Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
C’est vraiment beau, bien écrit, sensible. Un père rock-star porté disparu depuis de nombreuses années pourtant aperçu.
Chanson de la ville silencieuse de Olivier Adam
Et, en entrelaçant son récit de souvenirs, sa fille part à sa recherche.
C’est joli
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Je suis la fille du chanteur. La fille dans les rues de Lisbonne, sur les pentes de l'Alfama. La fille dont le père est parti dans la nuit. La fille dont le père a été déclaré mort. Qui guette un musicien errant, une étoile dépouillée d'elle-même, un ermite qui aurait tout laissé derrière lui
Avec la volonté d’en dire le moins possible, Yves Ravey met en scène Marcello Martini de retour en France pour trois jours afin de revoir sa tante qui lui a coupé les vivres.
Trois jours chez ma tante de Yves Ravey
Mais à force de tente d’entretenir un micro suspense sans vraiment pouvoir nourrir cette histoire plutôt simple… Il en résulte un livre assez plat et manquant de consistance.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Après vingt ans d'absence, Marcello Martini est convoqué par sa tante, une vielle dame fortunée qui finit ses jours dans une maison de retraite médicalisée, en ayant gardé toute sa tête.
Elle lui fait savoir qu'elle met fin à son virement mensuel et envisage de le déshériter. Une discussion s'engage entre eux et ça démarre très fort
Voilà bien un horrible livre. Ou plutôt, voilà bien un magnifique livre sur une horrible famille aux pères incestueux.
Depuis le dépeceur du Jardin des plantes, voilà trois générations, Sophie Chauveau parcourt une descendance de mâles abuseurs incestueux pour en arriver jusqu’à elle et sa cousine.
La fabrique des pervers de Sophie Chauveau
Un récit, une enquête glaçante (oui, bien plus qu’un petit froid dans le dos) au sein de sa propre famille que longtemps elle n’avait pas voulu regarder, sidérée, amnésiée par les abus de son père.
Un témoignage d’horreur
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Comprenant qu'elle était loin d'être la seule à avoir connu une enfance et une adolescence saccagées, Sophie Chauveau a enquêté pour dresser l'inventaire des victimes et des bourreaux de sa famille. La dynastie de pervers, qui commence avec le dépeceur du Jardin des Plantes pendant le siège de Paris, se poursuit sur trois générations.
Unique par l'ampleur de ce qu'il dévoile, son témoignage sur l'inceste est d'une force inouïe.
Voici le roman monstrueux d'une famille hors normes
Des ados qui partent en vrille, des parents qui merdent ou n’y comprennent pas grand chose, des peurs et des démissions, un entourage absent ou maladroit… le chaos s’installe, grossi, qui pourra arrêter la descente annoncée ?
Les loyautés de Delphine de Vigan
Et l’écœurement devant ce cri que personne n’arrive à lancer devant une situation où chacun projette ses propres peurs et fêlures.
Et ce titre magnifique, ces loyautés qui reviennent tout au long du livre. Loyal oui, à qui, à quoi ?
Une grosse bousculade.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révélerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ? »
Il en a des choses à dire, le Gégé! Sur sa vie, ses rencontres, ses déceptions, sa soif de liberté, sur Lui ! Avec des airs de vieux sage qui se défend de l’être et qui dispense des leçons de vie, lui qui professe de n’en suivre aucune.
Monstre de Gérard Depardieu
Mais qu’importe les paradoxes, il faut vivre, vivre, vivre, libre et vivre !
C’est pas un grand livre, pas une monstre bio, mais c’est Gégé, c’est des fois drôle, parfois pontifiant, truculent, joyeux, nostalgique… Et avec la sincérité des tripes. Et ça, il en a, des tripes !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) J'ai connu un potier dans le Berry : quand ça le faisait chier de faire des assiettes, toujours les mêmes, il prenait sa terre et il faisait un monstre. Un énorme monstre. En terre cuite. Et il disait : « Je fais ça parce qu'il faut que ça sorte ! J'en ai plein comme ça à l'intérieur de moi ! »
Il avait raison.
Il faut laisser sortir ses monstres, si on ne veut pas que ce soient eux qui nous bouffent
Un deuxième livre un peu désarçonnant d’Olivier Bourdeaut. Pas dénué d’un charme un peu étrange que lui donne cette petite touche de sel de Guerande.
Après un début aux trop nombreux adjectifs qui empâtent d’un style pédant son écriture, le récit prend du corps et de l’envergure. Michel et Jean se retrouvent sur les marais salants et s’affrontent dans un combat de coqs, à celui qui aura la plus grosse, le dernier mot, la plus cinglante répartie, à qui mettra la plus belle paire de baffes.
Pactum salis de Olivier Bourdeaut
Avec beaucoup d’alcool aux ivresses calamiteuses
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Très improbable, cette amitié entre un paludier misanthrope, ex-Parisien installé près de Guérande, et un agent immobilier ambitieux, prêt à tout pour « réussir ». Le premier mène une vie quasi monacale, déconnecté avec bonheur de toute technologie, tandis que le second gare avec fierté sa Porsche devant les boîtes de nuit.
Liés à la fois par une promesse absurde et par une fascination réciproque, ils vont passer une semaine à tenter de s'apprivoiser, au coeur des marais salants
Une des frustration des nouvelles en est la sensation d’inabouti et Murakami s’en amuse délicieusement. C’est fin et subtil, comme une délicatesse pâtissière en laissant aux lecteurs une totale liberté de s’y projeter.
Birthday girl de Haruki Murakami
Un très beau très petit livre aux illustrations flamboyantes de Kat Menschik
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Je ne vais pas vous offrir quelque chose de matériel. Mon cadeau n'aura rien à voir avec un objet de valeur. En fait, voilà ce que j'aimerais offrir à la merveilleuse fée que vous êtes, mademoiselle. Vous allez faire un voeu. Et je l'exaucerai. Quel qu'il soit. À condition que vous ayez un voeu à formuler.
Comme un songe éveillé, un de ces instants suspendus qui nous hantent encore, longtemps après, Haruki Murakami nous livre une nouvelle mélancolique, douce-amère, magnifiquement mise en image par la talentueuse illustratrice allemande Kat Menschik, pour mieux restituer l'univers hypnotique du maître
C’est beau, doux, drôle, dur et lucide. Dès les premières pages on est emporté dans la maladie et la vie qui s’accroche et qui veut encore rire et aimer.
La dernière gorgée de bière de Ariane Ferrier
Un témoignage de la joie de vivre malgré les perfusions, la chimio et les radiothérapies. Comme dans une danse, Ariane Ferrier m’a bouleversé avec elle. Merci.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Ce livre est un récit de voyage :
la traversée du cancer sans escale.
Mais pas d'un voyage en solitaire. Il y a mes aimés : mes filles, mon petit-fils, le père de mes enfants, ma soeur, mes frères. Mes amis. Mes potes.
Et des infirmières, des chirurgiens, des oncologues. Des patients. Des inconnus croisés.
C'est un récit de voyage dont on ne sait pas s'il se termine bien, parce que l'auteure de ces lignes n'a pas encore abordé de terre connue.
C'est un récit de cancer, mais il y a des rires, de la bouffe et du vernis à ongles rouge.
Ce constat, enfin : si les premières fois sont inoubliables, les dernières peuvent être intenses et goûteuses aussi
C’est pire et attendons-nous à ce que ce soit encore pire. La politique est phagocytée par l’économie qui contrôle les médias et confisque les richesses. C’est trivial, simple et déjà connu. Rien de nouveau. Mais ce petit livre (par la taille) possède de très gros atouts, il est clair et va droit au but : la fin du rêve américain. Rien besoin de plus, vous allez vite comprendre.
Et nul besoin de trop se triturer le cortex, on comprend très bien ce qu’il en est ici, et où on se dirige.
Requiem pour le rêve américain de Noam Chomsky
Mais alors, que faire ?
Faire!
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Le rêve américain est mort. Ce qui était possible autrefois aux États-Unis - partir de rien et gravir l'échelle sociale grâce à son travail, son mérite, ses efforts, quel que soit son milieu d'origine - ne l'est plus aujourd'hui.
Pourquoi ? Parce que les inégalités n'ont jamais été aussi fortes, et la mobilité sociale jamais aussi réduite. Un cercle infernal voit la richesse et le pouvoir se concentrer dans les mains d'une infime minorité, qui applique la « vile maxime » d'Adam Smith : « Tout pour nous, rien pour les autres. »
Noam Chomsky appelle au réveil de la majorité, aux innombrables petits actes de personnes anonymes. Ce sont ces derniers qui pourront faire basculer notre avenir
Hervé le Tellier a une une famille dysfonctionnelle, mais c’est la sienne. Alors, après avoir rapidement pris le parti d’en partir, il en parle enfin. Et tout doit sortir. C’est souvent drôle et pathétique. C’est bien raconté, mais au troisième grand oncle du côté maternel qui avait fait des crèpes à la chandeleur, un peu décroché, je l’avoue (je caricature).
Toutes les familles heureuses de Hervé Le Tellier
Et finalement, il revient au début, à sa mère dysfonctionnelle et désormais malade. Et c’est très touchant.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Très jeune, j'ai compris que quelque chose n'allait pas, très tôt j'ai voulu partir, et d'ailleurs très tôt je suis parti.
Un enfant n'a parfois que le choix de la fuite ; il devra à son évasion, au risque de la fragilité, d'aimer plus fort encore la vie. »