors qu'elle y collaborait avec Médecins sans Frontières. Il raconte son expérience du pays et comment il a fini par apprivoiser son environnement. Il présente aussi la réalité politique, sanitaire et sociale de ce pays dominé par un groupe de militaires soutenu par de puissants groupes industriels

Ils ont tué Leo Franck

Il fut en temps où l’on assistait volontiers à une pendaison et même, pourquoi pas, on se photographiait fièrement à côté du pendu. Souvent noir et pauvre. Ici, juif.

Léo Frank à été lynché par une foule chauffée à blanc le 18 août 1915.

Ils ont tué Leo Franck de Xavier Bétaucourt, dessins de Olivier Perret, couleurs de Paul Bona

Cette histoire emblématique sert parfaitement d’exemple pour démontrer la bêtise des foules, le poids d’une presse à sensation partisane, les lacunes des systèmes judiciaire et policier, le racisme et l’antisémitisme dans le sud des États-Unis, la pauvreté et les différences de classe et toutes leurs conséquences.

Une reconstruction fouillée au dessin un peu statique bien relevé par des aquarelles de Bona. Hélas le traitement au plus proche des faits historiques rend l’album un brin lassant, et ce malgré la fin brillante qui ose la question : et maintenant ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1982. Alonzo Mann est un vieil homme qui sent sa fin venir. Il décide de témoigner à nouveau sur une affaire qui a déchiré l'Amérique en 1913. Celle d'une possible erreur judiciaire et du lynchage d'un homme : Leo Frank.
1913. Le corps de Mary Phagan, 14 ans à peine, est retrouvé dans l'usine dans laquelle elle travaillait. Elle a été étranglée. Près d'elle deux bouts de papier sur lesquels, agonisante, elle aurait écrit que son violeur et assassin est un homme noir.
La police identifie rapidement deux suspects : Leo Frank, le patron de l'usine qui est le dernier à l'avoir vue vivante et Jim Conley, balayeur, noir, surpris en train de laver une chemise tachée de sang...
Qui du jeune et riche patron juif venu de Boston ou du pauvre employé noir illettré sera inculpé ?
Dans ce récit tout est vrai. L'affaire, l'emballement de la presse, les mots, terribles, prononcés au procès, le témoignage, au crépuscule de sa vie d'Alonzo Mann... La résonance avec l'époque actuelle aussi...