Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Et voilà, 2015 s’en va avec 30759 pages de livres. Avec des biens, des nuls et des coups de cœur comme Profession du père et Vernon Subutex dans les sorties de l’année ou Darling et Fahrenheit 451 dans les bouquins plus anciens que je n’avais pas encore lu.
Et aussi des auteurs découverts cette année et qu’il me hâte de suivre comme Saphia Azzeddine ou Sylvain Tesson.
Sommes-nous condamnés à reproduire les défauts de nos parents ou s’inscrit-on forcément en négatif de leurs personnalités. Pascal Bruckner parle de sa construction d’homme marquée par son père violent, antisémite et pervers.
Un bon fils de Pascal Bruckner
Un livre entre témoignage et thérapie.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Rien de plus difficile que d'être père : héros, il écrase de sa gloire ; salaud, de son infamie ; ordinaire, de sa médiocrité.» Dans ce pudique roman de formation, Pascal Bruckner raconte sa filiation personnelle et intellectuelle.
C'est l'histoire d'un enfant à la santé fragile. Né après guerre dans une famille d'origine et de culture allemandes, il est envoyé dans un village d'Autriche pour soigner ses poumons. Sous la neige, il chante la gloire de Dieu et prie chaque soir le Seigneur de provoquer la mort de son père.
Ce dernier, antisémite et raciste, est un mari pervers qui bat sa femme et l'humilie. Son fils unique fera tout pour devenir son contre-modèle («je suis sa défaite»). Il sera l'élève de Jankélévitch et de Barthes, le jumeau spirituel d'Alain Finkielkraut, puis un écrivain reconnu, classé parmi les «intellectuels juifs» auxquels il s'identifie sans en être.
Jusqu'au dernier jour, il accompagnera néanmoins dans son calvaire cet étranger qui lui a donné la vie et n'en finit pas de mourir. Car au-delà du mépris et de la rage coupable, ce récit bouleversant est l'aveu d'un amour impossible à renier d'un fils pour son père auquel il doit paradoxalement toute son oeuvre - où le théâtre de la cruauté se retourne en compassion.
Un livre à travers de l’Europe, de Moscou à Paris en side-car et en hiver sur les traces de la retraite de Napoléon.
Berezina de Sylvain Tesson
Un voyage sur les chaos de l’histoire et de ses routes enneigées. Un rire plus glacial qu’un shoot de vodka et aussi sanglant que les eaux de la Berezina.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Un vrai voyage, c'est quoi ?
- Une folie qui nous obsède, dis-je, nous emporte dans le mythe ; une dérive, un délire quoi, traversé d'Histoire, de géographie, irrigué de vodka, une glissade à la Kerouac, un truc qui nous laissera pantelants, le soir, en larmes sur le bord d'un fossé. Dans la fièvre...
- Ah ? fit-il.
- Cette année ce sont les deux cents ans de la Retraite de Russie, dis-je.
- Pas possible ! dit Gras.
- Pourquoi ne pas faire offrande de ces quatre mille kilomètres aux soldats de Napoléon ? »
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Ça s'appelle "la nature", frangin... Jadis, les hommes vivaient dans la nature où ils chassaient pour se nourrir...
J'aurais pas pu.
Une délicate histoire en dentelle, parfois un peu trop fragile.
La jeune Yudah est offerte à un sultan. De gré, de force, on suit son chemin erratique du désert à la mer et du couvent à Paris.
La fiancée était à dos d’âne de Vénus Khoury-Ghata
Peut-être un fil trop fin pour une histoire labyrinthique.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Deux jours à dos d'âne pour trouver la fiancée idéale. Jambes et bras épilés, mains teintes au henné, une fille à marier doit ressemblera un miroir. Chacune espère être l'élue et partir vivre en ville. Le désert est fait pour les hommes, leur regard croit voir des oasis avec des palmiers lourds de fruits quand les femmes ne voient que du sable sur du sable. Un regard circulaire a suffi au rabbin pour trouver l'élue. Il choisit Yudah pour son nom, une contraction de Yahuda, et pour ses yeux baissés lorsqu'il l'a regardée. Toute femme est belle pour le rabbin du moment qu'elle n'est ni manchote ni borgne.
Yudah est une jeune fille juive du désert algérien. Le jour où le rabbin Haïm la choisit pour être la nouvelle épouse de l'Émir Abdelkader, sa vie bascule. Yudah rêvait de palais mais se retrouve dans un campement de tentes balayé par le vent. Occupé sur d'autres fronts, l'Émir, lui, demeure invisible. Bientôt Abdelkader rend les armes : il est débarqué avec ses généraux à Toulon pendant que le reste de ses fidèles est envoyé sur l'île Sainte-Marguerite. Yudah est de ce voyage. C'est donc en France qu'elle poursuivra sa quête, inlassablement, à la recherche d'un époux qu'elle n'a toujours pas vu... Le destin merveilleux de la jeune fille du désert se réalisera-t-il ?
Une merveille d’humour, un regard incisif entre dérision, ironie et cynisme sur la condition humaine. Un voyage jouissif autour du monde à la rencontre du grand et des minuscules.
Simple comme un regard en arrière sur une vie un peu ratée, des espoirs, des drames et des occasions manquées.
Crans-Montana de Monica Sabolo
Une nostalgie sucrée amère.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans les années 60, à Crans-Montana, un groupe de garçons observe de loin trois jeunes filles : Chris, Charlie et Claudia. Pendant les vacances d'été ou d'hiver, sur les pistes, à la piscine ou dans les night-clubs, elles forment une entité parfaite, une constellation inaccessible dont le souvenir les poursuivra toute leur vie comme un amour fantôme.
Monica Sabolo déroule les destinées d'une jeunesse dorée mais qui porte les secrets, les fautes et l'indifférence des générations précédentes. Des espoirs romantiques de l'adolescence à l'opulence glacée des années 90, tous ses personnages tenteront de toucher du doigt quelque chose de plus grand, l'amour, la vérité, ou simplement le sentiment d'exister. Mais la vie glisse entre leurs doigts
Pas d’histoire pour une bande dessinée pourtant bien scénarisée.
Une sorte de défié de Polaroïds des touristes qui arrivent. Juste, drôle et consternant, surtout lorsqu’on s’y reconnait.
Vive la marée ! de David Prudhomme et Pascal Rabaté
Et oui, les touristes sont moches!
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Polovos plage
On sent déjà la mer !
Oui, mais d'abord...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une compilation d'histoires ayant pour thématique les vacances à la mer : l'arrivée des premiers baigneurs le matin à marée basse, le départ des vacanciers, etc
Un livre sensible sur une enfance déchirée par l’émigration et la perte du père. Dans un nouveau pays, avec un beau-père pas forcément mal intentionné mais âpre et maladroit.
L’histoire d’une reconstruction auprès d’une mère partagée entre son nouveau mari et son fils, d’un ami également immigré et d’un chat obligé de coucher dehors à cause des allergies du demi-frère.
Nous serons des héros de Brigitte Giraud
Difficile de trouver sa place dans cette vie qui commence.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Les nuits où je ne dormais pas, j'ouvrais le velux et je m'installais sur le toit, j'étais le seul dans la cité à jouir de ce privilège, passer la nuit à la belle étoile, dans le plus grand secret. Le ciel était-il le même ici qu'au Portugal, les constellations étaient-elles visibles depuis la lucarne de la prison de Peniche où mon père avait été enfermé ?»
En ce début des années soixante-dix, Olivio et sa mère viennent de fuir la dictature portugaise. Ils s'installent dans une banlieue lyonnaise et emménagent bientôt chez Max, un rapatrié d'Algérie, avec qui ils espèrent un nouveau départ. Alors que Max accepte mal l'adolescent, Olivio se lie à Ahmed, un immigré algérien de son âge, auprès de qui il trouve tendresse et réconfort