Ceux de la soif

L’enfer c’est les autres ! Ce huis-clos de Simenon semble pourtant se dérouler au paradis, sur une petite île, quasi déserte, des Galapagos. Un paradis jusqu’à l’arrivée de la Comtesse von Kleber.

Pourquoi Müller avait-il ajouté dans un autre angle de la feuille. 
Ceci prouve ce que j'ai toujours soutenu, à savoir que ce qu'on appelle les îles enchantées ne sont pas un endroit pour la colonisation, ni pour quelque entreprise que ce soit. La nature s'y défend elle-même contre l'orgueil des hommes. Hier, j'ai trouvé un taureau mort contre la palissade du jardin et, ce matin, j'ai partagé un seau d'eau entre deux ânes qui n'avaient plus la force de se tenir debout. Si la Providence n'a pas pitié de ces créatures, elles devront toutes mourir... 
Il avait conclu d'une écriture plus menue encore: 
Et sans doute sera-ce très bien ainsi.
Ceux de la soif de Georges Simenon
Un roman qui laisse la tension s’installer crescendo avec la chaleur. Puis le manque d’eau finira de faire tourner la tête de l’exubérante comtesse

Un roman qui semble fort inspiré de faits bien réels.

Le 23e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Lequel des deux hommes était arrivé le premier en cet endroit ? Et pourquoi choisir cet endroit-là plutôt qu'un autre ? En quoi était-il différent du terrain environnant ? On n'aurait pu le dire, et pourtant, pour ce qui était du terrain, la brousse y était moins dense qu'alentour et on sentait que c'était là qu'il fallait faire halte, et non ailleurs.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Frantz Müller et Rita sont venus se réfugier dans la solitude d'une île perdue des Galapagos. Mais la civilisation ne tarde pas à les rattraper, avec son cortège de conflits et de crises...

Simenon excelle dans ce récit où des personnages tourmentés cherchent vainement dans l'exotisme la solution de leurs troubles intérieurs.

Estampillage : détournement de fonds

C’était déjà toujours aussi con, même si le tome deux est rétrospectivement encore plus réussi (oui, j’avais lu Estampillage : détourné en dérision avant ce premier tome paru en 2022).

« J'ai peut-être Alzheimer, mais au moins, j'ai pas Alzheimer ! » Répétait Mamie
Estampillage : détournement de fonds de Benjamin Le Boucher
Du grand n’importe quoi pour le plaisir du bonheur d’en rire

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Le pouls est très faible », dit Régis, qui n'avait pas terminé ses études d'architecte


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pardon Gutenberg, pardon l’Histoire, l’Art, la gravure, les graveurs, les gens qui ont servi de modèle, pardon les arbres, l’imprimerie, pardon les livres, pardon Jack Lang, pardon l’édition, pardon la famille et pardon à vous. On n’a pas pu résister à ce détournement de fonds, c’était délicieusement trop con.

La nuit

La nuit, je deviens fou chantait Salvatore Adamo. À la mort de sa femme d’un cancer, Druillet crée la nuit. Un cri de haine et de colère, une fuite en avant vers la mort à la recherche de shoote dans le dépôt bleu.

La nuit de Philippe Druillet
Des bandes rivales, unies pour le shoote dans une guerre totale, apocalyptique.

… Un jour… Moi aussi… Je crèverais tripes au vent
Mais en attendant ombre shoote
La mort je baise !!

Un chef d’oeuvre dans la colère, une prière hallucinée, un cri d’amour venu des enfers

Alors, certes, les chagrins y verront des dialogues d’une pauvreté consternante, un scénario confus et tout aussi misérable, un dessin plus approximatif que d’autres productions de Druillet, mais quelle rage ! Un chef d’oeuvre, vous dis-je !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au cœur de la ville morte vers le grand futur sifflaient les motos de la nuit, la nuit seulement., tout bougeait enfin, mais au matin quand disparaissait la lune molle devenue folle, éclatée, quand le jour terrible naissait tout retournait au tombeau...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En 1975, Philippe Druillet perd sa femme Nicole, victime d'un cancer foudroyant. Il exorcise sa peine dans un album au pessimisme assumé, pointant l'absence totale d'échappatoire à l'issue finale. S'ouvrant sur une préface laissant éructer la rage de l'auteur, La Nuit nous décrit un monde en proie aux gangs de motards anarchiques ou autres barbares déglingués et accros à la dope, se dirigeant tous, au cours d'une bataille sanglante pour le « shoot » ultime, vers une fin inéluctable. Les planches grandioses s'y succèdent comme de véritables tableaux dressant le portrait d'une humanité en perdition, folle, désespérée et nihiliste.

Explosive, fantastique, sombre, violente, baroque, outrancière : les adjectifs ne manquent pas pour décrire l’œuvre géniale de Druillet, mais s'il est un album qui se distingue parmi tous ses univers, c'est bien celui-ci. Probablement le plus noir mais aussi le plus fascinant, La Nuit est de ceux que l'on n'oublie pas. À nouveau disponible avec sa couverture originale, cette réédition lui rend hommage.

Auassat : à la recherche des enfants disparus

Lu juste après Qimmik, mais aussi il y a quelque temps Maikan de Michel Jean, ce livre en est le documentaire. Auassat plonge dans les plaies encore saignantes des peuples premiers du Canada. Vols d’enfants pour l’adoption, viols, racisme, abus sexuels, emprise, morts suspectes, disparition des corps… Des grosses saloperies perpétrées par des religieux, des oblats, curés, missionnaires… et couvertes par leurs hiérarchies et avec (pour le moins) la complaisance de l’état.

Que l'on soit à Opitciwan, Wemotaci ou Manawan, il suffit de tendre l'oreille pour entendre des histoires d'enfants perdus. Il n'y a pas une famille atikamekw qui n'a pas connu la souffrance de perdre la trace d'un enfant. Un premier décompte m'indique que 30 familles ont perdu 46 enfants. Et ce n'est que le début.
Auassat : à la recherche des enfants disparus de Anne Panasuk
Dans cette enquête, Anne Panasuk de Radio-Canada tente d’aller au fond des choses, mais ses recherches montrent un abyme sans fin au ramifications dans tous les territoires et villages.Mes recherches m'indiquent que toutes les communautés innues de la Côte-Nord ont subi un missionnaire oblat agresseur, sauf une. 
C'est Robert Dominique qui me l'apprend, avec l'humour caractéristique des Innus.
 - La seule communauté à ma connaissance qui ont jamais eu de problème avec des curés, c'est la communauté d'Essipit.
 - Pourquoi ?
 - Parce qu'ils n'ont jamais eu de curé.
 - Evidemment. Pas de curé, pas de problème.
 - Voila.

Une enquête sérieuse et impressionnante, qui cite les noms des coupables et laisse la parole aux victimes

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Que de souvenirs me reviennent lorsque la vidéo de Joyce Echaquan, cette mère de famille atikamekw, est diffusée publiquement, nous faisant voir et entendre les insultes racistes dont l'infirmière et la préposée de l'hôpital de Joliette ont accablé la femme au lieu de la soigner.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Auassat – « les enfants », en innu – dévoile un chapitre ignoré de nos relations avec les Premières Nations, une histoire terrible qui explique les traumatismes transmis d’une génération à l’autre, jusqu’à aujourd’hui.

Au début des années 1970, des enfants autochtones sont disparus après avoir été envoyés à l’hôpital pour y être soignés sans leurs parents. Certains, déclarés morts alors qu’ils ne l’étaient pas, ont été adoptés. Plusieurs ont perdu la vie sans que leurs proches en aient été avertis. Encore aujourd’hui, les familles cherchent ces enfants qui n’ont jamais été oubliés. Contactée par ces dernières, la journaliste Anne Panasuk se lance en 2014 dans une enquête pour savoir ce qui leur est arrivé. Ses recherches lui apprennent que le même scénario d’horreur s’est produit dans plusieurs communautés autochtones et la conduisent finalement sur la piste des Oblats de Marie-Immaculée, qui régnaient en rois et maîtres chez les Innus et les Atikamekws. De fil en aiguille, l’enquête qu’elle a menée sur le terrain lui a permis de documenter également les agressions sexuelles commises par dix missionnaires dans huit communautés autochtones au Québec jusqu’à l’orée du XXIe siècle. Dans ce livre, dont la recherche documentaire est en partie tirée du balado Histoires d’Enquête : chemin de croix et de l’émission Enquête, mais enrichie de matière inédite depuis ces deux diffusions, Anne Panasuk donne la parole à des Autochtones de tous âges qui, se sachant entendus, ont décidé de briser le silence. De victimes, ils deviennent survivants et retrouvent ainsi leur dignité.

Qimmik

Les peuples premiers du Canada (et ce n’est pas le seul pays), ont été victimes d’atrocités, d’acculturation, de vols d’enfants, liquidations, pensionnats, viols… la liste est longue. Michel Jean réussi avec Qimmik à donner vie aux victimes. Ce ne sont plus des centaines ou des milliers ou plus encore, mais c’est Saullu et Ulaajuk, deux jeunes amoureux Innu, leurs chiens, leurs difficultés, le grand Nord hostile, la faim, les ours, la passion de vie.

J'ai un peu de difficulté à accoster à cause de la glace. La bête est lourde, mais je parviens quand même à la hisser à bord. Je remonte, m'éloigne et prends cette fois le chemin le plus court pour traverser l'archipel. Je vois un autre phoque sur un rocher. Il m'a vue lui aussi, mais avant qu'il ait le temps de sauter à l'eau je l'abats d'un coup précis. Il est plus petit mais bien gras.
La lumière décline et je file vers le soleil qui plonge dans le lac. Notre campement apparait au détour d'une ile. La fumée s'élève de la cheminée de la tente avec lenteur dans le bleu ambré du ciel. Sur la berge, assise, Tallujuak guette mon retour. Ce regard fidèle et patient qui fixe le lac en m'attendant me rappelle que les humains ne sont pas seuls. Cette pensée réchauffe mon cœur.
Qimmik de Michel Jean
Et l’état fédéral, la police…

Un récit entrecroisé avec une enquête pour le meurtre de vieux policiers.

Un livre magnifique malgré un rapprochement qui pourrait sembler un peu trop évident entre les deux parties mais qui évite toutefois de sombrer dans un mélo trop convenu.

Un livre trouvé dans la magnifique petite librairie-café Le vent se lève lors d’un passage à Saint-Ursanne avec un délicieux jus de gingembre-citron bio

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le ciel, le roc, l'océan. Sous une lumière obscène, face à l'Arctique, mer de glace. Terre nue. Pays sans arbre. Entre te ressac et le silence, le vent, le vent du nord, règne sans partage. Son souffle glacial soulève les flots, emporte dans son sillage des tourbillons de neige qui courent sur la terre comme sur l'eau. La toundra gronde.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vingt chiens.
Vingt cœurs fidèles et courageux
me ramènent chez moi, sur la côte.
Le bruit de leurs pas résonnent dans
l’air froid et bat la cadence.
C’est la musique des Inuit.

Dans les années 1960, au Nunavik, la jeune Saullu rencontre Ulaajuk, un mystérieux Inuk du Nord. Fascinée par sa douceur et son insouciance, elle décide de le suivre. Avec l’aide de leurs chiens de traîneaux, les Qimmiit, le jeune couple parcourt le territoire encore sauvage. Leur quotidien est fait de chasse, de pêche, de moments de plénitude et de rencontres mémorables. Ils sont heureux et libres. Mais, plus au sud, les autorités obligent les Inuit à se sédentariser et à se regrouper dans des communautés.
Quelques décennies plus tard, Eve Beaulieu, une jeune avocate montréalaise est chargée de défendre Uqittuq Ainalik, un vieil Inuk accusé des meurtres de paisibles retraités. L’homme reste mutique et Eve peine à comprendre ce qui pourrait avoir déclenché une telle folie meurtrière. Cela a-t-il un lien avec le fait que les victimes étaient d’anciens policiers, en poste au Nunavik dans les années 1960 ?
Cette recherche de la vérité entraînera la jeune avocate plus loin qu’elle ne l’imaginait, l’obligeant à s’interroger sur ses propres origines.

Les inconnus dans la maison

Touchant cet avocat, solitaire et alcoolique depuis que sa femme l’a quitté. Reclus mutique dans un hôtel particulier en compagnie de sa fille, d’une cuisinière et d’une bonne qui change régulièrement.

Il avait regardé Nicole, à table, Nicole qui, faute de bonne, se levait parfois et allait prendre les plats dans la trappe, les posait sur la nappe sans mot dire.
Il avait regardé Manu... Il avait écouté Jo le Boxeur... Il était allé là-bas, dans cette étrange auberge aux deux filles qu'une mère en peignoir surveillait par l'entrebâillement de la porte... 
Il avait envie de...
C'était terriblement difficile à dire et même à préciser en pensée, surtout qu'il n'avait pas l'habitude, qu'il avait peur d'un certain ridicule.
Il n'osait pas dire « envie de vivre ». Mais envie de se battre ? C'était presque cela. De se secouer, de secouer la paille de sa bauge, les odeurs douteuses qui lui collaient encore à la peau, les aigreurs de son moi qui avait trop longtemps mijoté entre des murs tapissés de livres.
Les inconnus dans la maison de Georges Simenon
Ermite autrefois brillant, négligeant hygiène et société, le voilà secoué par le meurtre d’un inconnu dans sa maison et les frasques de sa fille.

Un polar judiciaire explorant les relations humaines dans une petite ville

Le 37e roman dur de Simenon

Adapté en 1942 par Henri Decoin avec Raimu, Juliette Faber et Gabrielle Fontan

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Allô ! Rogissart ?
Le procureur de la République était debout, en chemise, près du lit d'où émergeait le regard étonné de sa femme. Il avait froid, surtout aux pieds, car il s'était levé si soudainement qu'il n'avait pas trouvé ses pantoufles.
- Qui est à l'appareil ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Hector Loursat boit. Sa femme l'a quitté. Il ne plaide plus. Seule sa fille Nicole, qu'il n'aime pas, partage encore avec lui des repas pris sans un mot dans leur grande maison vide. Dix-huit ans que cela dure, à ne rien faire, retiré du monde.
Un soir, pourtant, tout bascule. Découvrir sous son toit un homme tué d'une balle dans le cou tire l'avocat d'une longue peur de vivre. La mort le réveille. Il est seul. Sa fille est une inconnue. Il la croyait sans âme, il découvre une force. Il la croyait docile, c'est une révoltée. Un mystère qui s'ouvre sur un meurtre et toute une ville qui attend. Une ville de notables. De frileux. Une bonne société qui louvoie, qui accuse. Qui aimerait tant pouvoir être hors du coup...

La vérité sur Bébé Donge

Simenon est quand même un auteur bien intriguant. Il est capable de voir très finement l’âme humaine, les couples, les désirs comme les frustrations, de voir toute la douleur d’une femme délaissée et, en même temps, de poser des descriptions d’une goujaterie hallucinante. Un vrai gros rustre sexiste qui objective toutes les parties des femmes (trop molles, maigres, grosses, fades…) et qui pourtant, à le lire, semble les comprendre…

Les jambes amenèrent l'image des bas de soie ultras-fins que Bébé s'obstinait à porter, fût-ce à la campagne. Et cette femme qui, depuis des mois, n'avait pas eu l'occasion de se dévêtir devant un homme, portait du linge plus raffiné qu'une grande coquette !
Voilà ce qu'il pensa d'abord, simplement, en homme pratique, comme on constate une évidence. Il n'en était ni outré, ni chagrin. Il n'était pas avare.
Sa seconde pensée, amenée par la première, par un souvenir de nudité, fut que Bébé pouvait être gracieuse, jolie de visage, elle n'en avait pas moins un corps fade, sans élan, sans consistance, et sa peau était d'une pâleur peu engageante.
 - Un morceau de sucre, maman ?...
La vérité sur Bébé Donge de Georges Simenon
Quelle putain d’époque, quand même… Et c’est pas si vieux !
Mme Flament, parbleu! Il avait oublié l'odeur de sa secrétaire, Mme Flament, une rousse bien en chair, l'œil vif, la lèvre humide, le corsage rempli, les reins cambrés, mais qui transpirait abondamment.
N'était-ce pas à cause d'elle que, tout au début...Bébé tente de tuer son mari à l’arsenic, l’occasion pour le survivant d’analyser son couple dans une introspection pleine de remords

Un roman adapté au cinéma en 1952 par Henri Decoin, avec Jean Gabin et Danielle Darrieux

Le 47e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
N'arrive-t-il pas qu'un moucheron peine visible agite davantage la surface d'une mare que la chute d'un gros caillou ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après dix ans de mariage, Bébé Donge verse de l'arsenic dans le café de son mari. François Donge en réchappe, mais remet en question leurs années de vie commune en cherchant les causes de la faillite de leur couple : une jeune fille trop romantique, un voyage de noces décevant, une incompréhension qui grandit dans l'ombre et le silence, des maîtresses...

Le voyageur de la Toussaint

Voilà un des romans dur de Simenon des plus balzacien. Une petite ville, des petites gens, de l’argent, des jalousies, des amours tristes ou impossibles…

 - Tu ferais mieux de t'acheter de beaux vêtements, une belle auto, et d'aller t'amuser à Paris ou dans le Midi... Ici, ce n'est pas pour toi
Elle ne s'était jamais expliquée franchement.
 - Tu n'as rien à voir avec eux, tu comprends ?... disait-elle sans jamais préciser qui elle entendait par eux.
Ou encore :
 - Ce n'est pas un métier pour toi... Ils finiront par t'avoir...
Il n'y avait pas cru. Il se refusait encore à y croire. Et pourtant, il commençait à concevoir la possibilité d'une conjuration sournoise.
 - Vous avez tout ce qu'il vous faut ? venait parfois questionner le patron.
 - Mais oui...
 - Alors, tout va bien...
Et il retournait annoncer à la cuisine :
 - J'ai vu des repas d'enterrement plus gais que cette noce.
Le voyageur de la Toussaint de Georges Simenon
A la Rochelle un héritage vient rebattre les cartes des petits puissants de la ville. Le jeune héritier saura-t-il faire face ?

Un très bon Simenon à l’ambiance fausse et aux conseils appuyés

Un roman adapté au cinéma en 1943 par Louis Daquin

Le 44e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Gilles Mauvoisin regardait sans voir et il avait les yeux rouges, la peau gercée de quelqu'un qui a beaucoup pleuré. Pourtant, il n'avait pas pleuré.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand un héritage est en jeu, les bonnes âmes montrent soudain leur noirceur.

Un jeune homme et sa tante, d'abord opposés, s'allient contre ceux qui les prennent pour de naïves victimes. L'histoire se passe à La Rochelle, et c'est un puissant tableau de la vie de province, des haines familiales, des jalousies, des infamies que l'on voit trop souvent se perpétrer pour des questions d'argent dans la bourgeoisie aisée. Mais là, les faibles triomphent des forts.

Estampillage : détourné en dérision

Le détournement est un humour qui me fait bien rigoler, et ici, c’est vraiment bien réussi !

Si l'Histoire se répète, c'est que personne ne la lit
Estampillage : détourné en dérision de Benjamin Le Boucher
Alors, certes, il y a bien plus qu’une simple inspiration des hilarantes productions du Penseur Étoile (format, calembours…), mais difficile de dire qui a commencé quand on retombe sur certaines productions de Cavanna dans Hara-Kiri (et ce n’était probablement de loin pas le premier)

Veux-tu bien rendre Grand'Mère tout de suite ?
La grande encyclopédie bête et méchante de François Cavanna (1981)
Une bonne marrade donc, avec quelques cartes collector. Oui, ce sont des cartes postales pour envoyer à ses amis (et aux autres)

Et comme je constate qu’il s’agit d’un tome 2, je m’en vais illico visiter les excellentes éditions Lapin pour tenter d’obtenir le premier tome

Et on peut retrouver le poinçon de Benjamin le Boucher sur Insta @estampillage

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je vous l'avais bien dit que ça allait péter !
Nul n'est prophète en Pompéi


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Passé maître dans les jeux de mots, l’absurde et l’abscons, Benjamin Le Boucher s’évade à nouveau dans les archives des estampes, en détournant les jeux et contes de notre enfance, des scènes de vie du Moyen-Âge, d’un ours férue de livre, sans oublier les querelles de village.

S’y glisse insidieusement un soupçon d’humour noir, liant la vie à l’incongruité et le rire à la mort. Alors installez-vous confortablement et en avant la musique !

Noire : la vie méconnue de Claudette Colvin

J’avais vraiment aimé la biographie éponyme de Tania de Montaigne dont cette bande dessinée est tirée ; une adaptation très réussie.

Désormais. vous êtres noir.
Un noir de l'Alabama.
Dans les années 1950.
Noire : la vie méconnue de Claudette Colvin d’Émilie Plateau, d’après Tania de Montaigne

Avec le temps, d’autres détails me semblent apparaître encore plus clairement comme le problème de l’intersectionnalité (racisme, sexisme, mépris de classe) ou l’invisibilisation de Claudette Colvin.

Une grande BD aux tout petits personnages d’une autrice que je découvre émerveillé par ses décors et ses petits dessins très chou

Pour la découvrir aussi

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Prenez une profonde inspiration. Quittez le lieu qui est le vôtre, passez les ruisseaux, les fleuves, l'océan, sentez la brise.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Prenez une profonde inspiration, soufflez et suivez ma voix. Quittez le lieu qui est le vôtre, quittez le 21e siècle. Vous voici dans les années 1950 au sud des États-Unis, à Montgomery, en Alabama. Désormais, vous êtes Claudette Colvin, une jeune adolescente noire. Ici, noirs et blancs vivent dans la ségrégation. Ici, être noir c'est n'avoir aucun droit. Mais, le 2 mars 1955, Claudette Colvin, qui n'a que 15 ans, refuse de céder sa place à une passagère blanche dans le bus.

9 mois avant Rosa Parks, elle devient la première noire à plaider non coupable et à poursuivre la ville en justice. Et pourtant, son nom tombera dans l'oubli. Voici son histoire...