Les innocents

Dernier des romans durs de Simenon, les innocents est paru en 1972. Et c’est un très bon Simenon ! Alors, certes, la fin s’annonce aussi évidement que le camion du début. Pas vraiment de suspense ici. Mais comme souvent dans ses livres, c’est par sa connaissance de l’âme humaine et son talent à la décrire que Simenon impressionne.

D'évoquer ainsi ses souvenirs du passé ne l'empêchait pas de rester attentif, malgré lui, à ce ce qui se passait autour de lui. Il aurait voulu que la vie soit finie, que la terre cesse de tourner parce que Annette était morte, mais il avait, en arrivant dans l'atelier de la rue de Sévigné, un coup d'œil vers la baie vitrée qui découvrait un ciel qui, depuis quelques jours, restait d'un même bleu pastel, avec le rose des poteries de cheminées qui tranchait sur le gris des toits.
Il saluait chacun d'un mot gentil et ils devaient être persuadés qu'il allait mieux.
Il réalisait maintenant, à son établi, le bijou qu'il dessinait quand le brigadier était venu lui annoncer son malheur. Et il le faisait avec amour, comme s'il le dédiait à Annette.
Pour lui, elle restait vivante et parfois, quand il était boulevard Beaumarchais, il était sur le point de lui adresser la parole.
Les innocents de Georges Simenon
Un homme perd sa femme brutalement, shootée par un camion. Son monde s’écroule.

Et ce n’est pas fini

Le 117e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Même la giboulée de mars qui tombait depuis une heure était savoureuse, car elle donnait à l'atelier une couleur plus intime. On retrouvait les toits de Paris que la pluie laquait d'un noir bleuâtre et le ciel était d'un gris qui gardait une certaine luminosité.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Depuis seize ans, Georges Célerin est associé à son ami Brassier dans une entreprise de bijouterie : le premier dessine les bijoux et dirige l'atelier, le second s'occupe des commandes et de la vente. Célerin vit en parfaite harmonie avec sa femme Annette, leurs deux enfants et ses collaborateurs. Un accident stupide va changer la destinée de cet homme heureux : Annette, qui travaille comme assistante sociale dans le quartier de la Bastille, se fait écraser par un camion en traversant la rue Washington, dans un quartier où, apparemment, elle n'avait rien à faire.

Après ce coup terrible, Célerin n'est plus le même homme. Sur les traces de la morte, il cherche à savoir ce qui s'est passé.

La mort d’Auguste

Personne ne s’entend vraiment bien, ni mal non plus d’ailleurs. Ils ont été enfants ensemble, ils sont restés frères et… Maintenant que le père est mort ? Les petits sous, les biens, et sous le matelas, et le petit coffre, la banque, le restaurant… ? Ça fait combien tout ça ?

 - Celui qui me déçoit, c'est Ferdinand... Je ne m'attendais pas à ce qu'il se mette de son côté...
Antoine ne répondit pas. Son frère ne s'était pas mis carrément du côté de Nicole. Il était plutôt resté neutre. C'était à cause de sa femme. Si Véronique n'avait rien dit, c'est qu'elle savait l'attitude que prendrait son mari.
 - Bonne nuit, soupira-t-il.
 - Bonne nuit, Antoine...
Il restait un vide, dans le lit, entre eux deux. Aujourd'hui, il y avait des vides partout.
 - Tu crois qu'Antoine sait où ton père a placé son argent?
Ferdinand ne répondit pas tout de suite. Tassé sur le siège, à côté de sa femme qui les conduisait à la porte d'Orléans, il était maussade, mal à l'aise. Ce qui venait de se passer l'affectait et il prévoyait d'autres difficultés dans l'avenir.
 - Mon père n'a jamais parlé de ces choses-là... murmura-t-il enfin.
La mort d’Auguste de Georges Simenon
Surpris par le décès du père, mort sans laisser de testament, trois frères se retrouvent (accompagnés de leurs femmes à qui Simenon fait tenir des rôles caricaturaux et guère flatteurs)… à se partager le magot autour d’un corps encore tiède.

La mort d’Auguste, l’occasion d’une photographie de la cupidité familiale

Le 107e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
De la caisse où elle était assise, sereine et vaguement souriante, Fernande avait vu entrer le couple et elle avait compris tout de suite qu'ils venaient pour la première fois. Ils étaient très jeunes tous les deux, vêtus de neuf des pieds à la tête comme de nouveaux mariés qu'ils étaient sans doute, et, la porte franchie, ils s'étaient efforcés de cacher leur surprise et leur hésitation.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
A l'enseigne de « Chez l'Auvergnat », rue de la Grande-Truanderie, dans le quartier des Halles, on trouve un bistrot réputé. La modestie du décor contraste avec la clientèle aisée et mondaine qui s'y presse chaque soir. Le vieil Auguste, son propriétaire et fondateur, vient de mourir subitement. Réunis à l'occasion du deuil, ses trois fils cherchent en vain un testament, des papiers, l'argent que leur père avait accumulé, en comptant chaque sou, depuis l'âge de douze ans.

La fortune reste introuvable et les regards se font lourds, le climat pesant, les paroles dures. Auguste n'a laissé qu'une clé, celle d'un coffre bancaire du quartier. Il faut attendre, puisque la banque n'ouvre que lundi.

Tsunami

Tsunami raconte une touchante histoire, celle d’un jeune homme à la recherche de sa sœur disparue en Indonésie, quelque temps après le grand tsunami de 2004.

Tsunami de Stéphane Piatzszek et dessins de Jean-Denis Pendanx
Une quête dans un cadre idyllique qui flirte avec le fantastique et les fantômes des disparus.C’est tendre et beau, parfois drôle, d’autres fois triste. Une quête pleine d’émotions aux aquarelles magnifiques

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je ne sentais pas la puanteur des motos déglinguées qui envahissaient le centre-ville.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comment retrouver sa grande soeur... quand elle a disparu il y a dix ans ?
quand elle a disparu en Indonésie, juste après le tsunami ?
quand elle a disparu alors qu'elle soignait des populations meurtries et affamées ?

Comment retrouver sa grande soeur...
quand on n'a jamais mis un pied hors de l'hexagone ?
quand on tombe par mégarde amoureux d'une adorable Papoue en cavale ?
quand ladite jeune femme connaît le vaudou et les morts qui marchent ?

Comment retrouver sa grande soeur
quand on découvre qu'elle vit loin, très loin, tout au bout d'une île... tout au bout du monde et peut-être plus loin encore ?

Un homme seul

Jean-Michel, le papa de Frédéric, a vécu une enfance sans l’amour de ses parents. Il a traîné cette blessure toute sa vie, qu’il a d’ailleurs fort bien réussie. Une success story.
À sa mort, Frédéric ouvre les tiroirs et nous dresse le portrait d’un homme du 20e qui s’est quand même bien bâfré. Bouffe autant que femmes ! Mais qui, à la fin de sa vie, se retrouve bien seul malgré tout un bottin mondain comme carnet d’adresse.

L'inconvénient de la jet-set : dès que tu tombes malade, que tu vieillis et maigris, ou que tu t'appauvris et que tu perds ton pouvoir, tu te retrouves seul et tu te rends compte que tu l'as toujours été.
Un homme seul de Frédéric Beigbeder
Une tendre biographie d’un père haut en couleur, qui n’a jamais vraiment su témoigner son amour à ses enfants.

Bien sûr, Frédéric en profite pour parler de lui. Normal. Et en bon cynique assumé, ouin-ouin est fort drôle lorsqu’il se rit de lui. Mais à la fin de cette lecture, un doute me chatouille pourtant. Rit-il vraiment de lui ou sourit-il avec la foule tout en se répétant sans cesse, comme le vicomte, « Ce n’est pas ma faute ». Regardez papa

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Sorèze

La France venait d'être libérée quand mon père fut enfermé. En octobre 1946, sa famille l'a banni au pensionnat de Sorèze, derrière de hauts murs dans la Montagne Noire, à l'âge de huit ans. Pour l'y emmener, la berline Rosengart Supertraction de mon grand-père traversa des forêts de conifères comme si elle pénétrait un autre monde. Le petit Jean-Michel Beigbeder renversait des cageots de fruits sur ses genoux à l'arrière de la voiture. La nourriture était encore sévèrement rationnée : les pêches et les abricots serviraient de monnaie d'échange à l'internat.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce livre raconte la vie de William Harben Carthew (1938-2023), alias Jean-Michel Beigbeder, l'homme qui choisissait les puissants en France, à la fin du XXe siècle.

Comme il est dangereux d'écrire sur son père mort ! On risque de faire la connaissance posthume d'un espion franco-américain. De découvrir son enfance sinistre dans un pensionnat militaire catholique. D'en vouloir à sa famille qui a pourtant sauvé des juifs sous l'Occupation. De révéler les coulisses du métier de chasseur de têtes, qu'il a importé en France. De croiser tout le CAC 40 et toutes les agences de mannequins. De dépeindre une génération de jouisseurs égoïstes dont le confort fut l'idéologie, le luxe l'utopie et le divorce la fatalité. De raconter la folie consumériste de l'après-guerre. De revivre les fêtes de la jet-set à Bangkok, Bali, Paris, New York et Saint-Tropez. De regarder mourir un homme seul, ruiné, qui a toujours ressemblé à un enfant abandonné. De tomber dans le piège de l'émotion quand on a construit son image sur le sarcasme.

Mais surtout, en enquêtant sur la vie d'un père mystérieux et séducteur, on court le pire des dangers : savoir enfin qui l'on est. »

F.B.

Quand arrivent les chevaux

Marc Lavoine m’avait bien fait rire et beaucoup touché avec son homme qui ment, un livre sur son gros mytho de père, communiste aux multiples maîtresses. Je l’avais trouvé sincère et touchant.

Je lui ai dit: « Don, je vais la faire courte. Je sais pas si tout cela a un lien, mais c'est comme ça, ma mère que tu connais peut-être ou dont tu as entendu parler... bon, toujours est-il qu'elle t'aurait adoré. » 
Le cheval n'a rien répondu et c'était très bien comme ça. Je suis monté sur son dos, c'était déjà le matin, les autres étaient en selle et nous allions prendre le chemin du retour. Nous avons entamé le galop sur la glace du lac gelé. Don galopait seul. Je n'avais aucune prise, il suivait ses congénères sans même me calculer. Cette ignorance de sa part à mon égard me fit froid dans le dos, j'avais mal partout. 
J'ai tiré sur les rênes et l'ai sommé de s'arrêter. 
Stop !
Quand arrivent les chevaux de Marc Lavoine
Mais ici, peut-être parce que les émotions sont trop fortes, c’est avec une fiction qu’il a choisi de parler de sa mère, de son deuil. Et c’est drôle, touchant, chevaleresque, et plein d’un amour fantastique et surnaturel, fictionnellement très sincère.

Une magnifique lecture, avec une gestion des dialogues peut-être un peu… théâtrale

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Petit a
Avant de vous plonger dans la lecture du roman qui rend hommage à la femme merveilleuse que fut ma mère, que je remercie de l'héritage considérable qu'elle m'a laissé et que je ne cesse de découvrir tous les jours de ma vie, je voulais vous dire pourquoi j'ai écrit ce livre.

Je me sens responsable de sa mort.

Par manque de courage, je n'ai pas voulu la changer de clinique pour la remettre aux mains du docteur Francis Djian, qui lui avait déjà fait rebattre le cœur par deux fois. Et un peu plus pour être exact...

Vous voyez...

Je n'ai pas eu le cran. Je n'ai pas voulu faire le chieur, le malin. Je le regrette.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Mon p’tit rat, J’espère que toutes mes histoires ne te perturbent pas trop et que tu commences à sentir le passage de mon âme vers la tienne. Je m’y suis préparée. Je sais que, pour toi, c’est un choc, mais il faut calmer le jeu, c’est pas la fin du monde, bien au contraire. C’est un grand rendez-vous que nous avons, toi et moi, mon rat. Je dois tout mettre en ordre de mon côté, j’y suis presque. Mais toi, tu as des choses à faire, si tu veux bien me faire confiance. »

Dans un monde dont les repères s’effacent, où les identités se confondent, où le temps ne semble pas toujours s’écouler dans le même sens, un fils se tient au chevet de sa mère en train de vivre ses derniers jours. Est-ce parce qu’il ne se résigne pas à la disparition annoncée de cette femme merveilleuse et irremplaçable qu’il est dans cet état ? Elle aussi, de son côté, semble perdre la tête. Mais ce qui pourrait passer pour de la démence n’est-il pas plus simplement une manière de façonner le monde à sa guise ?

Londres 13h30

Quelle émotion de retrouver Laurence Boissier en librairie, de découvrir cet impublié et d’y retrouver son humour tout en finesse et légèreté. Certes, c’est avec appréhension que j’ai ouvert ce petit livre, craignant d’y trouver un brouillon inachevé. Mais non, c’est bien l’autrice de Safari et de l’Inventaire des lieux qu’on retrouve ici. Un bonheur qu’il ne fallait pas laisser dans un carton poussiéreux.

Émilienne
Ce matin Émilienne réalise l'un des quelques fantasmes qui parcourent l'histoire universelle des femmes d'un bout à l'autre. Elle commande son expresso habituel au Passeport. Son garçon de café préféré le lui apporte, mousseux. Comme au ralenti, il le pose devant elle sur la table, puis le verre d'eau. Et là, au lieu de s'éloigner pour servir d'autres clients, il plante un deuxième expresso sur la table et s'assied. Sourire jusqu'aux oreilles. Le mythe du garçon de café inaccessible s'est écroulé ce matin. Et c'est elle qui était là.
Londres 13h30 de Laurence Boissier
Merci art&fiction, à la famille et à toutes et tous ceux qui ont permis à ce petit bijou de voir le jour.

Des histoires de vies qui se croisent et s’entrecroisent à l’aéroport de Genève, à déguster avec émotion en regardant les cirrus homogenitus dans le ciel

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
En allant chercher ses enfants à l'école à quatre heures, une fois de plus, Émilienne s'étonne. Tom sort très posément, scanne rapidement les environs, puis se dirige vers elle sans hésiter. Elle est émerveillée de voir comment, à chaque fois, il trouve exactement la maman qu'il lui faut.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Assise chaque jour au bar de la halle Arrivée de l’Aéroport de Genève, Émilienne tente de surmonter le plus irréparable des événements: la mort de son père, son papa, passager parmi d’autres du vol de Londres 13h30 et dont l’avion s’est abîmé dans la Manche. Observatrice à l’affût, elle documente dans son journal le passage des voyageurs. « Londres 13h30 » est le premier roman adressé par Laurence Boissier à art&fiction. Le manuscrit a disparu, longtemps, puis a réapparu subrepticement à l’occasion d’un rangement, rappelé à l’existence après la disparition de son autrice.

Le fils du yéti

Si ce fils du Yeti est bien moins pathétique que Jean-Claude Tergal, il en devient bien plus touchant, tout en conservant le même humour auto-dépité.

Tout en me mordant la lèvre inférieure, je fus visité par l'idée que les mères, en tout cas celles de cette époque, ne voulaient pas vraiment notre bonheur. Mais avant tout nous « caser ». Avec n'importe qui, la première venue, ouf, ça, c'est fait, et par pitié offrez-nous l'image d'un couple épanoui, peu importe la vérité, vite, glissez la poussière sous le tapis, si nécessaire. Le bonheur, c'est un plus, un hasard. Pour elle, comme le veut la formule, le bonheur n'est que « du malheur qui se repose ». Ce qu'elle cherchait pour moi était un bien plus précieux aux yeux de quelqu'un qui a connu la tourmente la sécurité.
Le fils du yéti de Didier Tronchet

Une histoire qui pêche peut-être par un trop grand nombre d’entrées (la voisine, le père, la grand mère, Laurence et Anthony…), pour autant, c’est un portrait avec beaucoup de tendresse maladroite que Didier Tronchet nous dresse ici.

Un livre doux comme le parfum des mandarines avant Noël

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Samedi 25
Vers quatre ou cinq heures du matin, un vacarme effroyable. J'enfile un pantalon à la hâte et file vers la porte. La verrière de la cage d'escalier tombe par pans entiers qui se brisent au contact du sol. Des flammes viennent lécher le plafond, juste au-dessus de moi, au dernier étage. Elles pro- viennent de chez mes voisins du dessus. Je me souviens à cet instant qu'ils sont absents.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« C'est ainsi qu'a commencé cette semaine extravagante. Extravagante à l'échelle d'une vie où il ne s'était finalement rien passé de fracassant. Un peu comme si quelqu'un là-haut s'était souvenu de mon existence, et décidait de me faire payer les arriérés... De me livrer mon lot d'événements, d'un bloc. Et sur huit jours. »
Un incendie nocturne, la mort d'un ami (mais lequel?), l'étrange photo de son père et cet album de Tintin dans lequel il croit se reconnaître... Voilà une semaine agitée pour notre héros, qui tient de sa mère une indécision maladive, et de son père une tendance déraisonnable à la nostalgie...
Avec l'humour et la distance qu'on lui connaît, Didier Tronchet nous livre une réflexion émouvante sur la filiation et la paternité.

Alors c’est bien

Une merveille !

Depuis deux ans, le père de Clémentine était malade. Elle raconte ici son père, ses parents, la famille, la maladie, la mort, la cérémonie. Elle raconte l’amour, la famille, les rires et les joies.

Le couple que formaient mes parents, c'est La Promesse de l'aube, de Romain Gary: « On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. » Lorsque j'étais enfant, je n'avais aucun doute sur le fait qu'une fois adulte, je vivrais dans la plus idéale complicité avec quelqu'un qui m'aime sans condition. Tout comme, en voyant les seins identiques et parfaits des danseuses du Crazy Horse à la télévision les soirs de réveillon, j'étais convaincue que, plus tard, j'en aurais de pareils. Pour les seins comme pour l'amour, la vie nous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient pas toujours
Alors c’est bien de Clémentine Mélois
Et c’est drôle et c’est beau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il faut que je raconte cette histoire tant qu'il me reste de la peinture bleue sur les mains. Elle finira par disparaître, et j'ai peur que les souvenirs s'en aillent avec elle, comme un rêve qui s'échappe au réveil et qu'on ne peut retenir.

Avec ce bleu, j'ai peint le cercueil de Papa.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Bernard Mélois est sculpteur. Il a consacré son existence à souder des figures spectaculaires dans le capharnaüm de son atelier, en chantant sous une pluie d'étincelles. Alors qu'il vit ses derniers jours, ses filles reviennent dans leur maison d'enfance. En compagnie de leur mère, des amis, des voisins, elles vont faire de sa mort une fête, et de son enterrement une oeuvre d'art. Périple en Bretagne pour faire émailler la croix, customisation du cercueil, préparatifs d'une cérémonie digne d'un concert au Stade de France : l'autrice raconte cette période irréelle et l'histoire de ce père hors du commun dont la voix éclaire le récit.

D'une fantaisie irrésistible, Alors c'est bien offre un regard sensible et inattendu sur la perte et la filiation. C'est aussi l'hommage de l'artiste Clémentine Mélois à son père, ce bricoleur de génie qui lui a transmis son humour inquiet, son amour des mots et son vital élan de création.

Assise, debout, couchée !

Un livre surprise. Alors que je m’attendais à un essai sur les femmes qu’on traite comme des chiens (le parallèle est intéressant et y est quelque peu (oui, un petit peu quand même) abordé), Ovidie parle principalement ici des chiens de sa vie, Eddy, Raziel, Alaska, Freyja et Brünnhilde.

Alaska, la soumise
2012. À dix ans, Raziel se fait âgé. Il a cette fierté touchante des vieux molosses prêts à partir au combat pour peu qu'on leur demande, les yeux embrumés par la cataracte, quelques dents en moins et une légère surdité. Le tueur de taureaux est devenu un pépère qui vieillit sur son coussin. Je me mets en tête de lui trouver une amie. Mais Raziel est un chien compliqué, un brin égoïste, heureux d'être le clebs unique de la famille. Il faut qu'il choisisse lui-même celle qui partagera son panier,
Assise, debout, couchée ! de Ovidie

Et c’est une très bonne surprise mêlée d’anecdotes, de pensées, d’amour et de deuils (comme toujours avec les chiens).

Et la vision d’un Jésus bad ass entouré de femmes et de rebuts ou de Luther fantasmant sur des petits chiens d’or aux boucles en pierres précieuses m’a bien amusé

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Prends le chien avec toi ! » J'ai dix ans et je pars sur mon vélo acheter des barres chocolatées à la petite épicerie du village voisin, tenue par une femme à l'âge indéfinissable qui passe ses journées à tricoter.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les chiens accompagnent Ovidie depuis l'enfance. Animaux protecteurs, membres de la famille, thérapeutes, ils l'escortent. Ils sont des marqueurs biographiques, indissociables des moments importants de son existence.

Ovidie raconte ce lien, d'une plume précise, drôle et bouleversante. Elle questionne la place unique des chiens dans la vie des femmes. Car les chiens ne sont pas seulement les meilleurs amis de l'homme. Derniers remparts contre les agressions, enfants de substitution, ils ont passé avec les femmes une alliance mystérieuse pour survivre à la violence.

Leur séparation

Au travers de ses souvenirs d’enfance Sophie parle de cette blessure inguérissable, de ce deuil impossible, de cette séparation qui n’est pas la sienne. Le divorce de ses parents.

Des années après, ma mère m'avait confié qu'en réalité ce séjour avait été houleux et avait sans doute hâté la fin de leur histoire. Je n'avais pas envie qu'elle me le raconte. Je voulais seulement garder la douceur de ces jours, le ronronnement du chaton noir que nous avions prénommé Myrtille, le goût du sorbet à la fraise fondant dans ma bouche, l'éclat de nos rires d'enfants quand nous avions tour à tour essayé le casque prêté par un pompier venu détruire un nid de frelons, les accents chantants de la langue italienne, gatto, signora, buongiorno.
Leur séparation de Sophie Lemp

Des instants, des lieux, des émotions… comme une longue liste qui peine à prendre, à reprendre et se recoller. Un livre qui m’a semblé aussi fragmenté que la petite Sophie à pu l’être

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dans un album sont réunies mes photos de classe. Sur celle de l'année 1987-1988, tous les élèves sont déguisés, c'est mardi gras. Je porte une robe jaune à volants et un jupon qui appartenaient à ma mère. Mon visage est plein, souriant, lumineux.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce samedi matin de janvier, ma mère m'attend à la sortie de l'école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n'ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j'irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s'est organisée pour que je passe l'après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. »

Sophie Lemp fête ses dix ans quand ses parents divorcent. Trente ans plus tard, c'est avec le regard d'une petite fille devenue adulte qu'elle revit cette séparation.

Pourquoi cette blessure, commune à tant d'enfants, est-elle si difficile à cicatriser ?