Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Guérit-on d’un père absent, enfermé dans sa surdité et qui ne vous regarde qu’à peine ?
Régis Jauffet essaye… Difficilement, et c’est rude. Papa de Régis JauffretParti d’un petit bout de film documentaire visionné par hasard, Régis Jauffret aperçoit son père sortir de l’immeuble de son enfance, menottes aux poings, encerclé de deux gestapistes. Il se lance à sa mémoire
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) 19 septembre 2018, j'aperçois dans un documentaire sur la police de Vichy mon père sortant menotté entre deux gestapistes de l'immeuble marseillais où j'ai passé toute mon enfance. Ils semblent joyeux alors que le visage de mon père exprime la terreur. D'après le commentaire, ces images ont été tournées en 1943. Non seulement mon père n'a de sa vie parlé de cet incident mais je n'ai jamais entendu dire par personne qu'il avait eu affaire à l'occupant.
Moi, le conteur, le raconteur, l'inventeur de destinées, il me semble soudain avoir été conçu par un personnage de roman.
R. J.
Un livre qui sonne vraiment juste, les émotions, les sentiments, les peurs… tout sonne juste. Peut-être un peu distant, mais même là, cela semble juste.
Juste comme quelque-chose d’incompréhensible, la disparition du conjoint, mari et père d’une petite fille de cinq ans.
Un matin d’hiver de Philippe Vilain
De la rencontre de l’amant au mariage puis de la maternité à l’impossible acceptation de la disparition… Philippe Vilain nous raconte la perte.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Elle a trente ans, elle est professeur de littérature. Lui enseigne la sociologie. Elle est française, solitaire et passionnée. Lui est américain, désinvolte et mystérieux. Ils se rencontrent à l'université, à Paris. Alors que tout les oppose, ils tombent amoureux, se marient, ont un enfant. Une vie de couple heureux. Banalité ? Bonheur ? Un jour, Dan disparaît.
Quinze ans après, le souvenir de sa disparition s'étant émoussé, leur fille ayant grandi, d'autres hommes étant entrés dans sa vie, elle tente de comprendre l'inexplicable. Peut-on vivre avec un fantôme ?
Un petit livre à l’écriture aussi fine que de la soie marine. Autour d’un objet, un châle de soie marine ayant appartenu à sa tante et désormais au musée, la narratrice raconte son père et sa famille, le patriarcat italien et le fascisme.
En cheveux de Emmanuelle Pagano
Un bijou de délicatesse finement tissé
Soie de mer – Byssus
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « II faut pêcher mille grandes nacres, les sortir de l'ombre, pour obtenir deux cent cinquante grammes de fil de soie de mer, deux cent cinquante grammes seulement de lumière avec un millier de gros coquillages. »
Un châle, à première vue commun s'il n'était constitué de fils de Pinna nobilis, la grande nacre de Méditerranée. Lorsqu'elle retrouve l'objet précieusement conservé dans les réserves du musée, les souvenirs reviennent à la narratrice. Se déploie, pli après pli, une histoire familiale dans l'Italie fasciste, dont les fragiles fils tissés de la nacre forment la trame. Un frère autoritaire et machiste, ses deux soeurs Nella et Bice protégeant le châle comme objet totémique soustrait à la vue de l'homme, la nature et ses odeurs, ses lumières, sont la matière de ce récit sensuel et incarné
Un petit peu feel-good, un peu mélo, tendre et délicat, drôle et humain, à un joli petit livre qui fait un peu sourire et un peu pleurer.
Le dernier amour de Baba Dounia de Alina Bronsky
Court et délicieux comme un petit chocolat un peu trop sucré
L’histoire d’une petite vieille, Baba Dounia, icône d’une sagesse rurale aujourd’hui disparue, vivant à Tchernovo, dans la zone d’exclusion post-catastrophe du réacteur
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, les alentours de la centrale désaffectée se repeuplent clandestinement : Baba Dounia, veuve solitaire et décapante, entend bien y vieillir en paix. En dépit des radiations, son temps s'écoule en compagnie d'une chaleureuse hypocondriaque, d'un moribond fantasque et d'un centenaire rêvant d'amour.
Mais qui est l'auteur de la lettre à Baba Dounia, écrite dans une langue qu'elle ne comprend pas ?
D'une plume à la fois malicieuse et implacable, Alina Bronsky invente la comédie humaine post-cataclysmique
Une fois ouvert, impossible de refermer ce livre. Une femme, mariée depuis 12 ans se réveille en ayant oublié ses douze dernières années.
La vie d’une autre de Frédérique Deghelt
Un livre magnifique, une femme à la recherche d’elle-même, de son mari, de leurs trois enfants, de son couple, de sa famille et de son identité.
Splendide !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Marie a vingt-cinq ans. Un soir de fête, coup de foudre pour le beau Pablo, nuit d'amour et le lendemain...
Elle se réveille à ses côtés, douze ans plus tard, mariée, mère de trois enfants, sans un seul souvenir de ces années écoulées. Comment faire pour donner le change à son entourage ?
Et comment retrouver sa propre vie ?
C'est avec une énergie virevoltante et un optimisme rafraîchissant que Frédérique Deghelt a écrit ce roman sur l'amour et le temps qui passe, sur les rêves des jeunes filles confrontés au quotidien et à la force des choix qui déterminent l'existence
C’est un peu court, un peu survolé, un peu léger et… en même temps, tout y est. Les premiers émois et les premières caresses en vacances, au bord de la plage avec des cigarettes, une bougie et une bouteille volée.
Une soeur de Bastien Vivès
Et c’est délicieux de tension érotique et sensuelle.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) "- Y a beau avoir plein de monde, j'ai toujours l'impression d'être toute seule.
- Même quand t'es avec nous ?
- Non, avec vous c'est chouette."
Un livre touchant et très ambivalent. Le témoignage d’une « fille de » qui se penche sur son enfance, fille de Jean-Bedel Bokassa, Empereur de Centrafrique sous le nom de Bokassa Ier, père de cinquante six enfants nés de dix-sept femmes.
Le château de l’ogre de Marie-France Bokassa
Un livre dont la majorité de l’histoire se passe en France, dans le château d’Hardricourt, période d’exil. Une enfance sous les colères, les réprimandes, les punitions et les privations d’un ogre instable.
L’histoire d’une princesse partagée entre l’amour de son père, la recherche de sa mère, la réalité d’un père dysfonctionnel, l’éclatement d’une fratrie et le besoin de se construire sa propre identité.
Alors, l’ogre de Berengo… cannibale ou pas ? Le plus simple serait peut-être de demander à Giscard d’Estaing qui, les poches pleines de diamants, s’est tant appliqué à le discréditer avec l’aide de la DGSE.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) J'étais une princesse et je vivais dans un château. Mon enfance, vue de loin, tenait du conte de fées. Et pourtant je ne fus pas heureuse. Car l'ogre était mon père.
Je suis née en Centrafrique en 1974, à l'hôpital de Bangui, la capitale. Mon père était le président de cette république et ma mère, une jeune fille de seulement quinze ans venue de l'île de Taïwan.
Mon père a eu deux enfants avec ma mère, et affirmait en avoir au total cinquante-six, nés de dix-sept femmes d'origines géographiques différentes : de Roumanie, du Vietnam, de Taïwan, de Côte d'ivoire, du Cameroun, du Liban, de France et d'ailleurs. Ils les avaient rencontrées lors de voyages officiels.
J'ai fait mes premiers pas sur la belle terre rouge d'Afrique. Dix ans après sa prise du pouvoir en République centrafricaine, mon père a décidé de s'autoproclamer empereur. En 1977, il a organisé la cérémonie du sacre et, presque simultanément, a choisi de mettre sa progéniture à l'abri en Europe. Il a informé les mamans de la séparation imminente, afin de protéger les enfants d'éventuelles tentatives d'attentat
Un livre sur la soif de vengeance. Celle d’un père qui n’a pas réussi à protéger son fils d’un Père catholique.
Mon Père de Grégoire Delacourt
Un huis-clos terrible au dénouement qui m’a un peu « décontenancé ». Un mélange d’émotions trop fortes, de pardon, de haine et de colères pour trouver une impossible paix
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Ce monde ne sera guéri que lorsque les victimes seront nos Rois. »
Je me suis toujours demandé ce que je ferais si quelqu'un attentait à l'un de mes enfants. Quel père alors je serais. Quelle force, quelle faiblesse. Et tandis que je cherchais la réponse, une autre question a surgi : sommes-nous capables de protéger nos fils ?
G.D.
Après La Liste de mes envies et On ne voyait que le bonheur, Grégoire Delacourt nous interroge avec force sur notre propre humanité
Des deux sœurs en deux parties, les premières m’ont beaucoup touché. Elles sont justes et émouvantes.
Deux sœurs de David Foenkinos
Les secondes (Agathe est partie) m’ont laissé plus dubitatif. Tout s’emballe très vite et j’ai trouvé difficile d’adhérer à leurs personnalités.
Il me restera une grande finesse d’analyse du deuil amoureux.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Du jour au lendemain, Étienne décide de quitter Mathilde, et l'univers de la jeune femme s'effondre. Comment ne pas sombrer devant ce vide aussi soudain qu'inacceptable ? Quel avenir composer avec le fantôme d'un amour disparu ? Dévastée, Mathilde est recueillie par sa soeur Agathe dans le petit appartement qu'elle occupe avec son mari Frédéric et leur fille Lili. De nouveaux liens se tissent progressivement au sein de ce huis clos familial, où chacun peine de plus en plus à trouver un équilibre. Il suffira d'un rien pour que tout bascule...
David Foenkinos dresse le portrait d'une femme aux prises avec les tourments de l'abandon. Mathilde révèle peu à peu une nouvelle personnalité, glaçante, inattendue. Deux soeurs, ou la restitution précise d'une passion amoureuse et de ses dérives
Une jeune fille se retrouve au urgences pour se faire opérer d’une fissure annale agrémentée d’un hémorroïde en chou-fleur. L’occasion de causer de cul, de sécrétions diverses, de leurs goûts et textures. L’occasion aussi de tomber amoureuse d’un infirmier et de tenter de réconcilier ses parents… tout un programme.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Admise aux urgences pour soigner une fissure anale, Hélène Memel, qui s'ennuie dans son lit d'hôpital, décide de profiter de son immobilité forcée pour égrener les souvenirs de sa vie sexuelle : rituels corporels, pratiques expérimentales, épisodes trash... Elle déroule tout un florilège cru et extravagant, tout en réfléchissant à la meilleure façon de réunir ses parents divorcés.
Un livre polémique, subversif, féministe, qui dénonce par ailleurs l'hygiénisme comme avilissement de la femme