Y a-t-il des leçons de l’histoire ?

Celles et ceux qui attendraient une réponse univoque seront déçu. Car au long des courts chapitres thématiques, Edgar Morin va répondre que oui, mais non, évidement non, mais oui quand même, enfin parfois, et de toute façon, c’est à postériori, alors oui, mais sait-on jamais, et il faut encore voir et rien n’est définitif car les contre-exemples sont nombreux…

Dixième leçon
Rien n'est plus humain et plus inhumain que la guerre 
La création des outils de chasse, lances, flèches, a favorisé le caractère meurtrier des guerres entre sociétés humaines. Homo faber a travaillé pour Homo demens. 
Ces guerres sont limitées et ritualisées chez les chasseurs-cueilleurs. La sédentarité agricole va faire de la récolte des paysans une proie pour les nomades prédateurs. Les paysans seront à la fois protégés et asservis par ceux qui les domineront. La guerre révèle les héros qui résistent à la peur, mais aussi les lâches qui y cèdent. Elle dit l'obéissance quasi moutonnière des troupes envoyées à la boucherie, et parfois la révolte de ces mêmes troupes contre leurs chefs.
Y a-t-il des leçons de l’histoire ? de Edgar Morin
En dehors de la blague, voilà un petit livre qui ouvre beaucoup plus de questions qu’il n’apporte de réponses définitives (avec une vision de l’histoire plutôt « guerres, pouvoir et personnalités ») et qui démontre qu’une question qui peut sembler toute simple, cache bien des pièges et des subtilités.Les leçons de l'Histoire
L'Histoire porte en elle sous forme humaine les grandes forces cosmiques d'union et de désunion, de concorde et de discorde. Ses leçons sont capitales.
Elle nous révèle une complexité permanente dans ses progressions, régressions, rétroactions multiples et surgissements ininterrompus de l'inattendu ou de l'improbable. Elle combine incessamment et parfois indissolublement la civilisation et la barbarie. Elle est le plus souvent esclavage, servage et asservissement dans les conquêtes et colonisations, elle est rarement émancipation et liberté.
Elle est sans cesse progression-régression, transformation de déviances en tendances puis de tendances en déviances.Un petit plaisir divertissant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« La vraie histoire étant mêlée à tout,
le véritable historien se mêle de tout. »
Par ces mots, dans Les Misérables, Victor Hugo signifie que l'Histoire se nourrit de connaissances tirées de toutes les disciplines, notamment des sciences humaines, des récits tels que les Mémoires et les romans, et même des sciences naturelles - ainsi les aléas du climat peuvent-ils avoir une incidence capitale sur les événements historiques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'Histoire n'a cessé d'être pour Edgar Morin un sujet de réflexion - y compris l'Histoire à laquelle il a participé. Témoin des atrocités de la guerre, des bouleversements économiques et écologiques, penseur des civilisations, Edgar Morin en a tiré des leçons fondamentales qui éclairent le passé et nous aident à construire l'avenir.

Depuis son poste de vigie, il nous apprend que l'improbable peut advenir, que les destructeurs peuvent être aussi de grands civilisateurs, que les mythes influent puissamment sur le réel, qu'un seul individu peut parfois changer le cours de l'Histoire... Dans un esprit de synthèse particulièrement vif, Edgar Morin nous entraîne dans le grand voyage de l'humanité, de l'Antiquité à nos jours.

Une réflexion profonde et personnelle sur le temps long, nourrie d'une expérience humaine et intellectuelle incomparable.

Vers luisants

Il y a du génie dans les poésies de Brigitte Fontaine. Il y a aussi un peu de désinvolture parfois.

Cheveux d'ange
Manger des cheveux d'ange à cinq heures du matin
un cache-sexe en cuir sur le mont de Venus
c'est le rêve de Lolita sous le sapin
dont le tronc géant est un Jurassic Phallus

Je ne comprends pas la raison
je ne comprends que la passion
sans joie la vie est vide vide
sans amour elle est insipide
mais je ne crois pas au malheur
la dépression est une erreur

Tout est tortillé dans la tête
entre l'horreur et peu de fête
et les drogues et le chocolat
plus l'incompréhension de soi
je dis toujours n'importe quoi
les cocktails et la tchouktchouca
Vers luisants de Brigitte Fontaine
Un recueil un peu inégal peut-être.

Il n’est pourtant pas utile de juger la poésie (ce que je n’arrive paradoxalement pas à faire), il vaudrait mieux s’y laisser emporter. Mais voilà, toutes les vagues n’ont pas la même puissance

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le quat quarante en baisse
ces quatre-vingt en hausse
mon lévrier en laisse
cathédrale de Beauce
ça n'a ni queue ni tête
tout ce que je raconte
eh oui je suis poète
poétesse sans honte


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand un journaliste l’interroge en 2021 sur ce qu’elle écrit, Brigitte Fontaine répond : « Je n’en sais rien. Des poèmes tordus, un peu loufoques, un peu jolis et un peu sinistres. Car je suis paradoxale. Je suis un oxymore, je suis baroque et un peu rock. »

Les Vers luisants en sont la preuve émouvante. Dans ce recueil de poèmes en vers, Brigitte Fontaine décrit sa volonté d’être toujours la plus libre possible, de vivre sans temps mort, de jouir sans entrave, sans égard pour les épreuves de l’existence. C’est aussi loufoque que lyrique, drôle que profond. Friandises et souvenirs d’enfance, premier smack et affaires de cœur, squelette tordu et vieillesse… Les Vers luisants nous emportent dans une ode à la vie qui demeure, malgré tout.

En slip

Si le slip tel que nous le connaissons aujourd’hui à pris toute la place dans de nombreux pays il n’a pas toujours ressemblé à ce qu’il est devenu. Petit tour d’horizon et d’histoire !

Dans les années 1940 apparaît le premier boxer short. Il s'inspire de celui que portent les soldats d'infanterie américains sous leurs uniformes. À mi-chemin entre le slip et le caleçon, le boxer fait fureur dans les années 1990.
Il doit son nom à la boxe dont les champions portent ces sortes de slips-shorts qui assurent une souplesse de mouvement aux jambes pour marquer le coup.
En slip de Manuela Morgaine
Et c’est drôle, parfois curieux ou déroutant pour un européen nourri aux publicités vestimentaires du 21e siècle qui le déclinent au fil des saisons : moulant, coloré, ample, échancré, minimaliste, coloré, imprimé, boxer, caleçon, synthétique ou en fibres naturelles.

Avec un petit coup de cœur pour un tout dernier chapitre qui interroge nos modes de consommations (sous-)vestimentaires actuelles

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Écoute le bruissement des éléments qui se forment. Te voilà au tout début du commencement. La vigne pousse en nature et le jardin d'Éden est encore inhabité, les grappes de raisin sont gorgées et leurs feuilles hermaphrodites. L'humanité ─ entends l'homme et la femme ─ n'est pas encore venue au monde. La Bible invente d'abord l'Adam seul dans l'Éden, ce jardin aux mille et un fruits, aux végétaux fabuleux nommé paradis. Lui-même, Adam, a été façonné en argile de la main de Dieu. Sexe encore seul, il crée les étoiles, simples étincelles projetées de ses semences. Et puis de sa côte, le long de son flanc, surgit Ève.
Les voilà, couple originel mué de l'argile en corps de chair.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« En slip », ou « Une histoire du slip » est avant tout une histoire de la représentation de l’homme et de son intimité vivante et fantasmatique à travers le monde et les temps du monde. Une histoire de son ingéniosité, de son imagination, de sa poésie et de son érotisme, en parcourant tous les territoires avec la variété de ses inhibitions, exhibitions, coutumes, végétaux et animaux, paysages, températures et tempéraments.
L’ouvrage est composé d'un prologue (La grappe) et de 7 parties (La feuille - La coquille - Le nœud - La peau - L’étoffe - La poche - Le slip). Chacune d’entre elles traite d'une matière, d'une texture. Les petits textes, sous la forme de proses poétiques, qui ouvrent chaque partie, scandent une série d’images non chronologiques, mais plutôt thématiques brassant toutes les époques, cultures et tous les continents. Ces illustrations légendées inscrivent ainsi un contrepoint plus documentaire.

Pourquoi les hommes fuient ?

Jane n’a aucun souvenir son père qui fuit peu après sa naissance et sa mère vient de mourir sans ne rien lui en dire. Elle part à la recherche de celui qu’elle ne connait pas.

La nuit s'érafle de pourpres profonds.
Te réveiller alors dans l'aube grignotée des premiers pépiements. Te réveiller renaissance. Te réveiller parce que vivant. Juste parce que tu es vivant et que tu as assez dormi.
Sans les soupirs. Sans la fatigue. Sans le réveille-matin. Sans le café. Sans les infos à la télé. Sans le bruit de la circulation.
Te lever mouvement seulement. Te lever animal. Te lever parce que la forêt s'ébroue et que tu en fais désormais partie.
Pourquoi les hommes fuient ? de Erwan Larher
Enchaînant différents modes de narration, Erwan Larher nous balade à sa suite. C’est haletant, cocasse, sexy, intime et par cela, il nous dresse quelques portraits très réussis du showbiz. L’artiste aux idées pures, l’arriviste, le producteur, l’écrivain (mention spéciale !), la retraitée des lumière qui tente de briller encore, les contadins (Erwan aime les mots) du bistrot, les gentils et les moins gentils… Et c’est criant de réalisme !Le jour où tu eus la révélation que tu étais aussi con que les autres, tu décidas de te retirer du monde.Mais diantre pourquoi tout mélanger, pourquoi ces robots ? L’histoire était magnifique, même les auras ne semblaient pas complètement à côté… Mais le soulèvement des machines… pourquoi ici ?

Mais ce n’est pourtant qu’un détail. Car oui, cette quête est magnifique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La tentation de disparaître. Devenue besoin. Petit à petit, au fil des déceptions, des trahisons. De moins en moins te reconnaître dans tes semblables. Ou trop te reconnaître, au contraire. Dans leurs lâchetés, leurs petitesses, leurs démissions. Qui sont aussi les tiennes.
Alors la tentation...
... de...
... disparaître.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jane a 21 ans. Hyperconnectée, elle vit au présent entre jobs d'hôtesse et menus larcins, boîtes et soirées branchées, ses amants d'une nuit et ses deux colocataires. Un soir, le hasard la jette malgré elle sur la piste de son père, qu'elle n'a jamais connu. Est-il cette pop star dont on a perdu la trace ? Ce guitariste punk passé à côté de sa vie ? Ou ce solitaire retiré de la compagnie des hommes ?Jane se prend au jeu des vérités parfois contradictoires tandis que son environnement se détraque. La violence du réel, son humanité aussi, s'engouffrent dans les brèches à mesure qu'elle perd le contrôle.

Le livre que je ne voulais pas écrire

Il y a des concerts dont on dit fièrement : « j’y étais ». Là, c’est pas vraiment ça.
Erwan Larher était au Bataclan le soir du concert d’EODM le 13 novembre 2015, il s’en est tiré avec une balle dans le cul.

La nuit, tu te parles, tu t'encourages, tu te motives, tu te harangues. Tu t'autorises à être fier de toi, à pleurer pour irriguer ton courage, personne ne sait rien des monologues qui nous trament. En quinze jours d'hospitalisation, tu verras quinze levers de soleil. Avec la même gratitude à chaque fois. Alors la journée s'ébroue et fondent sur toi le dévouement, l'attention, la sollicitude de tout le personnel, ces gens sans parachute doré, sans résidence secondaire, sans stock-options, qui viennent en transports en commun, ronchonnent dans les bouchons des départs en vacances, râlent dans ceux des retours au volant de leur voiture achetée à crédit, des gens qui n'auront pas de Rolex à cinquante ans, travailleront jusqu'à soixante-dix, il faut bien payer les parachutes dorés, les dividendes, les stock-options.
Le livre que je ne voulais pas écrire de Erwan Larher
Après plusieurs refus de l’obstacle, il a finalement écrit ce qu’il ne souhaitait pas.

Et merci ! Pas de pathos, de colère ou d’apitoiement (sauf peut-être pour ses absences d’érections)… Un récit juste, intime, souvent drôle, entrecoupé par les voix de ses amis.

Une émouvante lettre d’amour à ses amours sa famille, ses amis et… à ses santiags perdues

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu écoutes du rock. Du rock barbelé de guitares et de colère. Depuis la préadolescence. Môme, il te fallait une autorisation paternelle avant de te servir de la chaîne stéréo. Inépuisable enchantement : le petit levier à pousser pour faire décoller le bras, qui porte en son extrémité la tête de lecture, tête que tu places, en fermant un œil pour plus de précision, au-dessus du bord du vinyle – le plateau s'est mis à tourner –, puis fais descendre, toujours à l'aide du petit levier, il s'agit de ne pas rater son coup, jusqu'à ce que le saphir se pose en craquotant sur le 33 tours.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je suis romancier. J'invente des histoires. Des intrigues. Des personnages. Et, je l'espère, une langue. Pour dire et questionner le monde, l'humain.
Il m'est arrivé une mésaventure, qui est une tuile pour le romancier qui partage ma vie: je me suis trouvé un soir parisien de novembre au mauvais endroit au mauvais moment; donc lui aussi. »

Plus loin qu’ailleurs

Jusqu’où faut-il aller pour un voyage, pour ouvrir les yeux sur ce que l’on ne connait pas ?

Plus loin qu’ailleurs de Christophe Chabouté
Dans cette bande dessinée au génial scénario, Chabouté s’interroge sur le sens même du voyage et la découverte des mondes inconnus ! Et c’est terriblement drôle et bien mené.Le dessin intimiste est magnifique et l’utilisation de la couleur dans cette bande dessinée en noir blanc est très réussie pour proposer un voyage tout à fait dépaysant.

Et oui, c’est un de ces voyage dont on ressort profondément changé

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Et toujours en train de gribouiller !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L’Alaska, la dernière frontière... Cette contrée sauvage et hostile, le rêve de chaque aventurier voyageur... J’ai rêvé de partir au bout du monde, arpenter ses grands espaces. Mais j’ai été contraint de rester.
Alors je suis parti en restant... J’ai attrapé des poissons trompettes, des canards striés et des lièvres à écharpes. J’ai pisté les traces et les empreintes de la faune locale. J’ai réussi à piéger un gibier inconnu.
J’ai dompté un ours malgré une désinsertion partielle de l’extrémité astragalienne du faisceau péronéo-astragalien antérieur. J’ai vu tout ce qu’ils ne regardent plus, écouté et voyagé avec la musique d’un joli mot. Observé une chaise, prêté l’oreille à la couleur du son.
J’ai valsé avec le futile et l’insignifiant, reconsidéré le négligeable... J’ai exploré et consigné les us et coutumes de cette contrée qui m’était si inconnue : le coin de ma rue...

« Partir en restant ». On peut résumer par ces quelques mots l’aventure singulière que va vivre le nouveau héros de Chabouté. Après Musée et Yellow Cab, l’artiste, toujours en fin observateur, nous invite à saisir la poésie du moment banal, à chercher l’insolite ou à le provoquer, à s’étonner et à se surprendre de ce que l’œil a déjà vu mille fois. Avec grâce, Chabouté nous offre un savoureux voyage, un voyage juste un peu plus loin qu’ailleurs, et nous redonne ce que la Société moderne nous prend : le temps de rêver.

Après l’orage

Coincée par l’orage, Hélène est obligée de passer la nuit chez ses parents.

Après l’orage de Jean Cremers
Et les éléments se dévoilent à la mesure de l’eau qui monte. Comme une grosse lessive, l’eau permettra peut-être d’y voir plus clair, mais que ne risque-t-elle pas d’emporter avec elle ?

Un très bel album, profond et sensible, aux traits rapides et aux couleurs soignées

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dring Dring
J'arrive !
Krrk Clic
Hélène !
Salut, P'pa.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tandis que le niveau de l'eau monte dangereusement, Hélène se retrouve prisonnière d'une maison pleine de silences et de souvenirs. Mais à mesure que l'orage gronde, c'est un autre combat qui se joue en elle : celui de briser les liens invisibles d'une vie qui l'étouffe.

Le cahier à spirale

Lassé de la fiction et de l’auto-fiction (qui contiennent, il s’en rend bien compte, tant de vérité), Didier Tronchet tente l’autobiographie introspective vraie et sans fard. Mais avec des images, quand-même. Et ca commence par l’enfance et sa relation avec sa mère et ses frères et soeurs.

Le cahier à spirale de Didier Tronchet
Alors certes, même avec le vrai, la réinterprétation n’est jamais loin, mais les différentes itérations dans les souvenirs laissent apparaitre à chaque fois des détails plus précis jusqu’à dessiner le portrait des absents.

Et c’est fouillis, drôle et triste, plein d’émotions c’est comme la vraie vie

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je connais par cœur toutes les choses de cet endroit...
Je les ai observées des millions de fois...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En examinant les divers récits qu'il a produit au cours de ces longues années, Didier Tronchet a retrouvé des figures du passé, masquées sous la forme d'avatars, de personnages idéalisés ou caricaturés. Et puis, un jour, tout est devenu clair : la fiction faisait écran, son vécu n'étant qu'une histoire à trous, qu'il a comblé, comme il a pu, autant par goût du jeu que par peur du vide. Mais ce travestissement a fini par atteindre ses limites.

Armé d'un simple cahier à spirale, il décide de partir à la rencontre de ce personnage qu'il a mille fois mis en scène, jusqu'à ne plus savoir lui-même déceler le vrai du faux, cette personne dont il sait qu'elle détient forcément la vérité : sa mère. Avec cet obstacle majeur, aux allures immuables : jamais au grand jamais, il n'a eu de véritables échanges avec elle, le non-dit a régné en maître, telle une règle entre les deux, qu'il serait dangereux de briser.

Malempin

Pour qui souhaite comprendre la vie en France du début du XXe, les livres de Simenon sont une source impressionnante d’informations sur les usages, la société, les rapports homme-femmes, humains et familiaux…

Au cours d'une de ces paniques périodiques, mes parents ont-ils décidé de se débarrasser de Tesson?
Contrairement à ma propre attente, c'est avec un détachement sincère que je me pose cette question et que j'essaie de la résoudre.
Le crime en lui-même, s'il y a eu crime, ne m'émeut pas et je l'envisage sans horreur.
Ce qui m'a poussé à remuer ces souvenirs est un sentiment complexe, qui ne m'apparaît un peu clairement qu'à mesure que j'avance. C'est parti de Bilot, du regard qu'il laissait peser sur moi et du docteur Malempin que j'ai découvert dans la glace.
Peu importe, d'ailleurs. Je suis maintenant tout engagé dans des racines que je démêle et j'en trouve qui vont toujours plus loin, et plus enchevêtrées.
La question ne se pose pas de savoir si mon père et ma mère avaient intérêt à supprimer le boiteux Tesson. C'est l'évidence. Au village, les gens l'ont senti. Ce qui m'étonne, c'est que les magistrats ne s'en soient pas avisés plus tôt, car, autant que je m'en souvienne, il s'est écoulé des semaines avant que mon père et ma mère fussent appelés à Saint-Jean-d'Angély.
Malempin de Georges Simenon
Pour autant, ce Malempin est tristement ennuyeux.

Au chevet de son fils malade, un homme se souvient, par bribes, des non-dits et des secrets sombres de sa famille, il s’interroge sur sa vie, son couple, ses choix… sans pour autant en tirer de leçons ni de vérités

Un livre lent, un bon somnifère

Le 38e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Même de sang-froid, je reste persuadé que cette journée a été plus rapide que les autres et le mot vertigineux me vient naturellement à l'esprit. J'ai, quelque part au fond de la mémoire, un vieux souvenir similaire. Je jouais dans la cour du lycée. Non, ce n'est pas possible, puisqu'il va être question d'un tramway. Peu importe! Dans une rue. Ou sur une place. Plutôt sur une place, car je revois des arbres et je pourrais préciser qu'ils se découpaient sur un mur blanc. Je courais. Je courais à perdre haleine. Pourquoi? Je l'ai oublié.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils devaient partir en vacances dans le Sud. La maladie subite de leur fils en décide tout autrement. Le père, médecin, veille sur l'enfant et, tandis qu'il reste à son chevet, lui reviennent en mémoire des souvenirs enfouis...
Une histoire, dans sa jeunesse, d'un oncle disparu du jour au lendemain après être passé à la ferme que tenaient ses parents. La mère s'y trouvait seule. L'enfant, dans la maison, n'avait rien vu à l'époque. Il avait trouvé plus tard, sur un tas de débris utilisé par le père, loin dans la campagne, des traces du disparu.
La venue des gendarmes, pour lui qui n'avait qu'un regard de gosse, s'était pourtant teintée de la couleur du non-dit. La mère avait arrangé une vérité. Cette dernière avait par la suite décidé de sa vie...

Relié, délié

Il faut, pour apprécier la poésie de Philippe Gindre, pratiquer avec aisance les grands écarts et faire preuve de souplesse. De même que pour la vie, peut-être. Accepter l’optimisme de la désespérance et ne pas craindre de jouir paisiblement dans les combats du chaos.

La prochaine fois...
Refuser, obtempérer, apprendre à marcher
S'opposer, déserter, voler, mentir
S'anéantir, revenir à la vie
Grandir, muter, haïr, vieillir, aimer
Prend un temps fou et grille autant d'énergie.
La prochaine fois,
j'y réfléchirai à deux fois.
Relié, délié de Philippe Gindre
Poèmes et textes courts destinés à une lecture en musique, Relié, délié s’apprécie tout autant en hiver bien au chaud qu’en été bien au frais

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au commencement était le verbe, et le verbe était l'impulsion, le germe apte à s'accroître et se conclure en toute chose. Et toute chose s'est faite ainsi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Relié, délié, c’est ainsi que s’appelle le recueil de poèmes qui vient de paraître aux éditions des sauvages. Il est d’obédience rock, humoristique et contestataire, offensivement positiviste et faciéteusement religieux.

Il serait possible d’imaginer que victime d’un méchant romantisme, l’auteur avant d’avoir dix-sept ans soit parti de chez mes parents, pour devenir insomniaque… La musique et les livres ont joué leur rôle et aujourd’hui l’auteur partage son viatique poétique.

Vendredi :
aller à l'essentiel
revenir à la raison
passer pour un fou