Avec beaucoup d’humour (il n’y d’ailleurs pas besoin de forcer le trait tant ces années sont ─ rétrospectivement ─ drôles), Caro nous raconte l’année du bac dans les années 80 vue par Daniel.
Un portrait tendre et amusé sur des années compliquées
Une photo de Michel Sardou ornait la couverture du Télé 7 Jours, accompagnée de la légende « Sardou au tournant de sa vie, 23 ans d'amour, de colères et de passion, il fait le point ». Je la regardais vaguement en buvant mon chocolat au lait. Mon frère à côté faisait un bruit monstre en mâchant ses corn flakes, absorbé par l'illustration figurant sur le paquet.
L'année du Bac, la meilleure période de notre vie en même temps que la pire.
« Je m'étais façonné un faux moi intégralement taillé pour lui plaire. Elle avait adoré Le cercle des poètes disparus ? C'est dingue, c'était mon film culte. Elle aimait Sting et surtout son dernier album en date... Nothing Like the Sun ? Je vénérais cet album, de manière inconditionnelle. Elle admirait le chanteur pour son implication dans la défense de la forêt amazonienne aux côtés du chef Raoni ? J'étais à deux doigts de venir au lycée le lendemain avec un plateau de terre cuite coincé dans la lèvre inférieure... »
Jonglant avec l'euphorie et la fébrilité de nos dix-huit ans, Fabrice Caro livre la chronique drolatique d'une année de terminale à la fin des années 80.








![[...] je me suis souvent retrouvée fort dépourvue quand la bise et la baise fut venue, dans une chambre d'hotel, chez des amies, au bureau ou en camping, sans avoir accès à mes précieux godemichés, contrainte d'utiliser à des fins pénétratives des objets qui n'ont vraiment pas été conçus pour ça, c'est fou ce que ma chatte en a vu passer des trucs étranges, les histoires qu'elle pourrait raconter si elle savait parler, ce serait incroyable, elle dirait « je me suis fait limer par une bouteille d'eau minérale, un concombre (c'est un classique), une statuette de la Sainte Vierge qui brille dans le noir, une banane verte pelée, le manche d'un rasoir à jambes et celui d'un pinceau a calligraphie japonaise, un maïs (certifié bio et sans OGM), un lecteur MP3 de 120 MO qui ne donnait plus de son mais savait encore donner le rythme, toutes les figurines originales de Star Wars, un tuba (pas l'instrument de musique hein, le truc pour respirer sous l'eau), un saucisson rosette, le goulot d'une bouteille, la télécommande du climatiseur, une manette de Xbox, un rouleau à pate modèle mince et sans poignées, une cannette de mousse pour cheveux tenue extraferme, le levier de vitesse d'une Yaris 2008, une sucette glacée de marque Popsicle® (méfiez-vous des imitations), le talon d'un escarpin, le manche d'un marteau, un tube de gloss, le manche du bidule qui sert à enlever le poil et la charpie sur les vêtements et dont [...]](https://i0.wp.com/www.noid.ch/wp-content/uploads/2022/10/perdre-haleine-2-scaled.jpg?resize=660%2C762&ssl=1)





