Je ne sais toujours pas si j’aime la boxe

Une autobiographie pleine de recul et de bon sens sur ses choix, les embuches, les traîtrises et les embrouilles. Un monde où les coups bas sont légions dès que l’arbitre a le dos tourné (et même pas toujours) et où on se fait démonter pour 1500€ (et encore).

Je ne sais toujours pas si j’aime la boxe de Brice Faradji

Un livre qui questionne l’égalité des chances quand on vient des banlieues, les contrôles au faciès et l’ascenseur social .

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le toit du monde
Évry, été 2020.
Je suis sur le toit de mon monde. Le toit de l'immeuble où vit ma mère. Le panorama est en béton, les souvenirs reviennent. C'est mon monde d'enfance, une rétrospective où joies et tristesses se mélangent. Une fois par mois, je rends visite à ma mère pour déjeuner. De Paris, à moto, j'ai mis trente minutes.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'histoire d'un petit garçon dont le père disparaît. L'histoire d'un adolescent qui grandit avec sa mère courage dans une banlieue triste. Celle d'un jeune homme qui entre un jour dans une salle de boxe. Il n'y connaît rien. Il a peur. Il apprend à boxer, à prendre confiance en lui, à mordre la vie.
De peur de finir pauvre, il va s'obliger à poursuivre des études pour devenir ingénieur et boxeur professionnel en même temps. Du lundi au vendredi, il développe des logiciels, le samedi, il croise le cuir aux Canaries, à Venise ou Donetsk jusqu'à monter sur le toit du monde en devenant champion.
Des matchs truqués en Italie aux bars clandestins en Thaïlande, des valises de billets en Ukraine à l'excellence cubaine, Brice Faradji raconte dans un style sincère et authentique son long voyage dans l'univers du Noble Art. D'ordinaire, ce sont les écrivains qui se fascinent pour la boxe, voici le livre d'un écorché vif devenu écrivain

L’insoumis : l’Amérique de Mohamed Ali

Plus grand sportif de tous les temps ? Pourquoi pas. Lui, en tout cas semblait en être certain. Le plus beau aussi !

L’insoumis : l’Amérique de Mohamed Ali de Judith Perrignon

Drôle, attachant, arrogant, odieux, bête médiatique… les qualificatifs et les superlatifs ne manquent pas.

Hélas, ce livre basé sur des entretiens avec des journalistes, des amis et des personnes qui l’ont connu ne m’a pas emporté. Formaté pour la radio (média pour lequel il semble convenir parfaitement), le portage vers le livre ne m’a pas convaincu. Une ligne directrice, un parti-pris, un point de vue ou que sais-je m’a manqué et je m’y suis égaré. Zut, le boulot semblait là.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Le nom de Mohamed Ali évoque à lui seul le combat des hommes. C'est pourquoi il fascine tant, jusqu'aux générations qui n'étaient pas nées, et jusqu'au bout du monde. L'histoire avance puis recule. Ajoute puis soustrait. Ali est mort. Ali est vivant. Il revient hanter le rap sous forme de punchline, hanter les stades quand les sportifs américains s'agenouillent au moment de l'hymne national. Il reviendra sans cesse avec le ressac des colères noires.
Je suis partie sur ses traces, vers des voix et des mémoires où l'histoire d'Ali décante encore, le journaliste du î qui l'a suivi depuis son premier titre de champion du monde poids lourd, ses anciens compagnons de Nation of Islam devenus imams, Captain Sam qui l'entraîna tout jeune à la mosquée de Miami, ses copains d'enfance restés à Louisville... Pour tisser une fois encore cette vie hors norme que le temps rend floue. Replonger dans une époque folle, dangereuse, clivée et rêveuse, qu'aujourd'hui préférerait oublier.»
J. P.
Issu d'une série documentaire pour France Culture, L'Insoumis est un livre personnel et passionnant. La traversée d'un pays et d'une histoire autant que le portrait d'un homme

Exterminez toutes ces brutes ! : un voyage à la source des génocides

En intercalant trois récits (le voyage qu’il fait en Afrique alors qu’il écrit ce livre, Le coeur des ténèbres de Joseph Conrad et l’histoire des colonisations et du racisme institutionnalisé) Sven Lindqvist éclaire l’histoire moderne de façon terrifiante.

Exterminez toutes ces brutes ! Un voyage à la source des génocides de Sven Lindqvist

La partie historique est glaçante, elle raconte comment l’Europe s’est appropriée toutes les richesses du monde en spoliant, massacrant, torturant, délocalisant, trompant… (j’arrête ici car tout à été commis).

Une histoire des crimes de l’humanité, de la loi du plus fort (des navires, canons et fusils) et de l’aveuglement volontaire, des justifications odieuses, des complicités des états, du clergé et de scientifiques.

Un livre parfois difficilement soutenable qui pourtant ne fait que démontrer comment toutes les richesses occidentales se sont bâties sur un génocide planétaire.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il existe dans une vie une poignée de livres inoubliables. Celui-ci en est un.

Sven Lindqvist est suédois et traverse le Sahara jusqu'au Niger. Dans de petits hôtels du désert, battus par les sables, il a emporté sa documentation sur la constitution des grands Empires en Afrique : l'Empire britannique, le Congo belge, l'Empire français, les colonies allemandes.
Et alors ? C'est tout. Pourtant aucun lecteur ne peut sortir indemne de ces pages.
D'une plume sèche et envoûtante, Lindqvist entremêle le récit de son voyage et l'évocation de l'Histoire. Il nous raconte la diffusion des théories raciales, le darwinisme dévoyé qui sous-tend la conquête coloniale et l'ivresse d'un rêve fou et monstrueux : éradiquer des populations entières pour faire renaître un homme nouveau.
Le livre remonte ainsi à la source des génocides du XXe siècle. Au fil des pages, la traversée de Lindqvist devient un voyage initiatique et vertigineux dans notre héritage européen

Batailles

En partant de l’abandon de Rose par sa mère qui lui demande de ne pas la rechercher, Alexia Stresi tisse une histoire aux multiples fils qu’elle démêle avec brio.

Abandon, raison d’état, colonialisme, infanticide, enquête policière, recherche de l’identité ou racisme… autant de facettes qui sembleraient impossibles à réunir en 280 pages sans aboutir à une soupe informe. Et pourtant, le résultat est fluide, cohérent et réussi à toucher au plus près de l’intime.

Batailles de Alexia Stresi

Saloperie de raison d’état et de l’inhumanité des fonctionnaires dociles et obéissants !

Et pour les ignorants comme moi, le Bumidom, c’est ça !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il y a un avant, et un après, dans la vie de Rose.

Tout a basculé quand elle avait vingt-sept ans. Le jour où sa mère a manqué à l'appel. Brigitte n'a laissé que trois phrases en partant, dont une terrible : « Rose chérie, si tu m'aimes autant que je t'aime, ne me cherche pas. » Elle a aussi écrit qu'elle reviendrait très vite. Cela fait dix ans.
Aujourd'hui, Rose va mieux. Mais un fait-divers au scénario glaçant secoue la France, et l'ébranle. Elle comprend qu'elle doit désobéir à sa mère et partir à sa recherche.
Batailles nous entraîne avec virtuosité dans une troublante quête des origines

Le voyant d’Étampes

Un boomer au pays du wokisme des réseaux sociaux, au milieu des haters, fachos, ultras, blessés et des trolls anonymes !

Le voyant d’Étampes de Abel Quentin

Une crucifixion (ne pas parler de lynchage) du bien maladroit Jean Roscoff – historien à la retraite, divorcé et alcoolique tentant de renaître tel un Phénix grâce à une biographie d’un poète noir américain (africain-américain, donc). Une histoire qui pourrait faire penser à La tache de Philip Roth s’il l’avait écrite à l’époque de Twitter.

La dégringolade d’un ancien militant gauchiste ex-touche-pas-à-mon-pote un peu radoteur enchaînant les bourdes dans un univers dont il ne maîtrise plus les codes.

Une cabale très instructive et bien foutue permettant de mieux saisir les nouveaux ressorts des polémiques et la non communicabilité des différents points de vue. Qui crie le plus fort ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«J'allais conjurer le sort, le mauvais oeil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d'Etampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J'allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux.»

Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l'écriture d'un livre pour se remettre en selle : Le voyant d'Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l'Essonne, au début des années 60.
A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ?

Abel Quentin raconte la chute d'un antihéros roman tique et cynique, à l'ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d'une génération

Vivons décomplexés

Dans la même ligne qu’un Fabcaro, Germain Huby observe ses contemporains dans toute leur petitesse et en rajoute quelques brouettes pour la caricature et l’absurde.

Vivons décomplexés de Germain Huby

C’est absolument jouissif et surréaliste. On y reconnait nos travers et grâce à l’amplification, on ose sourire en se disant bien que non, ce n’est quand même pas nous.

Difficile d’y coller des mots clés tant cette BD tire partout, avec quand-même cette « parole décomplexée » populiste clairement dans le viseur.

Brillant

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À une époque où la parole se libère parfois à l'extrême, Germain Huby laisse ses personnages s'exprimer sans fard dans un registre absurde qui lui permet de décortiquer nos comportements.

Sexisme, racisme, harcèlement, posture pseudo-écolo, pandémie... tout y passe et en ressort décapé

Blanc autour

Quelle beauté que cet album sous les traits, les courbes, les aplats et les couleurs de Stéphane Fert. Une merveille pour mettre en valeur le très bon scénario de Wilfrid Lupano

Blanc autour de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert

L’histoire de la première école pour petites filles noires en 1832 dans le nord des États-Unis, près de Boston

Une école qui subira frontalement la haine et le racisme du reste de la ville

Une merveille pour raconter une horreur !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En 1832, près de Boston, une « charmante et pittoresque » petite école pour jeunes filles accueille une vingtaine de pensionnaires.
Éduquer les filles, c'est un peu ridicule et inutile, pense t on alors dans la région. Mais somme toute pas bien méchant, jusqu’au jour où la « charmante école » annonce qu'elle accueillera désormais des jeunes filles... noires.

Trente ans avant l'abolition de l'esclavage, les quelque quinze jeunes élèves de l'école Crandall vont être accueillis par une vague d'hostilité d'une ampleur insensée.
L'Amérique blanche a peur de certains de ses enfants

J’irai cracher sur vos tombes

Une bande dessinée bien trash et absolument convaincante adaptée du chef d’œuvre éponyme de Boris Vian (signé Vernon Sullivan).

J’irai cracher sur vos tombes de Jean-David Morvan, Rey Macutay, Rafael Ortiz, Scietronc adapté du roman de Vernon Sullivan

Du sexe et de la violence sur un fond de vengeance en plein sud des État-Unis à une époque ou le K.K.K. était bien présent.

Une BD suivie d’un mini dossier permettant de se rendre compte du choc lors de la parution du roman dans les années d’après guerre.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Voulant venger la mort de son frère, lynché parce qu'amoureux d'une blanche, Lee Anderson, 26 ans, s'installe à Buckton, dans le sud des Etats-Unis, et devient gérant de librairie. Il séduit les sœurs Asquith, deux femmes blanches racistes, issues d'un milieu aisé. Adaptation du roman publié en 1946

Les morts ont tous la même peau

Une adaptation bien virile du roman de Vernon Sullivan (oui, Boris Vian), un livre qui ne l’était pas moins.

Les morts ont tous la même peau de Jean-David Morvan, German Erramouspe, Mauro Vargas adapté du roman de Vernon Sullivan

Si on retrouve bien le sang, la testostérone, les poings et le sexe… manque peut-être (même si la BD n’en est pas dépourvue) un peu de l’humour et du second degré que j’avais ressentis lors de leurs lectures originales.

Et pour lire le bouquin en ligne, c’est ici

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il n'y avait pas beaucoup de clients, ce soir, et l'orchestre jouait mou, comme toujours dans ce cas-là.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dan est un métis new-yorkais. Videur dans un bar de nuit, il ne vit que pour Sheila, sa femme, et leur enfant. Il est heureux que son fils ait la peau si blanche et que personne ne puisse deviner des origines que lui s'évertue à dissimuler. Sa vie bascule lorsqu'il s'éprend d'une prostituée noire et que le retour de son frère menace de révéler ses origines. Adaptation d'un roman paru en 1947

Les reflets changeants

Des vies qui se croisent, une fille avec un copain dépressif, un chauffeur de train avec de la peine à s’occuper de sa fille, des copains et des copines, un vieux pied-noir attendrissant et raciste à la vie pourrie par des acouphènes…

Les reflets changeants de Aude Mermilliod

Des rencontres parfois loupées dans le sud de la France à la façon d’une BD chorale

Un album qui fait le pari de montrer la vie et ses paradoxes – aux reflets changeants – de façon plutôt réussie

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elsa, 22 ans, rêve d'amours simples et heureuses.
Jean, 53 ans, rêve d'évasion et d'amarres qu'on largue.
Émile, 79 ans, lui, il rêve de silence, juste de silence.
Ils ne se connaissent pas, et pourtant, le long des chemins de fer de la Côte d'Azur, leurs vies vont s'entremêler