Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
C’est avec un angle de départ bien particulier que James McBride aborde la biographie de James Brown pour tenter de comprendre sa personnalité. Le racisme du sud des États-Unis, sans lequel il serait impossible de saisir le personnage, ses excentricités, ses peurs, sa fierté, son rapport à l’argent et aux femmes et… son caractère difficile.
Mets le feu et tire-toi de James McBride
S’en suivent la célébrité, l’argent, le fisc, la descente et la prison pour un retour en grâce et à la fortune et une fin dans un corps usé par la drogue et les douleurs.
Et l’héritage ? Ha, les 100 Mo $ qui devaient aller pour l’éducation des enfants ? Ils patientent…
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'histoire de James Brown, qui a révolutionné la musique américaine, accompagnée d'une réflexion sur le paysage culturel américain contemporain et l'héritage de l'artiste, décédé en 2006
Le mariage loupé de deux homosexuels au milieu des années 60 débouche sur la fuite de la femme avec sa fille dans la clandestinité en laissant le mari avec son fils. Elle ne donnera plus de nouvelle et on suit la vie de ces deux bouts de famille dans le Sud des Etats-Unis un brin raciste et homophobe.
Une comédie des erreurs de Neil Zink
Un livre bien tendu, militant et ingénieux au début mais qui s’enlise au milieu et fini par mièvrement s’effondrer à la fin. Rhooo, zut !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans une petite université de la Virginie, une jeune lesbienne idéaliste tombe amoureuse de son professeur de poésie, réputé pour ses frasques homosexuelles. Improbable mais pas impossible - nous sommes au milieu des années 1960. S'ensuivent quelques nuits d'amour torrides, une grossesse inattendue, un mariage à la va-vite, un deuxième enfant, et un ressentiment qui tourne à la haine mutuelle.
Alors Peggy plaque mari et fils pour disparaître avec sa fille de trois ans dans une cambrousse du sud des États-Unis. Elles squattent une bicoque délabrée et vivotent sous les identités usurpées d'une femme noire et de sa fille. La petite Karen est pâle et blonde, et alors ? À cette époque-là et dans ces régions-là, une goutte de sang noir dans un arbre généalogique suffit à justifier d'une appartenance à la race considérée jusque peu comme inférieure. Ce qui arrange Peggy, car c'est la planque idéale.
Mais échappe-t-on jamais à ses origines ? Les hasards du destin rapprocheront les membres de cette famille ô combien dysfonctionnelle, pour le meilleur et pour le pire
Un recueil de chroniques parues dans la Croix. Des textes courts exprimant – entre autres – la déconvenue devant la facilité politique, les raccourcis populistes et la sensation de glisser dans les passions tristes de Spinoza que sont la jalousie, le ressentiment et, surtout, la peur.
Il se passe quelque chose de Jérôme Ferrari
Un appel à ne pas céder à la bêtise, au racisme, à l’antisémitisme ou à toutes sortes d’exclusions. Une incitation à la réflexion.
C’est frais, mais un peut court. Mais c’est frais et bienvenu !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, nous vivons dans une ambiance détestable que la classe politique, par cynisme ou par simple bêtise, a contribué à rendre plus détestable encore en favorisant ce que Spinoza appelle les passions tristes - la jalousie, le ressentiment et, surtout, la peur. Le pouvoir de ces passions est terrifiant. On ne peut évidemment pas y faire efficacement obstacle en publiant des articles dans les journaux. Mais il est des moments, en dehors de toute considération d'efficacité, où se taire, quand on a le privilège de pouvoir s'exprimer, devient une faute. »
J.F.
Une fresque bouleversante, une histoire de vie qui emporte tout. Celle de Diana Cooke, née dans la richesse déchue de l’esclavagisme et qui devra ramener la dot qui sauvera la magnifique demeure familiale, la somptueuse Saratoga. Une vie pour payer, comme une destinée déjà tracée, comme une dette à jamais remboursée.
Après l’incendie de Robert Goolrick
Un livre pour les âmes romanesques, pour les soirées cheminées, pour les après-midi Mojito, pour les nuits d’insomnies.
En quatrième de couv’ Après l’incendie est présenté comme un anti-Autant en emporte le vent. C’est exactement ça, le livre qu’il faut pour oublier la puante Scarlett, négrière bienveillante.
Parfois des livres nous parlent, celui-ci m’a fait crier.
Et comme un bonus, en seconde partie, Trois lamentations, une nouvelle autobiographique qui m’a fait pleurer. Un plaidoyer contre le racisme et toutes les sortes d’exclusion.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Diana Cooke est née avec le siècle, dans une des plus belles maisons du Sud, la somptueuse Saratoga. Elle peut s'enorgueillir d'un patronyme qui remonte aux Pères fondateurs de l'Amérique. Mais, comme le nom de Cooke, cette maison est lestée par deux dettes abyssales. La première est financière et ne peut s'acquitter qu'au prix du sang : Diana doit se marier sous le signe de l'argent. La seconde est plus profonde : la maison des Cooke et leur prestige sont bâtis sur le plus noir péché du Sud, l'esclavage. Et cette dette-là ne se rembourse que sous la forme d'une malédiction. La voici peut-être qui s'avance sous les traits du Capitaine Copperton.
Dans Après l'incendie, Robert Goolrick nous offre une fable sur l'amour et le poids du péché de nos pères. Dans cet « anti-Autant en emporte le vent », il règle en un destin le sort de cette terre qu'il aime tant, cet impossible paradis baigné par le sang des opprimés.
Trois lamentations est le récit autobiographique d'une année où le jeune Goolrick partagea sa classe avec trois jeunes filles rejetées par ses camarades
Le cousin de Philippe Pujol est un facho. Pas un petit, effacé, discret qui râle en cinquième ligne derrière sa télévision, non! C’est un vrai, dur, froid, violent, militant, fondateur de l’Oeuvre française. Le poing levé revendiquant fièrement son fiel haineux.
Mon cousin le fasciste de Philippe Pujol
De la repoussante crasse brutalité des crânes rasés jusqu’à la gourdasse acceptation des masses bêlantes fascinés par les Zemour et Dieudonné, pyromanes décomplexés… Un panorama de la normalisation des idées rances.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En octobre 2010, dans une stratégie de « normalisation » idéologique, le Front national écarte plusieurs militants proches des courants les plus extrémistes qui traversent le parti. Parmi eux, Yvan Benedetti est traduit devant la commission de discipline du mouvement pour cause de double appartenance au Front national et à l'OEuvre française, un groupuscule nationaliste extrême. Cet homme, représentant d'une frange fasciste affirmée gommée par l'opération de communication du Front national, n'est autre que le cousin germain, de dix ans son aîné, du journaliste Philippe Pujol, Prix Albert-Londres. Grand reporter, l'auteur s'interroge sur les destins croisés et pourtant opposés, dans une mise en regard fascinante. Il dresse le portrait de son double en négatif et tente, au-delà des caricatures, de dépeindre un fascisme plus contemporain qu'il n'y paraît. Dans un studio parisien surchauffé, autour d'une stèle de l'OAS, dans les pas des processions de la Phalange en Espagne ou encore lors d'un rassemblement sur la tombe du maréchal Pétain sur l'île d'Yeu, en reporter, Philippe Pujol sonde l'âme rance et familière d'une idéologie française
Comme une fresque, ce conte est une histoire d’amour et de jalousie. Il parle des différences, de l’arbitraire et du racisme en suivant Amir, ses femmes, ses enfants et petits enfants. Des personnages attachants gouvernés par leurs démons et leurs passions portés dans l’histoire du Maroc.
Le mariage de plaisir de Tahar Ben Jeloun
C’est dur et tendre.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans l'islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée pour ne pas être tenté de fréquenter les prostituées. On le nomme « mariage de plaisir ».
C'est dans ces conditions qu'Amir, un commerçant prospère de Fès, épouse temporairement Nabou, une Peule de Dakar, où il vient s'approvisionner chaque année en marchandises. Mais voilà qu'Amir se découvre amoureux de Nabou et lui propose de la ramener à Fès avec lui. Nabou accepte, devient sa seconde épouse et donne bientôt naissance à des jumeaux. L'un blanc, l'autre noir. Elle doit affronter dès lors la terrible jalousie de la première épouse blanche et le racisme quotidien.
Quelques décennies après, les jumeaux, devenus adultes, ont suivi des chemins très différents. Le Blanc est parfaitement intégré. Le Noir vit beaucoup moins bien sa condition et ne parvient pas à offrir à son fils Salim un meilleur horizon. Salim sera bientôt, à son tour, victime de sa couleur de peau
Une lettre à son fils pour lui expliquer qui est son père, ses peurs, sa colère, ses origines, les inégalités, la violence, le système et la rue.
Une colère noire : lettre à mon fils de Ta-Nehisi Coates
Un message à 5 étoiles ! Mais un texte souvent répété et seriné. Comme la rage.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Voilà ce qu'il faut que tu saches : en Amérique, la destruction du corps noir est une tradition - un héritage. Je ne voudrais pas que tu te couches dans un rêve. Je voudrais que tu sois un citoyen de ce monde beau et terrible à la fois, un citoyen conscient. J'ai décidé de ne rien te cacher.
« Je me suis demandé qui remplirait le vide intellectuel après la mort de James Baldwin. Sans aucun doute, c'est Ta-Nehisi Coates... Une lecture indispensable. »
Toni Morrison
Une déconstruction des mythes, un hommage rendu aux femmes et à leur participation dans la lutte contre les lois ségrégationnistes dans le sud des Etats-Unis. Une écriture impliquante, personnelle, un style qui vous prend et vous secoue!
Noire : la vie méconnue de Claudette Colvin de Tania de Montaigne
Désormais vous êtes noire aurait-elle peut-être dû écrire.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Prenez une profonde inspiration, soufflez, et suivez ma voix, désormais, vous êtes noir, un noir de l'Alabama dans les années cinquante. Vous voici à Montgomery. Regardez-vous, votre corps change, vous êtes dans la peau et l'âme de Claudette Colvin, jeune fille sans histoire. Depuis toujours, vous savez qu'être noir ne donne aucun droit mais beaucoup de devoirs...»
Seulement, le 2 mars 1955, dans le bus, Claudette Colvin refuse de céder son siège à un passager blanc. Jetée en prison, elle décide de plaider non coupable et d'attaquer la ville. Avant elle, personne n'avait osé, et ce jour marque le début d'un itinéraire qui mènera Claudette Colvin de la lutte à l'oubli.
Noire est l'histoire de cette héroïne méconnue de quinze ans, toujours vivante. Noire est le portrait d'une ville légendaire, où se croisent Martin Luther King, jeune pasteur, et Rosa Parks, pas encore Mère du mouvement des droits civiques. Noire est le récit d'un combat qui dure encore contre la violence raciste et l'arbitraire
Bon, Miss Alabama et ses petits secrets de Fannie Flagg nous bassine un peu avec ses « c’était mieux avant », mais il faut reconnaître qu’il y a beaucoup d’exaltés.
Une chose ne change pas, le problème c’est: les gens. Non mais, les gens, j’te jure!
Miss Alabama et ses petits secrets de Fannie Flagg
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Birmingham, États-Unis. Ex-Miss Alabama, Maggie Fortenberry a pris une grande décision : elle va mettre fin à ses jours. Elle n'est ni malade ni déprimée, son travail dans une petite agence immobilière est plutôt agréable, mais elle a trouvé malgré tout seize bonnes raisons d'en finir, la principale étant peut-être que, à 60 ans, elle pense avoir connu le meilleur de la vie.
Maggie a donc arrêté la date de sa mort et se consacre désormais en toute discrétion à en régler les détails.
Or, peu de temps avant de passer à l'acte, Maggie est invitée par une collègue, Brenda, à un spectacle de derviches tourneurs. La représentation étant dans moins d'une semaine, elle décide, pour faire plaisir à Brenda, de retarder l'ultime échéance.
Elle est alors loin de se douter combien les jours à venir vont être riches en secrets dévoilés et en événements imprévus, lesquels vont lui montrer que l'existence a encore beaucoup plus à lui offrir quelle ne le croyait.
Fannie Flagg nous donne un roman au charme fou, peuplé de personnages plus attachants les uns que les autres - Brenda, ses problèmes de poids et ses ambitions politiques, Ethel, la patronne de l'agence immobilière qui, à 88 ans, ne veut pas passer la main, etc. Le sort de cette petite communauté de femmes, et celui de Maggie en particulier, est le prétexte à une lecture qui vous fera passer du rire aux larmes
Une écriture comme des coups de poings. Ca déchire un peu les paupières.
De Cassius à Mohamed, les sources de l’énergie.
Le ring invisible de Alban Lefranc
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Il absorbait par tous ses pores l'espace clos entre les cordes, et sa peau comme une éponge avalait le volume à grandes gorgées, dévorait les moindres détails de ce carré magique de six mètres sur six où il. Avait choisi de passer sa vie désormais. »
Comme chacun sait, il n'y a qu'une seule façon de passer le cap Horn : vite. Mohamed Ali a su somptueusement incarner cette vitesse face à ses adversaires sur le ring, face à l'Amérique blanche des années soixante.
Mais avant de s'appeler Mohamed Ali, il a fallu que le jeune Cassius Clay surmonte ses peurs, sorte de son mutisme et s'invente un corps. Il a fallu qu'il trouve la voix qui habite pleinement ce corps.