La vérité en salade

C’est amusant, ces polars de gare, on les retrouve dans les boites à livres, les hôtels, les guest-houses et les Rbnb du monde entier. San-Antonio y figure souvent en bonne position. Et j’aime assez, j’avoue. A chaque fois que je tombe dessus j’y retrouve la même écriture toujours aussi stupéfiante et inventive.

J'ai été drôlement bien inspiré en passant derrière ! Comme quoi Gide avait raison : faut toujours passer par la porte étroite. Et il en connaissait un morceau sur la question. D'ailleurs on ne m'ôtera jamais de l'idée que s'il a toujours refusé un fauteuil à l'Académie, c'est parce qu'il avait du mal à s'asseoir !
La vérité en salade de San-Antonio

Hélas, combien de fois hélas. A chaque fois que je me dis que ce n’était qu’au début, que c’était le genre qui voulait ça et que cela ne reflétait pas le bonhomme Dard. Et pourtant je retrouve à nouveau dans cette lecture – entre les perles imaginatives (et les blagounettes à deux balles) – des allusions, réflexions, remarques et autres traits d’humour racistes et homophobes franchement dispensables et malvenus. Que le genre soit misogyne et macho, OK, mais hélas, ça, c’était dispensable

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est le genre de personne sur le retour qui s'habille chez Cartier pour essayer de cacher les méfaits de l'âge. Elle a trois tours de perlouzes sur le goitre, un clip qui représente un concours de pêche au saumon, tout en diamants de la bonne année; deux suspensions avec éclairage indirect aux étiquettes ; des bracelets importés directement du Creusot et une dizaine de bagues qui ne sont pas en ciment armé véritable et qui la font scintiller comme l'autoroute de l'Ouest, au soir d'un lundi de Pâques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une histoire vieille comme le monde. Madame a un amant. Sauf que Madame est le genre vieille baronne emperlouzée, triple menton et maquillage craquelé comme une terre trop cuite... Sauf que l'amant, 22 ans au compteur et gigolo pas dégoûté, git égorgé dans leur confidentiel nid d'amour...
Et elle vous raconte ça avec des trémolos dans la voix en sirotant sa Chartreuse. La peur du scandale exige du tact, de la discrétion... Tout San-Antonio, quoi ! Main de fer dans gant de velours. Oui mais voilà : sur la scène de crime, point trace de cadavre.
Et la salade commence tout juste de tourner

Meurs pas on a du monde : sublime roman

Quelle écriture, quelle bonne grosse marrade, c’est vif et plein de bons mots (et d’autres aussi), de blagounettes, d’apostrophes et d’apartés, il y a tout et bien plus encore car San-A. ne fait pas dans la demi-mesure, il en met des brouettes et ajoute la tournée du patron !

Meurs pas on a du monde : sublime roman de San-Antonio (Frédéric Dard)

Cette fois-ci, c’est en Suisse que ça se passe, entre Genève et le canton de Vaud et, tenez-vous bien ! San-Antonio demande sa main à Marie-Marie !

Mais non, trois fois non ! Impossible (même avec un second degré très affûté, en arguant que le genre veut ça et en croyant à la parodie tout en replaçant dans l’époque…) de laisser passer le sexisme à la papa, l’homophobie crasse et la xénophobie latente qui parsèment et empoisonnent le récit en le rendant aussi imbuvable qu’une quille de Gamay des années 80

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le pilote devait être dans les hâtes de rentrer calcer sa bergère, car il posa son fer à souder avec dix broquilles d'avance sur la piste de Genève Cointrin ; qu'à peine si les mignonnes hôtesses eurent le temps d'arracher leurs plateaux aux trois voraces curiaces qui boulimaient en first.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Franchement, M. Konopoulos ne me demandait rien. D'ailleurs, je n'étais pas venu à Genève pour ça. La sublime nana qui m'attendait à l'aéroport avait une autre chatte à fouetter. Mais il a fallu que ce pauvre manutentionnaire soit mordu par un méchant serpent et que son aimable cadavre déboule en même temps que nos valises...
C'est idiot pour Marie-Marie qui, consécutivement, a dû faire une croisière en ambulance ! Mais alors, si tu avais vu nos frimes quand on a déballé l'abominable costume !
Enfin, tu m'as compris ? Si tu as tout pigé, pas la peine d'acheter ce livre. Mais s'il te reste des zones obscures dans la comprenette, n'hésite pas.
Quand tu en auras terminé la lecture, j'aime autant te prévenir : tu devras changer de calbar. Car, on a beau dire, mais il s'en passe des choses, en Suisse !

Réglez-lui son compte ! : Les révélations de San Antonio

Voilà bien une grosse merdouille qui ne vaut que pour ce qu’elle est : le premier San Antonio paru.

Réglez-lui son compte ! : Les révélations de San Antonio de San-Antonio (Frédéric Dard)

Raciste, misogyne, franchouillard, sexiste, mégalo, alcoolique, violent, xénophobe… Voilà de l’humour bien difficile à avaler aujourd’hui.

Tout ça pour deux petites histoires (réunies dans ce premier volume) plates et inconsistantes au scénario cousu d’un fil aussi blanc que les neiges éternelles de l’Antarctique.

Et pourtant, de ce petit machin un peu merdique va naître une des série policière au langage le plus créatif, truculent et invraisemblable qu’a connu la francophonie… on y lit déjà les prémices

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Si un jour votre grand-mère vous demande le nom du type le plus malin de la Terre, dites-lui sans hésiter une paire de minutes que le gars en question s'appelle San Antonio. Et vous pourrez parier une douzaine de couleuvres contre le dôme des Invalides que vous avez mis dans le mille ; parce que je peux vous garantir que la chose est exacte étant donné que le garçon en question c'est moi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ami lecteur, il faut un début à tout. Tu me diras : quand on a lu la Bible, on sait comment ça se passe... Une petite pomme à l'apéro, de chouettes pépées en tenue d'Ève, et toute l'affaire qui capote façon grandiose. D'accord, coco.
Mais il y a genèse et genèse. Numéro 1 et numéro 1. Dans ce que t'as entre les pognes, il y a des hôtesses de l'air et des gros calibres, des pigeons voyageurs et de l'espionnage international. Ça vous a quand même une autre tronche, non ? C'est même plus un début, c'est du patrimoine ! »

Voici le premier titre des aventures du célèbre commissaire, paru pour la toute première fois en 1949.
Signé : l'éditeur, et fier de l'être

La fabrique du suspense

Le livre du magicien, tous mes trucs révélés !

La fabrique du suspense de Michel Bussi

Après une première partie plutôt autobiographique, Michel Bussi entre dans le vif du sujet : que fait il ? Principalement une sous-branche des polars, les romans à twist. Qu’est-ce, comment ça fonctionne, à quoi faut-il être attentif ? Un petit manuel riche d’exemples tirés de ses propres livres et permettant d’en comprendre les mécanismes.

Pour l’anecdote, alors qu’il parle de la liberté qu’il laisse aux personnages de ses romans, il nous explique qu’en cas de dilemme entre un effet spectaculaire ou une justification cohérente, il préfère l’effet (quitte à ramer acrobatiquement par la suite pour rattraper les choses).

A ce sujet (attention spoil), il cite justement un point des Nymphéas noirs qui m’avait quelque peu chagriné. Et là, cher Michel, je ne suis pas vraiment d’accord avec vous !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai toujours vécu en Normandie. Né à Louviers, J'ai passe les dix premières années de ma vie au Manoir-sur-Seine, un village en bord de fleuve entouré de champs... et d'usines. Le bibliobus, qui passait dans la commune, a été ma première ouverture sur le monde des livres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai accumulé depuis quarante ans un nombre considérable d'histoires, d'embryons de récits, de points de départ intrigants... Tout un stock d'envies que j'ai développées pour mon seul plaisir, persuadé qu'elles ne deviendraient jamais des livres publiés. À ma plus grande surprise, année après année, ces histoires rêvées, ces personnages fantasmés, ces aventures qui me hantent depuis des décennies prennent vie. Ce stock de récits dormant dans ma mémoire est loin, très loin, d'être épuisé. »

Nymphéas noirs

Après avoir lu l’impressionnante adaptation en bande dessinée de Fred Duval et Didier Cassegrain, je me suis quand même (après quelques hésitations) lancé sur l’original signé Michel Bussi.

Nymphéas noirs de Michel Bussi

Hélas, la magie n’opère pas de la même façon lorsqu’on connait les trucs du prestidigitateur.

Reste un excellent polar à la construction horlogère, chef d’œuvre de chausses-trappes et d’illusionnisme.

Et juste comme ça, cher Michel, je n’arrive toujours pas à croire qu’un flic amoureux se tire parce qu’on tue un chien

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tout n'est qu'illusion, surtout quand un jeu de miroirs multiplie les indices et brouille les pistes. Pourtant les meurtres qui troublent la quiétude de Giverny, le village cher à Claude Monet, sont bien réels.
Au cœur de l'intrigue, trois femmes : une fillette de onze ans douée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui voit et sait tout. Et puis, bien sûr, une passion dévastatrice. Le tout sur fond de rumeur de toiles perdues ou volées, dont les fameux Nymphéas noirs. Perdues ou volées, telles les illusions quand passé et présent se confondent et que jeunesse et mort défient le temps

Nymphéas noirs

Incroyable comme je me suis laisser berner et balader par cette bande dessinée. Magnifique !

Nymphéas noirs de Fred Duval et Didier Cassegrain adapté d’un roman de Michel Bussi

Déjà, le dessin de Didier Cassegrain est très bon, adapté au sujet (un polar) et au genre (Monet à Giverny), des aquarelles superbes dans une mise en page classique, des personnages et des paysages vivants et travaillés, une réussite.

Et le boulot de Fred Duval ! Comment réussir une pareille adaptation ? Chapeau ! Cette histoire de meurtres à différentes époques avec la sensation de ne parfois pas tout comprendre et cette façon de tirailler les perceptions est absolument réussie.

Une grosse BD, un polar convainquant qui me donne envie de lire l’original. Mais maintenant que je sais, aurais-je le même plaisir ? … C’est fait et c’est ici !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Trois femmes vivaient à Giverny, le village de Normandie où Monet a peint ses légendaires Nymphéas. La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. Toutes les trois pensaient que le village était une prison, un grand et beau jardin grillagé, un tableau dont il serait impossible de déborder du cadre. Une fois pourtant, pendant treize jours, les grilles du parc s'ouvrirent pour elles... Ces treize journées défilèrent comme une parenthèse qui s'ouvrit par un meurtre, le premier jour, et se termina par un autre, le dernier jour...

Publié en 2011, Les Nymphéas noirs est un roman multiprimé de Michel Bussi qui a su conquérir dans un même élan lecteurs et critiques. Mais est-ce suffisant pour réaliser une bande dessinée exceptionnelle ? Oui, si l'adaptation est écrite par Fred Duval et si les couleurs de cette histoire sont confiées à Didier Cassegrain. Pour la première fois, ce virtuose de la bande dessinée d'action arme son pinceau d'acrylique, donnant toute son ambition picturale à cette intrigue située dans la capitale de l'impressionnisme. Avec Fred Duval et Didier Cassegrain, Michel Bussi trouve son incarnation graphique

Fatale

Une bonne histoire bien noire, avec une femme fatale et mystérieuse dans une petite ville du bord de mer avec ses petits bourgeois, sa petite noblesse, ses jalousies, petits secrets et scandales étouffés. Que cherche-t-elle à remuer ?

Fatale de Max Cabanes, Doug Headline adapté du roman de Jean-Patrick Manchette

Des thèmes classiques très bien mis en scène et en images

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
- C'est comme d'habitude, non ? Ce sont toujours les histoires de cul qui apparaissent les premières... Puis viennent les questions d'intérêt... Et enfin les vieux crimes.

Tu as vu d'autres villes, ma douce, et tu en verras d'autres...

Elle s'appelle Aimée Joubert. Ou peut-être pas. Elle s'installe à Bléville. Ça aurait pu être ailleurs. Cette ville portuaire a-t-elle quelque chose de spécial ? Non, justement, c'est une ville comme les autres. Confinée dans ses certitudes, rongée par ses doutes. Un vase clos où les notables nagent en eaux troubles. Comme toujours, comme partout. Alors pourquoi Aimée Joubert a-t-elle choisi de remuer la vase ici ?

Parce que lorsque son doigt appuie sur la détente, il est aussi celui du destin. Aimée est venue apporter la tempête. Fatale.

Après La Princesse du sang, Max Cabanes et Doug Headline poursuivent leur travail d'exploration de l'oeuvre de Jean-Patrick Manchette, le maître français de la littérature noire. Avec l'adaptation fidèle et magistrale de Fatale, l'un des romans les plus sombres et les plus marquants de l'écrivain, les deux auteurs donnent une dimension inédite à la bande dessinée contemporaine

Les brûlures

Une BD qui m’a laissé dubitatif. Certaines planches sont splendides alors que d’autres m’ont paru bâclées avec beaucoup de styles différents sans réelle unité. Le scénario m’a semblé également bien pauvre pour une BD qui aurait pu plonger un peu plus profondément dans cette piscine.

Les brûlures de Zidrou et Laurent Bonneau

Un flic qui drague à la piscine, des prostituées qui se font tuer, l’histoire se complique un peu et pis voilà

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vie, c'est comme la piscine.
Il y a toujours quelqu'un pour t'apprendre à nager. Mais va-t'en trouver quelqu'un pour t'apprendre à te noyer !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans les rues d'une petite station balnéaire, les putes tombent comme des mouches. Un premier cadavre, atrocement mutilé, est découvert, puis un second, brûlé. La série, pourtant, ne fait que commencer.

Arrêter les assassins, les deux inspecteurs de police chargés de l'enquête n'y comptent pas trop. Après, tout, les victimes ne sont que des putes. Italiennes, de surcroît. Nos deux flics cherchent néanmoins à comprendre. C'est leur boulot. Surtout, c'est ce qui les aide à tenir debout. Tenir debout, c'est déjà beaucoup, pas vrai ?

Zulu

Un polar (thriller ?) au milieu de l’apartheid et du racisme dans les tonwships d’Afrique du Sud qui monte gentiment… et de plus en plus, et de pire en pire, et quand c’est trop, il y a encore plus pire.

Zulu de Caryl Ferey

Un thriller (polar ?) absolument addictif, qu’on se dépêche de terminer pour regretter ensuite de l’avoir trop vite dévoré.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Enfant, Ali Neuman a fui le bantoustan du KwaZulu pour échapper aux milices de l'Inkatha, en guerre contre l'ANC. Même sa mère, seule rescapée de la famille, ne sait pas ce qu'elles lui ont fait... Aujourd'hui chef de la police criminelle de Cape Town, Neuman doit composer avec deux fléaux majeurs en Afrique du Sud : la violence et le sida. Une jeune fille est retrouvée cruellement assassinée dans le jardin botanique de Kirstenbosch. La cause du massacre semble être une drogue de composition inconnue. Neuman, qui enquête dans les townships sur l'agression de sa mère, envoie son bras droit, Brian Epkeen, et le jeune Fletcher sur la piste du tueur. Ils ne savent pas où ils mettent les pieds... Si l'apartheid a disparu de la scène politique, de vieux ennemis agissent toujours dans l'ombre de la réconciliation nationale...

Le parfum de la chatte en noir

Amusant, ces pastiches d’Arsène Lupin, Rouletabille, Sherlock Holmes, Vidock, Fantomas, Hercule Poirot ou Miss Marple…

Le parfum de la chatte en noir : et autres pastiches érotiques de romans policiers de Etienne Liebig

Amusant mais très vite lassant tant le lien entre le roman noir et le roman sodo-scato tourne inlassablement en boucle

Bof

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Les grands policiers et les grands criminels de la littérature classique ont évidemment une sexualité, mais celle-ci, pour des raisons de censure et de bienséance, n'a jamais pu s'exprimer, faisant de nos héros des êtres impuissants ou frigides. Il fallait que cette injustice soit réparée. C'est pourquoi, dans un souci de vérité historique qui les honore, les éditions La Musardine m'ont confié cette haute mission de rendre à tous ces personnages qui peuplent notre inconscient collectif une vie sexuelle aussi riche et diverse que leur vie aventureuse.»