Boléro

Un homme dangereux, cruel, riche, charismatique et puissant. Il ne faut pas, mais Aslı est irrésistiblement attirée.

Le lendemain matin, elle eut du mal à partir.
Elle voulait rester au domaine. Elle aurait passé chaque jour à côté de Romaïssa sur les chaises longues, chaque nuit en rêvant d'eux.
Elle était devenue quelqu'un d'autre.
Et elle ne voulait plus revenir en arrière.
Elle était indifférente à elle-même. Elle ne songeait pas à l'avenir. Elle ne songeait à rien, d'ailleurs, elle avait rompu avec la pensée. Elle se sentait faite uniquement de désir. Des sentiments inconnus, encore jamais explorés, la transformaient, comme des vagues, dans leur roulement incessant, érodent et modèlent une pierre. En dehors de ces vagues, tout lui était égal, à commencer par elle-même...
Boléro de Ahmet Altan, traduction de Julien Lapeyre de Cabanes
Et quand, en plus, sa femme et lui semblent en jouer, son désir devient besoin et l’éloignement synonyme de manque.Elle était perdue.
Elle souffrait, et même cette souffrance lui donnait du plaisir.Du désir en Turquie où les jeux de pouvoir et d’argent se mêlent et où le roi d’hier risque le cachot demain.

Une variation originale d’un triangle de désirs

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Si ma raison cherche à entraver ma chair, je l'étranglerai à mort. Ainsi se parlait-elle, pleine de résolution et de sang-froid. Deux fois encore, elle le répéta à voix haute. Comme si elle voulait intimer à son esprit, dont les tentatives d'obstruction l'inquiétaient, de ne pas s'engager sur cette voie.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Aslı, médecin d'une cinquantaine d'années et femme au caractère affirmé, est recrutée afin de soigner les douleurs de dos de Mehmet, un homme énigmatique qui dit avoir été procureur. Elle vit à Ankara mais se rend tous les week-ends dans la propriété de campagne de son patient et y fait la connaissance de Romaïssa, son épouse, avec qui elle noue une relation amicale. Peu à peu séduite par Mehmet, dont elle comprend qu'il cache bien des choses, Aslı plonge dans l'intimité du couple et dans le passé tortueux de Mehmet, au risque de se perdre.

Le veuf

Ce veuf est absolument brillant par sa construction. Quelle injustice pour cet homme bon et généreux… Un vrai époux modèle qui apprend suite au suicide de son épouse qu’elle le trompait.

Jeanne était entrée dans sa vie par hasard. Il n'y avait, chez lui, aucune arrière-pensée quand il était allé la ramasser sur le trottoir et il s'était trouvé presque contraint de la ramener chez lui.
Il n'avait rien prémédité. Il y avait eu leur nuit et, après, il avait bâti son existence autour d'elle, elle devait le sentir. Elle était son bien le plus précieux. Il la voulait heureuse. C'était sa préoccupation majeure.
Pas par égoïsme, pour se sentir bon, ni par reconnaissance. Il avait besoin de savoir qu'un être au monde lui devait son bonheur.
Il se demandait aujourd'hui si elle s'en était rendu compte. Il n'en était pas sûr. Lui-même commençait à n'en être plus aussi certain.
Le veuf de Georges Simenon
Et en même temps, insidieusement, on se rend compte que Simenon, l’homme à femme, y fait son plaidoyer et se dédouane ici de toute responsabilité envers la multitude de cocus qu’il a laissé sur son chemin. Et ici, il semble dire : « ce n’est pas de ma faute si vos femmes sont infidèles, c’est parce que vous n’avez pas réussi à les rendre heureuses. Il leur fallait un homme comme moi, qui les fasse rêver ! »

Ne se rendait-elle pas compte qu’il n’était pas bon, qu’il n’était qu’un homme ?

Génial et détestable

Le 94e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il n'avait pas plus de prémonition que les voyageurs qui, dans un train, mangent au wagon-restaurant, lisent, bavardent, sommeillent ou regardent défiler la campagne quelques instants avant la catastrophe. Il marchait, sans s'étonner de l'aspect de vacances que Paris venait de prendre presque du jour au lendemain. N'en est-il pas ainsi tous les ans, à la même époque, avec les mêmes journées de chaleur pénible et le désagrément des vêtements qui collent à la peau ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Bernard Jeantet, quarante ans, travaille pour divers périodiques en tant que dessinateur-maquettiste. Un soir, de retour dans son modeste appartement du boulevard Saint-Denis (Paris), il s'inquiète de ne pas y trouver sa femme. Jeanne est plus jeune que lui : elle a vingt huit ans. Née Moussu, elle est d'origine modeste, a connu une existence difficile et le trottoir, jusqu'à ce que Bernard la sorte des griffes d'un souteneur et l'épouse. C'était il y huit ans.

Le train

Et Simenon de s’amuser à conter un bonheur amoral. La jouissance au milieu de la douleur. Une rencontre adultère dans un train de la débâcle alors que l’Allemagne s’empare de la France.

Un homme marié dont la femme va bientôt accoucher vit quelques jours passionnés avec une ancienne prisonnière, sous les tirs des Stukas, au milieu de la misère. Il est pourtant heureux. Il l’aime.

Le lundi matin,
je me sentais vide et déprimé. Anna avait dormi d'un sommeil agité, secouée plusieurs fois par ces mouvements brusques auxquels je ne m'habituais pas, et plusieurs fois elle a parlé avec volubilité dans sa langue.
Je me suis levé à la même heure que les autres jours pour préparer le café et me raser mais, au lieu de me trouver seul dehors, j'ai aperçu des groupes de réfugiés encore mal éveillés qui regardaient passer des motos allemandes.
J'avais l'impression de retrouver dans leurs yeux l'abattement résigné qui devait se lire dans les miens et cela était général; cela a duré plusieurs jours, pour certains plusieurs semaines.
On tournait la page. Une époque était révolue, chacun en avait la certitude, bien que nul ne pût prévoir ce qui allait la remplacer.
Le train de Georges Simenon
Un de romans durs sous la forme d’une confession. Des livres longuets où il semble qu’à chaque chapitre, Simenon tente de justifier sa vie dissolue, ses passions, sa boulimie sexuelle en nous prenant à témoin : « Voyez, je ne suis pas seul »

Le 98e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quand je me suis éveillé, les rideaux de toile écrue laissaient filtrer dans la chambre une lumière jaunâtre que je connaissais bien. Nos fenêtres, au premier étage, n'ont pas de volets. Il n'y en a à aucune maison de la rue. J'entendais, sur la table de nuit, le tic-tac du réveille-matin et, à côté de moi, la respiration scandée de ma femme, presque aussi sonore que celle des patients, au cinéma, pendant une opération. Elle était alors enceinte de sept mois et demi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Juin 40
L'exode pousse des millions de civils sur les routes de la France défaite. Dans la débandade générale, sous les bombes de stukas allemands, un train file vers le sud. Parqués dans la foule de ce train, un homme et une femme. Elle est une jeune juive. Il est commerçant près de Maubeuge et, à la première alerte, sa famille a été dispersée.
Dans la pénombre et la promiscuité du wagon à bestiaux bondé, sans mot dire, les deux inconnus s'allongent côte à côte. Lentement ils s'étreignent, s'accouplent. Étonnés, ils accomplissent quelque chose qui ressemble à l'amour.

Dimanche

Est-ce vraiment très moral de projeter de tuer son mari ou son épouse ? Nul besoin de réponse, pourtant, dans nombre de ses romans, Simenon s’amuse de situations où l’on pourrait se dire que… ma foi… le ou la pauvre avait bien des raisons pour.

C’est amoral, certes, mais bon !

Il fallait franchir sans impatience l'accalmie qui suivrait les fêtes, attendre l'arrivée du premier flot de touristes.
Il se sentait parfois fatigué. C'était fatal. Mais il avait conscience d'avoir réalisé ce que peu d'êtres ont le courage de réaliser dix mois, onze mois bientôt de préparation, sous le regard méfiant de Berthe, en dormant chaque nuit dans son lit, sans se trahir une seule fois.
N'était-il pas naturel de regretter qu'il n'y ait pas eu de témoins ?
Dimanche de Georges Simenon
Mais ici, il ne s’arrête pas là et plonge encore plus profondément dans le sordide.

Un roman dur comme une master class !

Le 93e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il n’avait jamais eu besoin de réveille-matin et depuis un certain temps déjà, les yeux clos, il était conscient du soleil qui se glissait entre les deux minces fentes des volets, quand il entendit enfin une sonnerie étouffée dans la chambre d’en haut.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Emile, fils d'un hôtelier de Champagne, près de Luçon, a 25 ans, il est allé aider des amis de sa famille, les Harnaud, qui ont repris une petite auberge sur la Côte d'Azur. L'affaire ne marche pas très bien, M. Harnaud meurt, et sa veuve, désireuse de retourner à Luçon, accueille plus que favorablement l'union de sa fille Berthe avec Emile. Celui-ci, intelligent et courageux, a fait de La Bastide sa chose personnelle, et la fait prospérer. Il ne va pas tarder à s'apercevoir que c'est Berthe la vraie patronne.

Le petit homme d’Arkhangelsk

L’histoire touchante d’un bouquiniste, doux et discret marié à une femme jeune et pétillante. Et qui disparaît du jour au lendemain, le laissant seul et bien démuni.

— Je peux tout au moins vous offrir la tranquillité.
Cette phrase-là ou des mots approchants. Il ne lui avait pas parlé d'amour, de bonheur, mais de tranquillité, parce qu'il était trop humble pour se figurer qu'il pourrait lui donner autre chose.
Elle était belle, gonflée de sève, et il avait seize ans de plus qu'elle, il était un petit bouquiniste poussiéreux et solitaire dont la seule passion était de collectionner les timbres. 
Ce n'était pas exact. C'était l'apparence, c'était ce que les gens devaient penser. La vérité, c'est qu'il vivait intensément, en son for intérieur, une vie riche et multiple, celle de tout le Vieux-Marché, de tout le quartier dont il connaissait les moindres pulsations.
Le petit homme d’Arkhangelsk de Georges Simenon

Et suite à un petit mensonge d’agrément social, les événements vont fatalement s’enchaîner.

La bien triste histoire d’une plutôt triste vie

Le 87e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il eut le tort de mentir. Il en eut l'intuition au moment où il ouvrait la bouche pour répondre à Fernand Le Bouc et c'est par timidité, en somme, par manque de sang-froid, qu'il ne changea pas les mots qui lui venaient aux lèvres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsqu'on demande à Jonas Milk, le petit bouquiniste et philatéliste du Vieux-Marché, où est passée sa jeune et jolie femme Gina, il répond évasivement qu'elle est allée à Bourges. Mais à mesure que les jours passent, cette réponse apparaît de plus en plus insuffisante ; et bientôt les ragots, les soupçons, l'hostilité de toute la ville se concentrent autour du petit homme d'Arkhangelsk, Russe naturalisé français, mais finalement resté aux yeux de tous l'étranger... Jonas est innocent, pourtant. Mais il faut croire qu'il appartient à un monde où les innocents sont faits pour devenir des victimes... Le créateur de Maigret, disparu en 1989, nous conte ici à petites touches, en observateur attentif des mœurs provinciales et de la nature humaine, un drame de la solitude. Sans lyrisme ni pathétique, il nous fait partager sa compassion. On se dit en refermant le livre que l'on a dû aussi, sans le savoir, côtoyer des Jonas Milk.

L’ours en peluche

Tout se mêle et s’emmêle dans la tête de du Professeur Chabot. Et tout s’embrouille jusqu’au drame.

Ces femmes n'avaient-elles pas raison ? C'était l'autre, dont il ne retrouvait pas le nom tout de suite... ah! oui... Emma... c'était Emma qui avait tort ou plutôt qui avait fini par comprendre.
Était-ce bien cela qu'on attendait de lui ? Commençait-il à se montrer raisonnable ? Devenait-il, passé quarante-huit ans, un homme comme un autre ?
Dans ce cas, tout était parfait. A votre service, messieurs-dames! J'arrive, bien sage, bien é-qui-li-bré. Et, comme récompense, vous me servirez, avec mon café, un grand verre de cette fine 1843 qu'on ne boit plus guère que chez vous...
Il parlait tout seul, ne pouvait en dire davantage parce que, derrière son volant, dans l'obscurité de la voiture, il pleurait comme un idiot.
L’ours en peluche de Georges Simenon

Un court drame bien dans l’esprit de Simenon ou la fatalité ne concède rien à la causalité quand la folie se glisse dans les tréfonds de la culpabilité

Le 96e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il rêvait, il en était sûr, mais, comme presque toutes les autres fois, il aurait été incapable de dire le sujet de son rêve.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un ours en peluche dans un lit d'enfant : c'est l'image qui vient à l'esprit du professeur Chabot, gynécologue réputé, en surprenant une jeune garde de nuit endormie dans sa clinique d'Auteuil. Et cet homme de quarante-neuf ans, las d'une existence harassante et d'une vie familiale qui n'est plus que routine, va laisser l'attendrissement se transformer en désir...

Il apprend quelque temps plus tard que la jeune Emma, enceinte, congédiée de la clinique, s'est jetée dans la Seine. Est-ce pour cela qu'un inconnu entreprend de le surveiller et lui adresse des menaces de mort ? Pour le brillant médecin, envahi par la culpabilité, commence une descente aux enfers qui le mènera au pire... La profondeur psychologique et l'art du récit de Georges Simenon atteignent ici une intensité exceptionnelle.

Le fils Cardinaud

La femme d’Hubert s’est tirée avec Mimille, un petit voyou, une sale bête. Mais Hubert, qui reste avec ses deux enfants, l’aime, même si ce n’est pas tout à fait réciproque. Il décide d’aller la récupérer.

Un peu plus tard, il descendait l'escalier de pierre et pénétrait dans le sous-sol où il avait passé son enfance. Sa mère, les genoux écartés sous le tablier bleu, écossait des petits pois. Il l'embrassa au front, comme d'habitude, fit partir le chat du fauteuil d'osier où il s'assit, et dit avec sérénité :
 ─ Marthe est partie avec Mimile... Le fils de Titine...
S'il s'était écouté, s'il n'avait craint, par un reste de superstition, de défier le sort, il aurait ajouté aussi naturellement :
 ─ Je vais la rechercher...
Et la ramener chez elle, où c'était sa place !
Le fils Cardinaud de Georges Simenon
Mais où sont-ils allés ?

Elle ne l’aimait pas, elle ne l’avait jamais aimé, elle ne l’aimerait jamais. Il le savait depuis toujours. Est-ce que cela importait ? Il l’aimait et c’était suffisant, il se contentait qu’elle fût sa femme, qu’elle vécût dans sa maison, qu’elle lui fît des enfants…
C’était tellement plus simple que ce que pensaient les gens !

Un fils Cardinaud touchant, et bien de son époque !

Le 45e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était porté, comme un bouchon l'est par le flot. Le corps droit, la tête haute, il regardait devant lui et ce qu'il voyait se mariait intimement à ce qu'il entendait, à ce qu'il sentait, à des souvenirs, à des pensées, à des projets.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Enfant déjà il savait qu'il ne serait ni ouvrier,ni artisan, ni commerçant, qu'il vivrait comme le premier clerc vu chaque dimanche à la messe, toujours correct, avec un rien de lenteur majestueuse. Le fils Cardinaud a tenu ses promesses. M. Mandine, l'assureur des Sables-d'Olonne, parle de lui comme son successeur. On le salue en ville. Jusqu'à ce que sa femme le quitte avec l'argent du ménage. Lui qui croyait être devenu quelqu'un est rappelé à sa condition de roturier. Le voile se déchire. Cardinaud découvre un monde de laideur où seule son intuition, comme son amour, pourra désormais le soutenir. Une seule certitude : il retrouvera sa femme.

L’escalier de fer

Ce roman dur annonce une fin fort prévisible et pourtant, Simenon arrive encore à en faire une fin remarquable. Mais ni par un twist invraisemblable, ou un grandiose retournement de situation. Non ! Juste une fin misérable à la hauteur du protagoniste.

Peut-être, sans la phrase de la concierge, cela se serait-il passé autrement. Cette phrase-là ne lui était jamais sortie de la mémoire et l'avait hanté pendant les trois jours qu'il avait passés dans son lit, après le jeudi que Louise avait emmené Mariette dans sa chambre et que les deux femmes étaient restées long-temps à chuchoter. S'il avait décidé de vivre, c'était probablement à cause de l'image qu'évoquaient les mots entendus jadis par la fenêtre ouverte.
 ─ Quand on l'a mis dans son cercueil, il ne pesait pas plus qu'un enfant de dix ans.
Il ne pouvait s'empêcher de voir Guillaume Gatin, avec son chapeau sur la tête, son demi-saison beige et ses moustaches, réduit à la taille et au poids d'un gamin de dix ans. Car, dans son esprit, il lui diminuait la taille aussi.
L’escalier de fer de Georges Simenon
Un livre sans grand éclat ni suspense, juste un couple dans un magasin avec, au fond, un escalier de fer qui monte à l’appartement. Un homme incapable de réagir et une femme… comment dire ? Superbe d’amoralité

Le 78e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La première note fut écrite au crayon, sur une feuille de bloc-notes de la grandeur d'une carte postale. Il ne crut pas devoir mettre la date complète.
« Mardi. Crise à 2 h 50. Durée 35 minutes. Colique.
Mangé purée de pommes de terre au déjeuner. »
Il fit suivre le mot déjeuner du signe moins, qu'il entoura d'un cercle, et, dans son esprit, cela voulait dire que sa femme n'avait pas pris de purée. Il y avait des années que, par crainte d'engraisser, elle évitait les féculents.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Etienne Lomel ressent depuis quelque temps de vives douleurs à l'estomac, sans qu'on puisse déterminer chez lui une maladie. Il a peur. Sa femme Louise a été mariée une première fois et Etienne était son amant avant que le mari meure. Etienne, au début de son mariage, a entendu par inadvertance une phrase de la concierge disant que Guillaume, lors de sa mort, était devenu si maigre qu'il ne pesait pas plus lourd qu'un enfant de dix ans.

La main

Il faudrait probablement cesser de cataloguer Simenon dans les romans policiers. Et même les Maigret, finalement. Des meurtres, certes, il y en a bien souvent dans ses livres, mais est-ce vraiment ce qui l’intéressait ? Oui, ici encore, un homme laisse mourir son ami dans le froid et la fin est brutale. Pour autant, s’agit-il de polars ?

C'est sur le banc rouge, dans la grange dont la porte battait, qu'une vérité m'est apparue, qui a tout changé :
 — Je le hais...
Je le hais et je le laisse mourir. Je le hais et je le tue. Je le hais parce qu'il est plus fort que moi, parce qu'il a une femme plus désirable que la mienne, parce qu'il mène une existence comme j'aurais voulu en mener, parce qu'il va dans la vie sans se préoccuper de ceux qu'il bouscule sur son passage....
Je ne suis pas un faible. Je ne suis pas non plus un raté. Ma vie, c'est moi qui l'ai choisie, comme j'ai choisi Isabel.
L'idée d'épouser Mona, par exemple, ne me serait pas venue si je l'avais connue à l'époque. Ni celle d'entrer, Madison Avenue, dans une affaire de publicité. Ce choix, je ne l'ai pas fait par lâcheté, ni par paresse. 
Cela devient beaucoup plus compliqué. Je touche à un domaine où je soupçonne que je vais faire des découvertes déplaisantes.
La main de Georges Simenon
En pleine tempête de neige, ivre, Donald se fige dans une grange et n’arrive pas à se relever pour aller chercher son ami perdu dans la nuit. Il se convainc alors qu’il est responsable de sa mort et entame une grande introspection. N’a-t-il pas loupé sa vie ? La grosse question de la crise de la 40-50aine.Avons-nous jamais eu quelque chose à nous dire ?
Je restais là, à le regarder, à me tourner parfois vers la rue dont le va-et-vient avait changé depuis mon enfance. Jadis, on comptait les voitures et il était possible de parquer n'importe où.
 — Quel âge as-tu, au fait ?
 — Quarante-cinq ans...
Il hocha la tête, murmura comme pour lui-même :
 — C'est jeune, évidemment...
Il allait en avoir quatre-vingts. Il s'était marié tard, après la mort de son père, qui dirigeait déjà le Citizen. Il avait fait ses premières armes à Hartford, et, quelques mois seulement, dans un quotidien de New-York.
J'ai eu un frère, Stuart, qui aurait vraisemblablement repris l'affaire s'il n'avait été tué à la guerre. Il ressemblait plus à mon père que moi et j'ai l'impression qu'ils s'entendaient bien tous les deux.
Nous nous entendions bien aussi, mais sans intimité
 — C'est ta vie, après tout...
Il grommelait. Je n'étais pas obligé d'avoir entendu.Une impressionnante plongée dans la psyché d’un homme qui doute et qui cherche les coupables – tout en sachant qu’il est le premier !

Le 110e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'étais assis sur le banc, dans la grange. Non seulement j'avais conscience d'être là, devant la porte déglinguée qui, à chaque battement, laissait s'engouffrer une rafale de vent et de neige, mais je me voyais aussi nettement que dans un miroir, me rendant compte de l'incongruité de ma position.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les Sanders passent le week-end chez leurs amis Dodd. Ils se rendent ensemble à une réception organisée par les Ashbridge : les libations vont bon train et Donald Dodd est troublé en découvrant par hasard Ray Sanders dans les bras de la maîtresse de maison. Au retour, une violente tempête de neige empêche la voiture de Dodd d'atteindre sa maison et les deux couples amis doivent effectuer à pied la fin du parcours. A l'arrivée, on s'aperçoit que Ray, perdu dans le blizzard, n'est pas là. Donald fait mine d'aller à sa recherche dans la neige, mais, abruti par la fatigue et l'alcool, il préfère se réfugier dans la grange.

Les Pitard

De nombreux Simenon se passent sur mer ou le long les canaux qui semble avoir été fasciné par ce monde. Les Pitard, c’est l’histoire d’un marin, son bateau et sa femme. La grosse mer et un naufrage. Naufrage d’un couple, d’un bateau ou des deux ?

Le signal du jour qui allait naître, ce fut, à bord du Tonnerre-de-Dieu, la distribution de café noir dans les quarts en fer-blanc, sauf pour les officiers à qui un Campois fantomatique apporta des bols.
 - Sors une bouteille de rhum et sers une tournée générale, dit Lannec en épiant d'un œil maussade le ciel qui pâlissait.
Il faisait plus froid que la nuit, un froid humide et pénétrant et tout le monde avait les yeux rougis par la fatigue. La mer ne s'apaisait pas, au contraire, et à mesure que la grisaille de l'aube permettait d'en voir davantage du Françoise, les visages se renfrognaient.
Le spectacle du chalutier désemparé était sinistre. Amputé de sa cheminée et de sa cabine, il n'avait plus physionomie de bateau et d'ailleurs, depuis longtemps, il ne réagissait plus en bateau.
Les Pitard de Georges Simenon
Un roman fascinant par sa montée en puissance et le déchaînement au paroxysme de la tension.

Une violente tourmente en pleine mer

Le 13e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le Journal de Rouen publiait à la rubrique « Mouvement du Port » : « Sortis : Le Tonnerre-de-Dieu, commandant Lannec, pour Hambourg, avec 500 tonnes de divers... »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ne fais pas trop le malin. Quelqu'un qui sait ce qu'il dit t'annonce que le Tonnerre de Dieu n'arrivera pas à bon port. Ce quelqu'un a bien l'honneur de te saluer et de dire le bonjour à Mathilde. »
Qui a bien pu écrire ces lignes couchées sur une feuille de mauvais papier qu'Émile vient de trouver dans sa cabine ? Qui ose lui gâcher son plaisir alors qu'il vient tout juste d'acheter son cargo après des années de labeur ? Et pourquoi mentionner Mathilde, son épouse ? Comment expliquer qu'Émile se sente à ce point surveillé alors que rien ne va comme prévu ?... Un farceur sûrement... Oui, c'est cela, un farceur... Mais de la farce au drame, il n'y a parfois qu'un pas...