Mes battements

Croquis de voyages et souvenirs d’enfance, anecdotes et amusements, Albin de la Simone ouvre des petites fenêtres sur son intimité, c’est chou, poétique, délicat.

Ce que j'aime le plus dessiner, après mes instruments de musique, ce sont mes instruments de cuisine: mes condiments !
Ici, vinaigres de kaki, de riz, de prune Ume, de calamansi, de Banyuls, de xérès, balsamique blanc, huiles d'olive et de tournesol, sel de Guérande, poivre sanshō-ko et poivre noir.
Et ailleurs, nuoc-mam, yuzukoshō, kabosukoshō, huile de sésame, tsuyu, dashi concentré, ponzu, gingembre, citron vert, petimezi, shiso à l'huile d'olive, purées de piment, toutes sortes de sauces pimentées, miso, yaki niku sauce, mirin, sésame...
J'oubliais cette belle boîte en fer de chocolat en poudre hollandais Haarlem. Je l'ai toujours connue. Sur la face rouge, la sorte de religieuse porte un plateau sur lequel est posée une boîte de ce même chocolat, sur laquelle la sorte de religieuse porte un plateau sur lequel est posée une boîte de ce même chocolat...
Mon esprit d'enfant plongeait dans l'infiniment petit de cette mise en abyme tous les matins.
Mes battements de Albin de la Simone
Et comme pour ses chansons, ces textes courts partagent des instants pour s’évader, rire ou sourire.

Un livre qui s’offre avec une magnifique bande son

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Rome le 30 septembre 2024. Il est 11h du matin. Parti à 4h30 de chez moi, j'arrive à la Villa Médicis qui me fait le beau cadeau de m'inviter en courte résidence pour finir le livre que vous tenez entre les mains. Donc à l'heure où j'écris ces lignes, ce n'est encore qu'un tas de dessins et de textes plus ou moins ordonnés. J'ai du pain sur la planche. Car un premier livre de ce type, comme un premier disque, est un peu constitué d'une vie entière, et quand on a 50 ans passés, il y a du tri à faire. À partir du deuxième, si on a bien fait son boulot dans le premier, on part d'une page blanche ou, au pire, d'une page beige. Nous verrons.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pour Albin de la Simone, avant la musique était le dessin. À la sortie de l'adolescence, l'envie de jouer, de composer, de chanter, a éclipsé tout le reste. Les encres et autres aquarelles ont été réduites au silence. L'éclipse a duré trente ans, jusqu'à ce qu'un nouvel accord se trouve. Aujourd'hui, le chanteur dessine et le dessinateur chante. Il dit son enfance, son chemin ; les couleurs de ses souvenirs, l'âme des lieux qu'il traverse, ce qui fait vibrer sa vie et la rythme.

Respect

Un livre puissant, violent qui m’a retourné. Moi qui avais tant ri devant les valseuses et même trouvé le livre fort sympa, je me sens trahi. Comment ai-je pu être aveugle à ça ? Admirer les Blier, Depardieu et tous les autres ?

Mon père avait le fantasme de la famille sacrée, unie comme un arbre qu'on ne fend pas en deux. Moi, je ne voyais pas que partager la vérité allait nous « fendre », au contraire, je voyais une main tendue. Mais en patriarche, il se voulait neutre, sans penser qu'être neutre, c'est être foncièrement du côté du pouvoir, c'est faire de l'OMERTA un savoir-vivre, c'est juger qu'une vie vaut moins qu'une autre, que le vieux monde est le monde, immuable.
Le DÉNI est une pluie de matraques molles.
Respect de Anouk Grinberg
Anouk Grinberg raconte les violences sexuelles, viols et l’inceste qu’elle a subi dans sa jeunesse et les atteintes sur sa vie. Comment cela a abîmé sa relation aux hommes, sa sexualité. Elle raconte aussi le monde du showbiz et ses abus, son couple avec Bertrand Blier, l’emprise, sa soumission, la négation d’elle-même.

Mais aussi, après, les belles rencontres, ses réalisations, son épanouissement… Même si toujours et encore, toutes les plaies ne peuvent se refermer.

En témoignage écœurant et bouleversant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dans ce monde malade de son pouvoir et de ses secrets, dire d'où vient le mal reviendrait à faire le mal. L'impunité est comme le petit Jésus couché dans le berceau de la Loi, tout est prévu pour assurer le « bon fonctionnement » d'une société, d'un milieu, d'une famille, tous déviants. Pas de bruit. Pas d'indiscrétion. On couvre les crimes, on couve la pourriture, et le monde continue d'être le monde, cette machine à haute teneur masculine qui broie silencieusement des vies. Il faut se taire, sinon... ce sera le malheur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ça dure quelques minutes pour l'homme et une vie entière pour la femme. » A. G.

La comédienne évoque son parcours marqué par les violences subies dans son enfance, une relation d’emprise et le silence du milieu cinématographique.
Elle questionne la célébration d'un art qui, sous couvert de subversion, perpétue la domination des femmes.

Mère à l’horizon

Quel passeur d’émotions ! Elle sont toutes là et Jacques Gamblin nous les fait toucher, sentir et en goûter les saveurs.

Après ça je ne dis plus rien et personne ne dit plus rien. Je m'accroche à ma ceinture pour survivre jusqu'à Burcy.
On roule parfois trop vite parfois trop lentement. Je fais les comptes, les minimes courent à 14 heures, il faut que j'y sois à 13 pour m'échauffer. Il y a soixante kilomètres, pas très doué en calcul mental, je conclus qu'avec une moyenne de soixante, on devrait mettre une heure. Je toussote pour regarder discrètement ma montre. 11 h 20. Mimile me dit tu es malade, je réponds non ça va. 
À la place du mort on a une meilleure conscience du danger mais on est moins malade. On ne peut pas tout avoir
Mère à l’horizon de Jacques Gamblin
Plus qu’une autobiographie qui part dans tous les sens, il s’agit plutôt d’un carton de photos qui serait tombé et dont l’auteur nous en rappellerait les souvenirs. L’enfance, la quincaillerie, les débuts à la technique, puis sur les planches et…Tu stockes une demi-douzaine de paquets de thé. À l'épicerie tu ne te souviens plus que tu en as déjà. 
Tu gardes tes croissants pour demain, puis demain tu les gardes pour demain... Ils sont rassis, ils n'ont plus de goût. Tu ne le sais pas puisque tu les gardes pour demain. 
Les fraises et les framboises subissent le même sort. 
Pour demain. 
Tu descends à la boîte aux lettres, prends ton journal, remontes chez toi, t'assois à la table de la cuisine, tournes les pages, attrapes quelques images, quelques titres, feuille à feuille, oubliés. 
Les jours ont-ils encore un sens ? 
C'est dimanche prochain carnaval. Comment tu vas te déguiser ? 
En courant d'air. Et surtout, la famille, la mère et sa mémoire qui s’en va.

Et c’est très touchant, un peu déconstruit, pas très bien fagoté… mais c’est tendre et chou

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Demain on change d'heure.
- Ah oui comment je vais m'y retrouver ?
- Je vais régler ta montre à l'heure de demain. Comme ça quand tu te réveilleras, tu seras à la bonne heure.
- Oui mais... demain il sera quelle heure ?
- Je ne sais pas. Quand tu vas te réveiller. Voilà j'ai réglé ta montre, la pendule, ton réveil... Ils seront à l'heure de demain.
- Oui mais l'heure elle va tourner cette nuit !
- Eh oui et comme ça demain elle sera à la bonne heure de demain.
- Oui mais si tu la mets maintenant à l'heure de demain et qu'elle continue de tourner cette nuit, elle ne sera pas à l'heure demain.
- Maman...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un hommage bouleversant de Jacques Gamblin à sa mère, où le rire n'est pourtant jamais loin, prêt à déferler sur la grève.

Je n'ai plus que la mémoire de l'instant, dit-elle.
Elle reste assise de longues heures, les rideaux à peine ouverts.
Elle veut bien voir le dehors mais que le dehors ne la voie pas.
Elle se met du rouge à lèvres quand elle reçoit une visite.
Son premier baiser, elle l'a donné entre les casseroles et les pinces multiprises.
Elle rêvait de jouer le jazz.
Un jour, elle est montée à la grande échelle.
Comment tu vas te déguiser au prochain carnaval ? Elle répond :
En courant d'air.
Elle a commencé à perdre l'audition il y a quelques années. La mémoire a suivi et couru à sa perte. Sans bruit. Sans choc. Avec la vie qui change de volume.
Pour combler les phrases qu'elle ne prononce plus, j'écris. J'attrape son silence au vol, le fais rebondir, pour l'aimer encore, autrement, pour l'aimer mieux.

Un hommage bouleversant à la mère, où le rire n'est pourtant jamais loin, prêt à déferler sur la grève.

Cher corps, petit salopard

Parfois, on fait des plans, on prend des résolutions, on se dit que les conneries ça suffit et qu’il est temps de réaligner. Mais après… la vie !

Il se passe quelque chose, je le sens, et ça me rend tarée de ne pas comprendre. Je dois le rejoindre demain pourtant, j'ai tant besoin de lui. Je mets les pieds dans le plat. Parle-moi. Parle-moi.
La seule chose qu'il finit par répondre c'est que, oui, il faut qu'il me parle mais là aujourd'hui il a trop de boulot il n'y arrive pas, il a un coup de blues il se pose des questions et il pense que ce n'est pas une bonne idée que je vienne demain comme prévu.
Quelqu'un aspire mon cœur avec une paille, bruyamment. Mon sang devient très froid.
Cher corps, petit salopard de Zoé Vintimille
L’autrice du génial Il est 14h, j’enlève ma culotte nous propose le journal de l’année de ses 46 ans. Une année qui commence pleine de bonnes résolutions, bien vite enflammées ! Et voilà qu’une belle saloperie vient squatter son sein gauche.

Un petit livre qui m’a forcément rappelé Le mal joli de Emma Becker. Mais si apparemment les similitudes semblent nombreuses (dans la première moitié du livre), j’ai paradoxalement trouvé Zoé Vintimille plus sincèrement intime alors qu’il s’agirait d’un pseudo ?!?

Un journal à l’écriture légère et pimentée et qui aborde sans pathos des sujets plus durs. Le cancer et les nouvelles formes relations homme-femmes à l’heure des réseaux.

… Et vite Zoé, on attend avec impatience votre histoire de méduse

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je viens d'avoir quarante-six ans.
Petite fille, jamais je ne m'étais imaginée à cet âge. À partir de trente ans et jusqu'à soixante, tout ça était extrêmement flou. À vrai dire je suis plutôt à l'aise dans mes pompes et assez fière du chemin parcouru. Mon corps est sympa avec moi, certes la peau se détend et le cul n'est plus aussi ferme, les cervicales se coincent régulièrement mais, jusqu'ici, ça va plutôt bien. Les dix dernières années ont été éprouvantes et je me suis éparpillée, beaucoup de sexe beaucoup de fuite. J'ai besoin de rassembler les morceaux. Je voudrais que quelque chose arrive, tout en lui laissant le temps d'arriver. Un amour, un roman, des personnages de fiction.
Quelque chose est arrivé, mais pas tout à fait comme prévu.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'avais décidé de me calmer un peu sur les mecs. Ça faisait partie de mes résolutions de début d'année : je voulais du temps pour écrire, sur d'autres vies que la mienne, et aussi je voulais tomber amoureuse. Vraiment amoureuse. Pour ça, j'étais prête à attendre. Au printemps un homme est arrivé, il avait les cheveux en bataille et des yeux qui riaient. Et c'est là, juste après, que la vie a dû se prendre les pieds dans le tapis, car dans le lot il y avait bien l'amour, mais aussi une sale petite tumeur dans le sein gauche. »

Après Il est 14h, j'enlève ma culotte et Ceci n'est pas un roman érotique, Zoé Vintimille poursuit l'exploration de sa vie de femme et de ses désirs, souvent contradictoires. Elle livre ici le journal de sa quarante-sixième année, de janvier à décembre, avec toute la sincérité, l'ironie et la sensibilité qui la caractérisent.

Tous les silences ne font pas le même bruit

Choquant, bouleversant, intime… c’est une foule d’adjectifs qui me viennent après cette intense lecture.

Un livre à prendre dans son entier. A lire tout en empêchant son cerveau de lever la main et de crier oui mais moi…

Les « masculinistes» méritent tous de crever pour mille et une raisons, mais d'abord pour celle-ci : avoir discrédité, avili, terni, déconsidéré, sali, flétri, enlaidi, frelaté l'ensemble des attributs traditionnellement associés au genre féminin.
Tous les silences ne font pas le même bruit de Baptiste Beaulieu
Le témoignage magnifique de la vie d’un homosexuel (homme blanc et d’un milieu aisé), de son enfance à aujourd’hui avec toutes les frustrations, salissures et humiliations… mais aussi les belles rencontres, la famille, l’amour et les amitiés.Toi, ce que tu veux savoir, c'est pourquoi, si les hommes aiment vraiment leur femme, ils la quittent quand elle tombe malade, c'est-à-dire quand ils ne peuvent plus avoir le sexe gratuit. Le ménage gratuit. Les lessives gratuites.
Il existe des études. Tu ne sors pas ça d'une étude from your ass. C'est documenté : à l'annonce d'un cancer, une femme aurait six fois plus de risque d'être quittée qu'un homme*. Et c'est le même chiffre avec d'autres maladies (par exemple sclérose en plaques). Tu ne serais pas étonné que ces chiffres soient les mêmes quand ce n'est pas la femme mais l'enfant du couple qui tombe malade.
À tout cela, par habitude, on a donné le nom d'amour.
Mais où est l'amour là-dedans ?A l’heure de la montée des masculinistes (y en a-t-il plus ? Je ne sais pas, mais en tout cas, ils se permettent de faire de plus en plus de bruit) et des fascismes décomplexés, il est important de comprendre leur toxicité, leur violence, leur haine ! Que ce soit pour les femmes, les homos ou toutes les minorités…

Une nocivité qui, finalement, touche toute la société si on l’observe sous l’angle de l’intersectionnalité

Le concept d’intersectionnalité dans le cadre de la réussite universitaire au Canada

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu es enfant, c'est dimanche soir, tu es installé sur le divan en osier, dans les bras de ta mère, merveilleux bras qui n'ont jamais trahi, jamais manqué à leurs devoirs. Tu portes un pyjama bleu en pilou-pilou, tu as glissé tes pieds nus sous les cuisses de ton père pour les tenir au chaud.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tu es un garçon de 8 ans. Un dimanche soir, en famille, tu regardes un film qui se moque d'un couple d'hommes. Qu'y a-t-il de si drôle ?

Tu deviens un adolescent que l'on insulte : « Sale pédé ! » Tu contemples l'eau noire du canal du Midi, prêt à abandonner. Sur tes épaules, un sac à dos rempli de pierres et ton secret.

Te voilà jeune homme, tenant la main de ton amoureux au risque d'être tabassé, puis père à ton tour. Un médecin révolté, un écrivain qui ne peut plus se taire.

C'est l'histoire d'un homosexuel, aujourd'hui, en France. Son récit nous fait entrer dans sa peau et adopter son regard. Il raconte les préjugés, le harcèlement, la mise à l'écart et les silences qu'il doit affronter. Il y a l'homophobie qui nous révolte et celle que l'on ne soupçonne pas, logée en chacun de nous.

Un grand texte, bouleversant et universel.

L’effondrement

Est-ce que tout était écrit d’avance ? Le déterminisme social explique-t-il cet effondrement ?

j'ai pris un couteau et je lui ai planté dans la tête.
Sur son front.
Il avait du sang partout, il criait, t'aurais vu le truc, on aurait dit un film d'horreur. Il a eu des points de suture et je sais qu'il a dit à votre mère qu'il s'était blessé en tombant par terre, sauf que plusieurs mois plus tard, il était bourré et il a dit ce qui s'était vraiment passé, alors ta mère elle m'a appelée et elle m'a dit comme ça Mais ça va pas de planter un couteau dans la tête de mon fils ? Et moi je lui ai répondu Mais c'est parce qu'il me frappe madame et moi je ne veux pas me laisser faire, je ne suis pas quelqu'un qui se laisse faire.
Jamais.
Elle m'a dit Ah bon.
C'était toujours la même chose. Il buvait et il commençait à ressasser tous ses vieux problèmes.
Je lui disais, Oh c'est bon c'était il y a dix ans tu peux passer à autre chose ça sert à rien de rester bloqué là-dessus, faut avancer.
L’effondrement de Édouard Louis
Édouard Louis nous parle de son frère, mort de son alcoolisme, de sa propre violence, ses colères et son besoin de reconnaissance… Mais aussi de son enfance, de ses relations familiales, professionnelles, amoureuses et amicales.

Le sombre gâchis d’une vie sous le regard d’un enquêteur la tête pleine de pourquoi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je n'ai rien ressenti à l'annonce de la mort de mon frère; ni tristesse, ni désespoir, ni joie, ni plaisir. J'ai reçu la nouvelle comme on recevrait des informations sur le temps qu'il fait dehors, ou comme on écouterait une personne quelconque nous dérouler le récit de son après-midi au supermarché. Je ne l'avais pas vu depuis presque dix ans.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mon frère a passé une grande partie de sa vie à rêver. Dans son univers ouvrier et pauvre où la violence sociale se manifestait souvent par la manière dont elle limitait les désirs, lui imaginait qu'il deviendrait un artisan mondialement connu, qu'il voyagerait, qu'il ferait fortune, qu'il réparerait des cathédrales, que son père, qui avait disparu, reviendrait et l'aimerait.

Ses rêves se sont heurtés à son monde et il n'a pu en réaliser aucun.

Il voulait fuir sa vie plus que tout mais personne ne lui avait appris à fuir et tout ce qu'il était, sa brutalité, son comportement avec les femmes et avec les autres, le condamnait ; il ne lui restait que les jeux de hasard et l'alcool pour oublier.

À trente-huit ans, après des années d'échecs et de dépression, il a été retrouvé mort sur le sol de son petit studio.

Ce livre est l'histoire d'un effondrement.
É. L.

Le journal d’Edward, hamster nihiliste (1990-1990)

Rarement un petit livre rigolo, d’apparence un peu crétine, ne m’aura fait réfléchir comme celui-ci.

Mercredi 14 mai
Réflexions sur une roue :
Ça tourne.
Ça ne sert à rien.
Ça grince.
Je n'en ferai plus.
Le journal d’Edward, hamster nihiliste (1990-1990) de Miriam Elia et Ezra Elia
Vous aussi ? dans votre enfance, vous avez eu un hamster ? Bestiole sacrifiée dans une cage métallique et condamnée à tourner encore et encore dans une roue en plastique.

Vous êtes vous réellement demandé ce qu’elle pouvait penser de sa captivité ?

Edward l’a fait. Et c’est drôle et triste comme tout

Et moi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mercredi 30 avril
C'est mon anniversaire et personne n'a l'air de l'avoir remarqué. Cela fait aujourd'hui six mois. Six mois qu'ils m'ont « acheté » à l'animalerie Tom & Jerry.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mercredi 7 mai
Deux d'entre eux sont venus aujourd'hui, ils m'ont sorti de force de la cage et mis dans une sorte de labyrinthe improvisé. Un labyrinthe sans issue. Ils riaient et poussaient des cris perçants comme si c'était un jeu - mais je savais que ce n'en était pas un. Leur but est de venir à bout de ma volonté, de me réduire à néant. Ils peuvent bien me priver de ma liberté, ils n'auront jamais mon âme.

Je m'appelle Edward, et je suis un hamster.

11 quai Branly

Le projet : se retrouver dans un lieu de son enfance. Mazarine M. Pingeot retourne quai Branly.

Et voilà que je vais y retourner. Pour de vrai. Aujourd'hui, on dirait « en présentiel » et ce mot affreux aurait ici du sens. Car revenir physiquement sur les lieux est une expérience. Bientôt il y aura une date. On se met d'accord. Les vacances de février, c'est bien. Un court horizon s'ouvre : nous sommes en décembre. Dans deux mois. Vais-je y réfléchir ? Vais-je faire des pronostics ? Il faut tout noter. Il faudrait retrouver ce que j'en ai écrit dans d'autres livres. Il faudrait se fabriquer une mémoire comme une cuirasse pour ne pas arriver les mains vides. Il faut s'armer de nouvelles résistances. Ou bien toutes les détruire, les unes après les autres, pour revenir vierge et retrouver la première fois. Car il y eut bien une première fois.
Mon père n'a pas été élu en 1974. Et je suis née.
11 quai Branly de Mazarine M. Pingeot
Pas vraiment l’occasion d’un grand bouleversement, mais la possibilité, peut-être, de poser quelques valises.Cette fois, je peux laisser les clés. Il n'est pas donné à tout le monde de recommencer les adieux quand la première fois ils ont été manqués.
Je peux désormais quitter les lieux sans les fuir.L’occasion de quelques pensées et de pas mal de stress aussi.

Un livre qui n’apprend pas grand chose – tant a déjà été dit et écrit – mais certainement une possibilité de se réapproprier son histoire, sa jeunesse

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai vécu quai Branly de neuf à seize ans. Ce qui correspond à ce qu'on appelle une adolescence. Ça n'en était pas seulement le décor, mais également le tombeau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai vécu avec mes parents quai Branly de neuf à seize ans. Ce qui correspond à ce qu'on appelle une adolescence. Ça n'en était pas seulement le décor, mais également le tombeau.

L'appartement de fonction était vide, et rien ne parvenait à le remplir. Surtout pas moi. Un fantôme. Dont nul ne pouvait connaître la présence en ce lieu qui n'était ni chez elle, ni chez lui, ni chez eux.

J'ai vécu mon adolescence dans un logement de passage où personne ne passait. Chez moi, c'était chez personne. »

En revenant à « l'Alma », Mazarine M. Pingeot revisite une page de sa vie personnelle qui est devenue collective quand d'autres ont raconté à sa place cette jeunesse secrète et « dorée ». Le temps a passé, l'enfance s'est éloignée mais l'autrice peut aujourd'hui la raviver en faisant l'expérience du retour. Est-il possible, bien des années après, de repenser plus justement son enfance et de s'en émanciper ?

Ann d’Angleterre

Suite à un AVC de sa mère, Julia Deck raconte en parallèle la vie de sa mère et l’accident avec toutes ses suites.

Dans Le Limier, de Mankiewicz, Laurence Olivier joue un écrivain britannique jusqu'à la moelle, et Michael Caine un immigré italien qui a trimé toute sa vie pour se fondre dans la bonne société. Le premier ne cesse de renvoyer l'autre à ses origines. Poussé à bout, Michael Caine finit par s'écrier que, grâce à tous ses efforts, I have become English, il est devenu anglais. C'est le triomphe de Laurence Olivier, qui lui rétorque avec une inflexion spécialement méprisante How can you possibly become English? Comment pourriez-vous bien devenir anglais - comme si la parfaite maîtrise de la langue, des coutumes et des mœurs permettait de s'arroger l'ineffable singularité que d'autres éprouvent dans leur chair depuis le premier jour, et même depuis avant la naissance, par transmission d'attributs dont le seul caractère inimitable confère à celui qui les porte une forme de noblesse.
Je ne rejoindrai jamais ma mère parmi les Anglais.
Ann d’Angleterre de Julia Deck
Deux parties bien distinctes qui finissent par se rejoindre dans un questionnement qui ne trouvera possiblement pas vraiment de réponses satisfaisantes.

Un sombre tableau des hôpitaux et du système de soins français

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
On y pense ou on n'y pense pas. J'y pense depuis trente ans. Je tente de m'y préparer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En avril 2022, la mère de Julia Deck est victime d'un accident cérébral. Selon les médecins, ses chances de survie sont infimes. Mais la patiente déjoue les diagnostics. Commence alors un long cheminement, dans l'espoir d'une convalescence, à travers le dédale des établissements de soins. En parallèle, Julia Deck raconte, sur un rythme vif et non dénué d'humour british, la vie de cette femme issue d'une famille ouvrière anglaise, passionnée de littérature, qui s'est élevée socialement, est venue habiter en France, tout en continuant d'entretenir un rapport complexe avec sa famille d'Angleterre. Car au milieu de son histoire, Julia décèle une étrangeté, peut-être un secret - un point aveugle dans le récit de sa filiation. Mais à cette interrogation, seule sa mère, précisément, pourrait répondre. Ce texte splendide, qui questionne les liens entre l'écriture et la vie, est aussi un geste d'amour bouleversant d'une fille envers sa mère.

Moi, Fadi le frère volé, t.1 : (1986-1994)

Riad Sattouf continue a retourner en enfance, celle de son frère, enlevé par son père, direction Syrie.

Moi, Fadi le frère volé, t.1 : (1986-1994) de Riad Sattouf
Si l’impression de déjà vu est assez forte, limite lassante, son talent de conteur réussit toutefois à toucher juste.
Bienvenue en Syrie et oublie ta maman ! Arrête de pleurer et tiens, prends un bonbon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je m'appelle Fadi Saltouf, et mon premier souvenir se passe dans le jardin de ma grand-mère au cap Fréhel, en Bretagne. Je dois avoir à peu près 2 ans et j'ai l'impression d'être la lumière qui éclaire le monde !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ah, c'est ainsi ?
Eh bien, je pars vivre en Syrie, avec mon papa.
Car c'est ce que font les fils, ils suivent leur père. »

Riad Sattouf revient avec une nouvelle série de bandes dessinées, qui replonge le lecteur dans l’univers de sa série à succès L’Arabe du futur.
Ce nouveau projet repose sur les histoires que Riad Sattouf a recueillies en 2011 et 2012 auprès de son frère Fadi Sattouf.
Dans ce récit, c’est Fadi le narrateur : il retrace son parcours hallucinant, de son enfance heureuse en Bretagne auprès de sa mère adorée et de ses grands frères, Riad et Yahya, jusqu’à la Syrie de son père, rude et inconnue pour lui...