Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Amour d’amants, amour passion mais amour impossible. Partir et ne plus se retourner.
J’aimais mieux quand c’était toi de Véronique Olmi
Mais comment faire, lorsqu’il réapparaît, là, devant soi et que l’on ne peut détourner le regard ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'homme qui ne s'est pas retourné est celui qui m'a fait perdre non pas la tête, non pas la raison ni le sens commun, mais la ligne même de ma vie
On s’emmerde dans cette histoire, à l’image du protagoniste, Djian himself. Ca picole, ça fume, ça baise, c’est insatisfaisant et le bouquin est à l’avenant. Chiant.
Zone érogène de Philippe Djian
Zone érogène, mon cul !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Je me sentais excité, c'était sûrement la pleine lune ou alors une de ces nuits où l'écrivain est réduit en bouillie et où je me retrouve seul en attendant un miracle, dans le silence et l'ennui et l'amertume et la faim, seul et complètement lessivé.»
Quand Cécilia débarque un matin en cassant le carreau de la salle de bains, la maison de l'écrivain devient le théâtre d'opérations féminines déconcertantes. Car, il le sait bien, une fille est «capable de vous clouer sur la Croix et ensuite de vous découper en mille morceaux». A peine a-t-il le temps de poser le cœur sur elles, qu'elles s'éclipsent. Même Nina n'est pas restée.
Seule, au milieu de ces êtres aux cuisses avenantes et à la taille fine, la machine à écrire est là qui affirme sa place. Plus que tout, le roman doit continuer. Mais Nina est si belle...
Une quête sur l’identité, constamment parasitée par l’entourage, compagnon, ami, ex, belles-filles, soeur ou parent…
La fille sur la photo de Karine Reysset
Qui est Anna, un reflet, un fagot, une ombre, un bibelot ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Quand elle accourt au chevet de Garance, la fille de son ancien compagnon, Anna doit faire face à tout ce qu'elle a cru laisser derrière elle. Le foyer qu'elle a fui et la place incertaine qu'elle y a tenue pendant dix ans. Son histoire d'amour avec le « grand homme », réalisateur de renom, qu'elle a quitté pour un admirateur plus inquiétant qu'il n'en avait l'air. Les trois enfants qu'elle a « abandonnés », après les avoir aimés comme s'ils étaient les siens. Les raisons de son départ, dont elle-même a fini par douter, et les traces qu'il a laissées dans le coeur des uns et des autres. Est-il trop tard pour recoller les morceaux ? Est-ce seulement souhaitable ?
Avec autant de vigueur que de délicatesse, Karine Reysset suit son héroïne dans sa quête d'identité et d'indépendance
Au plus proche des émotions, des sentiments et du ressenti, des hommes sans femmes, dépeint au travers de 7 nouvelles, la difficulté d’être complet et entier par soi-même, de l’importance de l’autre dans la construction de la personnalité.
Des hommes sans femmes de Haruki Murakami
Il raconte aussi la mélancolie, la tristesse, la douleur ou la folie de la séparation et de la solitude.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « À ce que je sais, votre épouse était vraiment une femme merveilleuse [...] vous devez vous sentir reconnaissant d'avoir vécu presque vingt ans auprès d'une femme comme elle. Je le crois profondément. Néanmoins, vous aurez beau penser que vous avez compris quelqu'un, que vous l'avez aimé, il n'en reste pas moins impossible de voir au plus profond de son coeur. Vous aurez pu vous y efforcer, mais vous n'aurez réussi qu'à vous faire du mal. Vous ne pouvez voir qu'au fond de votre propre coeur, et encore, seulement si vous le voulez vraiment, et si vous faites l'effort d'y parvenir. En fin de compte, notre seule prérogative est d'arriver à nous mettre d'accord avec nous-même, honnêtement, intelligemment. Si nous voulons vraiment voir l'autre, nous n'avons d'autre moyen que de plonger en nous-même. Telle est ma conviction. »
Neuf ans après Saules aveugles, femme endormie, le retour d'Haruki Murakami à la forme courte. Dans ce recueil comme un clin d'oeil à Hemingway, des hommes cherchent des femmes qui les abandonnent ou qui sont sur le point de le faire. Musique, solitude, rêve et mélancolie, le maître au sommet de son art
Ça commence plutôt bien cette histoire! Une femme qui, après vous avoir sauvé la vie, vous demande si vous seriez prêt à tout pour elle.
Même tuer ?
Même la tuer, elle ?
Oui, c’est une histoire qui commence diablement bien.
Une femme dangereuse de Jérôme Prieur
Et pis après, ça s’emmêle, s’enconfusionne, s’entricotte et s’emberlificotte.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Tuer quelqu'un, c'est moins simple qu'on ne croit. Surtout quand cela ne vous est jamais arrivé. Et puis tuer une femme, je ne me serais pas douté que c'était plus difficile à faire qu'à imaginer.
Avant de me débarrasser d'elle, il fallait déjà que je la retrouve. Elle avait disparu, elle s'appelait Madeleine. J'avais trois jours devant moi, trois jours et trois nuits pour remonter le temps. Je marcherais sur ses pas, je guetterais son ombre. Je n'aurais qu'à suivre les traces qu'elle avait dû semer. Ne passons-nous pas chacun nos vies à en faire autant ?
J'étais prêt à voir ce que ses yeux avaient vu, à sentir son souffle, à toucher son empreinte. Je fouillerais sa vie, je remuerais ses souvenirs, j'aimerais ses amies. Elles me mèneraient jusqu'à elle, j'en étais sûr. J'étais prêt à courir le risque que mon passé m'explose au visage
Un livre fin tout en délicate finesse. Un peu trop fin toutefois. Les pensées récurrentes de la narratrice sur Victoria Bretagne, belle et balafrée.
Victoria Bretagne de Emmanuelle Guattari
Un peu trop léger pour réussir à s’envoler.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) De profil Victoria Bretagne est intacte : elle a des traits de Madone.
De face, ses yeux d'un vert bleu sont saisissants et sertis dans ce puissant masque de parfaite beauté balafrée.
Elle n'a perdu aucun aplomb après l'accident, ne doutant pas que la beauté qui lui avait asservi son père et tous ceux qui la rencontraient était invincible. Et foulant la conjuration, elle avait encore ajouté cette déchirure hypnotique au tableau de son empire.
« Qui est Victoria Bretagne ? », telle est la question qui obsède la narratrice de ce roman. De cette jeune fille, en effet, on sait peu de choses sinon qu'elle impose à tous le respect. Sa beauté, son autorité impressionnent et fascinent. La côtoyer semble un privilège, l'approcher une récompense...
Après les paysages de son enfance, ce sont les visages qu'Emmanuelle Guattari scrute ici avec délicatesse, et celui de Victoria Bretagne, barré d'une impressionnante cicatrice, n'est pas le moins énigmatique. Comme un miniaturiste, grâce à son écriture sensible, elle dessine ses personnages pour en sublimer la beauté et en capter les mystères
Une petite nouvelle toute simple et rigolote sur le retour de manivelle de l’arroseur arrosé à qui un bien mal perdu ne profitera pas.
La dernière aventure de Long John Silver de Bjorn Larsson
Une fable pour les enfants avec des pirates et des jambes de bois.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Long John Silver, notre vieux pirate unijambiste qui aspirait à couler des jours paisibles dans une anse de Madagascar, entouré de sa garde d'esclaves affranchis, entreprend de compléter ses Mémoires et de relater sa dernière aventure - sa rencontre, tout aussi édifiante qu'inattendue, avec Charles Barrington, un lord désargenté, cupide et roué, qui souhaitait se lancer dans la traite négrière... jusqu'à ce que l'aventure tourne court.
Long John, toujours aussi beau parleur et qui n'a rien perdu de son esprit de révolte, s'amuse un temps de la naïveté et de l'audace de cet homme sans scrupules, qu'aucun revers de fortune ne semble pouvoir atteindre. Mais bientôt, lassé de son arrogance, il décide de lui réserver un sort exemplaire...
Découpé en petits chapitres, Permis C, c’est l’histoire de la xénophobie ordinaire, de l’enfance et de la découverte de la beauté et de la laideur. C’est l’histoire des petits, des poings dans la gueule et des premiers émois.
Permis C de Joseph Incardona
C’est rude et ça fait mal, mais Permis C vise juste! Juste à côté du permis de saisonnier.
La Suisse, pays d’accueil ? Une histoire d’il y a 40 ans mais toujours d’actualité, même si les origines et les raisons des migrations ont changé.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Une fois le train expulsé du tunnel, la voix du contrôleur a grésillé dans les haut-parleurs, prononçant une autre de ces phrases qui en disait bien davantage que son sens littéral, les phrases de la petite légende personnelle et immigrée qui mettaient un terme définitif aux vacances : Wir treffen in Brig ein. »
Permis C est mon livre le plus personnel. Je parle des bouleversements de l'enfance, je parle de ce que chacun de nous rencontre pour la première fois, ces épreuves qui nous déterminent. Car, tout est là, en nous, prêt à germer d'une façon ou d'une autre. En me remémorant ces années et en distordant le souvenir, j'ai enfin compris pourquoi je suis l'homme et l'écrivain que je ne cesse de devenir. Tout ça tient à très peu de chose : cet instant précis dans mon enfance où j'ai su que la vie est une tragédie qu'on est prêt à rejouer quoi qu'il arrive, pourvu que ça dure et que les jours nous soient cléments
Comme une fresque, ce conte est une histoire d’amour et de jalousie. Il parle des différences, de l’arbitraire et du racisme en suivant Amir, ses femmes, ses enfants et petits enfants. Des personnages attachants gouvernés par leurs démons et leurs passions portés dans l’histoire du Maroc.
Le mariage de plaisir de Tahar Ben Jeloun
C’est dur et tendre.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans l'islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée pour ne pas être tenté de fréquenter les prostituées. On le nomme « mariage de plaisir ».
C'est dans ces conditions qu'Amir, un commerçant prospère de Fès, épouse temporairement Nabou, une Peule de Dakar, où il vient s'approvisionner chaque année en marchandises. Mais voilà qu'Amir se découvre amoureux de Nabou et lui propose de la ramener à Fès avec lui. Nabou accepte, devient sa seconde épouse et donne bientôt naissance à des jumeaux. L'un blanc, l'autre noir. Elle doit affronter dès lors la terrible jalousie de la première épouse blanche et le racisme quotidien.
Quelques décennies après, les jumeaux, devenus adultes, ont suivi des chemins très différents. Le Blanc est parfaitement intégré. Le Noir vit beaucoup moins bien sa condition et ne parvient pas à offrir à son fils Salim un meilleur horizon. Salim sera bientôt, à son tour, victime de sa couleur de peau
Voiture en panne, un révérend et sa fille restent coincés chez El Gringo et son fils, Tapioca. Un garage au milieu de rien. Avec la chaleur et la tempête qui arrive.
Après l’orage de Selva Almada
Et Dieu qui revient sans cesse dans la bouche et les pensées monomaniaques du révérend, pèlerin obsessionnel assujetti à sa mission évangélisatrice.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un garage au milieu de nulle part, dans le nord de l'Argentine. La chaleur est étouffante, les carcasses de voiture rôtissent au soleil, les chiens tournent en rond. Le révérend Pearson et sa fille Leni, seize ans, sont tombés en panne ; ils sont bloqués là, le temps que la voiture soit réparée. El Gringo Brauer s'échine sur le moteur tandis que son jeune protégé Tapioca le ravitaille en bières fraîches et maté.
Dans ce huis clos en plein air, le temps est suspendu, entre deux, l'instant est crucial : les personnages se rencontrent, se toisent, s'affrontent. C'est peut-être toute leur vie qui se joue là, sur cette route poussiéreuse, dans ce paysage hostile et désolé, alors que l'orage approche.
Selva Almada signe ici un premier roman époustouflant de maîtrise, dans une prose sobre, cinématographique, éminemment poétique