Notre-Dame des égarées

Un amour qui nait avec une enfant, et qui meurt avec elle. Ne reste rien que l’errance, la quête inutile. Un homme qui se perd.

Note-Dame des égarées de Alexandre Voisard
Note-Dame des égarées de Alexandre Voisard

Une écriture délicate et sensible, peut-être parfois un peu précieuse pour accompagner cette dérive aux notes d’un violon qui s’égarent.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Colmar, à l'aube du XXe siècle, Hélène native du Midi et Karel le violoniste venu de l'Est donnent naissance à une petite Stella. Après de courtes années de bonheur, l'enfant meurt soudainement. Puis Hélène disparaît sur les traces de sa fille, qu'elle imagine toujours vivante. Karel décide de rejoindre le Rhône, fleuve de coeur d'Hélène, dans l'espoir de l'y retrouver.

Voisard puise à la double source du conte et de la poésie pour mener ce roman du dépouillement. En compagnie du vagabond walsérien Karel, il nous entraîne à la rencontre des gens qui peuplent la route du Sud, l'abbé Viénot et son « eau de la vie », ou la famille Goldberg, au fils violoniste de génie.

« Voilà ce que tu deviens, Karel, tu sais ou ne sais pas, tu es ce bateau de carton mis à l'eau par bravade, jurant mais à quoi bon qu'il te porterait à la rencontre d'Hélène emportée sur les mêmes eaux dont les remous répliquent aux rameurs par de violents caprices. Tu vas droit devant toi, comme emporté par le courant mais en réalité tu es ballotté et les rives sans fin te rabattent de l'une à l'autre. N'êtes-vous pas, toi et Hélène, des naufragés que votre petite étoile au ciel a égarés ? »

Calypso

Un dessin au scalpel. C’est très beau, le trait est sublime et l’histoire tient la route.

Calypso de Cosey
Calypso de Cosey

Mais, à mon goût, Cosey, coloriste si doué, aurait peut-être été inspiré d’ajouter de la couleur et des pastels pour cette histoire toute en nuance.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsque Gus, soixante ans passés, ouvrier sur un chantier, prétend avoir bien connu feu Georgia Gould, vedette du mythique film Calypso, sex symbol qui fit rêver des millions de spectateurs, l'hilarité est générale.

Pourtant il se trouve que la belle Georgia n'a pas encore pris congé de ce monde.

C'est dans la discrète et luxueuse clinique Edelweiss surplombant le Léman où elle soigne ses addictions que la star vieillissante va faire à Gus et à son compagnon de travail, Pepe l'Espagnol, la proposition la plus inattendue

Fairyland

C’est doux et tendre. Une histoire racontée par une fille qui grandi auprès de son père homosexuel. Son enfance après la mort de sa mère dans un accident de voiture alors qu’elle n’avait que deux ans.

Fairyland de Alysia Abbott
Fairyland de Alysia Abbott

Et comme deux adultes-enfants dans une barque, pris dans la tempête de leurs émotions, ils tentent de rester à flot. Bousculées entre leurs incompréhensions et un amour indéfectible.

Une enfance chahutée dans le San Francisco de la drogue, des hippies, des gay, de la poésie et du regard des « autres ».

Et l’arrivée du SIDA

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je passais mes matinées au centre aéré de Haight-Ashbury. Papa faisait peu à peu la connaissance des mères célibataires les plus excentriques du quartier. La mère de Lola, une actrice des Angels of Light, avait joué dans un film de Warhol. La mère de Moonbeam vendait de l'herbe dans son appartement d'Oak Street. Elle avait pour habitude de sortir avec des jeunes hommes, de les faire s'inscrire à l'assistance sociale et d'empocher leurs chèques.
Quand je ne m'amusais pas avec Moonbeam ou Lola, j'étais souvent livrée à moi-même. "Les pédés la trouvent mignonne mais ils ont peur d'elle", écrit mon père dans une lettre. "Enfant = responsabilité, la panique ultime pour les égoïstes et les planqués."
Cette remarque ne valait pas pour Eddie Body. Chaque après-midi, il venait me chercher au centre aéré, le visage barré d'un large sourire. Une fois, il est arrivé en robe. Les animateurs ne l'ont pas laissé entrer dans la classe, jusqu'à ce que j'entende sa voix et que je coure me jeter dans ses bras. »

1974. Après la mort de sa femme, Steve Abbott, écrivain et militant homosexuel, déménage à San Francisco. Avec sa fille de deux ans, Alysia, il s'installe dans le quartier de Haight-Ashbury, le centre névralgique de la culture hippie. Commence pour le duo père-fille une vie de bohème, ponctuée de déménagements, de fêtes et de lectures de poésie

Mon autopsie

Voilà, c’est fini. Mort! L’heure du bilan, le moment de disséquer sa vie sous le bistouri d’Égoïne, jeune – et forcément belle – étudiante en médecine.

Mon autopsie de Jean-Louis Fournier
Mon autopsie de Jean-Louis Fournier

Entre humour, nostalgie, fantasmes et regrets, Jean-Louis Fournier dresse le testament de son éternité, le portrait qu’il aurait souhaité laisser.

C’est doux et tendre, lui qui ne l’a pourtant pas toujours été.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Je suis mort.
C'est pas le pire qui pouvait m'arriver."

Jean-Louis Fournier s'est fait autopsier par la charmante Egoïne pour qu'on sache ce qu'il avait dans la tête, dans le coeur et dans le ventre

Chaman

Et la magie amérindienne n’a pas pris dans ce parcours à la recherche de soi, un peu plat et manquant de corps et d’émotion.

Chaman de Maxence Fermine
Chaman de Maxence Fermine

Maxence Fermine n’a pas réussi à me faire traverser l’Atlantique avec les volutes hypnotiques de cet indien qui se découvre en accompagnant les cendres de sa mère sur les terres de ses ancêtres.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Le jour où Richard Adam comprit qu'il n'avait qu'une vie, il n'avait jamais été si proche du ciel. »

Charpentier sur les immenses tours d'acier de Duluth, dans le nord des États-Unis, Richard Adam n'a jamais oublié le sang indien qui coule dans ses veines. Mais le retour sur la terre natale de ses ancêtres pour enterrer sa mère va toutefois le plonger dans un monde dont il n'aurait jamais soupçonné l'existence

Le jour d’avant

Un livre comme un combat de boxe avec les poings attachés dans le dos. Un livre qui fait mal partout, comme un râle qui vient du fond de la mine. La mine du Nord, du charbon et des corons, des coups de grisou. Celle qui mange les hommes et recrache de la suie.

Le jour d'avant de Sorj Chalandon
Le jour d’avant de Sorj Chalandon

Une dette vrillée au corps, aux tripes : « Venge-nous de la mine »

L’histoire d’un homme seul à porter la mort de son frère, une vie à trainer une dette.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J'allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J'allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n'avaient jamais payé pour leurs crimes

Les promesses

J’ai toujours aimé ces livres où une auteure fait parler un homme (ou le contraire) et qu’elle touche juste. Ces livres où, avec délicatesse, l’autre sexe dévoile ce qu’il serait difficile de voir, de s’avouer ou de concéder. Certes, parfois la projection s’égare dans ses fantasmes, mais subsiste le tableau, l’essai. Et cette fois-ci, je l’ai trouvé plutôt fidèle.

Les promesses de Amanda Sthers
Les promesses de Amanda Sthers

Une histoire sur le deuil et les amours ratés. Sur l’amitié qui, solide, survit. Une vie comme une destinée déjà tracée. Délicatement touchant et navrant.

Et cette phrase (un peu charcutée) belle comme la joie.

Pas le monstre chef d’oeuvre, mais un bouquin avec passages qui méritent leurs détours.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La vie, en général, n'en finit pas de faire des promesses qu'elle prend plaisir, ensuite, à ne pas tenir - et telle est bien l'histoire d'Alexandre, le héros de ce roman.

On lui avait ainsi promis, dès sa naissance, le bonheur, l'amour, le soleil, l'Italie et toutes les nuances du plaisir, et il en eut sa part. Mais il s'avisa, à mesure, que chaque promesse accomplie portait également en elle une part de regret, une zone de mélancolie où le destin murmurait : « Le bonheur, ce n'était donc que cela ? »

Dans ce roman qui se déploie entre Paris et l'Argentario, cette presqu'île bénie de Toscane, on croisera beaucoup de désirs, de folles sensualités, des jours glorieux, des amantes, des amis fidèles - et, en même temps, leurs contrepoints douloureux et sombres.

Cette histoire, on l'aura deviné, concerne la plupart des hommes qui entrent dans l'existence en grands vivants. Qui en jouissent. Et qui, par négligence, y font d'irrémédiables dégâts.

Surtout dans le coeur des femmes qui ont pris le risque de les aimer

Vivre près des tilleuls

Très réussi, ce livre écrit en collectif est étonnement d’un style très homogène, fluide et cohérent.

Vivre près des tilleuls de L'Ajar
Vivre près des tilleuls de L’Ajar

Pourtant, et probablement à cause d’un découpage en courts chapitres, l’écriture reste en surface, peinant à descendre dans les tréfonds de la douleur de la mère endeuillée.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vincent König est le dépositaire des archives de l'écrivaine suisse Esther Montandon. En ouvrant par hasard une chemise classée « factures », il découvre des dizaines de pages noircies, qui composent un récit intime. Esther a donc tenu un « journal de deuil », dans lequel elle a pour la première fois évoqué la mort de sa fille Louise et l'aberrante « vie d'après ». Les souvenirs comme les différents visages de la douleur s'y trouvent déclinés avec une incroyable justesse. Ces carnets seront publiés sous le titre Vivre près des tilleuls.

Roman sur l'impossible deuil d'une mère, porté par une écriture d'une rare sensibilité, Vivre près des tilleuls est aussi une déclaration d'amour à la littérature : ce récit d'Esther Montandon est en réalité l'oeuvre d'un collectif littéraire suisse, l'AJAR. Ces dix-huit jeunes auteur-e-s savent que la fiction n'est pas le contraire du réel et que si « je est un autre », « je » peut aussi bien être quinze, seize, dix-huit personnes.

L'AJAR - Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands - est un collectif créé en janvier 2012. Ses membres partagent un même désir : celui d'explorer les potentialités de la création littéraire en groupe. Les activités de l'AJAR se situent sur la scène, le papier ou l'écran. Vivre près des tilleuls est son premier roman

Ric-Rac

Un ado de campagne vivant dans un bled de vieux en compagnie de son père, un veuf inconsolable marionnettiste (celui qui fabrique, pas celui qui anime), raconte sa vie, sa famille et l’arrivée d’une maison SM dans le voisinage. Ça part dans tous les sens, c’est hilarant, juste et touchant.

Ric-Rac de Arnaud Le Guilcher
Ric-Rac de Arnaud Le Guilcher

Et en plus, la découverte de l’amour en la personne de Bessie, la fille des voisins. Mais bon, pas l’amour tendre et romantique évanescent qui emporte, plutôt celui qui fait mal comme un coup de pied dans le ventre et qui plie en deux.

Trop chou !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
S'appeler Jeanyf et courir. Courir après ses quatorze ans. Courir après son avenir. Courir après le fantôme d'Yvette, sa mère. Courir après Pierryf, son père, un doux dingue qui ne se remet pas de la mort de sa femme. Courir après les tisanes de Jackyf, son oncle herboriste et rebouteux. Courir après les visions de Soubirou, son cousin illuminé. Courir après les nouveaux voisins du gîte rural sadomaso. Cours, Jeanyf ! Cours !

Les brumes de l’apparence

Difficile de mettre 4 étoiles à un livre dont le sujet exaspère, mais pour lequel il faut bien reconnaître certaines qualités. Ces histoires de sorcières, de dons, de guérisseuses et de maisons possédées par les esprits gentils et méchants me gavent absolument. Mais reste que c’est un bien bon livre sur le sujet.

Les brumes de l'apparence de Frédérique Deghelt
Les brumes de l’apparence de Frédérique Deghelt

Allez, zou ! C’est pas pour moi, mais c’est pas mal.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand un notaire de province lui annonce qu'elle hérite d'une masure au milieu de nulle part dans l'isolement d'une forêt, décidée dans l'instant à s'en débarrasser, Gabrielle (parisienne, quarante ans) s'élance sur les routes de France pour rejoindre l'inattendu lieu-dit, signer sans état d'âme actes de propriété et autres mandats de mise en vente, agir avec rigueur et efficacité.

Un paysage, un enchevêtrement d'arbres et de ronces à l'abandon, où se trouve blottie depuis des décennies une maison dont une seule pièce demeure à l'abri du ciel, dix hectares alentour, traversés par le bruissement d'une rivière et d'une nature dévorante. Tel est le territoire que découvre Gabrielle, insensible à la beauté étrange, voire menaçante, des lieux, après des heures de route.

Contrainte de passer la nuit sur place, isolée, sans réseau téléphonique, Gabrielle s'endort sans avoir peur. Mais son sommeil est peuplé de rêves, d'odeurs de fleurs blanches et de présences.

Dans les jours qui suivent, toutes sortes de circonstances vont l'obliger à admettre ce qu'elle refuse de croire : certains lieux, certaines personnes peuvent entretenir avec l'au-delà une relation particulière. Gabrielle en fait désormais partie : elle se découvre médium.

De livre en livre, Frédérique Deghelt interroge notre désir d'une autre vie, explore les énigmes de notre perception, dévoile ce qui en nous soudain libère le passage entre la rationalité et l'autre rive.

Un roman jubilatoire, profond et inquiétant