Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Le clan prospère, du pétrole est trouvé dans les terres des Caskey ! Et comme pour chaque tome désormais, de nouveaux arrivants se présentent et d’autres disparaissent.
Blackwater, tome 5 : l’épique saga de la famille Caskey : La fortune de Michael McDowell
Une fortune plutôt lassante avec toutefois une puissante fin pour doper la soif du dernier volume !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tous les Caskey pleurèrent la mort de James avec une grande émotion. Bien qu'âgé et fragile, personne n'avait imaginé qu'il puisse partir un jour.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Tel un organisme vivant, le Clan Caskey se développe et se transforme. Certains font face à la mort, d'autres accueillent la vie, entre rapprochements inattendus, haines sourdes et séparations inévitables, les relations évoluent, Miriam, désormais à la tête de la scierie et noyau dur de la famille, ne cesse de faire croître la richesse, suite à une découverte surprenante et miraculeuse - sauf pour une personne - c'est bientôt la ville entière qui va prospérer. Mais cette soudaine fortune suffira-t-elle, alors que la nature commence à réclamer son dû ?
Dans ce quatrième opus, après une première partie de transition et de passages de pouvoir, la famille Caskey retrouve une nouvelle harmonie.
La seconde guerre mondiale arrive et les affaires explosent pour la scierie qui voit les commandes affluer.
Blackwater, tome 4 : l’épique saga de la famille Caskey : La guerre de Michael McDowell
Un livre plus tranquille, dans lequel toutes et tous semblent trouver un certain apaisement.
Bien sûr, ce tome reste fidèle aux Blackwater avec quelques drames et morts (étranges ou non), mais où les personnalités peuvent enfin vivre sans se cacher. Enfin… presque
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Mary-Love était morte depuis deux ans. Dans les mois qui suivirent l'enterrement, les Caskey avaient guetté les changements qui bouleverseraient immanquablement la structure de la famille. Ceux-ci furent lents et subtils.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) La guerre est finie, vive la guerre ! Une nouvelle ère s'ouvre pour le clan Caskey : les années d'acharnement d'Elinor vont enfin porter leurs fruits ; les ennemies d'hier sont sur le point de devenir les amies de demain ; et des changements surgissent d'où personne ne les attendait. Le conflit en Europe a fait affluer du sang neuf jusqu'à Perdido. Désormais les hommes vont et viennent comme des marionnettes sur la propriété des Caskey. Sans se douter que, peut-être, leur vie ne tient qu'à un fil
Jeune, pour se protéger et vivre sa vie, Lisa est partie de chez sa mère. Adulte et avec des enfants elle garde un contact très difficile avec elle. Mais le jour ou celle-ci meurt, Lisa a de la peine à la laisser partir.
Ceux qui s’aiment se laissent partir de Lisa Balavoine
Résumé comme ça, le livre pourrait sembler un peu bateau.
Mais c’est sans compter sur le talent de Lisa Balavoine, sa façon de parler de ses émotions et la sincérité de ses questionnements. Une histoire de vie ou les rôles s’inversent parfois entre les mères et les filles, où il est difficile de se retrouver et où les comportements toxiques laissent des traces.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Elle est étendue, elle semble apaisée.
Mais je veux vous prévenir : l'appartement est dans un état de dégradation avancé. Je ne sais pas quoi faire pour vous.
Je reçois ce message en fin d'après-midi, un vendredi de juillet.
Dehors l'été bat son plein, il fait une chaleur à crever.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Est-ce qu'on peut éviter les peines, la mélancolie, ce qui se répète, tous ces chagrins qu'on se trimballe et qu'ensuite on se transmet, est-ce qu'on peut les remiser, sous des pulls trop grands, dans les bras d'un amour de passage ou dans les mots qu'on écrit, est-ce qu'on peut seulement faire comme si cela n'existait pas ? »
Dans ce roman intime et fragmentaire, Lisa Balavoine raconte sa mère, cette femme insaisissable avec qui elle a grandi en huis clos. Une femme séparée, qui rêve d'amour fou, écoute en boucle des chansons tristes et déménage sans cesse, entraînant sa fille dans une vie tourmentée. Entre fascination et angoisse, l'enfant se débat auprès de cette figure parentale attachante, instable, qui s'abîme dans le chagrin, laissant ceux qui l'aiment impuissants. En choisissant de s'éloigner, la fille devenue mère ne cessera d'être rattrapée par les fantômes de son passé. Jusqu'à quand ?
Histoire d'un amour filial empêché, Ceux qui s'aiment se laissent partir est un récit à fleur de peau sur le poids de l'héritage, mais aussi un livre de réconciliation où l'autrice adresse à sa mère les mots lumineux que celle-ci n'a jamais pu entendre de son vivant
Comme un exorcisme, Nelly Arcan s’amuse avec l’idée du suicide et avec les relations mère-fille. Un jeu qui semble, à posteriori, bien macabre.
Paradis, clef en main de Nelly Arcan
Antoinette veut mourir, elle s’adresse alors à une société secrète qui propose des suicides clef en main.
Une fiction un peu convenue (qui pourrait faire penser à Amélie Nothomb) et bien en deçà d’À ciel ouvert et de ses brillants Putain, Folle ou Burka de chair.
Peut-être pas la meilleure porte d’entrée pour cette autrice remarquable qu’il faut absolument lire ! Il faut lire Nelly Arcan !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C’est ma vie
On a tous déjà pensé se tuer. Au moins une fois, au moins une seconde, le temps d’une nuit d’insomnie ou sans arrêt, le temps de toute une vie. On s’est tous imaginé, une fois au moins, s’enfourner une arme à feu dans la bouche, fermer les yeux, décompter les secondes et tirer.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une obscure compagnie organise le suicide de ses clients. Une seule condition leur est imposée : que leur désir de mourir soit incurable. Pur, absolu. Antoinette a été une candidate de Paradis, Clef en main. Elle n'en est pas morte. Désormais paraplégique, elle est branchée à une machine qui lui pompe ses substances organiques. Et Antoinette nous raconte sa vie. Elle raconte sa mère, dont elle pourrait être la copie conforme. Elle raconte Paradis, Clef en main et son processus de sélection, ses tests et ses épreuves, son chauffeur et son psychiatre halluciné, le caniche blanc qui ponctue les scènes rocambolesques, son comité de sélection. Un monde Kafkaïen. Elle nous raconte aussi son oncle Léon, dont le suicide, également organisé par Paradis, Clef en main, a fait les manchettes du monde entier. Et surtout, elle nous raconte son nouveau désir d'exister, son second souffle.
Paradis, Clef en main est le cinquième livre de Nelly Arcan, qui s'aventure ici, et avec brio, dans la fiction. Roman d'anticipation, roman sur le désir de vivre, sur celui de mourir. Roman sur la responsabilité, sur le rapport à l'autre, sur le rapport au corps, à la vie. Roman fabuleux écrit d'une plume acérée
Quelle autrice ! Quelle écriture ! Un livre écrit en plusieurs étapes, rassemblé et publié après son suicide. Quelle tristesse !
Burqa de chair de Nelly Arcan
Nelly Arcan nous parle, presque sereine (en tout cas avec plus de distance et termine en parlant d’elle à la troisième personne), de sa relation au corps, à sa mère, à la beauté, à son image et au regard de l’autre.
Avec une préface émouvante et bienvenue de Nancy Huston sur l’importance de l’oeuvre de Nelly Arcan
Avec une préface de Nancy Huston
Et finalement, oui…
Se tuer peut nuire à la santé Nelly Arcan
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La robe de chambre
La vie est un scandale, c'est ce que je me dis tout le temps. Être foutue là sans préavis, sans permission, sans même avoir consenti au corps chargé de me traîner jusqu'à la mort, voilà qui est scandaleux.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Septembre 2001-septembre 2009 : en l'espace de huit ans, une jeune femme déploie son chant et disparaît. Huit ans seulement pour entrer avec fracas dans la littérature et pour s'échapper du monde tout aussi violemment. Nelly Arcan était une guerrière, sous les fragiles apparences d'un ange blond. Son courage intellectuel n'avait d'égal que son effroi de vivre, c'est-à-dire d'habiter un corps. Un corps de femme, exposé et convoité, prison et camisole, étendard et linceul. Burqa de chair, disait-elle dans une formule saisissante. Il semblerait que très tôt elle ait appris à poser les bonnes questions, celles qui dérangent, que s'emploie à détailler Nancy Huston dans sa préface. Les textes qu'on lira ici sont du meilleur Nelly Arcan. Dernières pierres blanches au bord d'une route interrompue, ils nous donnent l'occasion d'entendre encore une fois la beauté de cette langue inimitable, étourdissante, et qui laisse le lecteur hors d'haleine
Au décès de sa mère, Georgia se reveille. Non, elle ne l’aura pas aidée, jusqu’au bout, rien ! Pas un mot, pas un soutien.
Alors les secrets et les oublis ne tiennent plus, ce n’est plus possible, les cris et les douleurs enfouies doivent sortir, elle doit être entendue. Mais que vont en faire sa soeur, son frère et son amant ?
Je ne veux pas être jolie de Fabienne Périneau
Un livre très bien construit, qui commence sans trop en dire et qui m’a laissé choqué, stupéfait.
Une femme seule avec sa douleur et sa colère
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) ─ Allô, Jo ?
Ma mère, mon frère, ma sœur m'appellent Jo. Je déteste.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Tout le monde m'appelle Jo. Mon frère, ma sœur, mon oncle, ma tante.
Je déteste.
Jo, c'est un raccourci pour ne pas flâner en chemin, c'est le dernier des frères Dalton, un boxeur, un chien, mais ce n'est pas Georgia.
Pour aller vite, ma mère aussi m'appelle Jo. Georgia, c'est trop long à dire, et il y aurait tant à dire.
"Jo, mets ta chemise ? Tu es très jolie, avec."
Ça aussi je déteste.
Si j'avais pu ne pas être jolie, rien, peut-être, ne serait arrivé.»
Georgia aurait dû rester, pleurer. Pleurer sa mère. Cette mère dont elle a attendu, espéré, pendant plus de trente ans, un geste, un mot. Cette mère pour qui aujourd'hui elle revient à l'Hôtel du Bord des vagues où justement tout est arrivé. Elle rejoint sa famille qui ne sait rien. Mais voudra-t-elle seulement savoir ?
Un roman puissant et lumineux à l'image de son héroïne, empreint de justesse et d'émotion
Alors qu’elle avait disparu depuis plus de trente ans, Magdalena reçoit un téléphone : sa mère est vivante.
Revenir à toi de Léonor de Récondo
Lâchant tout, elle part à sa rencontre. Petite vieille de plus de 80 ans, dans une maison d’écluse.
Le récit d’une quête, du désir de comprendre, de retrouver sa mère, de retrouver ce lien.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « On a retrouvé ta mère. »
Lorsqu'elle reçoit ce message, Magdalena n'hésite pas, elle part vers l'adresse indiquée, une maison éclusière, dans le Sud-Ouest.
Comédienne de talent, Magdalena a vécu sans rien savoir de sa mère, Apollonia, disparue depuis trente ans. Mais aujourd'hui, son cœur est à nu. D'abord impossible, le dialogue se fait gestes et chuchotements. Puis, au fil du voyage qui ramène mère et fille à leurs enfances peuplées d'absences, se dévoile un secret tacitement transmis.
Hommage aux grands mythes littéraires qui nous façonnent, Revenir à toi tisse le silence et les mots en une magnifique réconciliation avec l'autre et avec soi-même
Une histoire d’amour, de transmission familiale, de relations mère-fille mal vécues, de vies loupées, de rencontres et de résiliation.
Saint Jacques de Bénédicte Belpois
Des histoires de vies…
C’est simple et très fort, des émotions justes sans trop de mélo
Si, quand même… pas mal de mélo, mais c’est bon et bien fait
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À la mort de sa mère, Paloma hérite d'une maison abandonnée, chargée de secrets au pied des montagnes cévenoles. Tout d'abord décidée à s'en débarrasser, elle choisit sur un coup de tête de s'installer dans la vieille demeure et de la restaurer. La rencontre de Jacques, un entrepreneur de la région, son attachement naissant pour lui, réveillent chez cette femme qui n'attendait pourtant plus rien de l'existence bien des fragilités et des espoirs.
Ode à la nature et à l'amour, Saint Jacques s'inscrit dans la lignée de Suiza, le premier roman de Bénédicte Belpois, paru en 2019 aux Éditions Gallimard. Avec une simplicité et une sincérité à nulles autres pareilles, l'auteure nous offre une galerie de personnages abîmés par la vie mais terriblement touchants
Après le bouleversant Bojangles, Olivier Bourdeaut m’avait un peu déçu avec son bien terne Pactum Salis. Mais quelle puissance retrouvée !
Avec Florida on entre dans le monde du corps avec les concours de mini miss où des parents projettent toutes leurs délirantes espérances dans le corps de leurs filles. Pour s’en sortir (s’en sortira-t-elle ?) Elizabeth va tout saboter, à commencer par elle même.
Un livre bodybuildé sur les délires d’une mère, la démission d’un père et la révolte d’une enfant manipulée
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ne trouvez-vous pas cocasse que dans un pays de gagnants, ma malédiction soit d'avoir un jour gagné? Pas n'importe quel jour, celui de mes sept ans. Ma mère me disait que j'étais très belle et que je n'étais pas trop bête. L'ordre des compliments est important, la forme aussi. J'étais très belle, une affirmation. Je n'étais pas trop bête, une négation.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée. »
Malgré un départ un peu confus, oscillant entre les personnages et la narratrice, je me suis rapidement retrouvé sous le charme absolu de ce récit de famille qui débute en pleine guerre d’Espagne, suivie de l’exil pour aboutir dans un bar-tabac-café-restaurant-hôtel-épicerie de Marseillette. Une histoire soigneusement consignée dans une commode que l’auteure reçoit en héritage au décès de sa grand-mère, l’Abuela.
La commode aux tiroirs de couleurs de Olivia Ruiz
Un presque premier roman fortement inspiré de son histoire familiale, époustouflant d’émotions et de sentiments. Des vies de femmes, porteuses de mémoire
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l'intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d'une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.
La commode aux tiroirs de couleurs signe l'entrée en littérature d'Olivia Ruiz, conteuse hors pair, qui entremêle tragédies familiales et tourments de l'Histoire pour nous offrir une fresque romanesque flamboyante sur l'exil