Périandre

Premièrement, c’est le style qui m’a séduit, c’est fluide et très bien écrit, c’est beau sans être pédant, une vraie réussite.

Elle le guiderait. Elle l'aiderait à faire les bons choix, envers et contre tous, contre lui si nécessaire ; car qui d'autre qu'une mère pourrait savoir ce qui est bon pour son fils ? Elle seule savait, puisqu'elle était sa mère. Et tant qu'il l'écouterait, tant qu'il se conformerait à ses désirs, à sa volonté et à ses décisions le concernant, prises uniquement dans son intérêt, pour son bien, tant qu'il l'aimerait de cet amour inconditionnel, exclusif, total, alors toutes les beautés, toutes les joies et toutes les richesses de cette terre ici-bas lui appartiendraient. Il en serait ainsi, puisqu'elle était sa mère.
Périandre de Harold Cobert

L’histoire ? Une mère un peu abusive (oui, un peu est en italique !) que l’on suit de la naissance de son fils jusqu’à … (il va falloir le lire, mais ça vaut la peine).

De retour à l'appartement de son fils, la jovialité affichée de la mère disparut. Elle  inspecta les lieux avec minutie, retraçant comment cette petite envahisseuse avait progressivement grignoté l'espace et le cœur de la chair de sa chair. Un jour on oublie un T-shirt, un autre un chemisier, un autre encore une culotte, jusqu'à investir un tiroir de la commode, une rangée de l'armoire et un pan du dressing pour ne pas avoir à se déplacer sans cesse avec un sac d'affaires de rechange, et finir par l'anschluss fatal de la brosse à dents dans le verre de la salle de bains, point de non-retour marquant le début de la vie de couple et sonnant le glas de la liberté. « On ne se méfie jamais assez des brosses à dents », pensa-t-elle en se glissant dans les draps de son fils qu'elle voulait marquer une dernière fois de son odeur de mère.

Une histoire mise en résonance avec le mythe de Périandre. Et ça aussi, c’est très bien monté.

Peut-être un petit bémol pour la fin qui aurait peut-être pu être plus proche du mythe. Zut, Harold Cobert n’a sûrement pas osé, préférant sacrifier la marraine.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Kratéa se caresse amoureusement le ventre. Seule sur la terrasse de son palais surplombant Corinthe, elle contemple la ville sur laquelle régnera un jour son fils.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une femme donne naissance à un fils et noue une relation fusionnelle et malsaine avec son enfant, qu'elle considère comme son chef-d'oeuvre. Omniprésente, intrusive voire perverse, elle accepte difficilement l'arrivée de sa belle-fille qu'elle tente de manipuler et de briser. Lorsque cette dernière accouche à son tour d'un garçon, la grand-mère imagine son nouveau rôle

Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan

Roland Perez est né avec un pied bot dans une famille juive marocaine à Paris. Ce livre, c’est son enfance, l’amour de sa mère, sa vie, son handicap et sa guérison, sa famille, son père, ses frères et soeurs, la cuisine juive, les voisins, Sylvie Vartan, ses études, sa femme et ses enfants, la télévision… Tout ça emmêlé, avec les parfums de la cuisine, l’odeur du métro et celle du lino du salon.

Jamais je ne me suis senti différent, jamais dans le regard de ma famille je n'ai lu de pitié ni de peine. Tout leur amour, tellement immense, me portait et effaçait toute trace de tristesse ou de frustration. Je marchais dans ma tête, tout simplement. C'était mon domaine, j'étais comme tout le monde, même si je ne savais pas à quoi ressemblait le monde. Car on veillait bien à me protéger des regards extérieurs. Dehors, oui, j'étais différent. Toujours dans les bras de ma mère à cinq ans, je devenais un objet de curiosité pour les voisins, les commerçants et les autres enfants. Ma mère déployait toujours la même rengaine à destination de ceux qui l'interrogeaient, ne serait-ce que du regard :
 - Vous savez, Roland il ne se plaint jamais, il se met devant la télé, il adore chanter, faire la conversation, il ne s'ennuie pas ! Et puis bientôt, il va marcher. On a rendez-vous avec un grand médecin qu'on nous a donné.
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan de Roland Perez

C’est truculent, très drôle et ça déborde d’amour, c’est beau comme tout. C’est doux comme un cigare au miel (la pâtisserie, donc !), ça déborde de sucre et ça fait même pleurer tellement c’est bon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ma mère était persuadée qu'avec des cigares au miel on pouvait tout acheter. Avant chaque visite de l'assistante sociale, elle s'enfermait des heures durant dans sa cuisine. Assis par terre, je la regardais rouler les petites bûches, tandis que l'appartement s'emplissait des parfums d'amande et de fleur d'oranger.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Roland vit dans un HLM du 13e arrondissement de Paris, au sein d'une famille juive séfarade d'origine marocaine. A 5 ans, il ne marche toujours pas. Gardé à l'écart du monde par une mère très croyante et surprotectrice, l'enfant se passionne pour les émissions de télévision et pour Sylvie Vartan

Mon père, ma mère et Sheila

Comme un albums de souvenirs, cette petite collections d’instants parle d’enfance, de la famille, de l’école, d’homosexualité et de Sheila.

Curieusement, mon grand-père espérait que mes parents lui feraient une petite-fille. Si son vœu avait été exaucé, je me serais prénommé Christine. Fâché que l'aîné de ses petits-enfants ait un zizi, il n'est pas venu voir ma bobine à la clinique.
Je m'appelle Éric.
Mon père, ma mère et Sheila de Éric Romand

C’est souvent très drôle mais cette drôlerie un peu triste, comme si en dépit de tout, il fallait quand même garder le sourire.

La majeure partie de ma cagnotte me servait à acheter les quarante-cinq tours que Sheila sortait à une fréquence effrénée. J'écrivais mon prénom sur les pochettes et les classais dans le range-disque de la table de mon électrophone.

Et c’est très touchant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Londres, 1er janvier 2012. Je suis heureux. J'ai bien l'intention de jouir de ce premier voyage avec toi. De retour à l'hôtel après une longue balade, nous faisons l'amour et nous endormons l'un contre l'autre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C’est l’album d’une famille, issue d’un milieu populaire, avec ses codes, ses tabous, ses complexes, son ignorance, ses contentieux, dans les années 70 et 80. Le narrateur y raconte son enfance solitaire au milieu des turbulences. Pour son entourage, il a des goûts bizarres, des attitudes gênantes, des manières qui provoquent la colère de son père et la désolation de sa mère. Il dessine des robes et coiffe les poupées de sa sœur. Il fait son possible pour ne pas ajouter au malaise. Pour s’échapper, il colle son oreille à son mange-disque. Regarde les émissions de variétés scintillantes… Et admire une célèbre chanteuse dont il aime les robes à paillettes, les refrains joyeux. Il voudrait être elle. Il voudrait être ailleurs. Un premier roman tout en sensibilité sur fond de nostalgie douce amère et d’humour salutaire

Un dimanche de révolution

Au travers d’une histoire un peu alambiquée d’écrivaine cubaine qui découvre après la mort de ses parents que son père n’était pas celui qu’elle croyait grâce à un acteur préparant un film sur Cuba, Wendy Guerra parle de sa relation avec son île, son pays et la Havanne.

La lettre d'invitation indique que je me rends au lancement d'un de mes livres, mais ce n'est pas vrai. La promotion du dernier a déjà eu lieu au Mexique. Pourquoi est-ce que je mens ? Pourquoi mentons-nous ? La seule façon honnête de quitter Cuba serait-elle de mentir ? Nous mentons aux autorités cubaines, nous mentons aux autorités internationales. Les Cubains apprennent dès l'enfance à aiguiser leur double discours pour survivre.
Un dimanche de révolution de Wendy Guerra

Une relation trouble, schizophrène, faite d’amour pour son pays et sa culture mais de haine pour le régime, de fierté révolutionnaire et de honte face à cette dictature fonctionnaire et paranoïaque. Une relation viscérale désincarnée.

J'écoutai son témoignage, si intense que je ne pus quitter le studio avant la fin. Chacun d'entre nous a un livre à écrire, c'est la seule façon de vaincre le silence dans lequel est confinée l'histoire récente à Cuba.

Un livre qui peine pourtant à prendre, faute à une histoire peut-être un peu bancale, comme son héroïne, Cléo

Sans Cuba, je n'existe pas.
Je suis mon ile.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Comment raconter tout cela sans souiller mes pages ?

Il n'y a certainement que moi pour me sentir seule à La Havane aujourd'hui. Je vis dans cette ville peu respectueuse de la vie privée, intense, insouciante et dissipée, où l'intimité et la discrétion, le silence et le secret, tiennent du miracle, ce lieu où la lumière te trouvera dans ta cachette. Ici, se sentir seul signifie peut-être que l'on a vraiment été abandonné.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Écrivaine censurée, Cléo vit dans une immense solitude depuis la mort de ses parents et l'échec de ses amours. Tandis qu'elle tente de travailler à son nouveau livre, l'arrivée de Géronimo, un acteur hollywoodien qui prépare un film sur Cuba et détient des informations sur sa famille, fait basculer sa vie. Portrait d'une génération, les petits-enfants de la révolution, avec sa rage et ses espoirs

Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel

Incessamment, de nouveaux mots se glissent dans notre langue et bien souvent ceux-ci sont détournés, repris, traduits, malaxés et retournés… Des concepts clairs deviennent obscurs et ce qui semblait lipide vire rapidement à l’incompréhensible et tout prête à la controverse. Tout le monde s’y met, politiques, médias, gauche, droite, populistes, militants et intellectuels et nul ne s’y retrouve plus.

Islam
Juliette Galonnier
L'islam occupe une place croissante dans notre vocabulaire. Des populations auparavant désignées par des catégories nationales, socio-économiques ou légales (Algériens, Maghrébins, travailleurs immigrés, étrangers) sont désormais souvent renvoyées à leur appartenance religieuse réelle ou supposée : on parle de plus en plus de « musulmans ». Cette centralité discursive de l'islam est le fruit de plusieurs évolutions. Une partie de ces populations, en particulier leurs enfants et petits-enfants nés et socialisés en France, investit de plus en plus le référent religieux comme catégorie positive d'identification.
Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel – Islam de Juliette Galonnier

Petit dictionnaire (la liste des termes est dans les mots clés) pour ne plus s’y perdre, cet essai tente de débroussailler cette jungle en faisant appel à nombre de chercheuses et chercheurs pour des mots qui fâchent la France (Car oui, c’est culturel ! Et cette liste ne serait évidement pas la même en Angleterre ou en Allemagne).

Néoféminisme
Martine Storti
Il y a des termes fourre-tout, ils sont bien pratiques, ils permettent de tout confondre et de se dispenser de la complexité. Néoféminisme en est un. Être en désaccord avec tel ou tel courant féministe ou qui s'autoqualifie ainsi et le critiquer est bien sûr un droit indiscutable. Ce qui l'est moins, ce sont les procédés mis en œuvre : homogénéisation, généralisation, simplification, caricature, indifférence aux nuances, aux différences, aux distinctions.
Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel – Néoféminisme de Martine Storti

Essentiellement centré autour des racismes et des exclusions avec quelques (trop rares) incursions dans les genres et les sexualités, voilà un excellent petit guide pour ne plus s’y perdre. Avec un petit bémol toutefois pour certains auteurs qui ne peuvent s’empêcher de faire des mots ou ceux dont les partis-pris militants écrasent le sujet.

Un petit livre qui m’a rappelé Génération offensée de Caroline Fourest, bien moins léger que Les mots immigrés, moins international que ceux qu’on trouve dans Le dico des mots extraordinaires, moins poétique que le magnifique Il nous faudrait des mots nouveaux et que Jean Roscoff aurait évidement du lire dans Le voyant d’Étampe

Avec les participations de Nicolas Bancel, Rachid Benzine, Magali Bessone, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Ahmed Boubeker, Philippe Corcuff, Claire Cosquer, Juliette Galonnier, Sophie Guérard De Latour, François Héran, Philippe Huneman, Monique Jeudy-Baluni, Memphis Krickeberg, Nicolas Lebourg, Éléonore Lépinard, Françoise Lorcerie, Philippe Marlière, Nonna Mayer, Sarah Mazouz, Laure Murat, Alain Policar, Myriam Revault D’Allonnes, Jacob Rogozinski, Haoues Seniguer, Patrick Simon, Martine Storti, Julien Talpin, Michel Wieviorka, Valentine Zuber

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il est temps de mettre un coup d'arrêt à la dégradation des échanges intellectuels et aux controverses toxiques pour la démocratie qui touchent désormais l'université et le monde de la recherche en France.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
D'antisémitisme à wokisme en passant par identité et laïcité, une liste de mots sujets à controverse selon certains camps politiques dans les milieux intellectuel et universitaire français. Les contributeurs dénoncent le climat délétère qui règnerait dans le monde de la recherche où, selon eux, diatribes et invectives ont remplacé débats et échanges au nom de ce qu'ils nomment bien-pensance

Ressac

Suite à un accident de la route de son beau-père qu’elle ne reconnaissait plus depuis quelques temps, enfermé dans des troubles bipolaires, Diglee s’évade dans une abbaye en Bretagne.

Aujourd'hui je pars pour moi. Vers moi. Je ne pars pas explorer une ville, visiter des musées, arpenter des ruelles classées et rendre compte de mon périple sur les réseaux : je pars pour entrer en moi-même. J'embarque pour le dedans, prise entre terreur et impatience.
Ressac de Diglee

Cinq jours de retraite et de rencontres, un autre rythme loin des réseaux sociaux.

Le gérant du café pose un plat sur la table centrale, celle au bouquet. C'est un far breton. Il ne manquait que cela à mon bonheur. Criminelle en fuite de sa propre vie, j'en demande  fébrilement une part, et elle a le goût de paradis.

Le récit touchant d’une pause introspective entre femmes et sœurs, à la recherche de signes, d’une épiphanie, de réponses, de partages ou juste d’un moment, une parenthèse pour lever le pied

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sur un coup de tête, Maureen Wingrove décide de s'éloigner du monde et des réseaux sociaux pour tenter de se retrouver. Direction la Bretagne, pour une semaine de retraite dans une abbaye battue par les embruns. Une semaine dense, intense. Une semaine assaillie par des vagues de souvenirs, par des émotions, par des portraits de femmes, par des rencontres insolites et inoubliables. Une semaine face à elle-même, en quête de sérénité. Ressac est le journal de cette parenthèse

Les mots immigrés

Au travers d’une fablinette, voilà une petite histoire éthymologique de la langue française. Façonnée par des constants enrichissements tout au long de son histoire.

Et pour conclure, un bon café (du moka), avec ou sans sucre. M. Zénith y joignit quelques autres nourritures : 
 - On retrouve aisément les emprunts à l'arabe, quand ils sont précédés de l'article al: alambic, alcool, alcôve, algèbre, almanach. Al-karchuf a donné l'italien (lombard) articcioco, où les Français ont entendu artichaut. Et que dire de l'amiral, venu de l'arabe emir al bahr, « prince de la mer », dont les Français n'ont gardé que le début, emir al, « prince de la » ! Il est vrai qu'amiral rejoignait ainsi le maréchal et le sénéchal, d'origine germanique : les forces armées sont cosmopolites !
- On les reconnaît bien là ! Les langues empruntent sans scrupule, elles altèrent sans réticence, elles font vocable de tout bois.
Les mots immigrés de Erik Orsenna et Bernard Cerquiglini, illustrations de François Maumont

Une fable comme une petite claque aux nauséabondes théories souchiennes de la pureté et de l’isolationnisme. Depuis toujours, les mots se baladent au gré de leurs succès, disparaissent, se transforment et s’adaptent. Les langues sont aussi vivantes que les peuples qui les portent.

Un petit livre sympa et gentil mais bien trop enfantin pour moi, zut

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quelle catastrophe avait donc frappé notre France ? Ce soir-là, le pays était vide.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À l’heure où revient le débat sur l’identité, avec des opinons opposées de plus en en plus violentes, Erik Orsenna a voulu, par la voie du conte commencée avec sa Grammaire est une chanson douce, raconter l’histoire de la langue française. Pour une telle ambition, le savoir lui manquait. Bernard Cerquiglini, l’un de nos plus grands linguistes et son ami de longue date, a bien voulu lui apporter ses lumières aussi incontestées que malicieuses.
Et nous voilà partis, deux millénaires en arrière, chez nos ancêtres les Gaulois dont les mots sont bientôt mêlés de latin, puis de germain. Avant l’arrivée de mots arabes, italiens, anglais... Un métissage permanent où chaque langue s’enrichit d’apports mutuels.
Jusqu’à ce que déferle une vague de vocables dominateurs nés de la mondialisation économique et inventés pour son service. Ce globish aura-t-il raison de la diversité linguistique, aussi nécessaire à nos vies que cette biodiversité dont nous avons appris à reconnaître l’importance capitale, et la fragilité ?
Et si les mots immigrés, c’est à dire la quasi-totalité des mots de notre langue, s’ils décidaient de se mettre un beau jour en grève ? Ce jour-là, les apôtres de cette illusoire pureté nationale deviendraient muets. Il n’est pas interdit d’en rêver…

Anatomie de l’amant de ma femme

Raphaël, architecte, dans ce qui ressemble fort à un burn-out ou une grosse crise de la cinquantaine, décide de tout arrêter pour écrire, comme sa femme, écrivaine à petit succès. En panne d’inspiration pour son livre mettant en scène un nazi pétomane, il tombe sur les carnets de sa femme dans lesquels il lit ce qu’il n’aurait jamais dù ! Sa femme a un amant, et bien monté !

J'aimais bien lire ces lettres, elles étaient joliment tournées et je suis resté une bonne heure à les feuilleter, ému au souvenir de ce jeune homme sympathique qui était devenu un parfait étranger. Puis, je pris un nouveau carnet. Comme on s'ouvre une bière après en avoir déjà bu plusieurs litres. En se demandant si on en a vraiment envie. Et si je ne ferais pas mieux de suivre le conseil de la Voix, à savoir sortir faire un tour pour m'aérer la tête. J'aurais dû suivre le conseil de la Voix. En bas d'une page de ce carnet, je suis tombé sur ces phrases que je reproduis ici intégralement : « Ai revu Léon. Il m'a prise deux fois sans débander. Sa queue est plus grosse que celle de Raphaël. Je n'avais jamais fait attention à cette question de taille. Maintenant, je comprends. Il me pénètre mieux, plus vigoureusement, plus profondément. »
Anatomie de l’amant de ma femme de Raphaël Rupert

S’en suit une bonne grosse descente en déprime obsessionnelle, plutôt sexo-drolatico-philo-fantasmatico-masturbatoire

 « Il y a longtemps qu'on a pas lu un premier roman aussi libre, passionné, et bien troussé (si l'on ose dire). »
Frédéric Beigbeder, Le Figaro Magazine
Validé par Beigbeder… Fallait-il le préciser.
C’est bien ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
À midi, je suis allé faire un tour et je me suis souvenu de quelque chose concernant les débuts de roman. Plus précisément l'introduction des personnages principaux dans un récit. L'auteur se sent parfois tenu de justifier le choix de l'identité qu'il a réservée à ses personnages.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À trop fréquenter la littérature, il arrive qu'on tombe dedans. Lecteur invétéré, époux d'une écrivaine nantie d'un petit renom, architecte en rupture de plans, le héros de ce premier roman n'est pas avare de confidences sur son grand projet : écrire un livre, lui aussi. Mais son écran d'ordinateur ne se remplit que d'images qui ralentissent son travail tout en accélérant son flux sanguin... Les affres de la création deviennent de terribles compagnons dont on se distrait d'un poignet actif. Alors, le jour où par ennui ou par dépit, notre homme commet l'incorrection de parcourir le journal intime de sa femme, il en est puni par une découverte qui porte un nom : Léon, et par une révélation : c'est un amant hors normes. Affolé, vexé mais stimulé, il se lance dans une enquête qui a tout d'une quête : pourquoi chez lui sexualité et littérature sont-elles autant liées ? Cet amateur de théories cocasses s'épanche et nous entraîne, l'air de rien, dans la dernière des grandes aventures : celle qui mène à soi

Pas ce soir

Un couple qui s’éloigne, se distancie, imperceptiblement, les corps qui se séparent…

Est-ce qu'on peut rester cul et chemise avec sa femme quand elle ne vous montre plus son cul et refuse d'enlever sa chemise ?
300 jours sans toucher Isa.
Pas ce soir de Amélie Cordonnier

Et tout d’un coup, voilà 200 jours qu’on ne se touche plus, 300, plus ? Et puis, chambre à part pour mieux dormir…

Une bile âcre lui remonte depuis hier, qui n'a rien à voir avec la gueule de bois. C'est un mélange acide de hargne et de frustration, où surnagent l'amertume, la rancœur et le dépit.
Et puis ce matin est apparu dans sa bouche, pour la première fois, un goût inconnu, amer et écœurant, qu'il n'a pas encore identifié, mais qui pourrait bien être celui de la séparation.

Amélie Cordonnier se met dans la peau d’un homme qui voit sa femme s’éloigner et qui crève de désir pour elle sans réussir à la rattraper dans une totale absence de dialogue

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Désolée, ne m'en veux pas, mais je dormirai tellement mieux là-bas. Elle a dit là-bas pour désigner la chambre de Roxane, et leur quatre-pièces a beau mesurer moins de quatre-vingts mètres carrés, il lui a semblé que c'était loin. Très loin. Très très loin. Le bout du monde. Et peut-être aussi la fin d'un monde. Ah, bah d'accord. Ils en sont donc arrivés là... Des mois qu'ils se


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Un homme et une femme. Chacun de leur côté. Un homme qui ne dort pas et une femme qui s'assomme. Un homme sur sa tablette et une femme dans son bouquin. Un homme qui désire et une femme qui soupire. Un homme qui se désole, une femme qui s'enferme, les heures qui s'étirent. Et plus rien. Rien de rien."Huit mois, deux semaines et quatre jours qu'il n'a pas fait l'amour avec Isa. Et ce soir, elle lui annonce qu'elle s'installe dans la chambre de Roxane, leur fille cadette qui vient de quitter la maison. Pourquoi le désir s'est-il fait la malle ? Comment a-t-il pu s'éteindre après de si belles années ? Le départ des enfants a-t-il été fatal ? Est-ce que tout doit s'arrêter à cinquante ans ? Lui refuse de s'y résoudre puisqu'Isa semble l'aimer encore.Amélie Cordonnier ausculte l'histoire d'un couple à travers le regard d'un homme blessé

Le jeune homme

Une petite (toute petite) histoire vécue par Annie Ernaux dans les années 2000, une aventure avec un jeune homme de trente ans de moins qu’elle.

Il y a cinq ans, j'ai passé une nuit malhabile avec un étudiant qui m'écrivait depuis un an et avait voulu me rencontrer. Souvent j'ai fait l'amour pour m'obliger à écrire. Je voulais trouver dans la fatigue, la déréliction qui suit, des raisons de ne plus rien attendre de la vie. J'espérais que la fin de l'attente la plus violente qui soit, celle de jouir, me fasse éprouver la certitude qu'il n'y avait pas de jouissance supérieure à celle de l'écriture d'un livre.
Le jeune homme de Annie Ernaux

Un livre qui se ressent comme le besoin d’en parler, de le mettre sur la table !

Avec lui je parcourais tous les âges de la vie, ma vie.

Mais après cette description sur une trentaine de pages que reste-t-il ? Que voulait-elle nous dire et qu’en penser ?

Oui… et ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il y a cinq ans, j'ai passé une nuit malhabile avec un étudiant qui m'écrivait depuis un an et avait voulu me rencontrer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En quelques pages, à la première personne, Annie Ernaux raconte une relation vécue avec un homme de trente ans de moins qu'elle. Une expérience qui la fit redevenir, l'espace de plusieurs mois, la "fille scandaleuse" de sa jeunesse. Un voyage dans le temps qui lui permit de franchir une étape décisive dans son écriture.Ce texte est une clé pour lire l'oeuvre d'Annie Ernaux - son rapport au temps et à l'écriture