D’or et d’oreillers

En tout premier, ce qui émerveille, ce sont les dessins, la mise en page et les couleurs, magnifique !

D’or et d’oreillers de Mayalen Goust, d’après le roman de Flore Vesco
L’histoire ensuite, sympa, un peu féministe et lutte des classe. Et pourtant, l’histoire semble bien classique et patriarcale : un richissime jeune homme qui cherche une épouse et qui, pour ce faire, fait passer une test aux candidates une nuit dans son château sur dix matelas.

Qu’est-ce que ça cache ? Et qui donc s’y cache ?

Une vraie merveille

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ma fille, approchez, je voudrais vous conter une histoire. Voyons... par où commencer ? Oui, bien sûr, par un beau jeune homme, riche, noble, valeureux, qui voulait prendre femme. Pour choisir son épouse, il avait imaginé que les prétendantes passeraient la nuit dans un lit fort haut fait d'un empilement de dix matelas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lord Handerson, un riche héritier, a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, dans une chambre au centre de laquelle se trouve un lit d'une hauteur invraisemblable. Pour l'heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication. Mais voici que Lord Handerson propose à Sadima de passer l'épreuve. Robuste et vaillante, simple femme de chambre, Sadima n'a pourtant rien d'une princesse. Et pour cause, l'histoire que va vivre cette dernière, si elle s'apparente bien à de l'amour, est loin d'être un conte de fées...

Galette au miel

Tout d’abord, c’est très beau ! Les illustrations de Kat Menschick sont magnifiques avec leurs tons en violet et jaune. Une grosse réussite graphique dans la lignée des précédentes nouvelles de Murakami.

 — Tu étais en train d'écrire ?
 — Plus ou moins...
 — Une nouvelle ?
Jumpei acquiesça d'un signe de tête.
 — Ça marche bien ?
 — Comme d'habitude. J'écris des nouvelles, elles sont publiées dans une revue littéraire, et personne ne les lit.
 — Moi, je lis tout ce que tu écris.
 — Merci, tu es gentille, dit Junpei. Mais les nouvelles, tu vois, comme forme littéraire, c'est à peu près aussi suranné que les bouliers.
Galette au miel de Haruki Murakami, illustrations de Kat Menschik
Et l’histoire n’est pas en reste ! Une nouvelle où se mêle conte, enfance et… une histoire d’amour à trois temps.Alors certes, le format court souffre peut-être de sa superficialité et Murakami ne semble pas toujours à son aise dans les scènes plus intimes, mais voilà un petit plaisir à goûter comme son titre nous y invite

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Masakichi avait pris tellement de miel qu'il ne pouvait pas tout manger, aussi en a-t-il mis dans un seau pour aller le vendre à la ville au pied de la montagne. L'ours Masakichi était un célèbre cueilleur de miel.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
- Je crois que c'est parce qu'elle a trop regardé les informations. Les images du tremblement de terre de Kobe sont sans doute trop impressionnantes pour une petite fille de quatre ans. Depuis le séisme, elle se réveille toutes les nuits. Elle dit que c'est un vilain monsieur qu'elle ne connaît pas qui vient la réveiller.

Elle l'appelle le « Bonhomme Tremblement de Terre ».

Quand la femme dont il est secrètement amoureux lui révèle que sa petite fille est en proie à un cauchemar récurrent, Junpei, auteur de nouvelles, invente l'histoire d'un ours mélomane capable d'apaiser toutes les peines...

Superbement illustrée, une histoire tout en délicatesse et mélancolie en forme d'hommage pudique du maître Murakami aux victimes du séisme de Kobe, et à ceux que leurs failles intérieures font parfois vaciller.

L’étoile de Mo

Un petit conte avec un chaton tout choupinou qui part à la recherche de l’étoile qui sourit au fond de la forêt…

L’étoile de Mo : aventures forestières de Yeonju Choi
Une forêt où tout le monde est gentil… mais fais bien attention à l’ours !

Une jolie histoire de peurs qui ne fait pas trop peur

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Notre histoire commence par une froide nuit d'automne...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'était la nuit, et Mo tournait et se retournait dans son lit quand soudain une lumière apparût, une lumière qui souriait. Ni une ni deux, Mo mit son écharpe et s'en alla dans la forêt pour découvrir d'où elle venait... Mo interrogea tous les animaux qu'il rencontra... avant de pouvoir, enfin, se recoucher. Un roman pour les 8-10 relié sur papier toilé, illustré à la plume, au charme délicieux.

Birdy Melody

Comme un conte merveilleux, Birdy melody m’a enchanté, émerveillé !

Birdy Melody de David Périmony

Une histoire d’oiseaux au milieu de la violence des hommes. Mais aussi de l’amour… et de la haine (et des chats !).
Et la musique… le chant de ceux qui s’aiment !

Voilà, c’est tout ça, ça se passe de paroles et le dessin est magnifique.

Un instant de poésie pure. Une merveille !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est un amour entre deux oiseaux, que la vie vient séparer.

C'est un amour de la musique, que l'intolérance veut censurer.

À la recherche de liberté, l'amour saura-t-il triompher ?

Le renard

Après un essai cash, frontal et très premier degré, je suis retombé sur Pauline Harmange qui vient de publier (en mars) un conte d’une grande tendresse à l’écriture très poétique.

Se blottir
Je ne sais pas depuis combien de temps je marche, on dirait une éternité. Il me semble que le jour commence à décliner. Ça ne peut pas faire si longtemps, pourtant, c'est improbable. Je martèle ces trois syllabes, im-pro-bable, sur le tambour de ma tête tandis que je continue d'avancer à la recherche du sentier que j'ai perdu.
Le renard de Pauline Harmange

Une jeune fille se perd dans la forêt et y croise un renard.

Je suis réveillée par une moiteur désagréable qui chatouille ma joue dans le noir compact d'une nuit douteuse. Les yeux jaunes, immenses, dardent sur moi leurs reflets d'or.

Un conte aux multiples ramifications (dont je n’ai pas forcément compris toutes les significations) qui parle du passage à l’âge adulte, celui où parfois l’on se perd, où l’on peut se sentir abandonné, trahi, perdu ou même coupable de ses propres errances (voir même celles des autres)

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était une fois une jeune fille, et cette jeune fille c'était moi - ou bien peut-être pas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lors de l'habituelle promenade dominicale, une jeune fille fausse compagnie à ses parents et ses soeurs pour s'enfoncer dans la forêt. Happée par la pénombre, incapable de retrouver son chemin, la voici seule. Des souvenirs ressurgissent, aussi angoissants que la peur de se perdre. Jusqu'au moment où la jeune fille rencontre un renard avec lequel elle tente de communiquer.

C'est un rituel de passage que raconte Pauline Harmange dans ce conte moderne, saisissant magnifiquement la fin de l'enfance et le début de l'âge adulte. La maturité ne viendra pas ici du monde humain, mais d'une rencontre avec un animal aussi intelligent qu'énigmatique

Le chevalier noir

Les contes de nos grands-parents étaient toujours porteurs de messages moraux. Mais la morale, est-elle immuable ? Est-ce toujours la même de nos jours ? Les princesses doivent-elles toujours être de faibles et jolies jeunes filles ? Et les chevaliers ?

Le chevalier noir de Michaël Escoffier, illustrations de Stéphane Sénégas

Après m’être bien amusé avec le chevalier blanc, cette sombre version m’a tout autant fait rire.

Un conte moderne avec une princesse qui ne s’en laisse pas conter !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Une histoire haute en couleurs, bourrée de cascades et d'effets spéciaux !"

Le chevalier noir ordonne à une princesse de lui livrer les clés de son château, faute de quoi il ordonnera à son géant de les prendre par la force. Mais la princesse est bien décidée à ne pas se laisser faire

Invasions domestiques

Voilà qui vraiment fort plaisant ! Commencer un livre dont on se dit : tiens, voilà une petite farce plaisante et divertissante et se retrouver dans un conte à la dimension plus étendue qu’attendue.

Une heure plus tard, je repris le contact. L'artisan chantonnait. Il m'expliqua être coincé chez une Japonaise dont la chaudière était en nervous breakdown. Je suis en train de la chauffer, dit-il d'un ton ambigu, de sorte que je ne compris pas s'il parlait de la chaudière ou de cette femme. Je me demandai si la vulgarité d'un homme comme lui séduirait Kim-Ly. Malgré moi, je les imaginai tous deux coincés dans le réduit de mes sanitaires. Je crus même entendre l'ouvrier murmurer : Je vais essayer de me la faire. La vision de cet homme posant ses mains sur elle me sidéra.
Invasions domestiques de Élodie Llorca

Car l’histoire est loufoque, Thomas Thommassin a une petite vie tranquille – limite dépressive – et voilà que débarquent dans sa vie un plombier imprévisible et envahissant ainsi qu’une collègue sculpturale et insaisissable. Rien de tel pour déstabiliser ce petit téléopérateur qui se remet juste d’une séparation.

Kim-Ly menait la danse. Je recevais avec parcimonie ses messages, m'indiquant le jour de sa venue à l'appartement. Lorsque je répondais avec trop d'enthousiasme, elle changeait brusquement ses plans, aussi, je pris l'habitude d'accueillir chacune de ses avancées avec une réserve feinte.
Son corps m'obsédait. J'imaginais sa taille étroite, le tissage de sa peau et le laqué de ses cheveux corbeau, noués ou déliés à l'envi. Dans la journée, je saisissais à son insu certains de ses gestes pour les reproduire, le soir, dans mes collages.

Une fable sur l’envahissement, les limites, la personnalité et la difficulté de faire sa vie sienne

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'homme s'est présenté à mon domicile avec une heure d'avance.
La veille, j'avais laissé sur son répondeur un message expliquant ma situation. J'avoue avoir été surpris qu'il me recontacte, passé minuit, jour de Toussaint.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Thomas Thomassin, téléopérateur quasi propriétaire à Paris, mène une vie solitaire et bien réglée jusqu’à sa rencontre avec Joël, un plombier lunatique.
Après des débuts cocasses et chaotiques, une amitié naît entre eux, nourrie par une connivence artistique – Thomas a une passion secrète : le collage. Joël le pousse à travailler sans relâche pour proposer ses œuvres à une galerie. Au centre de celles-ci se trouve la figure énigmatique d’une femme au regard inquisiteur, inspirée de sa collègue Kim-Ly qui l’a toujours fasciné. Encouragé par son nouvel ami, Thomas entame une relation avec la jeune femme.
Le trio ainsi formé libère le protagoniste de sa solitude et de sa morosité. Mais peu à peu les choses se grippent, et les intentions de Joël et de Kim-Ly apparaissent troubles

Le chevalier blanc

N’écoutant que son courage, le chevalier blanc part à l’assaut du château pour délivrer la princesse dans son donjon.

Le chevalier blanc de Michaël Escoffier et Stéphane Sénégas

Mais l’a-t’il écoutée, ce gros lourdeau ?

Un album hilarant à lire (et relire) le soir avant de s’endormir.

Et non, toutes les princesses ne veulent pas être sauvées et toutes ne sont pas des petites choses fragiles

Et n’oubliez pas de jeter un oeil au chevalier noir !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Une histoire d'amour tout feu tout flamme qui vous tiendra en haleine jusqu'à la chute»

Fable toscane et autres récits

Une BD au trait noir superbe, épurée et foisonnante en même temps, un très beau travail graphique !

Fable toscane et autres récits de Sergio Toppi

Pourtant, dans ce recueil d’histoires courtes (beaucoup trop courtes) parues dans divers magazines ou journaux, difficile de trouver un scénario, une morale (propre aux fables) ou un bout d’histoire (à part justement pour la Fable toscane qui est un vrai récit).

Reste une compilation de planches dont certaines sont absolument réussies mais qui manquent cruellement de matière

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sergio Toppi nous emporte dans son paye, de la Lombardie moyenâgeuse à la Sicile en passant par la Toscane du 19 ème siècle. Sous les cyprès, le temps semble d'être fantastiquement arrêté...
La magie opère...

La jeune femme et la mer

Catherine Meurisse a pu profiter d’une résidence d’artistes au Japon, juste au bord de mer. Elle se trouvait également au Japon lors d’un tsunami.

La jeune femme et la mer de Catherine Meurisse

Elle en a tiré ce récit en y mêlant sa fascination pour les paysages et les personnes, la mer et la nature, les forêts et leurs habitants.

Oscillant entre humour, poésie et fantastique, avec certaines planches splendides entrecoupées de pages plus discutables, La jeune femme et la mer ressemble à un conte graphique au message quelque peu sibyllin

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Arigato !
Vous avez fait bon voyage ?
Vous devez être fatiguée !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Je voudrais peindre la nature», déclare la jeune dessinatrice française débarquant au Japon. Sur son chemin, un peintre japonais, lui, cherche à « peindre une femme ». Quelle nature ? Celle qui apaise ou celle qui submerge ? Et quelle femme ? Nami, qui tient l'auberge thermale où les deux artistes vont séjourner ? Nami n'est pas un modèle facile. Mystérieusement liée aux éléments naturels, elle sait lire l'arrivée des typhons dans les plis de la mer. C'est en tout cas ce que prétend le tanuki effronté, animal mythologique nippon incontournable, qui surgit au gré des déambulations des deux voyageurs...

Conte philosophique, La Jeune femme et la mer rappelle que notre vie dépend de notre capacité à entrer en résonance avec la nature