La ballade de Nitchevo

Woaw ! Quelle claque que cette ballade (pas du tout reposante, pour une ballade) ! Un bouquin complètement barré qui fait du bien, à condition de s’y laisser guider !

J'ai à peine le temps de reposer mon stylo que Milton me
demande : « Sinon, Slim, c'est ton mec ? »
Je rougis comme si je venais de passer sept heures sous un soleil de feu : « Non, pourquoi ? »
Slim me fusille du regard.
Je bafouille : « Bah, quoi, t'es pas mon mec. Si ?... »
Il ne réplique pas, mais je sens qu'il bouillonne de l'intérieur. Milton, qui ne sait manifestement pas lire les signaux muets du corps (ou qui n'en a rien à battre), plonge ses yeux dans les miens, façon hameçons: « Cool. J'avais un doute. Tu ne veux pas qu'on se fasse un câlin tantrique? Je suis sûr que ta yoni est plus désaltérante qu'une framboise. »
Alors que je suis encore en train de me demander ce que peut être une yoni et un câlin tantrique (je viens de prendre de l'héro, il faut pardonner la lenteur de mon esprit), Slim se lève d'un bond et gueule : « Elle a pas envie, non ! »
Jean-Pierre ouvre un œil.
Milton reste imperturbable: « Pourquoi tu le laisses répondre à ta place, Nitch' ? Tu sais que t'es libre ? Tu le sais, ça, j'espère. En même temps, je te propose ça, mais il ne faut pas faire l'amour avant une cérémonie d'ayahuasca. Il ne faut pas boire d'alcool, non plus. Ni manger trop sucré ni trop salé. Et éviter la viande. Et les épices. Et le matin même : jeûne total. »
La ballade de Nitchevo de Claire Barré

Car oui, cette histoire prend la forme et le fond de ce qu’elle raconte et il va bien falloir vomir tripes et boyaux avant de commencer à comprendre où Claire nous guide, à la façon d’une grande chamane.

« Pourquoi tu manges pas de porc, si t'es pas croyant ?
 - J'aime pas ça.
 - Moi non plus, j'aime pas trop ça. Dans l'idéal, tu vois, j'aimerais devenir végétarienne. Par compassion envers le règne animal et tout. Mais le fait est que, quand on me met un steak sous les yeux, si j'ai faim, je le mange. Je suis paresseuse. Je crois bien que c'est la paresse qui tuera le monde. »

L’histoire de la rencontre de deux jeunes toxicos avec un trans, tous bien paumés ! Une fable moderne à la rencontre de soi et du « plus que soi »

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Une bruine désolante fait grincer les essuie-glaces.
Et nous, on est là. Dans une voiture qui roule trop vite. Une 205 sans âge qui risque de finir épinglée à un platane si Slim ne se calme pas sur l'accélérateur.
Tout ça parce qu'un type m'a reluquée.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Écorchée vive. Nitch' traîne sa mélancolie auprès de Slim dont elle est secrètement amoureuse. Les deux jeunes gens « roulent des pelles à l'autodestruction » en abusant de drogues qui anesthésient leur mal de vivre. Elle se rêve poétesse, lui graffeur, mais l'avenir est enlisé dans les « champs de pavot de Miss Défonce ». Les chemins de l'errance aboutissent chez Jean-Pierre, travesti paumé qui leur offre le gîte, le couvert et l'amitié. Une altercation avec un dealer qui tourne mal et tout ce petit monde prend le large, direction La Rochelle. L'avenir avec sa « sale gueule d'impasse » offre tout d'un coup une échappée que Nitch' va saisir.

Serait-il possible qu'au bout de la nuit noire de l'âme se trouve une lumière qui, sitôt qu'on l'a vue, nous transforme ?

Ce grand roman de résilience y répond avec force, ode à une jeune femme qui reçoit au détour, de son chemin abîmé, l'enseignement des plantes de la forêt amazonienne et qui fait, les yeux grands ouverts, le choix de vivre.

Sans alcool

Claire Touzard est alcoolique. Enfin… était ! Elle a décidé d’arrêter et ce livre suit son parcours à la manière d’un journal.

Sans alcool de Claire Touzard

Aidée par une rencontre et l’amour elle raconte ses prises de conscience, ses difficultés, les doutes, les interactions sociales et familiales, les alcooliques anonymes, les amis et les fêtes, l’alcool mondain, la pression sociale, la vie d’avant et la vie retrouvée… Puis vint la pandémie et l’isolement et le couple qui s’y confronte et…

J’avoue que je l’ai lu de façon un peu malsaine en attendant une rechute… Un témoignage d’une grande franchise et qui posera plein de questions à qui s’en est déjà posées sur sa propre consommation.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En France, on s'avoue rarement alcoolique. Quand on boit on est festif, irrévérent, drôle. Français. Un jour pourtant, Claire arrête de boire. Elle prend conscience que cet alcool, prétendument bon-vivant, est en vérité en train de ronger sa vie. Il noyaute ses journées, altère sa pensée, abîme ses relations. En retraçant son passé, elle découvre à quel point l'alcool a été le pilier de sa construction et de son personnage de femme.

Sans alcool est le journal de son sevrage. Un chemin tortueux, parfois rocambolesque, à travers son intimité. Une quête de libération complexe, dans un pays qui sanctifie le pinard. L'autrice affronte son passé, l'héritage familial, le jugement des autres.

Son récit interroge, au-delà de son expérience. Pourquoi boire est une telle norme sociale ? Alors qu'on lui a toujours vendu la sobriété comme le choix des cons et des culs bénis, elle réalise qu'on l'a sans doute flouée. Être sobre est bien plus subversif qu'elle ne l'imaginait

Les flagrants délires d’Hendrik Groen

Ce n’est pas précisément la trépidante, truculente, exubérante et passionnante vie dans les EMS. Mais c’est des fois drôle, parfois triste, souvent grinçant (dans le ton et les articulations) et généralement répétitif.

Pas de scoop, ici on vieilli et on meurt, mais tant qu’à faire, sans trop se faire chier (déjà qu’on se pisse parmi).

Les flagrants délires d'Hendrik Groen de Hendrik Groen
Les flagrants délires d’Hendrik Groen de Hendrik Groen

Comme l’envie d’une dernière danse, et encore une, pourquoi pas… encore ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Club des vieux mais pas encore morts

Règlement
1. Notre association a pour but d'égayer nos vieux jours par des sorties.
2. Ces sorties auront lieu le lundi mercredi jeudi ou vendredi après 11 heures.
3. Les participants n'ont pas le droit de se plaindre.
4. Les handicaps de chacun seront pris en compte.
5. Les revenus de chacun seront également pris en compte.
6. Avant la sortie, l'organisateur ne divulguera que les informations strictement nécessaires.
7. Tout est possible, dans le respect des points 2 à 6.
8. Nous sommes au complet.

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Aimer et prendre l’air

Deux couples d’amis en vacances au bout de leurs histoires, épuisés. Des triangles, des constats et des dépendances mutuelles dans un climat d’échec.

Aimer et prendre l'air de Sophie Simon
Aimer et prendre l’air de Sophie Simon

Jusque là, c’est drôle, fin et plutôt bien ficelé, les personnages sonnent juste et les dialogues se teintent d’un humour délicieusement désabusé.

Mais pourquoi nous en éloigner en exilant ces personnages dans le cinéma américain ? Zut, il m’ont tout de suite semblé moins sympa, même si la référence à Woody Allen en 4e de couv. me semble tout à fait à sa place.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce matin-là, je me suis juré de ne plus jamais l'appeler. Il fallait juste que je l'appelle pour le lui dire. »

Alors quelle vient de s'installer dans le Connecticut pour les vacances, Amy, actrice new-yorkaise au faîte de sa gloire, s'interroge : le moment n'est-il pas venu de quitter Jack, son vieil époux atrabilaire ? Comment y parvenir, alors qu'elle a déjà tant de fois échouée ? Et surtout, qu'en pense son psychanalyste ?

Lorsqu'un couple d'amis au bord de la rupture débarque, la confusion atteint son comble...

Après American clichés et Gary tout seul, Sophie Simon met en scène, dans ce drame joyeux et burlesque que ne désavouerait pas Woody Allen, la fin de l'amour et des idéaux, et l'éternelle renaissance du désir

Orgasme

Devenir le maître du monde grâce au plaisir des femmes. Malheureusement, un livre pas aussi jouissif que le bonheur masturbatoire qu’elles semblent ressentir.

Orgasme de Chuck Palahniuk
Orgasme de Chuck Palahniuk

Au pays des vibromasseurs les marchands de piles sont rois.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Penny Harrigan, jeune femme modèle et aspirante avocate, travaille dans un prestigieux cabinet new-yorkais. C'est là, au détour d'un couloir, qu'elle rencontre le jeune et séduisant magnat des médias, Linus Maxwell, l'homme le plus riche du monde. Le soir même, il invite Penny à dîner.

Comment se comporter quand son hôte compte parmi ses conquêtes les femmes les plus célèbres et les plus puissantes de la planète ? Et pourquoi un homme comme lui invite-t-il à dîner une fille aussi désespérément normale ? Malgré toutes les questions qu'elle se pose, Penny passe une soirée de rêve, et c'est le début d'un véritable conte de fées.

Notre Cendrillon des temps modernes tombe en effet sous le charme de son chevalier servant. Amoureux platonique, celui-ci l'enchante. Aussi, lorsqu'une des anciennes conquêtes de Maxwell lui conseille de ne surtout jamais faire l'amour avec lui, Penny ne comprend d'abord pas très bien. Mais, très vite, tout s'éclaire. Maxwell voue en effet une véritable obsession au plaisir féminin, une obsession aux conséquences des plus inquiétantes.

Partez à la quête du plaisir avec l'enfant terrible des lettres américaines et Cinquante nuances de Grey va immédiatement vous apparaître comme un hors-d'oeuvre sans saveur. Avec cette nouvelle satire radicale de notre société, Chuck Palahniuk empoigne une fois de plus le lecteur dès les premières phrases pour le laisser ébloui et sonné à la fin de ce roman, sans aucun doute l'un de ses plus réussis