Arpenter la nuit

Elle est noire, à Oakland, elle a 17 ans et se retrouve seule à faire face aux les merdes qui s’accumulent. Et tout va aller très vite.

Son regard est dur et tranchant.
 - Alors tu t'es dit que t'allais faire le trottoir ?
 - J'ai fait ce que j'avais à faire pendant que toi tu restais le cul sur ta chaise. Je serais pas obligée de faire ça si tu m'aidais et que t'arrêtais tes conneries.
 - Tu m'as dit que t'étais d'accord pour que je tente ma chance, me répond-il, et bizarrement sa voix devient de plus en plus aiguë. Tu crois que j'ai pas essayé ? J'essayais déjà de te protéger avant même que maman foute tout en l'air. Putain, je suis le seul à m'être vraiment soucié de toi! Et tu m'en veux parce que j'ai enfin envie de faire quelque chose pour moi ?
Arpenter la nuit de Leila Mottley

Une dénonciation des abus policiers, du pouvoir des grosses merdes qui abusent de leurs insignes, de la violence de la pauvreté, du sexisme et du racisme systémique d’une société qui échoue à protéger les plus vulnérables.

Avec une voix claire et un style froid, Arpenter la nuit est un excellent roman qui malheureusement ne doit pas être très fictionnel tant de telles histoires semblent se répéter sans fin

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La piscine est pleine de merdes de chien et les ricanements de Dee nous narguent dans le petit matin. Ça fait une semaine que je lui répète qu'elle ressemble vraiment à une toxico, ce qu'elle est bel et bien, à se marrer toujours pour la même blague comme si la chute pouvait changer. On dirait qu'elle s'en fiche que son mec l'ait quittée, qu'elle n'en avait même carrément rien à foutre quand il s'est pointé près de la piscine mardi dernier après avoir fait toutes les poubelles du quartier à la recherche de crottes emballées dans des sacs en plastique.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En Californie, une adolescente noire est décidée à survivre, coûte que coûte, dans un monde qui se refuse à la protéger. Un premier roman coup de poing.

Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivotent dans un immeuble d'East Oakland. Livrés à eux-mêmes, ils ont vu leur famille fracturée par la mort et la prison. Si Marcus rêve de faire carrière dans le rap, sa soeur se démène pour trouver du travail et payer le loyer. Mais les dettes s'accumulent et l'expulsion approche.

Un soir, ce qui commence comme un malentendu avec un inconnu devient aux yeux de Kiara le seul moyen de s'en sortir. Elle décide de vendre son corps, d'arpenter la nuit. Rien ne l'a préparée à la violence de cet univers, et surtout pas la banale arrestation qui va la précipiter dans un enfer qu'elle n'aurait jamais imaginé.

Un roman à la beauté brute, porté par la langue à fleur de peau de Leila Mottley

Les vieux fourneaux : Bons pour l’asile

Après un tome quatre qui ne m’avait absolument pas conquis, j’avais laissé tomber cette série. Pourtant, ce tome est très drôle, enlevé, nuancé, et bien qu’il parte dans tous les sens, il est très cohérent.

Les vieux fourneaux, tome 5 : Bons pour l’asile de Wilfrid Lupano, dessin de Paul Cauuet

Un épisode dans lequel les ultras se retrouvent confrontés à leurs propres limites

Une bande dessinée où humour et anarchie font très bon ménage

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le rafiot arrive, je répète, le rafiot arrive. Tenez-vous prêts


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Retour à Paris pour Antoine, Mimile et Juliette. Le plan est simple : ramener Juliette auprès de sa mère, puis filer au Stade de France pour assister au match de rugby France-Australie. C'est du moins ce qui est prévu... Mais, désireuse de voir son père et son grand-père se rabibocher, Sophie les oblige à s'occuper ensemble de Juliette jusqu'au lendemain. Mimile ne peut donc compter que sur Pierrot pour l'accompagner au match. Or, Pierrot l'anarchiste mène un nouveau combat : il s'est engagé en faveur des migrants. Alors vous pensez bien qu'assister à un match opposant la France, qui refuse d'accueillir les migrants, à l'Australie, qui ne pense qu'à les entasser dans des camps, bafouant ainsi les droits de l'homme, c'est hors de question ! Mimile n'a plus pour seule compagnie que ses désillusions... Et si lui aussi était bon pour l'asile ?

Les mémoires de Maigret

Dans une mise en abyme quasi schizophrène, Jules Maigret rédige ses mémoires et règle ses comptes avec son « biographe », Georges Simenon à l’occasion de leurs vingt années de collaboration.

Quand on a su j'écrivais ce livre, puis que l'éditeur de Simenon m'avait offert de le publier, avant de le lire, avant même que le premier chapitre en fût terminé, j'ai senti, chez la plupart de mes amis, une approbation quelque peu hésitante. Ils se disaient, j'en suis sûr: « Voilà Maigret qui y passe à son tour! »
Les mémoires de Maigret de Georges Simenon

Une façon de donner plus de corps, de vécu au commissaire au travers de son enfance, sa carrière, sa rencontre avec Louise qui deviendra Madame Maigret, et sa relation compliquée avec Simenon.

Elle servit tout le monde avant de s'approcher de moi et, me désignant je ne sais quels gâteaux sur lesquels il y avait un petit morceau de fruit confit, me dit avec un regard complice:
 - Ils ont laissé les meilleurs. Goûtez ceux-là. 
Je ne trouvai à répondre que:
 - Vous croyez?
Ce furent les premiers mots que nous échangeâmes, Mme Maigret et moi.
Tout à l'heure, quand elle lira ce que je suis en train d'écrire, je sais fort bien qu'elle va murmurer en haussant les épaules:
 - A quoi bon raconter ça?
Au fond, elle était enchantée de l'image que Simenon a tracée d'elle, l'image d'une bonne « mémère », toujours à ses fourneaux, toujours astiquant, toujours chouchoutant son grand bébé de mari. C'est même à cause de cette image, je le soupçonne, qu'elle a été la première à lui vouer une réelle amitié, au point de le considérer comme de la famille et de le défendre quand je ne songe pas à l'attaquer.

Un exercice amusant – mais un peu lassant – sans meurtre ni enquête. Une occasion aussi pour l’auteur d’excuser les incohérences ou les erreurs chronologiques qui parsèment forcément une aussi longue série

Maigret 62/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où je ne suis pas fâché de l'occasion qui se présente de m'expliquer enfin sur mes accointances avec le nommé Simenon.

C'était en 1927 ou 1928. Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes, chose fréquente dans notre métier, qui s'est avérée fort utile à quelques-uns et même parfois profitable. Et ce n'est que tout récemment que je me suis souvenu des cahiers où ma femme, longtemps à mon insu, voire en cachette, a collé les articles de journaux qui me concernaient.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'était en 1927 ou 1928. Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes, chose fréquente dans notre métier, qui s'est avérée fort utile à quelques-uns et même parfois profitable. Et ce n'est que tout récemment que je me suis souvenu des cahiers où ma femme, longtemps à mon insu, voire en cachette, a collé les articles de journaux qui me concernaient

La fille de Deauville

Durant les années 80, les groupuscules terroristes d’extrême-gauche faisaient parler d’eux. Attentats, braquages enlèvements et assassinats. Brigades rouges en Italie, Faction Armée Rouge en Allemagne et Action Directe en France.

La fille de Deauville de Vanessa Schneider

Naviguant entre faits historiques et fiction, Vanessa Schneider suit l’histoire de Joëlle Aubron, membre de AD traquée par un flic violent et opiniâtre jusqu’à l’arrestation des quatre principaux membres le 21 février 1987

Une histoire sympa mais qui ne propose pas vraiment de point de vue

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Luigi Pareno n'avait jamais été un grand optimiste et ce qu'il voyait n'était pas de nature à le rassurer. Partout où il promenait son regard il y avait du blanc. Blanc coton de la neige nappant les champs d'une couverture épaisse, blanc-gris du ciel couvrant le soleil d'un voile opaque, blanc-jaune de la façade éclairée, blanc bleuté des plaques de glace sur le toit.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une poignée de femmes et d'hommes décident de mettre la France à feu et à sang. Braquages, attentats à la bombe, assassinats, ils frappent puis disparaissent, dans un souffle âcre de tracts, d'explosifs et de terreur. Leur nom de guerre : Action directe.
En ce mitan des années 1980, la police placarde leurs visages sur les murs du pays. Commence alors une traque intense et chaotique menée par des policiers aguerris qui suivent leurs traces de Barcelone aux rues de Lyon, des campagnes les plus reculées aux HLM de banlieue. Luigi Pareno, solitaire et douloureux, méthodique et taciturne, y consacre toute son énergie, sa rage et ses obsessions.
Une jeune femme aux yeux d'or occupe particulièrement ses pensées. La police, qui ne l'a pas encore identifiée, la surnomme « la fille de Deauville ». Issue des beaux quartiers, Joëlle Aubron deviendra l'une des deux meurtrières d'Action directe. Pareno l'observe à distance dans ce Loiret enneigé où elle se cache avec ses camarades de combat Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon. Elle le fascine, il la hait autant qu'il s'y attache.
La fille de Deauville raconte la colère et la destruction, la folie politique et les rêves d'absolu. Traqués, reclus, les membres du dernier carré d'Action directe s'aiment, se désirent, se déchirent, s'inquiètent, dans l'attente d'une fin inéluctable.
Vanessa Schneider nous offre le grand roman de l'impossible révolution. Paysages et silences, rires et complots, lits tièdes ou pavés brûlants, elle nous emporte avec ces femmes et ces hommes qui se croyaient libres

Le noir qui infiltra le Ku Klux Klan

Cinq étoiles, évidement, pour Ron Stallworth et ses collègues qui ont infiltré le K.K.K. à la fin des années 70. Le ridicule des bouffons en robes et capuches pointues est délicieux. Des bras cassés qui rêvent de brûler des croix dans des délires suprématistes. Dangereux pourtant!

Le noir qui infiltra le Ku Klux Klan de Ron Stallworth
Le noir qui infiltra le Ku Klux Klan de Ron Stallworth

Bon, le bouquin… bof. Mais pour l’audace et le courage : chapeau !

Un passé pas si lointain au éternelles réminiscences bien présentes.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Tout a commencé un jour d'octobre 1978. Inspecteur à la brigade de renseignement de la police de Colorado Springs, j'avais notamment pour mission de parcourir les deux quotidiens de la ville à la recherche d'indices sur des activités subversives.
Les petites annonces ne manquaient jamais de m'étonner. Parfois, entre stupéfiants et prostitution, on tombait sur un message qui sortait de l'ordinaire. Ce fut le cas ce jour-là

Aveu de faiblesses

Un meurtre, un suspect… Reste à obtenir les aveux. Lorsque le suspect est un jeune de 16 ans, fragile, moqué pour sa laideur et issu d’une famille « originale », il suffit de frapper un peu du poing sur la table et de passer du gentil au méchant flic pour le faire craquer. Et si l’avocat et le juge ne sont pas trop curieux…

Au cachot !

Aveu de faiblesses de Frédéric Viguier
Aveu de faiblesses de Frédéric Viguier

Et c’est à ce moment que le roman commence une seconde partie, moins crade, mais plus subtile et qui donne toute sa saveur à ce roman.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je suis laid, depuis le début. On me dit queje ressemble à ma mère, qu'on a le même nez. Mais ma mère, je la trouve belle. »

Ressources inhumaines, critique implacable de notre société, a imposé le ton froid et cruel de Frédéric Viguier dont le premier roman se faisait l'écho d'une « humanité déshumanisée ». On retrouve son univers glaçant et sombre, qui emprunte tout à la fois au cinéma radical de Bruno Dumont et au roman social. Mais au drame d'un bourg désindustrialisé du nord de la France, Frédéric Viguier ajoute le suspense d'un roman noir. Dès lors, l'histoire d'Yvan, un adolescent moqué pour sa laideur et sa différence, accusé du meurtre de son petit voisin, prend une tournure inattendue

Le cœur du problème

Trouver l’amant de sa femme au milieu du salon en rentrant, cela doit pincer un peu au niveau du transit intestinal. Mais quand l’homme est mort et sa femme dans la baignoire, il doit être difficile de conserver son calme. Surtout lorsqu’elle vous annonce qu’elle vous quitte, vous laissant seul avec le macchabée dont vous ne connaissez pas même le nom. Et que faire de ce corps encombrant ?

Le coeur du problème de Christian Oster
Le coeur du problème de Christian Oster

S’en suit une rencontre trouble avec un gendarme à la retraite soupçonneux, insaisissable et étrangement proche. Comme un poker menteur au règles floues à la lenteur étudiée avec un Colombo atone.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En rentrant chez lui, Simon découvre un homme mort au milieu du salon. Diane, sa femme, qui, selon toute vraisemblance, a poussé l'homme par-dessus la balustrade, lui annonce qu'elle s'en va.

Elle ne donnera plus de nouvelles. Simon, resté seul avec le corps, va devoir prendre les décisions qui s'imposent.

C'est lors de sa visite à la gendarmerie que Simon rencontre Henri, un gendarme à la retraite amateur de tennis. Une relation amicale se noue. Mais Simon est sur la réserve ; chaque mot, chaque geste risque d'être sévèrement interprété. S'engage alors entre les deux hommes une surprenante partie d'échecs

Sulak

Sur le très bon conseil d’une collègue, une belle évasion avec Sulak de Philippe Jaenada.

 Sulak de Philippe Jaenada
Sulak de Philippe Jaenada
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Flics ou voyous, nul n'a oublié Sulak, garçon charmant, généreux, intègre. Accessoirement l'homme le plus recherché des années 1980. Déserteur de la Légion (l'avenir tout tracé, non merci), il braque des supermarchés avant de dévaliser les grands bijoutiers, de Paris à Cannes. Le fric, il s'en fout, il hait la violence : il veut épater. Itinéraire d'un gentleman cambrioleur doublé d'un roi de l'évasion