Nymphéas noirs

Après avoir lu l’impressionnante adaptation en bande dessinée de Fred Duval et Didier Cassegrain, je me suis quand même (après quelques hésitations) lancé sur l’original signé Michel Bussi.

Stéphanie lui sourit. Ses yeux scintillent. Il a dû rêver, bien entendu. Il devient fou. Il s'emmêle les pinceaux dès sa première enquête normande. Cette femme ne dissimule rien. 
Elle est belle, tout simplement. Elle appartient à un autre.
Normal !
Il bafouille, en reculant :
— Stéphanie, vous... penserez à me préparer la liste des enfants. J'enverrai demain un agent la chercher...
Ils savent tous les deux qu'il n'enverra aucun agent, qu'il reviendra lui-même, et qu'elle l'espère aussi.
Nymphéas noirs de Michel Bussi

Hélas, la magie n’opère pas de la même façon lorsqu’on connait les trucs du prestidigitateur.

Sérénac ne dit pas un mot. Sa main se pose instinctivement dans la touffe soyeuse du chien qui se frotte à lui.
— Vous connaissez Neptune, je suppose, inspecteur ? Tout le monde connait Neptune, à Giverny. Ce chien joyeux qui court après les gosses. Qui n'adore pas Neptune ? Qui n'aimerait pas ce chien innocent ? Moi aussi je l'adore, moi le premier, il m'a accompagné cent fois à la chasse...
En un éclair, le canon du fusil se baisse, à la hauteur des genoux de l'inspecteur Sérénac, à vingt centimètres de la gueule de Neptune. Une dernière fois, le chien observe les deux adultes avec une confiance aveugle. Un bébé souriant à ses parents.
Le coup de feu déchire le silence sous les peupliers.
À bout portant.

Reste un excellent polar à la construction horlogère, chef d’œuvre de chausses-trappes et d’illusionnisme.

Et juste comme ça, cher Michel, je n’arrive toujours pas à croire qu’un flic amoureux se tire parce qu’on tue un chien

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Trois femmes vivaient dans un village.
La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste.
Leur village portait un joli nom de jardin. Giverny.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tout n'est qu'illusion, surtout quand un jeu de miroirs multiplie les indices et brouille les pistes. Pourtant les meurtres qui troublent la quiétude de Giverny, le village cher à Claude Monet, sont bien réels.
Au cœur de l'intrigue, trois femmes : une fillette de onze ans douée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui voit et sait tout. Et puis, bien sûr, une passion dévastatrice. Le tout sur fond de rumeur de toiles perdues ou volées, dont les fameux Nymphéas noirs. Perdues ou volées, telles les illusions quand passé et présent se confondent et que jeunesse et mort défient le temps

Nymphéas noirs

Incroyable comme je me suis laisser berner et balader par cette bande dessinée. Magnifique !

Nymphéas noirs de Fred Duval et Didier Cassegrain adapté d’un roman de Michel Bussi

Déjà, le dessin de Didier Cassegrain est très bon, adapté au sujet (un polar) et au genre (Monet à Giverny), des aquarelles superbes dans une mise en page classique, des personnages et des paysages vivants et travaillés, une réussite.

Et le boulot de Fred Duval ! Comment réussir une pareille adaptation ? Chapeau ! Cette histoire de meurtres à différentes époques avec la sensation de ne parfois pas tout comprendre et cette façon de tirailler les perceptions est absolument réussie.

Une grosse BD, un polar convainquant qui me donne envie de lire l’original. Mais maintenant que je sais, aurais-je le même plaisir ? … C’est fait et c’est ici !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Trois femmes vivaient à Giverny, le village de Normandie où Monet a peint ses légendaires Nymphéas. La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. Toutes les trois pensaient que le village était une prison, un grand et beau jardin grillagé, un tableau dont il serait impossible de déborder du cadre. Une fois pourtant, pendant treize jours, les grilles du parc s'ouvrirent pour elles... Ces treize journées défilèrent comme une parenthèse qui s'ouvrit par un meurtre, le premier jour, et se termina par un autre, le dernier jour...

Publié en 2011, Les Nymphéas noirs est un roman multiprimé de Michel Bussi qui a su conquérir dans un même élan lecteurs et critiques. Mais est-ce suffisant pour réaliser une bande dessinée exceptionnelle ? Oui, si l'adaptation est écrite par Fred Duval et si les couleurs de cette histoire sont confiées à Didier Cassegrain. Pour la première fois, ce virtuose de la bande dessinée d'action arme son pinceau d'acrylique, donnant toute son ambition picturale à cette intrigue située dans la capitale de l'impressionnisme. Avec Fred Duval et Didier Cassegrain, Michel Bussi trouve son incarnation graphique

Fatale

Une bonne histoire bien noire, avec une femme fatale et mystérieuse dans une petite ville du bord de mer avec ses petits bourgeois, sa petite noblesse, ses jalousies, petits secrets et scandales étouffés. Que cherche-t-elle à remuer ?

Fatale de Max Cabanes, Doug Headline adapté du roman de Jean-Patrick Manchette

Des thèmes classiques très bien mis en scène et en images

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
- C'est comme d'habitude, non ? Ce sont toujours les histoires de cul qui apparaissent les premières... Puis viennent les questions d'intérêt... Et enfin les vieux crimes.

Tu as vu d'autres villes, ma douce, et tu en verras d'autres...

Elle s'appelle Aimée Joubert. Ou peut-être pas. Elle s'installe à Bléville. Ça aurait pu être ailleurs. Cette ville portuaire a-t-elle quelque chose de spécial ? Non, justement, c'est une ville comme les autres. Confinée dans ses certitudes, rongée par ses doutes. Un vase clos où les notables nagent en eaux troubles. Comme toujours, comme partout. Alors pourquoi Aimée Joubert a-t-elle choisi de remuer la vase ici ?

Parce que lorsque son doigt appuie sur la détente, il est aussi celui du destin. Aimée est venue apporter la tempête. Fatale.

Après La Princesse du sang, Max Cabanes et Doug Headline poursuivent leur travail d'exploration de l'oeuvre de Jean-Patrick Manchette, le maître français de la littérature noire. Avec l'adaptation fidèle et magistrale de Fatale, l'un des romans les plus sombres et les plus marquants de l'écrivain, les deux auteurs donnent une dimension inédite à la bande dessinée contemporaine

Les brûlures

Une BD qui m’a laissé dubitatif. Certaines planches sont splendides alors que d’autres m’ont paru bâclées avec beaucoup de styles différents sans réelle unité. Le scénario m’a semblé également bien pauvre pour une BD qui aurait pu plonger un peu plus profondément dans cette piscine.

Les brûlures de Zidrou et Laurent Bonneau

Un flic qui drague à la piscine, des prostituées qui se font tuer, l’histoire se complique un peu et pis voilà

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vie, c'est comme la piscine.
Il y a toujours quelqu'un pour t'apprendre à nager. Mais va-t'en trouver quelqu'un pour t'apprendre à te noyer !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans les rues d'une petite station balnéaire, les putes tombent comme des mouches. Un premier cadavre, atrocement mutilé, est découvert, puis un second, brûlé. La série, pourtant, ne fait que commencer.

Arrêter les assassins, les deux inspecteurs de police chargés de l'enquête n'y comptent pas trop. Après, tout, les victimes ne sont que des putes. Italiennes, de surcroît. Nos deux flics cherchent néanmoins à comprendre. C'est leur boulot. Surtout, c'est ce qui les aide à tenir debout. Tenir debout, c'est déjà beaucoup, pas vrai ?

Esther

Et si les robots finissaient par acquérir une âme, une capacité à penser par eux-même, transcender l’IA pour devenir plus encore?

Et s’il s’agissait, en l’occurrence d’une lovebot, une poupée sexuelle dotée d’intelligence…

Esther de Olivier Bruneau

Elle s’appelle Esther et se fait martyriser par son propriétaire

Un livre très drôle, plein de questions et difficile à lâcher !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Anton et Maxine forment un couple sans histoires, doucement consumé par la routine. Une nuit, en rentrant d'un dîner, ils découvrent par hasard une lovebot - robot sexuel animé et doué d'intelligence artificielle - jetée dans des ordures. L'irruption dans leur vie de ce corps, programmé pour le plaisir mais martyrisé dans sa chair synthétique, va bien vite bousculer leur intimité.

Tandis que la créature reprend peu à peu vie et révèle des fragments de son passé, ils ne se doutent pas encore que les épreuves qu'elle a traversées la rendent exceptionnelle et en font la proie d'une traque féroce...

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres

Une petite fille dans un quartier défavorisé de Chicago des années 60 qui se prend pour un loup-garou détective.

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres de Emil Ferris

Son histoire entre sa mère malade, son frère qu’elle suspecte d’avoir tué la voisine, les copines ??? d’école et les monstres

Un chef-d’oeuvre, même s’il peut être un peu difficile d’accès et que je n’ai possiblement pas tout compris (attendons le tome 2). Un magnifique travail d’édition (un peu lourd quand même)

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai monté le son pour qu'on ne sache pas ce que je faisais, parce que...
... ça serait vraiment la cata...
... si maman se pointait et me trouvait comme ça.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Journal intime d'une artiste prodige, moi, ce que j'aime, c'est les monstres est un kaléidoscope brillant d'énergie et d'émotions, l'histoire magnifiquement contée d'une fascinante enfant au cœur du Chicago en ébullition des années 1960. Dans cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un expressionisme féroce, les hachures d'un Crumb et l'univers de Maurice Sendak

10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Du feel-good pas trop mal foutu, l’histoire d’une prostituée retrouvée morte dans une benne à ordures d’Istanbul.

10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange de Elif Shafak

L’occasion d’approcher la condition de la femme en Turquie et de donner la voix à celles (et ceux aussi) que l’on entend jamais.

Un livre gentil et bienveillant aux nombreuses ellipses sur les sujets trop glauques, et pour autant sans complaisance tant les non dits sont clairs (un exercice d’équilibrisme assez réussi)

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Et si notre esprit fonctionnait encore quelques instants après notre mort biologique ? 10 minutes et 38 secondes exactement. C'est ce qui arrive à Tequila Leila, prostituée brutalement assassinée dans une rue d'Istanbul. Du fond de la benne à ordures dans laquelle on l'a jetée, elle entreprend alors un voyage vertigineux au gré de ses souvenirs, d'Anatolie jusqu'aux quartiers les plus mal famés de la ville.

En retraçant le parcours de cette jeune fille de bonne famille dont le destin a basculé, Elif Shafak nous raconte aussi l'histoire de nombre de femmes dans la Turquie d'aujourd'hui. À l'affût des silences pour mieux redonner la parole aux « sans-voix », la romancière excelle une nouvelle fois dans le portrait de ces « indésirables », relégués aux marges de la société

La scandaleuse Madame B.

Une histoire incroyable qui commence par le meurtre de son père, un jugement et un acharnement judiciaire incompréhensible, une évasion, chirurgie éthétique de boucher, cavale, la French Connection et le trafic de drogue. Re-prison aux États-Unis et re-évasion… puis des chevaux et enfin l’espoir une vie paisible avant l’extradition vers la Suisse qui refuse de lacher le morceau pour une peine quasi-purgée…

La scandaleuse Madame B. de Pierre Beguin

Une aventure racontée dans un style terne et lassant mais qui tente de rendre compte au plus juste la vie incroyable de Josette Bauer qui fascina Truman Capote

Un Truman Capote qui semble n’avoir que peu de goût pour les helvètes…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Rien ne semblait destiner Josette Bauer à une vie de cavale. Fille d'un riche industriel suisse, elle aime le luxe, les voitures de sport et les palaces. Jusqu'à cette nuit de novembre 1957 où l'impensable se produit...

Arrestations, prisons, évasions. C'est une incroyable aventure qui commence. Mille vies en une : trafiquante de drogue pour la « French Connection », prostituée, « garçon » d'écurie, éleveuse de chevaux. De Genève aux États-Unis en passant par la France, l'Algérie et l'Espagne, celle que la presse surnomme « la sorcière », « l'ange noir » ou « la diabolique » fascine. Cette trajectoire hors du commun hypnotise en premier lieu le célèbre écrivain Truman Capote qui en fait la clé d'une oeuvre à venir, un « roman-vérité » qui s'intitulerait La scandaleuse Madame B.

C'est ce destin vertigineux, entre fiction et réalité, que retrace Pierre Béguin, auteur de plusieurs romans dont Vous ne connaîtrez ni le jour ni l'heure et Condamné au bénéfice du doute, à partir d'archives, de chroniques judiciaires et de témoignages. En arrière-plan se dessine un monde en plein bouleversement où le lecteur croisera des personnalités comme les Kennedy, les Rolling Stones, Henry Kissinger, et des figures clés de la jet-set new yorkaise

Le rapport de Brodeck

Deux tomes, l’autre et l’indicible

Glacial !

Le rapport de Brodeck, tome 1 : L’autre de Manu Larcenet

Il neige, il fait froid, ça pue l’isolement, le repli et la haine de l’autre.

L’autre assassiné.

Charge à Brodeck d’en rédiger le rapport dans l’étouffante atmosphère post guerre – camps de concentration – compromissions avec l’envahisseur.

Le rapport de Brodeck, tome 2 : L’indicible de Manu Larcenet

D’après le roman de Philippe Claudel

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'autre
L'Anderer ?
Vous n'avez pas fait ça, quand même ?

L'indicible
Dankelish, Fédorine.
Hier soir, quand Schloss m'a montré la chambre de l'Anderer, j'ai pris peur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Brodeck établit de brèves notices sur l'état de la flore et les saisons, un travail sans importance pour son administration. Il ne sait pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal. Le maréchal-ferrant lui demande aussi de consigner les évènements du village.

Le dernier amour de Baba Dounia

Un petit peu feel-good, un peu mélo, tendre et délicat, drôle et humain, à un joli petit livre qui fait un peu sourire et un peu pleurer.

Le dernier amour de Baba Dounia de Alina Bronsky

Court et délicieux comme un petit chocolat un peu trop sucré

L’histoire d’une petite vieille, Baba Dounia, icône d’une sagesse rurale aujourd’hui disparue, vivant à Tchernovo, dans la zone d’exclusion post-catastrophe du réacteur

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, les alentours de la centrale désaffectée se repeuplent clandestinement : Baba Dounia, veuve solitaire et décapante, entend bien y vieillir en paix. En dépit des radiations, son temps s'écoule en compagnie d'une chaleureuse hypocondriaque, d'un moribond fantasque et d'un centenaire rêvant d'amour.

Mais qui est l'auteur de la lettre à Baba Dounia, écrite dans une langue qu'elle ne comprend pas ?

D'une plume à la fois malicieuse et implacable, Alina Bronsky invente la comédie humaine post-cataclysmique