Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Quelle claque, quelle violence ! Lu en un souffle, je me suis fait exploser par Toutes les vies.Toutes les vies de Rebeka WarriorUne histoire ─ dans l’ordre ─ d’amour, de maladie, de mort et de deuil. Avec des drogues et du zen. Tout ensemble pour un cocktail qui hurle sa douleur. Un livre incroyable qui se permet même parfois d’être drôle, cultivé et touchant.
Un théâtre d’amour grand-guignolesque, un cri de plus de 260 pages écorchées, torrides et glaciales, un tour du monde psychotropique, une machine à baffes d’une sincérité à cœur ouvert
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Pauline et moi étions amoureuses depuis de nombreuses années.
Elle avait vingt-huit ans et moi trente et un quand nous nous sommes rencontrées.
Nous faisions à peu près la même taille et le même poids.
Nous pouvions échanger tous nos vêtements sauf les chaussures.
Elle avait des cheveux longs, châtains, des yeux noirs et de magnifiques petits seins.
Son odeur me rendait folle.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Une nuit, dans notre bicoque sur la plage, j'ai fait un drôle de cauchemar.
La mort contournait la moustiquaire et tentait perfidement de s'introduire dans notre lit.
Elle attendait tapie dans l'ombre que je m'endorme pour s'infiltrer et prendre Pauline.
C'était elle qu'elle voulait.
Elle s'en fichait de moi.
Je lui mettais des bâtons dans les roues.
Ça ne lui plaisait pas.
Je passais la nuit à monter la garde.
La mort était mécontente.
Au petit matin, je m'étais assoupie, elle était venue souffler près de mon visage.
Elle avait murmuré quelque chose, mais je n'avais pas compris quoi.
Elle parlait latin ou suédois.
Juste pour me faire chier. »
Premier roman virtuose, Toutes les vies est le récit d'une histoire d'amour sublime, d'un deuil impossible et d'une quête spirituelle qui sauve.
Appelé depuis l’hôpital à Paris, Cookie traverse l’Atlantique pour venir au chevet de son père victime d’un AVC.
Débute la rééducation d’un père dont il n’avait jamais été proche et qui ne peut plus dire que « Merveilleux » et trois ou quatre autres mots. Une histoire de relations de famille recomposée et dispersée gravitant autour d’un malade qui ne se fait comprendre que difficilement.
Merveilleux de Cookie Kalkair, couleurs de William Wagner
Un album aux graphismes colorés avec une histoire touchante, tant pour son regard sur les proches aidants, que pour le portrait de famille qu’il propose
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Je n'ai jamais été très proche de mon père. Un océan nous sépare. Littéralement - depuis que je vis au Québec. Pourtant, lorsque j'apprends son AVC, je saute immédiatement dans un avion. À l'hôpital, dans un temps suspendu, je retrouve une petite soeur que je n'ai pas vue depuis des années. C'est l'attente... et le couperet tombe : notre père restera aphasique, il a perdu l'usage de la parole. Il lui reste à peine quelques mots... dont "Merveilleux". »
Alors que Cookie et ses proches réalisent peu à peu les conséquences de cet événement, tous doivent apprendre à vivre avec le handicap. Mais dans la tragédie, les réactions de chacun se révèlent parfois inattendues. Ce drame pourrait-il être une nouvelle chance ? La chance de se parler, de renouer les liens et de construire ensemble une nouvelle famille...
Cookie Kalkair nous offre ici, avec tendresse et humour, son récit le plus personnel.
Comme un écho à La serpe de Jaenada, qui questionnait le jugement de Henri Girard accusé du triple meurtre à la serpe, Catherine Girard propose sa vérité. Celle que lui avait confiée son père, l’assassin.In violentia veritas de Catherine GirardPour autant, les deux livres semblent ne raconter ni la même histoire, ni les mêmes personnages et le tout d’un point de vue totalement différent. Et c’en devient vraiment fascinant.
Une histoire de violence familiale et d’amour, comme un nœud qui ne pourrait se défaire qu’au ciseau (ou à la serpe).
Mais surtout, racontée par la fille de ! Et c’est probablement de là que ce livre (à l’écriture magnifique) tire toute son intime puissance
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Allongée sur le divan, face à la fenêtre, j'attends les questions d'Olivier, assis derrière moi dans le fauteuil du roi son père. Nous sommes en quatrième dans le même lycée et il me tanne depuis des semaines pour une séance de psychanalyse dans le cabinet de papa qui ne travaille pas le mercredi, avec lui dans le rôle du psy, moi dans celui de l'analysée. Je n'ai pas bien compris pourquoi, mais il a tant insisté que j'ai fini par céder.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Lorsqu'elle découvre à quatorze ans qu’on la surnomme « la fille de l’assassin », Catherine Girard interroge son père Henri Girard ─ plus connu sous son nom de plume, Georges Arnaud, auteur notamment du célèbre roman Le Salaire de la peur. L'horreur de ce que le vieil homme lui apprend plonge l'adolescente dans le déni. Un demi-siècle plus tard, dans un geste d'amour, elle se confronte à ce passé abyssal.
Le matin du 24 octobre 1941, au château d'Escoire, le père d’Henri Girard, sa tante et leur servante sont retrouvés morts, atrocement massacrés à la serpe. Seul survivant, Henri est inculpé, emprisonné dix-neuf mois dans l’un des cachots les plus insalubres de France et promis à la guillotine. Il est finalement acquitté.
L’énigme du triple assassinat d'Escoire, tant de fois revisitée, ne fut jamais élucidée.
Dans ce magnifique récit littéraire d’investigation familiale, Catherine Girard nous offre enfin sa vérité. D'une puissance exceptionnelle, In violentia veritas marque la naissance d’une écrivaine.
Quelles émotions, quelle histoire ! Une bande dessinée qu’on termine avec un voile humide sur les yeux.Son odeur après la pluie de José Luis Munuera, d’après le roman de Cédric Sapin-DefourL’histoire d’un chien qui entre dans la vie d’un homme et qui la partagera plus de 10 ans.
Adapté du roman de Cédric Sapin-Dufour (que je n’ai pas lu et dont j’hésite maintenant à en ouvrir les pages), cette bande dessinée est un vrai trésor qui m’a laissé le souffle coupé.
Et pour la team chats, je ne peux que conseiller Toi de Hélène Gestern
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La vie, pour qui veut la voir, est partout.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) C'est une histoire d'amour, de vie et de mort, entre un homme, Cédric, et son chien, Ubac, un bouvier bernois dont la présence devient vite essentielle. Mais le vrai héros, c'est leur lien : unique, universel, dépassant bien des relations humaines. Pendant treize ans, ils partagent rires, inquiétudes et moments fugaces d'intensité, jusqu'à ce que la mort impose son absence.
Véritable ode à la vie, ce récit explore l'amour inconditionnel, la vie qui file trop vite, et ces souvenirs persistants, comme une odeur aimée qui reste gravée, même après la pluie.
Dans ce livre qui part dans tous les sens Régis parle de sa maman, de leur relation, d’un amour absolu et… d’une petite (bien petite !) trahison qu’il ne découvrira qu’après sa mort.Maman de Régis JauffretMais s’il y a eu trahison une fois ?
Et Régis part en vrille et imagine, refait l’histoire, cherche des pistes, des indices, des preuves… tout en hurlant son amour.
Un livre remarquable qui pourrait paraître foutraque au premier abord, un désordre magnifique, virevoltant et passionné
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le 3 janvier 2020, je me réveille au bruit d’un chantier qui bat son plein à l’étage supérieur. Sur mon portable, un message de la maison de retraite. Une voix d’homme m’informe que ma mère est décédée paisiblement à sept heures. J’ai entendu dire que dans les quelques minutes précédant notre mort le cerveau produisait assez d’endorphines pour nous accorder un peu d’euphorie avant la culbute. Une sorte de cadeau d’adieu à celui dont il a été si longtemps partenaire.
C’est très rassurant de le croire.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Plusieurs mois après le décès de sa mère, l’auteur découvre qu’elle l’a trahi dès le commencement de sa vie.
Dans ce récit intense, où l’intime se mêle à la fiction, Régis Jauffret essaie de comprendre qui était ce personnage étrange et complexe. Il explore l’amour, la culpabilité, et la folie tapie au cœur du lien maternel.
Maman est une confrontation tour à tour violente, tendre, bouleversante, drôle et iconoclaste. Cette mère coupable, son fils finira par lui pardonner car il lui doit non seulement la vie, mais une enfance heureuse dont il a gardé un lumineux souvenir.
Si ce livre m’avait été résumé, j’aurais peut-être souri, condescendant, en imaginant une « mèmère à chat-chat ». Mais il faut le lire et comprendre combien un tel jugement peut-être facile et… totalement hors propos. Et quand bien même ?Toi de Hélène GesternUn livre qui m’a un peu rappelé Assise, debout, couchée ! d’Ovidie et de cette relation particulière qui peut se tisser avec un animal.
Et c’est touchant, tendre et beau. C’est plein d’amour
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) J'ai toujours sur que j'écrirais sur toi.
Depuis que je te sais malade, et qu'à plusieurs reprises tu as frôlé la mort, je me suis mise à prendre des notes pour tout fixer, les souvenirs heureux comme les sombres moments.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Nous sommes dans un bar en bord de mer, entre chien et loup, à la fin de l'hiver. Hélène Gestern a commandé une bière, elle est seule près de la cheminée, dans un coin tranquille, en attendant que le chat du patron vienne quêter une petite caresse.
Elle pense à Mimi, une belle chatte persane qu'elle a recueillie il y a des années, à sa peur de la perdre, à leur tendresse partagée.
Attiré par un dessin très graphique, une bichromie toute en aplats des plus réussies, j’ai découvert une bande dessinée aux messages d’une grande profondeur.Destins coréens de Laëtitia Marty et Jung, dessins de JungEn Corée du Sud, les mères célibataires sont victimes de fortes discriminations et de nombreux enfants nés hors mariage sont proposés à l’adoption. Jung, lui même adopté à l’âge de cinq ans, a réalisé une bande dessinée sur le sujet qui touchera Joy, jeune coréenne au moment où, enceinte, elle se retrouvera devant ce choix.
Un album magnifique tant pour ses qualités esthétiques que pour sa sensibilité à traiter de ce sujet
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Lors d'un séjour en Corée, j'ai fait une de ces rencontres qui ne laissent pas indemne, tant elles questionnent et bouleversent. Cette expérience invraisemblable a affecté mon propre quotidien mais a aussi changé la vie d'une lectrice...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans ce récit de vie inspiré de la réalité, Joy, une jeune Coréenne, tombe enceinte après une relation éphémère.
Hantée par la honte et le poids des regards, elle s'apprête à faire adopter son enfant. Mais en passant devant une librairie, elle découvre la BD autobiographique d'un Coréen adopté. La rencontre avec son auteur bouleverse ses certitudes.
Nicolas Demorand est bipolaire. Il raconte sa maladie depuis les premiers signes, depuis les premiers moins bien jusqu’à aujourd’hui en passant par les médecins, les psychanalystes, les prescripteurs… et toutes les fausses pistes et les absences de diagnostics.Intérieur nuit de Nicolas DemorandJusqu’à aujourd’hui où, malgré une fragilité de tous les instants et bien des gouttes, poudres, gélules et comprimés, il arrive enfin à vivre.
Un témoignage bouleversant, d’une grande franchise sans pathos ni mélo
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je suis un malade mental. Il m'est difficile de dire depuis combien de temps, vingt ans, peut-être trente, certainement huit, depuis qu'un diagnostic a été posé. J'avale tous les jours une grande quantité de médicaments, je vais deux à quatre fois par mois dans un hôpital psychiatrique où l'on me surveille comme le lait sur le feu. Je suis bipolaire, pour employer le mot précis qui a remplacé « maniaco-dépressif ».
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les événements racontés dans ce livre se déroulent sur plus de vingt ans. Pendant toutes ces années, je me suis tu. Aujourd’hui, j’écris en pensant à toutes celles et ceux, des centaines de milliers, peut-être des millions, qui souffrent en silence du même mal.
Après avoir fui avec ses parents une théocratie autoritaire et misogyne, Abnousse Shalmani se retrouve face aux voiles dans son pays d’accueil, à Paris, en même temps qu’elle y découvre Sade. Khomeiny, Sade et moi de Abnousse ShalmaniAvec cette biographie (ou ce manifeste), elle dénonce la mainmise des religieux sur le corps de femmes.
Et c’est plein de fougue, d’amour et de colère. Ça part dans tous les sens, la famille, les barbus, les corbeaux, l’érotisme et le corps de femmes. C’est plein d’érudition et de politique, c’est anticlérical et porté par la France des lettres et des Lumières.
Magnifique ! Mais depuis sa parution en 2014, les extrémismes religieux continuent de gagner du terrain… Une lecture qui reste tristement d’actualité
« Je désirerais qu’on fût libre de se rire ou de se moquer de tous ; que des hommes, réunis dans un temple quelconque pour invoquer l’Éternel à leur guise, fussent vus comme des comédiens sur un théâtre, au jeu desquels il est permis à chacun d’aller rire. Si vous ne voyez pas les religions sous ce rapport, elles reprendront le sérieux qui les rend importantes (…).
Je ne saurais donc trop le répéter : plus de dieux, Français, plus de dieux, si vous ne voulez pas que leur funeste empire vous replonge bientôt dans toutes les horreurs du despotisme ; mais ce n’est qu’en vous en moquant que vous les détruirez ; tous les dangers qu’ils traînent à leur suite renaîtront aussitôt en foule si vous y mettez de l’humeur ou de l’importance. Ne renversez point leurs idoles en colère : pulvérisez-les en jouant, et l’opinion tombera d’elle-même. » Donatien Alphonse François de Sade, Français, encore un effort si vous voulez être républicain, in La Philosophie dans le boudoir
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Téhéran, 1983
Si la petite fille que j'étais a éprouvé le désir de se mettre nue dans l'enceinte de son école, ce n'était pas à cause des fortes chaleurs. C'était par provocation. Provocation du même ordre que de jouer à saute-mouton dans la salle de prière de la mosquée de l'école.
C'était physique.
Je ne veux pas porter ce truc ! En plus c'est moche. Non !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) A Téhéran, dans les années 1980, une petite fille de six ans, contrainte de porter le voile, se révolte en se dénudant. Se soumettre aux exigences des « barbus » et autres « corbeaux » lui paraît absurde. Son père l’approuve et, afin de fuir brimades et contraintes, la famille va s’exiler à Paris. Abnousse Shalmani découvre alors que la liberté n’est pas celle qu’elle aurait souhaitée. Sa révolte n’est donc pas finie. Mais cette fois, c’est la littérature française qui va lui fournir des armes. La petite fille, devenue femme, va faire de Sade, de Victor Hugo et de Colette (entre autres) des appuis précieux dans son combat contre l’oppression en général et celle du corps féminin en particulier.
Joyeux pamphlet, ce récit alterne les anecdotes intimes et les événements socio-politiques avec humour et enthousiasme.
En partant de son histoire familiale (d’où un possible parti pris qui n’enlève pas grand-chose au sordide), Adèle Yon peint l’écœurant tableau d’une époque que je croyais plus lointaine. Celle où des médecins apprentis-sorciers venaient triturer les cerveaux (majoritairement féminins) au pic à glace. Celle où l’on se débarrassait des encombrantes dans des asiles. Celle où la femme se devait d’être fertile, docile et ménagère.Mon vrai nom est Elisabeth de Adèle YonUne biographie familiale autour de Betsy qui a subit lobotomie, comas, électrochocs et qui fut finalement enfermée plus de 15 ans. Une enquête personnelle entre archives, souvenirs familiaux, interviews et visites durant laquelle les révélations tissent patiemment le portrait de la misogynie patriarcale d’alors enfouie sous les tabous et possiblement une certaine culpabilité.
Mais cette époque… c’est pas si loin ! C’est les années 50.
Une histoire qui rappelle évidement celle de Rosemary Kennedy lobotomisée par le fameux Walter Freeman ; mais aussi les questionnements autour de l’internement forcé de Camille Claudel
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Objet: Jean-Louis Important
Date: 4 janvier 2023 à 02:18:49
À: LA FILLE CADETTE
Quand tu liras ces mots, j'aurai fini mes jours après avoir basculé dans le vide depuis le balcon de l'appartement que j'ai loué au 7e étage.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une chercheuse craignant de devenir folle mène une enquête pour tenter de rompre le silence qui entoure la maladie de son arrière-grand-mère Elisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. La narratrice ne dispose, sur cette femme morte avant sa naissance, que de quelques légendes familiales dont les récits fluctuent. Une vieille dame coquette qui aimait nager, bonnet de bain en caoutchouc et saut façon grenouille, dans la piscine de la propriété de vacances. Une grand-mère avec une cavité de chaque côté du front qui accusait son petit-fils de la regarder nue à travers les murs. Une maison qui prend feu. Des grossesses non désirées. C'est à peu près tout. Les enfants d'Elisabeth ne parlent jamais de leur mère entre eux et ils n'en parlent pas à leurs enfants qui n'en parlent pas à leurs petits-enfants. « C'était un nom qu'on ne prononçait pas. Maman, c'était un non-sujet. Tu peux enregistrer ça. Maman, c'était un non-sujet. »
Mon vrai nom est Elisabeth est un premier livre poignant à la lisière de différents genres : l'enquête familiale, le récit de soi, le road-trip, l'essai. À travers la voix de la narratrice, les archives et les entretiens, se déploient différentes histoires, celles du poids de l'hérédité, des violences faites aux femmes, de la psychiatrie du XXe siècle, d'une famille nombreuse et bourgeoise renfermant son lot de secrets.
J'aime quand les archives perdent les pédales. Quand les mots ne rentrent plus dans les cases. Quand les registres et les voix s'entremêlent. C'est là qu'ils montrent leur vraie nature. Leur polyphonie. Leur artifice.