Nos rives partagées

À l’instar des femmes qui regardent les hommes qui regardent les femmes (selon Nancy Huston), les humains regardent les animaux qui les regardent. De quoi faire une histoire plutôt amusante…

Nos rives partagées de Zabus, dessins de Nicoby et couleurs de Philippe Ory
Et pourtant, si ces regards croisés tentent de plonger dans l’intime, la maladie, la mort ou la sexualité (par exemple), cette bande dessinée au dessin clair et aéré reste en surface de ses personnages.

Alors oui, c’est joli, sensible, mais je suis finalement resté comme la grenouille à me dire que finalement, il n’y avait rien à expliquer… Et, c’est peut-être très bien comme ça

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le monde commence au pied de mon nénuphar.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils sont six que rien ne rapproche.
Simon est prof et il doute. Son métier doit-il se résumer à inscrire des notes sur des bulletins ? Diane cherche à se reconstruire après une opération, à se sentir femme sans se sentir regardée. Nicole agite sa retraite à militer, même si sa fille ne veut plus lui parler. Vieux et usé, Pierre s'emmerde chez lui. Jill est une ado. Elle hésite entre garçons et filles... et elle envie Hugo qui, lui sait, mais sans succès.
Rien ne les rapproche sauf le rivage partagé avec une faune intriguée, qui observe ces gens empêtrés dans leurs drames, grands ou petits mais si typiquement humains.
Chronique sensible, "Nos rives partagées" narre des existences pas si ordinaires et qui ressemblent aux nôtres. Car même quand le tragique rôde, la vie peut être belle.

Gêne et confusion

Fabienne Radi aime à s’amuser de la dérision dérisoire de nos vies. Pourtant, alors la définition de la dérision impliquerait mépris et moquerie, Fabienne (qui ne se prénomme pas Isabelle) joue en tendre complice avec nos petits égarements.

Question pour une géomorphologue
À quel moment un tas mou se transforme-t-il en flaque épaisse ?
Gêne et confusion de Fabienne Radi

Et au travers de ces tranches de vies, anecdotes célèbres ou ignorées, histoires de familles et autres petits embarras, elle nous rappelle à la raison. La vie nous offre tant de cadeaux pour peu que nous sachions les voir.

Filles de la campagne
« Je marcherais à travers le désert en mangeant des briquettes de charbon de bois imbibées de Tabasco pendant quarante jours et quarante nuits pour ne plus jamais avoir à écouter quoi que ce soit en rapport avec les Shaggs. »
Cette sentence fleurie a été postée sur internet il y a plusieurs années par un amateur de rock, visiblement perturbé par une expérience auditive douloureuse. À l'inverse, dans une formule plus incisive, et avec une pointe d'ironie mais pas que, Frank Zappa déclarait en son temps : « Les Shaggs sont meilleures que les Beatles. » Un point de vue qui infusera lentement, jusqu'à renverser l'image des Shaggs. Passées de pire groupe du monde à la fin des années 1960 à meilleur pire groupe du monde dans les années 1980, les Shaggs deviennent un groupe culte à partir des années 2000. Ce qui est assez épatant pour une formation qui n'a pas eu plus de six ans d'existence, et dont les membres n'ont jamais eu envie de faire de la musique.

Tour à tour drôle, touchante, amusée, ridicule, émerveillée, intéressée… Fabienne Radi nous parle de nous avec un petit sourire malicieux

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ma belle-sœur a un chien depuis quelques mois. C'est un bâtard issu d'un croisement improbable; le résultat est aussi incongru qu'intéressant. Un museau pointu de teckel, de longues pattes de lévrier et un thorax puissant de boxer. On dirait que les différentes parties de son anatomie ont grandi séparément.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un avocat essaie de cacher sa langue poilue ; une jeune femme se méprend sur les paroles de sa prof de yoga ; un frère envoie ses condoléances par erreur depuis la Sibérie ; une mère s'acharne sur une tache qui ne part pas ; un homme refuse le cadeau fait par une amie... Les protagonistes de « Gêne et confusion » sont confrontés à des situations plus ou moins embarrassantes, traversent même parfois des moments de honte.

Les derniers jours de l’apesanteur

Avec beaucoup d’humour (il n’y d’ailleurs pas besoin de forcer le trait tant ces années sont ─ rétrospectivement ─ drôles), Caro nous raconte l’année du bac dans les années 80 vue par Daniel.

Au milieu de ces événements, je devais réviser le bac. C'était probablement les pires circonstances pour le faire, mais je doutais qu'il existât des circonstances exceptionnelles, joyeuses, optimales. Jamais je n'avais entendu quiconque dans mon entourage se targuer d'être dans une dynamique incroyablement positive, personne n'était jamais arrivé le matin en scandant Dis donc j'ai une de ces pêches moi pour ce bac ! Nous baignions tous dans un état de dépression larvée, naviguant entre ces deux eaux paradoxales que constituaient la meilleure période de notre vie en même temps que la pire. Les mois de Schrödinger. Rater le bac impliquait de fatalement passer une année de plus au lycée, la perspective était aussi douillette que déprimante, encore un paradoxe.
Les derniers jours de l’apesanteur de Fabrice Caro
Et tout y passe : la musique, les copains, la caf, les ragots, les fêtes, les études et bien sûr les fantasmes et les filles vues par ce qu’il serait de bon ton de nommer « un looser magnifique ».

Un portrait tendre et amusé sur des années compliquées

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Une photo de Michel Sardou ornait la couverture du Télé 7 Jours, accompagnée de la légende « Sardou au tournant de sa vie, 23 ans d'amour, de colères et de passion, il fait le point ». Je la regardais vaguement en buvant mon chocolat au lait. Mon frère à côté faisait un bruit monstre en mâchant ses corn flakes, absorbé par l'illustration figurant sur le paquet.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'année du Bac, la meilleure période de notre vie en même temps que la pire.
« Je m'étais façonné un faux moi intégralement taillé pour lui plaire. Elle avait adoré Le cercle des poètes disparus ? C'est dingue, c'était mon film culte. Elle aimait Sting et surtout son dernier album en date... Nothing Like the Sun ? Je vénérais cet album, de manière inconditionnelle. Elle admirait le chanteur pour son implication dans la défense de la forêt amazonienne aux côtés du chef Raoni ? J'étais à deux doigts de venir au lycée le lendemain avec un plateau de terre cuite coincé dans la lèvre inférieure... »

Jonglant avec l'euphorie et la fébrilité de nos dix-huit ans, Fabrice Caro livre la chronique drolatique d'une année de terminale à la fin des années 80.

Ligne imaginaire

Des textes courts, des pensées, de Genève à Sydney, du printemps à l’hiver, du réveil à la sieste, du lever du jour à la nuit noire.

Je marche vers le pan de ciel, découvert comme une épaule dans les voiles de la pluie. Je marche vite, car il n'y a pas de temps à perdre : j'en ai trop perdu déjà, à attendre le prochain désastre.
Désormais, je marche, portée par la flamme dansante de l'amour et de la joie, qui me tiennent droite dans la bourrasque de printemps, et me font lever la tête vers les feuilles vert clair du micocoulier dégouttant de pluie, en chantant un air de Purcell.
Ligne imaginaire de Marie Gaulis
Au rythme des saisons ou du paysage par la fenêtre du train, Marie Gaulis partage ses pensées et réflexions poétiques.

C’est doux, tendre et léger

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Sieste
Le sommeil de la sieste est dense, avec des remuements noirs tout au fond. Très rarement y passent des rêves. Sommeil immobile, sur le dos - dans un abandon, mains posées sur le livre qu'on lisait, qui ne ressemble en rien à l'installation dans le sommeil nocturne, auquel on se prépare avec tout un rituel.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tout au long de cette « Ligne imaginaire » défilent des images, des instantanés, moments de vie heureux, éphémères, à peine esquissés, ou comme entrevus au sortir d'une sieste délectable faite dans la touffeur de l'été, et, toujours, une présence au monde.

Histoires courtes

Des petites nouvelles dans le ton de Laurence Boissier. L’humour est discret, élégant, presque absent. Comme un filigrane sur ces tranches de vie.

MACHINES DE CHANTIER
Mon petit garçon est par ailleurs parfait mais se méfie beaucoup du changement. Aujourd'hui, je l'emmène à la crèche en après-skis bien que nous soyons déjà en juin (en décembre il réclamera encore ses sandales). En chemin, nous étudions les pelleteuses. Nous avons de la chance car nous habitons près d'une ligne de tram en construction. Nous nous approchons d'une rangée de pelleteuses jaunes qui ressemblent en tous points à celles de son livre préféré qui s'intitule « machines de chantier », d'un certain Samuel Legris. Il s'agit d'un ouvrage illustré fort bien documenté qui m'a appris une foule de choses concernant les chantiers (presque à mon corps défendant).
Histoires courtes de Laurence Boissier

Instantanés dérisoires et intensément vivants

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Putain ! Encore Josepha avec son putain de sucre ! On s'en fout plein les chaussures ! Elle a encore frappé fort ! Sa montagne de sucre dégouline jusque dans les escaliers.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les Beaux-Arts
La toute petite chemise de nuit
Machines de chantier
Le malentendu
Bérangère
L'école
Mes enfants ont faim
Une balade au parc
Elise
La salade nage toutes feuilles dehors
Le saloon

Les cahiers d’Esther, tome 9 : Histoires de mes 18 ans

Si Esther bouillonne de vie à l’aube de ses 18 ans, ses histoires s’épuisent.

Les cahiers d’Esther, tome 9 : Histoires de mes 18 ans de Riad Sattouf
Un ultime tome pour une géniale série qui a vu grandir son héroïne pleine de candeur qui peine à mûrir.

Allez, que la vie lui soit belle et heureuse au pays des gentilles familles, des gentils voisins et des gentilles copines

Les cahiers d’Esther, tome 8 : Histoires de mes 17 ans

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La rentrée
Je m'appelle Esther et j'ai 17 ans. J'habite à Paris dans le 17e arrondissement. Je vis dans le même appartement depuis ma naissance.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Esther est en terminale, ça y est !

C'est l'année du bac (cette horreur), des choix d'orientation qu'on ne veut pas faire, de Parcoursup, cette bénédiction (rires), des illusions qui se brisent, de l'enfance qui s'évapore, et des Cahiers d'Esther qui s'arrêtent... Mais c'est aussi l'année des 18 ans, de la liberté de pouvoir enfin faire ce qu'on veut ! Tout ce qu'on veut ! Et peut-être aussi l'année de la fin du célibat éternel, qui sait ?

D'où venons, où allons-nous, et surtout ça sert à quoi la vie en vrai ? Y a-t-il seulement une réponse à cette question qu'en pensez-vous vous avez 4 heures MDR... Esther philosophe et a un peu le vertige au moment du grand envol, mais c¸a va bien se passer, hein, on y croit...

Londres 13h30

Quelle émotion de retrouver Laurence Boissier en librairie, de découvrir cet impublié et d’y retrouver son humour tout en finesse et légèreté. Certes, c’est avec appréhension que j’ai ouvert ce petit livre, craignant d’y trouver un brouillon inachevé. Mais non, c’est bien l’autrice de Safari et de l’Inventaire des lieux qu’on retrouve ici. Un bonheur qu’il ne fallait pas laisser dans un carton poussiéreux.

Émilienne
Ce matin Émilienne réalise l'un des quelques fantasmes qui parcourent l'histoire universelle des femmes d'un bout à l'autre. Elle commande son expresso habituel au Passeport. Son garçon de café préféré le lui apporte, mousseux. Comme au ralenti, il le pose devant elle sur la table, puis le verre d'eau. Et là, au lieu de s'éloigner pour servir d'autres clients, il plante un deuxième expresso sur la table et s'assied. Sourire jusqu'aux oreilles. Le mythe du garçon de café inaccessible s'est écroulé ce matin. Et c'est elle qui était là.
Londres 13h30 de Laurence Boissier
Merci art&fiction, à la famille et à toutes et tous ceux qui ont permis à ce petit bijou de voir le jour.

Des histoires de vies qui se croisent et s’entrecroisent à l’aéroport de Genève, à déguster avec émotion en regardant les cirrus homogenitus dans le ciel

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
En allant chercher ses enfants à l'école à quatre heures, une fois de plus, Émilienne s'étonne. Tom sort très posément, scanne rapidement les environs, puis se dirige vers elle sans hésiter. Elle est émerveillée de voir comment, à chaque fois, il trouve exactement la maman qu'il lui faut.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Assise chaque jour au bar de la halle Arrivée de l’Aéroport de Genève, Émilienne tente de surmonter le plus irréparable des événements: la mort de son père, son papa, passager parmi d’autres du vol de Londres 13h30 et dont l’avion s’est abîmé dans la Manche. Observatrice à l’affût, elle documente dans son journal le passage des voyageurs. « Londres 13h30 » est le premier roman adressé par Laurence Boissier à art&fiction. Le manuscrit a disparu, longtemps, puis a réapparu subrepticement à l’occasion d’un rangement, rappelé à l’existence après la disparition de son autrice.

Le nombre de fois où je suis morte

Combien de fois meurt-on dans une vie ? De faim, de honte, d’ennui, de désir, d’impatience, de jalousie, de culpabilité, de chaud, d’angoisse, de chagrin, de froid, de peur ou de rire ?
Marie-Christine Horn ne mourra en tout cas pas sans y avoir réfléchi, avec un sourire mi-tendre et mi-moqueur et avec beaucoup de talent !

Ainsi donc, je me souviens de ma première mort. La mort de l'enfance qui s'enterre sans pelle mais avec des fleurs, une plus précisément. La fameuse petite fleur qu'on offre à celui qu'on choisit, à seize ans, pour la vie et qu'on quitte quelques mois plus tard pour un autre, plus grand, plus beau, plus brun, plus « quelque chose » qu'on estimera suffisamment primordial pour rompre le serment qu'on avait scellé plus tôt.
Le nombre de fois où je suis morte de Marie-Christine Horn

Ces nouvelles, parfois graves mais souvent très drôles, portent un regard coquin et acidulé sur des instants de vie de femmes, joyeux ou tristes, drôles ou cruels…
Moi qui me lève chaque matin pour gagner ce salaire qui me sert à payer les traites de cette voiture dont j'ai besoin pour aller gagner ce salaire qui me sert à payer les traites de cette voiture.… des grandes et petites morts qui rapprochent de la dernière

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il est des peines, comme des joies, qui vous surprennent un beau jour comme un vilain, sans qu'on les ait vraiment choisies, provoquées ou même attendues. Il est des joies, comme des peines, qui vous émeuvent plus ou moins, et dont les larmes ont autant un goût de rire que de chagrin.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Morte de faim, morte de peur, morte d’ennui…Femmes tantôt fragiles, en colère ou désespérées, les protagonistes dansent sur le fil, frôlent les précipices en quête de réponses, d’ailleurs ou de sens.
Treize nouvelles, autant de petites morts. Avec lucidité et humour noir, l’auteure signe un texte puissant dont le fil rouge est l’exploration de la psyché féminine dans toute sa complexité.

Daddy

Dix nouvelles étasuniennes. Tranches de vies désabusées. Portraits flottants dans une brise légère de perversité inassumée.

Comment lui expliquer ? Pour Kayla, tout cela était normal, dans le cours normal des choses. Elle s'était toujours attendue à ce qu'il lui arrive un événement de ce genre. 
 « Tout va bien, répondit-elle en prenant une voix très polie.
 - On s'apprête à regarder un documentaire, dit Mary. Sur une fille qui a été la première fauconnière en Mongolie. » Elle se tut. Comme Kayla ne réagissait pas, elle précisa : « Il paraît que c'est très bien. »
Mary, avec ses grandes chemises en lin, ses richelieus argentés, était le genre de femme d'un certain âge auquel les filles plus jeunes disaient vouloir ressembler. Mary, avec sa super maison dans le canyon, sa déco en bois des années soixante-dix. Son fils adolescent devait l'appeler par son prénom. Kayla voyait que Mary était quelqu'un de bien, sans y croire tout à fait. Mary l'agaçait.
 « Je suis un peu fatiguée, dit-elle. Je vais aller me coucher. »
Daddy de Emma Cline

Des instants inaboutis, polaroids mal cadrés aux couleurs qui bavent. Un peu de drogues, parfois. Des désirs, un peu… mais encore plus de frustration.

Le what the fuck de la vie

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Linda était dans la maison, au téléphone - avec qui, si tôt ? Du jacuzzi, John la regardait aller et venir dans son peignoir et un vieux maillot de bain à motifs tropicaux, décoloré, qui appartenait probablement à une des filles. C'était agréable de se laisser flotter dans l'eau, de glisser jusqu'à l'autre extrémité du jacuzzi, en tenant sa tasse de café au-dessus du bouillonnement des jets.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une jeune fille devient la cible de la presse à scandale après avoir été la nounou du fils d'une célébrité. Une adolescente séjourne chez son amie, dans le ranch d'une communauté hippie, et découvre la perversité des premiers jeux sexuels. Un rédacteur en chef lâché par tout son réseau de relations et par sa fiancée tente de devenir le prête-plume d'un self-made-man. Une trentenaire se fait passer pour une ado sur des sites de rencontre. Une actrice cherche à percer à Los Angeles et joue à un jeu dangereux. Un père se demande quelle image ont aujourd'hui de lui ses enfants, venus fêter Noël en famille. Un autre, alerté d'un incident dans l'école de son fils, a rendez-vous avec le directeur de l'établissement. Un scénariste divorcé retrouve chez elle sa petite amie dont les addictions cachent un profond mal-être. Un jeune homme qui vit et travaille dans la ferme de son beau-frère se demande quel futur les attend ici, lui, sa femme et leur enfant à naître.

Autant de nouvelles que de décors balayés du regard incisif d'Emma Cline, qui éclaire au passage, d'un rai de lumière implacable, la perversité larvée en chacun de ses personnages, en même temps que leur immense vulnérabilité.

Maud Martha

Maud Martha, c’est l’enfance, la jeunesse, le mariage et la famille d’une femme noire à Chicago dans les années 40.

Ses rêveries n'appartenaient qu'à elle. Elle aimait rêvasser à des textures aussi douces que de la mie de pain, à la lumière, à la beauté sophistiquée, à des surfaces aussi étincelantes que des joyaux. Il n'y avait aucun mal à cela, n'est-ce pas ? Par ailleurs, qui pouvait jurer qu'elle ne réaliserait pas son rêve? Pas complètement, d'accord! Mais au moins en partie ?
Elle avait dix-huit ans et le monde attendait. De pouvoir la caresser.
Maud Martha de Gwendolyn Brooks

C’est donc aussi la violence du racisme, l’inexorable patriarcat, la pauvreté, les petits appartements miteux, les boulots avilissants…

Elle avait aspiré à quelque chose de solide. Elle avait aspiré à quelque chose de chatoyant, de chaleureux, mais qui fût dur aussi, comme du roc, incassable. Elle avait aspiré à établir... une tradition. Elle avait aspiré, pour leur propre usage, pour elle, pour lui, pour la petite Paulette, à un ensemble de coutumes inébranlables. Elle avait aspiré à de la pierre ; seulement voilà, elle se conduisait comme son épouse, apaisante, attentive en tous points, maternante - bref, la voilà qui fêtait Noël en faisant passer des bretzels et des bières.

Mais aussi, les joies de l’enfance, de la maternité, les rêves de l’amour et l’humour cruel de la vie.

Il y avait aussi Clement Lewy, un petit garçon qui vivait au premier étage, dans l'un des logements donnant sur la cour de derrière.
La vie des Lewy n'était pas très animée. Elle était même plutôt sans saveur. Comme une pâte à gâteau pas mélangée. Avec des grumeaux.

C’est écrit magnifiquement bien, les phrases y sont les bijoux d’un collier et les petits chapitres, des tranches de vies comme des peintures évidentes de réalisme

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce qu'elle pouvait aimer les bonbons boutons, et les livres, et peindre la musique (do bleu profond, ré délicatement argenté), et le ciel de l'ouest, si changeant, vu des marches de la véranda de derrière; et les pissenlits.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Publié en 1953, Maud Martha est le premier et unique roman de l'immense poétesse américaine Gwendolyn Brooks. Largement inspiré de la vie de l'autrice, Maud Martha retrace en trente-quatre brefs tableaux les différentes étapes de son existence : enfance, jeunesse, mariage, vie conjugale, maternité... Les épisodes de la vie, qui sont les mêmes pour tous, éprouvés par une jeune femme noire de Chicago dans les années 1940.

À partir des petits riens qui forment le tissu de l'existence et épousent la courbe de la mémoire, Gwendolyn Brooks a composé une grande oeuvre littéraire traversée par les questions raciales et leurs violences silencieuses. Un roman magnifique sur une femme qui doute d'elle-même et de la place qu'elle tient dans le monde.