Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Dans ce train de Venise, la fortune va tomber dans les mains de Justin. Mais sera-t-il capable d’y faire face et d’en jouir ?Le train de Venise de Georges SimenonEt Simenon de s’amuser avec ce pauvre homme honnête, craintif et qui était, jusqu’à là, bienheureux dans son couple et sa vie. Une vraie torture que cette valise pleine de billets de banque
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Pourquoi toute l'image était-elle centrée sur sa fille ? Cela le gênait un peu, ou plutôt c'est après surtout qu'il y pensa, une fois le train en marche. Et encore ne fut-ce, en réalité, qu'une impression fugace, née au rythme du wagon et aussitôt absorbée par le paysage.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À son retour de vacances, Justin Calmar fait une étrange rencontre dans son train. Un homme lui demande de prendre une valise et de la déposer chez une femme. Calmar découvre que la jeune femme a été assassinée et que la valise contient une fortune. Il rentre chez lui, ne sachant que faire.
Est-ce vraiment très moral de projeter de tuer son mari ou son épouse ? Nul besoin de réponse, pourtant, dans nombre de ses romans, Simenon s’amuse de situations où l’on pourrait se dire que… ma foi… le ou la pauvre avait bien des raisons pour.
C’est amoral, certes, mais bon !Dimanche de Georges SimenonMais ici, il ne s’arrête pas là et plonge encore plus profondément dans le sordide.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il n’avait jamais eu besoin de réveille-matin et depuis un certain temps déjà, les yeux clos, il était conscient du soleil qui se glissait entre les deux minces fentes des volets, quand il entendit enfin une sonnerie étouffée dans la chambre d’en haut.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Emile, fils d'un hôtelier de Champagne, près de Luçon, a 25 ans, il est allé aider des amis de sa famille, les Harnaud, qui ont repris une petite auberge sur la Côte d'Azur. L'affaire ne marche pas très bien, M. Harnaud meurt, et sa veuve, désireuse de retourner à Luçon, accueille plus que favorablement l'union de sa fille Berthe avec Emile. Celui-ci, intelligent et courageux, a fait de La Bastide sa chose personnelle, et la fait prospérer. Il ne va pas tarder à s'apercevoir que c'est Berthe la vraie patronne.
Le grand Bob, c’est l’exploration de l’âme d’un homme par un ami. Bob s’est suicidé sans laisser de message avec l’espoir (vain) que sa mort passe pour un accident.Le grand Bob de Georges SimenonMais qui était-il vraiment ? Et pourquoi a-t-il mis fin à ses jours ?Un roman exploratoire sensible qui date pourtant d’une autre époque où l’on retrouve Simenon dans ses travers les plus déplaisants lorsqu’il parle du corps des femmes. Comment pouvait-il comprendre aussi finement l’humain tout en étant aussi fièrement nauséabond ? Une époque misogyne… Seulement ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je n'étais pas à Tilly ce dimanche-là, car profitant de ce que les enfants étaient chez leur grand-mère, nous avions accepté, ma femme et moi, une invitation à passer le week-end chez des amis qui possèdent une propriété en bordure de la forêt de Rambouillet. La journée avait été chaude et lourd avec des menaces d'orage et même quelques grosses gouttes de pluie vers la fin de l'après-midi.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Pourquoi Robert, dit le Grand Bob, a-t-il choisi de disparaître en se noyant au cours d'une partie de pêche ? Ami de Bob et de sa femme Lulu, le docteur Coindreau cherche dans le passé de cet homme au tempérament plutôt boute-en-train des éléments qui puissent élucider ce mystère.
Issu d'une famille honorable, Bob a jadis abandonné ses études de droit pour vivre avec la légère et gentille Lulu, chapelière à Paris. Leur vie a été modeste mais heureuse. Alors ?
Alors, Coindreau finira par comprendre le destin de deux êtres qui s'aimaient, et qui n'ont pas voulu être indignes l'un de l'autre...
Une fois encore, le romancier du Petit Homme d'Arkhangelsk, créateur de Maigret, nous fait pénétrer dans le quotidien d'existences ordinaires, dont il sait comme personne exprimer l'humanité, et parfois la grandeur.
L’histoire touchante d’un bouquiniste, doux et discret marié à une femme jeune et pétillante. Et qui disparaît du jour au lendemain, le laissant seul et bien démuni.
Le petit homme d’Arkhangelsk de Georges Simenon
Et suite à un petit mensonge d’agrément social, les événements vont fatalement s’enchaîner.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il eut le tort de mentir. Il en eut l'intuition au moment où il ouvrait la bouche pour répondre à Fernand Le Bouc et c'est par timidité, en somme, par manque de sang-froid, qu'il ne changea pas les mots qui lui venaient aux lèvres.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Lorsqu'on demande à Jonas Milk, le petit bouquiniste et philatéliste du Vieux-Marché, où est passée sa jeune et jolie femme Gina, il répond évasivement qu'elle est allée à Bourges. Mais à mesure que les jours passent, cette réponse apparaît de plus en plus insuffisante ; et bientôt les ragots, les soupçons, l'hostilité de toute la ville se concentrent autour du petit homme d'Arkhangelsk, Russe naturalisé français, mais finalement resté aux yeux de tous l'étranger... Jonas est innocent, pourtant. Mais il faut croire qu'il appartient à un monde où les innocents sont faits pour devenir des victimes... Le créateur de Maigret, disparu en 1989, nous conte ici à petites touches, en observateur attentif des mœurs provinciales et de la nature humaine, un drame de la solitude. Sans lyrisme ni pathétique, il nous fait partager sa compassion. On se dit en refermant le livre que l'on a dû aussi, sans le savoir, côtoyer des Jonas Milk.
Des strips d’une page, parfois un peu plus, sur les plaisirs de la drague, du couple, de la famille, des enfants et des vieux ! Et c’est bien décalé, absurde, coquin, désabusé… ou tristement réaliste (les plus drôles !)Linge sale, amour et céréales de PozlaUn gros bol de rigolade à goûter de bon cœur avant que les gamins ne se réveillentUn album avec des vélos et des playmobils
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Moi, Rémi, 10 ans et demi, je jure devant moi-même que je ferai mieux que mon père, ce traître.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Joyeuse et réconfortante, conflictuelle, aliénante ou merveilleuse... La famille : un environnement semé d’embûches ! Pozla, par le biais d'une galerie de personnages hauts en couleurs, ouvre de petites fenêtres sur ce monde relationnel complexe sans jamais oublier la question du couple. Il parle sans tabou de fidélité, de regret, de sexualité, de séparation, de transmission et de doute...
Autant de sujets existentiels croqués avec un humour absurde, cru, doux-amer ou grinçant, saupoudré de tendresse et de poésie.
Idéal est déroutant à plus d’un titre. La narration est lente avec de longues planches sans textes, le dessin est très épuré et les lignes tracées au couteau. Et pourtant, au fil des pages, les émotions apparaissent, les sentiments, les intentions se font plus claires et les aplats prennent du volume.Idéal de Baptiste Chaubard et Thomas HaymanBienvenue dans une enclave protégée de la modernité dans un Japon futuriste où l’IA et les androïdes sont omniprésents.L’histoire d’un couple qui s’étiole et que rien ne semble pouvoir sauver… Rien, vraiment ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tu te rappelles ce conte... ?
Celui dont tu m'avais parlé lorsque nous étions allés voir les estampes au palais d'Osu ?
Tu sais, l'histoire de ce vieux roi qui se fait duper par « l'esprit aux mille visages ».
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les androïdes ont envahi la vie quotidienne, dans le monde entier, partout, sauf sur l’île japonaise très conservatrice de Kino qui résiste à la modernité et aux nouvelles technologies, pour reproduire un Japon de la fin du XXe siècle, gardé sous cloche de verre. Dans cette enclave idéale d’un monde disparu, Hélène et Edo, mari et femme, vivent heureux depuis de nombreuses années. Mais s’il est figé à Kino, le temps commence, pour le couple, à leur jouer des tours. Pianiste de renom, Hélène voit en effet sa place au sein de l’orchestre philharmonique mise en péril depuis l’arrivée d’une musicienne plus jeune et plus talentueuse qu’elle. De son côté, Edo sent que son désir pour sa femme s’étiole peu à peu. Alors, Hélène décide d’introduire dans leur maison un robot, clone parfait d’elle quand elle était jeune, et programmé pour satisfaire les désirs de ses propriétaires.
Mais quand on transgresse les lois, qu’elles soient celles des hommes, de l’amour ou du temps, le prix à payer peut s’avérer élevé…
La femme d’Hubert s’est tirée avec Mimille, un petit voyou, une sale bête. Mais Hubert, qui reste avec ses deux enfants, l’aime, même si ce n’est pas tout à fait réciproque. Il décide d’aller la récupérer.Le fils Cardinaud de Georges SimenonMais où sont-ils allés ?
Elle ne l’aimait pas, elle ne l’avait jamais aimé, elle ne l’aimerait jamais. Il le savait depuis toujours. Est-ce que cela importait ? Il l’aimait et c’était suffisant, il se contentait qu’elle fût sa femme, qu’elle vécût dans sa maison, qu’elle lui fît des enfants…
C’était tellement plus simple que ce que pensaient les gens !
Un fils Cardinaud touchant, et bien de son époque !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il était porté, comme un bouchon l'est par le flot. Le corps droit, la tête haute, il regardait devant lui et ce qu'il voyait se mariait intimement à ce qu'il entendait, à ce qu'il sentait, à des souvenirs, à des pensées, à des projets.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Enfant déjà il savait qu'il ne serait ni ouvrier,ni artisan, ni commerçant, qu'il vivrait comme le premier clerc vu chaque dimanche à la messe, toujours correct, avec un rien de lenteur majestueuse. Le fils Cardinaud a tenu ses promesses. M. Mandine, l'assureur des Sables-d'Olonne, parle de lui comme son successeur. On le salue en ville. Jusqu'à ce que sa femme le quitte avec l'argent du ménage. Lui qui croyait être devenu quelqu'un est rappelé à sa condition de roturier. Le voile se déchire. Cardinaud découvre un monde de laideur où seule son intuition, comme son amour, pourra désormais le soutenir. Une seule certitude : il retrouvera sa femme.
Peut-on aimer dans le mensonge ? Peut-on aimer celui ou celle qui nous trompe ? Et jusqu’où peut-on aller dans la construction de nos mondes illusoires, sont-ils si évanescents ? Et comment faire le jour où la réalité (laquelle ?) nous rattrape ?Être de papier de Marie BeerAvec cette fiction, Marie Beer s’amuse avec le mensonge jusqu’à en faire perdre pied à ses personnages.
Et sans mentir, c’est une vraie réussite
Une histoire qui n’est pas sans rappeler cette chanson de Paloma Faith, Do You Want the Truth or Something Beautiful ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Aline dit souvent : les enfants acceptent telles quelles les histoires qu'on leur raconte. Ils aiment, ils n'aiment pas. Ils rêvent ou ils cauchemardent. Mais ils acceptent. Personne ne songe à dire : ça n'a pas pu se passer ainsi.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un homme accourt au chevet de sa femme, renversée par un bus quelques heures plus tôt. En cherchant à contacter son employeur, il découvre qu’elle s’invente une vie professionnelle depuis des années et il est bien décidé à la confronter à ses mensonges.
Au fil de dialogues acérés, Marie Beer aborde avec verve et lucidité la place de l’imaginaire dans notre quotidien et au sein du couple.
Charmé par la dernière autofiction de Loulou Robert, je suis allé guigner pour savoir qui était son mari si vieux publié dans une grande maison d’édition et je suis tombé sur Erwan Larher. Et là, surprise, en recherchant ses livres, je suis tombé sur des romans Harlequin ?!? Y aurait-il eu méprise ? C’est alors que je me suis rendu compte qu’il en était le traducteur.
Passé la petite histoire, j’ai finalement découvert le titre de ce livre et je m’y suis plongé. Avec délice !Marguerite n’aime pas ses fesses de Erwan LarherC’est drôle et truculent, il y a de l’enquête, du sexe, de la perversion, du pouvoir et… une fois encore, beaucoup d’humour. Oui, nous sommes loin d’une bluette formatée aux poncifs stéréotypés.
Certes, la fin un peu explicative et la narration fort embrouillée m’ont surpris, mais zou ! C’est vraiment un bon moment avec Marguerite
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Marguerite n'aime pas ses fesses.
Elle fronce les sourcils. Ce que le français peut être imprécis, parfois ! Ces fesses que Marguerite n'aime pas pourraient être celles de n'importe qui. Si elle écrivait un roman, ce qui ne risque pas d'arriver (elle écrit mal et n'a rien d'intéressant à dire), il ne débuterait pas ainsi. Cette phrase-seuil sème la confusion. Elle choisirait plutôt un incipit in media res ─ croit-elle se souvenir, ses cours de construction narrative écaillés par l'inusage. Et puis le français n'incite-t-il pas au coulis narcissique de la première personne du singulier ? Je n'aime pas mes fesses, voilà qui est clair.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Marguerite a un mec mais pas de libido, une mère mais plus de père, et rêve d’une vie de famille. Lorsqu’on lui propose d’aider un ancien président de la République à rédiger ses mémoires, elle accepte – elle ne sait pas dire non. Alors, sa réalité et la réalité prennent leurs distances, peu aidées par l’irruption d’un flic qui enquête en secret sur les liens entre une trentaine d’assassinats politiques.
Rythmé et subtilement décousu, Marguerite n’aime pas ses fesses met en récit l’apathie politique d’une génération un brin nombriliste, questionne la puissance dévastatrice des pulsions sexuelles et s’aventure dans les méandres de la sénescence.
Un roman caustique et piquant.
Ce roman dur annonce une fin fort prévisible et pourtant, Simenon arrive encore à en faire une fin remarquable. Mais ni par un twist invraisemblable, ou un grandiose retournement de situation. Non ! Juste une fin misérable à la hauteur du protagoniste.L’escalier de fer de Georges SimenonUn livre sans grand éclat ni suspense, juste un couple dans un magasin avec, au fond, un escalier de fer qui monte à l’appartement. Un homme incapable de réagir et une femme… comment dire ? Superbe d’amoralité
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La première note fut écrite au crayon, sur une feuille de bloc-notes de la grandeur d'une carte postale. Il ne crut pas devoir mettre la date complète.
« Mardi. Crise à 2 h 50. Durée 35 minutes. Colique.
Mangé purée de pommes de terre au déjeuner. »
Il fit suivre le mot déjeuner du signe moins, qu'il entoura d'un cercle, et, dans son esprit, cela voulait dire que sa femme n'avait pas pris de purée. Il y avait des années que, par crainte d'engraisser, elle évitait les féculents.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Etienne Lomel ressent depuis quelque temps de vives douleurs à l'estomac, sans qu'on puisse déterminer chez lui une maladie. Il a peur. Sa femme Louise a été mariée une première fois et Etienne était son amant avant que le mari meure. Etienne, au début de son mariage, a entendu par inadvertance une phrase de la concierge disant que Guillaume, lors de sa mort, était devenu si maigre qu'il ne pesait pas plus lourd qu'un enfant de dix ans.