Maigret aux assises

Appelé à témoigner aux assises, Maigret instille le doute chez le juge et les jurés au sujet de sa propre enquête.

Le président, d'un signe discret, devait avoir appelé l'huissier car celui-ci, contournant sans bruit le banc de la Cour, venait se pencher sur lui tandis que Duché, le jeune avocat de la défense, pâle et crispé, s'efforçait de deviner ce qui se passait.
Le président ne prononçait que quelques mots et tout le monde, dans la salle, suivait son regard qui se fixait sur les fenêtres haut perchées dans les murs et auxquelles pendaient des cordes.
Les radiateurs étaient brûlants. Une buée invisible, qui sentait de plus en plus l'homme, montait des centaines de corps en coude à coude, des vêtements humides, des respirations.
Maigret aux assises de Georges Simenon

L’occasion de tout reprendre depuis le début en prenant compte d’informations dont il ne disposait pas au moment de l’enquête.

 - Des historiens, avait-il remarqué, des érudits, consacrent leur vie entière à étudier un personnage du passé sur qui il existe déjà des quantités d'ouvrages. Ils vont de bibliothèque en bibliothèque, d'archives en archives, recherchent les moindres correspondances dans l'espoir d'atteindre à un peu plus de vérité...
« Il y a cinquante ans et plus qu'on étudie la correspondance de Stendhal afin de mieux dégager sa personnalité...
« Un crime est-il commis, presque toujours par un être hors série, c'est-à-dire moins facile à pénétrer que l'homme de la rue ? On me donne quelques semaines, sinon quelques jours, pour pénétrer un nouveau milieu, pour entendre dix, vingt, cinquante personnes dont je ne savais rien jusque-là et pour, si possible, faire la part du vrai et du faux.
« On m'a reproché de me rendre personnellement sur place au lieu d'envoyer mes inspecteurs. C'est un miracle, au contraire, qu'il me reste ce privilège!

Un commissaire faillible, mais qui récupère bien la situation pour ne pas condamner un faux coupable

Maigret 83/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Était-il venu ici deux cents, trois cents fois? davantage encore? Il n'avait pas envie de les compter, ni de se remémorer chaque cas en particulier, même les plus célèbres, ceux qui étaient entrés dans l'histoire judiciaire, car c'était le côté le plus pénible de sa profession.
La plupart de ses enquêtes, pourtant, n'aboutissaient-elles pas à la Cour d'Assises, comme aujourd'hui, ou en Correctionnelle? Il aurait préféré l'ignorer, en tout cas rester à l'écart de ces derniers rites auxquels il ne s'était jamais complètement habitué.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En Cour d'assises, à la barre des témoins, Maigret rend compte de l'enquête qu'il a menée huit mois auparavant à propos du meurtre d'une vieille dame et de sa petite pensionnaire. Tout accuse Gaston Meurant. Pour Maigret, c'est un coupable idéal qui a trop bien endossé le rôle

L’ombre chinoise

Un mort (riche) avec trois femmes. L’ex, la femme et la maîtresse. Ah… Et aussi tous les voisins !

« Vous prendrez bien quelque chose... Mais si !... Martin! Apporte un apéritif..»
Martin était ennuyé. Peut-être n'y en avait-il pas dans la maison ? Peut-être ne restait-il qu'un fond de bouteille ?
« Merci, madame! Je ne bois jamais avant les repas.
 - Mais vous avez le temps...  »
C'était triste! Triste à vous décourager d'être un homme, de vivre sur une terre où pourtant le soleil brille plusieurs heures par jour et où il y a de vrais oiseaux en liberté !
L’ombre chinoise de Georges Simenon

Bof, bof, bof… Un roman de gare à l’ancienne, sans vraiment de tension avec un Maigret qui ne boit quasiment pas. A quoi bon ?

Mme Couchet avait une question sur les lèvres. Elle hésitait à la poser. Elle s'y résolut pourtant, en regardant ailleurs.
« Je voudrais vous demander si... C'est délicat... Excusez-moi... Il avait des amies, je le sais... Il ne s'en cachait et à peine! que par discrétion... J'ai besoin de savoir si, de ce côté, il n'y aura pas d'ennuis, de scandale... »
Elle imaginait évidemment les maîtresses de son mari comme des grues de roman, ou encore comme des vamps de cinéma !
« Vous n'avez rien à craindre ! » sourit Maigret qui évoquait la petite Nine, avec son visage chiffonné et la poignée de bijoux qu'elle avait portés l'après-midi même au Crédit municipal.
« Il ne sera pas nécessaire de ?...
 - Non! Aucune indemnité ! »
Elle en était tout étonnée. Peut-être un peu dépitée, car enfin, si ces femmes ne réclamaient rien, c'est qu'elles avaient une certaine affection pour son mari ! et lui pour elles...
Reste un livre possiblement intéressant pour comprendre les liens du mariage, couples, divorces, maîtresses… à cette époque

Maigret 13/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges déserte, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur l'asphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils.
Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumières. A peine trois ou quatre boutiques. Le commissaire Maigret vit une famille qui mangeait dans l'une d'elles, encombrée de couronnes mortuaires en perles.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges déserte, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur l’asphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils.
Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumières. A peine trois ou quatre boutiques.
Le commissaire Maigret vit une famille qui mangeait dans l’une d’elles, encombrée de couronnes mortuaires en perles. Il essayait de lire les numéros au-dessus des portes, mais à peine avait-il dépassé la boutique aux couronnes qu’une petite personne sortit de l’ombre.
C’est à vous que je viens de téléphoner ?
Il devait y avoir longtemps qu’elle guettait. Malgré le froid de novembre, elle n’avait pas passé de manteau sur son tablier. Son nez était rouge, ses yeux inquiet

Les mémoires de Maigret

Dans une mise en abyme quasi schizophrène, Jules Maigret rédige ses mémoires et règle ses comptes avec son « biographe », Georges Simenon à l’occasion de leurs vingt années de collaboration.

Quand on a su j'écrivais ce livre, puis que l'éditeur de Simenon m'avait offert de le publier, avant de le lire, avant même que le premier chapitre en fût terminé, j'ai senti, chez la plupart de mes amis, une approbation quelque peu hésitante. Ils se disaient, j'en suis sûr: « Voilà Maigret qui y passe à son tour! »
Les mémoires de Maigret de Georges Simenon

Une façon de donner plus de corps, de vécu au commissaire au travers de son enfance, sa carrière, sa rencontre avec Louise qui deviendra Madame Maigret, et sa relation compliquée avec Simenon.

Elle servit tout le monde avant de s'approcher de moi et, me désignant je ne sais quels gâteaux sur lesquels il y avait un petit morceau de fruit confit, me dit avec un regard complice:
 - Ils ont laissé les meilleurs. Goûtez ceux-là. 
Je ne trouvai à répondre que:
 - Vous croyez?
Ce furent les premiers mots que nous échangeâmes, Mme Maigret et moi.
Tout à l'heure, quand elle lira ce que je suis en train d'écrire, je sais fort bien qu'elle va murmurer en haussant les épaules:
 - A quoi bon raconter ça?
Au fond, elle était enchantée de l'image que Simenon a tracée d'elle, l'image d'une bonne « mémère », toujours à ses fourneaux, toujours astiquant, toujours chouchoutant son grand bébé de mari. C'est même à cause de cette image, je le soupçonne, qu'elle a été la première à lui vouer une réelle amitié, au point de le considérer comme de la famille et de le défendre quand je ne songe pas à l'attaquer.

Un exercice amusant – mais un peu lassant – sans meurtre ni enquête. Une occasion aussi pour l’auteur d’excuser les incohérences ou les erreurs chronologiques qui parsèment forcément une aussi longue série

Maigret 62/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où je ne suis pas fâché de l'occasion qui se présente de m'expliquer enfin sur mes accointances avec le nommé Simenon.

C'était en 1927 ou 1928. Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes, chose fréquente dans notre métier, qui s'est avérée fort utile à quelques-uns et même parfois profitable. Et ce n'est que tout récemment que je me suis souvenu des cahiers où ma femme, longtemps à mon insu, voire en cachette, a collé les articles de journaux qui me concernaient.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'était en 1927 ou 1928. Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes, chose fréquente dans notre métier, qui s'est avérée fort utile à quelques-uns et même parfois profitable. Et ce n'est que tout récemment que je me suis souvenu des cahiers où ma femme, longtemps à mon insu, voire en cachette, a collé les articles de journaux qui me concernaient

Maigret se défend

Et voilà, (si on passe l’évident anachronisme) Maigret pris dans les pièges de #meetoo

J'espère que vous ne vous tracassez pas, patron?
 - J' ai offert ma démission.
 - Il l'a refusée ?
 - Il a dit qu'il devrait l'accepter, mais que...
 - Alors?
 - Je reste. Tant qu'on ne me flanque pas à la porte. Je suis décidé à me défendre...
Maigret se défend de Georges Simenon

Accusé d’abus sur une jeune fille de 18 ans dans un petit hôtel, Maigret va passer du statu de commissaire à celui de suspect !

Dès qu'elle reconnut son pas dans l'escalier, elle vint lui ouvrir la porte, en robe d'intérieur à fleurs et en pantoufles. L'appartement sentait l'encaustique. - Je te demande pardon de ne pas être habillée mais, quand tu m'as fait téléphoner que tu ne rentrerais pas déjeuner, j'ai pensé que tu étais sur une nouvelle affaire et j'en ai profité pour cirer le parquet. Qu'est-ce que tu as? Tu es préoccupé? -- Je suis sur une nouvelle affaire, comme tu dis. L'affaire Maigret.

Une enquête à rebours, pieds et poings liés… mais pas sans ressources. Un commissaire qui pourtant, à trois ans de la retraite, hésite à tout plaquer et partir pêcher à Meung-sur-Loire avec Madame

… une histoire qui continue avec La patience de Maigret

Maigret 91/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Dites donc, Maigret...
Un bout de phrase dont le commissaire se souviendrait plus tard mais qui, sur le moment, ne l'avait pas frappé. Tout était familier: le décor, les visages, et même les gestes des personnages, si familier qu'on n'y prêtait plus attention. Cela se passait rue Popincourt, à quelques centaines de mètres du boulevard Richard-Lenoir, chez les Pardon, où les Maigret avaient l'habitude, depuis plusieurs années, de dîner une fois par mois.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dites donc, Maigret…
Un bout de phrase dont le commissaire se souviendrait plus tard, mais qui, sur le moment, ne l’avait pas frappé. Tout était familier : le décor, les visages, et même les gestes des personnages, si familier qu’on n’y prêtait plus attention. Cela se passait rue Popincourt, à quelques centaines de mètres du boulevard Richard-Lenoir, chez les Pardon, où les Maigret avaient l’habitude, depuis plusieurs années, de dîner une fois par mois. Et, une fois par mois, le docteur et sa femme venaient dîner chez le commissaire.

Maigret à Vichy

Encore un Maigret « atypique ». C’est amusant comme toutes ces enquêtes semblent similaires et pourtant comme chacune se démarque à sa façon.

Maigret allumait sa pipe, tournait la page du journal afin de trouver les nouvelles locales. Il tiqua en voyant sa photographie sur deux colonnes, une photographie qu'il ne connaissait pas, prise à son insu alors qu'il buvait un de ses verres d'eau quotidiens. A son côté, on distinguait un tiers environ de la silhouette de sa femme et, derrière, plus flous, deux ou trois visages anonymes.
Maigret enquête ?
« Par discrétion, nous n'avions pas signalé à nos lecteurs la présence, parmi nous, du commissaire Maigret qui est à Vichy, non par devoir professionnel, mais pour profiter, comme tant d'autres personnages illustres avant lui, des vertus curatives de nos eaux.
Maigret à Vichy de Georges Simenon

Ici, le commissaire est en « vacances forcées » avec sa femme, envoyé en cure par son médecin à Vichy. Monsieur et Madame qui se promènent de source en source et qui n’y boiront que de l’eau ! Si, si, que de l’eau !

 - Vous ne savez pas pourquoi Lecœur m'a fait avertir?
 - Il ne m'en a rien dit... Il doit croire que vous avez votre idée... Moi aussi, d'ailleurs...
On le supposait toujours plus malin qu'il ne l'était et, s'il protestait, les gens étaient persuadés que c'était une ruse.

Et c’est alors qu’une femme sera retrouvée morte étranglée. Pris dans l’enquête, Maigret accompagnera le commissaire Lecoeur dans une histoire sordide qui dévoilera un piètre et très touchant meurtrier.

Maigret 95/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu les connais ? demanda Mme Maigret à mi-voix comme son mari se retournait sur un couple qu'ils venaient de croiser.
L'homme aussi s'était retourné, avait souri. Ou aurait même dit qu'il hésitait à revenir sur ses pas pour serrer la main du commissaire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une femme, Hélène Lange, a été étranglée à Vichy. Bien qu'elle y ait vécu neuf ans, personne ne sait rien d'elle. Ni d'où proviennent les coquettes sommes d'argent qu'elle recevait à intervalles réguliers. Séjournant là pour une cure thermale en compagnie de son épouse, Maigret s'intéresse entre deux promenades à l'enquête de son confrère et ami Lecoeur. Ce dernier n'aura pas grand mal à arrêter l'assassin. Les petits secrets des soeurs Lange, en revanche, lui donneront davantage de fil à retordre...Comme toujours, Simenon excelle à créer une ambiance, à la rendre palpable. Les kiosques et les jardins de Vichy, les pavillons rococos, le calme teinté d'ennui de la saison thermale forment un parfait contrepoint aux existences, sordides ou pathétiques, qui nous sont finalement révélées.

Maigret et la vieille dame

Voilà un Maigret bien intéressant. On y découvre un commissaire emprunté, nostalgique, désordonné… presque fatigué

Il rencontra l'inspecteur Castaing devant un étalage de cartes postales.
 - Je vous attendais, commissaire. On vient de m'apporter les rapports. Je les ai en poche. Vous voulez les lire?
 - J'aimerais, avant tout, m'asseoir à une terrasse et boire un verre de bière fraîche. Elle ne vous a rien offert?
 - Elle m'a offert un calvados tellement vieux, tellement fameux que cela m'a donné soif de quelque chose de plus vulgaire et de plus désaltérant.
Maigret et la vieille dame de Georges Simenon

Un tome dans lequel Simenon décrit « la méthode » : s’imprégner, laisser (ou faire) parler et patienter pour que la vérité apparaisse.

Il semblait que ne pouvaient habiter là que des familles heureuses et vertueuses, pour qui tout était paix et joie, et il avait été secrètement déçu quand une affaire malpropre avait éclaté dans une de ces villas aux allées ratissées, - le meurtre sordide d'une belle-mère, pour des questions d'intérêt.
Maintenant, bien sûr, il savait. Il passait sa vie, en quelque sorte, à voir l'envers du décor, mais il gardait le regret enfantin d'un monde « comme sur les images ».

La visite de la vieille dame qui vient chercher le commissaire à Paris pour découvrir qui a bien pu vouloir l’empoisonner à l’arsenic et, hélas, tuer sa bonne à la place. Mais le poison, n’est-ce pas une arme de femme ?

Il savait qu'il y avait un moment comme celui-là à passer au cours de chaque enquête, et que, comme par hasard - où bien était-ce un instinct qui le poussait ? - presque chaque fois il lui arrivait de boire un peu trop.
C'était quand, comme il disait à part lui, cela a se mettait à « grouiller ».
Au début, il ne savait rien, que des faits précis, ce qu'on écrit dans les rapports. Puis il se trouvait en présence de gens qu'il n'avait jamais vus, qu'il ne connaissait pas la veille, et il les regardait comme on regarde des photographies dans un album.
Il fallait faire connaissance aussi rapidement que possible, poser des questions, croire ou ne pas croire aux réponses, éviter d'adopter trop vite une opinion.

Un Maigret un peu téléphoné et caricatural mais très représentatif de la série
Maigret 58/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La châtelaine de la bicoque.
Il descendit du Paris - le Havre dans une gare maussade, Bréauté-Beuzeville. Il avait dû se lever à cinq heures et, faute de trouver un taxi, prendre le premier métro pour se rendre à la gare Saint-Lazare. Maintenant, il attendait la correspondance.
- Le train pour Étretat, s'il vous plaît ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui pouvait vouloir tuer la vieille Valentine Besson, dont la servante, Rose, est morte d'avoir bu un verre d'eau destiné à sa patronne, et contenant des somnifères ?
Maigret, appelé à faire la lumière sur ce meurtre, soupçonne un moment Arlette, la fille de Valentine, qui semble avoir une vie privée assez trouble avec son mari, Théo. Mais la cupidité ne peut être le mobile : la vieille dame ne possédait plus que des copies de bijoux, répliques de la fabuleuse collection jadis constituée par son mari. Sur ces entrefaites, Valentine abat d'un coup de revolver un « rôdeur » qui n'est autre que le frère de Rose. Pour Maigret, qui vient de découvrir une émeraude authentique, les pièces du puzzle commencent à s'assembler... Dans une atmosphère de vacances balnéaires, ce sont de bien sombres mystères qui vont peu à peu être dévoilés par le sagace enquêteur.

Maigret chez le coroner

C’est au tour de Maigret de partir en voyage d’étude. Aux Amériques, où il aura l’occasion de constater les différences de traitement d’une enquête (et des suspects) entre la France et les États-Unis.

 - Quel est votre prénom ?
Il ne pouvait pourtant pas leur dire qu'il n'en avait pas. Force lui était d'avouer qu'il s'appelait Jules. Alors son interlocuteur réfléchissait un moment.
 - Oh! yes... Julius! Ils prononçaient Djoulious, ce qui lui paraissait déjà moins mal.
 - Have a drink, Julius! (Bois un verre, Jules!)
Et ainsi, tout le long du chemin, dans des quantités de bars, il avait bu un nombre incalculable de bouteilles de bière, de manhattans et de whiskies.
Maigret chez le coroner de Georges Simenon

Un commissaire qui aura bien de la peine à ne pas intervenir et qui devra se contenter de ronger son frein devant leurs étrangères procédures.

Un livre qui a bien vieilli et qu’il faut prendre « dans son jus » de l’époque pour supporter des termes qui ne sont plus admissibles aujourd’hui.

Maigret 57/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Maigret, deputy-sheriff.
Hé ! Vous.
Maigret se retournait, comme à l'école, pour voir à qui l'on s'adressait. Oui, vous, là-bas...
Et le vieillard décharné, aux immenses moustaches blanches, qui semblait sorti vivant de la Bible, tendait un bras tremblant. Vers qui? Maigret regardait son voisin, sa voisine. Il s'apercevait enfin, confus, que c'était vers lui que tout le monde était tourné, y compris le coroner, y compris le sergent de l'Air Force qu'on interrogeait, l'attorney, les jurés, les sheriffs.
- Moi ? questionnait-il en faisant mine de se lever, étonné qu'on eût besoin de lui.
Or, tous ces visages souriaient, comme si tout le monde, sauf lui, était au courant.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le 28 juillet, le corps de Bessy Mitchell est déchiqueté par un train de la ligne passant par Tucson, dans l'Arizona. La veille, Bessy est sortie avec cinq jeunes militaires de la base aérienne de Davis Mountains, près de Tucson : Ward, O'Neil, Van Fleet, Mullins et Wo Lee.
Maigret, en mission d'étude, assiste aux séances publiques de l'enquête menée par le coroner.
Un jury est chargé de déterminer, préalablement à toute mise en accusation, s'il s'agit d'un suicide, d'un accident ou d'un acte criminel.

Les méthodes de la justice américaine déroutent quelque peu le célèbre commissaire français…

Mon ami Maigret

Alors qu’il ne se passe rien à Paris, le commissaire se voit encombré d’un collègue de Scotland Yard en voyage d’étude et se retrouve embarqué pour une enquête dans le sud de la France où un petit truand vient d’être tué après avoir déclamé son amitié avec Maigret.

Il descendit l'escalier, passa près de Charlot qui le regarda d'un œil goguenard et alla s'asseoir à côté de Lechat, sur la terrasse.
C'était l'heure la plus savoureuse de la journée. Toute l'île se détendait, et la mer autour d'elle, et les arbres, les rochers, le sol de la place qui semblaient respirer à un autre rythme après la chaleur de la journée.
 - Vous avez découvert du nouveau, patron? 
Maigret commanda d'abord une consommation à Jojo qui passait près de lui et qui avait l'air de lui en vouloir de s'être enfermé avec Ginette dans la chambre.
 - Je le crains, soupira-t-il enfin.
Mon ami Maigret de Georges Simenon

Une enquête aux doux parfums de lavande, citronnier et pastis sous le soleil de Porquerolles

C'était tellement dimanche que cela en devenait presque écœurant. Maigret prétendait volontiers, moitié sérieusement, moitié plaisantant, qu'il avait toujours eu la faculté de flairer les dimanches du fond de son lit, sans avoir seulement besoin d'ouvrir les yeux.

Un Maigret tout penaud et complexé, comptant les points du match France-Angleterre face à son alter ego britannique dont il ne sait que penser

Maigret 56/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le très aimable M. Pyke.
- Vous étiez sur le seuil de votre établissement?
- Oui, mon commissaire.
C'était inutile de le reprendre. Quatre ou cinq fois, Maigret avait essayé de lui faire dire « monsieur le commissaire ». Quelle importance cela avait-il ? Quelle importance avait tout ceci ?
- Une voiture grise, de grand sport, s'est arrêtée un instant et un homme en est descendu, presque en voltige, c'est bien ce que vous avez déclaré ?
- Oui, mon commissaire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il vivait à Porquerolles dans son bateau. Il ressemblait plutôt à un clochard qu'à un pêcheur. L'hiver il ne faisait rien. L'été il emmenait les touristes pêcher autour de l'île. C'était une figure populaire. Personne n'avait intérêt à sa mort. On ne lui avait rien volé

Le revolver de Maigret

S’il est fort amusant de lire les Maigret sous l’angle des boissons alcoolisées, les rapports du couple Maigret sont tout aussi savoureux. Existe-t-il un seul de ces polars qui passerait le test de Bechdel ? Je m’en vais tester le prochain.

Certes, voilà un couple avec plein de douceur et même d’amour. Mais aussi un couple bien ancré dans un fonctionnement bien tradi où Monsieur travaille et Madame cuisine. Un gentil mari bonhomme et une femme admirative. Certes, un homme plus fidèle que les pendants des thrillers anglo-saxons de l’époque (et en tout cas bien plus que l’auteur au 10’000 femmes) et surtout une femme qui tient bien son foyer.

 - Un homme?
 - Un jeune homme.
Elle l'avait sans doute introduit dans le salon où ils ne mettaient presque jamais les pieds. Le téléphone se trouvait dans la salle à manger, où ils avaient l'habitude de se tenir et où ils recevaient les intimes. C'était là que Maigret avait ses pipes, son fauteuil, Mme Maigret sa machine à coudre. A la façon embarrassée dont elle lui parlait, il comprenait qu'elle n'avait pas osé fermer la porte entre les deux pièces.
 - Qui est-ce?
 - Je ne sais pas.
Le revolver de Maigret de Georges Simenon

Le tout dans une histoire de meurtre et de chantage qui mènera le commissaire à Londres pour sauver un jeune emporté et où il aura bien de la peine à se faire servir une bière

Maigret 68/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où Maigret arrive en retard pour le déjeuner et où un convive manque au dîner.
Quand, plus tard, Maigret penserait à cette enquête-là, ce serait toujours comme à quelque chose d'un peu anormal, s'associant dans son esprit à ces maladies qui ne se déclarent pas franchement, mais commencent par des malaises vagues, des pincements, des symptômes trop bénins pour qu'on accepte d'y prêter attention.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand, plus tard, Maigret penserait à cette enquête-là, ce serait toujours comme à quelque chose d'un peu anormal, s'associant dans son esprit à ces maladies qui ne se déclarent pas franchement, mais commencent par des malaises vagues, des pincements, des symptômes trop bénins pour qu'on accepte d'y prêter attention.
II n'y eut, au début, ni plainte à la P.J., ni appel à Police Secours, ni dénonciation anonyme, mais, pour remonter aussi loin que possible, un coup de téléphone banal de Mme Maigret.
La pendule de marbre noir, sur la cheminée du bureau, marquait midi moins vingt, il revoyait nettement l'angle des aiguilles sur le cadran. La fenêtre était large ouverte, car on était en juin, et, sous le chaud soleil, Paris avait pris son odeur d'été

Maigret et l’homme tout seul

Quand on prend les Maigret sous l’angle de l’alcool, ils en deviennent très amusants. Et là, ma foi, j’étais surpris ! Pas de chopines, de fines ou de demis. Rien !
Rien jusqu’à la page 48 et cette petite phrase « On ne pouvait pas lui supprimer tous les plaisirs sous prétexte qu’il approchait de ses cinquante-cinq ans. »

Maigret buvait sa bière. La première de la journée. Il les comptait. Quand il reverrait Pardon, il lui citerait les chiffres, non sans fierté. Il est vrai que, sur la question du tabac, c'était moins brillant et qu'il fumait toujours autant de pipes par jour. On ne pouvait pas lui supprimer tous les plaisirs sous prétexte qu'il approchait de ses cinquante-cinq ans.
Maigret et l’homme tout seul de Georges Simenon

Avec, quelques pages plus tard la confirmation : « Mon médecin me recommande la sobriété… » [sic]

 - D'accord, Monsieur le Commissaire. Vous ne venez pas boire un coup de muscadet ? 
 - Je sors d'en prendre. Mon médecin me recommande la sobriété...

Heureusement, comme pour les banquets de la mythique dernière page d’Asterix… tout est bien qui fini bien.

 - Vous venez prendre un verre place Dauphine ?
 - Volontiers...
Ils quittèrent à pied le quai des Orfèvres et retrouvèrent le bar familier. Plusieurs inspecteurs s'y trouvaient, mais un seulement de la brigade criminelle.
 - Qu'est-ce que ce sera, Commissaire ? questionna le patron.
 - Un grand demi. Le plus grand que vous ayez...
Torrence commanda la même chose. Maigret but la bière presque d'un trait et tendit son verre au patron pour qu'il le remplisse.
 - Cela fait soif, aujourd'hui...
Et Maigret, comme s'il répétait machinalement des mots dont le sens ne le frappait pas :
 - Cela fait soif, oui.

Une enquête autour du meurtre d’un clochard bien solitaire

Maigret 101/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il n'était que neuf heures du matin et il faisait déjà chaud. Maigret, qui avait tombé la veste, dépouillait paresseusement son courrier en jetant parfois un coup d'œil par la fenêtre et le feuillage des arbres du quai des Orfèvres n'avait pas un frémissement, la Seine était plate et lisse comme de la soie.
On était en août. Lucas, Lapointe et une bonne moitié des inspecteurs étaient en vacances. Janvier et Torrence avaient pris les leurs en juillet et Maigret comptait passer une bonne partie de septembre dans sa maison de Meung-sur-Loire qui ressemblait à un presbytère.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il n'était que neuf heures du matin et il faisait déjà chaud. Maigret, qui avait tombé la veste, dépouillait paresseusement son courrier en jetant parfois un coup d'oeil par la fenêtre, et le feuillage des arbres du quai des Orfèvres n'avait pas un frémissement, la Seine était plate et lisse comme de la soie. On était en août. Lucas, Lapointe et une bonne moitié des inspecteurs étaient en vacances. Janvier et Torrence avaient pris les leurs en juillet et Maigret comptait passer une bonne partie de septembre dans sa maison de Meung-sur-Loire qui ressemblait à un presbytère