Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Quel ennui. Une liste de pensées, des historiettes inachevées, des phrases, des mots… Peut-être de la poésie ?
Dire au revoir de Gaëtan Roussel
Je suis passé à coté sans bonjour, sans au revoir.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Voilà plus de vingt ans que les chansons de Gaëtan Roussel bercent nos oreilles : son sens de la formule, sa piquante poésie et son humour se retrouvent déployés et enrichis dans ces nouvelles qui sont autant de variations autour du thème Dire au revoir. Un jeune garçon aide son père à déplacer la concession d'ancêtres qu'il n'a pas connus ; un homme et une femme s'aiment une nuit et puis se quittent ; un fils adresse un ultime au revoir à une mère qui ne l'a guère aimé...
Dans ce livre aussi riche d'histoires que de manières de les raconter, Gaëtan Roussel nous ouvre les portes d'un imaginaire à la tonalité tour à tour grave, drôle et émouvante
Lors d’une représentation retransmise à la télévision, le chef d’orchestre fait le salut Nazi. Un altiste se lève et lui tourne le dos dans un réflexe indigné.
De ces premiers instants télévisés, le livre suit la lente descente du musicien, enivré par sa soudaine renommée, apeuré par des menaces néo-nazies, déstabilisé par des pressions professionnelles, abandonné par le reste de l’orchestre et dépassé par les sur-interprétations de son geste, ne trouvant du réconfort qu’au sein de sa famille. A cet instant, sa vie avait basculé.
L’effroi de François Garde
Un style magnifiquement maîtrisé dans une construction chronologique qui suit la chute et le désarroi d’un homme emporté dans l’élan de son effroi.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Quand, un soir de première à l'Opéra Garnier, Louis Craon, chef d'orchestre de renommée internationale, fait le salut nazi, la stupeur est si grande que personne ne bouge dans la fosse, ni dans la salle. Personne, sauf un altiste, Sébastien Armant, qui le premier se lève et tourne le dos au chef.
En quelques secondes, ce geste spontané et presque involontaire, immédiatement relayé par les médias, transforme Sébastien Armant en héros. Dès le lendemain, toutes les rédactions s'arrachent « l'homme qui a dit non ». Le musicien jusqu'ici inconnu se laisse emporter dans un tourbillon de sollicitations incessantes, jusqu'au moment où un mystérieux groupe extrémiste revendiquant le geste de Craon le prend pour cible.
Récit au jour le jour d'une existence qui bascule, L'effroi pose de manière originale la question de l'obéissance et de l'héroïsme ordinaires
Par tranches de vie, ce livre propose quelques instantanés du quotidien de la vie de Linde, qui se cherche jeune, qui se marie dans le conflit, qui se sépare, s’apaise et qui vieilli.
Comment apprendre à s’aimer de Yukiko Motoya
Quelques fines observations et pas mal de longueurs pour un livre pas très épais.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Il existe sans doute quelqu'un de mieux, c'est juste que nous ne l'avons pas encore rencontré. La personne avec laquelle nous partagerons réellement l'envie d'être ensemble, du fond du coeur, existe forcément. Je crois que nous devons continuer à chercher, sans nous décourager.
Au fil de ses apprentissages, de ses déceptions et de ses joies, Linde - femme imparfaite, on voudrait dire normale - découvre le fossé qui nous sépare irrémédiablement d'autrui et se heurte aux illusions d'un bonheur idéal.
Elle a 16 ans, puis 28, 34, 47, 3 et enfin 63 ans ; autant de moments qui invitent le lecteur à repenser l'ordinaire, et le guident sur le chemin d'une vie plus légère, à travers les formes et les gestes du bonheur : faire griller du lard, respirer l'odeur du thé fumé ou porter un gilet à grosses mailles. Car le bonheur peut s'apprendre et « pour quelqu'un qui avait raté sa vie, il lui semblait qu'elle ne s'en sortait pas trop mal. »
Bon, c’est un peu longuet et il manque un je ne sais quoi de zeste de folie pour prendre un bel envol.
Le fabuleux départ en Laponie de la famille Zoiseaux de Jean-Marie Gourio
Mais une fois décollé, on sentirait presque le vent nous caresser les ailes.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Derrière son guichet, au Crédit agricole de Bourgogne. M. Zoiseaux pense souvent à s'envoler, tout en comptant l'argent de la clientèle. Il y pense trop ! Des plumes commencent à pousser sur son corps qui s'arrondit. Pour son plus grand bonheur ! Au fil des jours, M. Zoiseaux ressemble de plus en plus à une oie sauvage. Il rêve de légèreté dans ce monde trop lourd. À sa femme, à ses enfants, qui adorent cette métamorphose, il promet que, le jour venu, il les prendra sur son dos et les conduira au pôle Nord...
M. Zoiseaux ne sait pas encore que la transformation d'un seul être peut bouleverser le genre humain tout entier...
Une réappropriation de Pinocchio, pour en faire une jolie histoire. Mais juste une jolie histoire, c’est un peu juste. Justement.
L’arbre qui donna le bois dont on fit Pinocchio de Jean-Marie Gourio
Une jolie déception. Jolie, oui ! Mais décevante quand-même.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Giacomo, fils de menuisier, n'a connu depuis l'enfance que l'univers des jouets fabriqués par son père. Pour sauver l'entreprise familiale, il décide de se rendre dans le petit village de Collodi, en Toscane, où se trouverait l'arbre magique dont on fit Pinocchio. Une fois sur place, tout l'enchante : l'Italie, sa langue, son vin, ses femmes... Mais doit-il se fier au mystérieux inconnu qui lui promet de lui révéler son secret ? Et ce trésor qu'il convoite tant, existe-t-il vraiment ?
Comment rester humain au plus profond de l’inhumanité ? Une histoire d’amour y est-elle possible ?
Mais est-ce encore de la vie dont on parle ici ou seulement de pantomimes, de Pinocchios sans âmes singeant un ersatz d’émotions au milieu d’un camp de concentration.
La zone d’intérêt de Martin Amis
Martin Amis ne tranche pas dans un vaudeville gore et perturbant.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Décor
Camp de concentration Kat Zet I en Pologne.
Personnages
Paul Doll, le Commandant : bouffon vaniteux, lubrique, assoiffé d'alcool et de mort. Hannah Doll, l'épouse : canon de beauté aryen, mère de jumelles, un brin rebelle. Angelus Thomsen, l'officier SS : arriviste notoire, bellâtre, coureur de jupons. Smulz, le chef du Sonderkommando : homme le plus triste du monde.
Action
La météorologie du coup de foudre ou comment faire basculer l'ordre dans un système allergique au désordre.
Comment explorer à nouveau la Shoah sans reprendre les mots des autres ? Comment oser un autre ton, un regard plus oblique ? En nous dévoilant une histoire de marivaudage aux allures de Monty Python en plein système concentrationnaire, Martin Amis remporte brillamment ce pari. Une manière habile de caricaturer le mécanisme de l'horreur pour le rendre plus insoutenable encore
Les faits sont passionnants, la construction est plutôt réussie et l’histoire vraiment intéressante. Enlever des japonais pour former des espions en Corée du Nord.
Éclipses japonaises de Éric Faye
Mais crotte, qu’est ce que je me suis ennuyé avec ce livre, quel manque de ressort, zut.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En 1966, un Gl américain s'évapore lors d'une patrouille dans la zone démilitarisée, entre les deux Corées.
À la fin des années 1970, sur les côtes japonaises, des hommes et des femmes, de tous âges et de tous milieux, se volatilisent. Parmi eux, une collégienne qui rentrait de son cours de badminton, un archéologue qui s'apprêtait à poster sa thèse, une future infirmière qui voulait s'acheter une glace. « Cachés par les dieux », ainsi qualifie-t-on en japonais ces disparus qui ne laissent aucune trace, pas un indice, et qui mettent en échec les enquêteurs.
En 1987, le vol 858 de la Korean Air explose en plein vol. Une des terroristes, descendue de l'avion lors d'une escale, est arrêtée. Elle s'exprime dans un japonais parfait. Pourtant, la police finit par identifier une espionne venue tout droit de Corée du Nord.
Longtemps plus tard, le lien entre ces affaires remontera à la surface, les résolvant du même coup. Par la grâce de la fiction, Éric Faye saisit l'imaginaire et la vie secrète de ces destins dévorés par un pays impénétrable et un régime ultra autoritaire
Deux couples d’amis en vacances au bout de leurs histoires, épuisés. Des triangles, des constats et des dépendances mutuelles dans un climat d’échec.
Aimer et prendre l’air de Sophie Simon
Jusque là, c’est drôle, fin et plutôt bien ficelé, les personnages sonnent juste et les dialogues se teintent d’un humour délicieusement désabusé.
Mais pourquoi nous en éloigner en exilant ces personnages dans le cinéma américain ? Zut, il m’ont tout de suite semblé moins sympa, même si la référence à Woody Allen en 4e de couv. me semble tout à fait à sa place.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Ce matin-là, je me suis juré de ne plus jamais l'appeler. Il fallait juste que je l'appelle pour le lui dire. »
Alors quelle vient de s'installer dans le Connecticut pour les vacances, Amy, actrice new-yorkaise au faîte de sa gloire, s'interroge : le moment n'est-il pas venu de quitter Jack, son vieil époux atrabilaire ? Comment y parvenir, alors qu'elle a déjà tant de fois échouée ? Et surtout, qu'en pense son psychanalyste ?
Lorsqu'un couple d'amis au bord de la rupture débarque, la confusion atteint son comble...
Après American clichés et Gary tout seul, Sophie Simon met en scène, dans ce drame joyeux et burlesque que ne désavouerait pas Woody Allen, la fin de l'amour et des idéaux, et l'éternelle renaissance du désir
Très réussi, ce livre écrit en collectif est étonnement d’un style très homogène, fluide et cohérent.
Vivre près des tilleuls de L’Ajar
Pourtant, et probablement à cause d’un découpage en courts chapitres, l’écriture reste en surface, peinant à descendre dans les tréfonds de la douleur de la mère endeuillée.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Vincent König est le dépositaire des archives de l'écrivaine suisse Esther Montandon. En ouvrant par hasard une chemise classée « factures », il découvre des dizaines de pages noircies, qui composent un récit intime. Esther a donc tenu un « journal de deuil », dans lequel elle a pour la première fois évoqué la mort de sa fille Louise et l'aberrante « vie d'après ». Les souvenirs comme les différents visages de la douleur s'y trouvent déclinés avec une incroyable justesse. Ces carnets seront publiés sous le titre Vivre près des tilleuls.
Roman sur l'impossible deuil d'une mère, porté par une écriture d'une rare sensibilité, Vivre près des tilleuls est aussi une déclaration d'amour à la littérature : ce récit d'Esther Montandon est en réalité l'oeuvre d'un collectif littéraire suisse, l'AJAR. Ces dix-huit jeunes auteur-e-s savent que la fiction n'est pas le contraire du réel et que si « je est un autre », « je » peut aussi bien être quinze, seize, dix-huit personnes.
L'AJAR - Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands - est un collectif créé en janvier 2012. Ses membres partagent un même désir : celui d'explorer les potentialités de la création littéraire en groupe. Les activités de l'AJAR se situent sur la scène, le papier ou l'écran. Vivre près des tilleuls est son premier roman
Avec un épigraphe pareil, on se dit bien que cette histoire va délicieusement partir en couilles et, ma foi, je n’ai pas été déçu.
Alors certes, dans ce roman basé sur des faits réels, il y a peut-être quelques longueurs et j’aurais apprécié un peu plus d’action, de sexe ou de manigances… Mais pourtant! Il s’en dégage subtilement bien cette mentalité bien penseuse et puritaine qui s’abreuve de cocktails pour oublier sa propre misère tout en médisant sur celle des voisins.
Idaho de Andria Williams
Le tout dans un contexte nucléaire militaire dangereusement dysfonctionnel et incompétent.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) États-Unis, 1959. Lorsque Paul est muté à Idaho Falls, sa femme, Natalie, et leurs deux petites filles s'installent avec lui dans une base militaire au milieu du désert. Au coeur de cette communauté isolée, il est difficile de se lier d'amitié et dangereux de se faire des ennemis. Dans un climat étouffant de secrets et de trahisons, leur mariage résistera-t-il aux tensions qui montent inexorablement ?
Des personnages inoubliables, un cadre hors du commun, une langue précise et lyrique... Le portrait, subtil et poignant, d'un mariage, comparé à juste titre à La Fenêtre panoramique de Richard Yates