Paradis, clef en main

Comme un exorcisme, Nelly Arcan s’amuse avec l’idée du suicide et avec les relations mère-fille. Un jeu qui semble, à posteriori, bien macabre.

Paradis, clef en main de Nelly Arcan

Antoinette veut mourir, elle s’adresse alors à une société secrète qui propose des suicides clef en main.

Une fiction un peu convenue (qui pourrait faire penser à Amélie Nothomb) et bien en deçà d’À ciel ouvert et de ses brillants Putain, Folle ou Burka de chair.

Peut-être pas la meilleure porte d’entrée pour cette autrice remarquable qu’il faut absolument lire ! Il faut lire Nelly Arcan !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C’est ma vie
On a tous déjà pensé se tuer. Au moins une fois, au moins une seconde, le temps d’une nuit d’insomnie ou sans arrêt, le temps de toute une vie. On s’est tous imaginé, une fois au moins, s’enfourner une arme à feu dans la bouche, fermer les yeux, décompter les secondes et tirer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une obscure compagnie organise le suicide de ses clients. Une seule condition leur est imposée : que leur désir de mourir soit incurable. Pur, absolu. Antoinette a été une candidate de Paradis, Clef en main. Elle n'en est pas morte. Désormais paraplégique, elle est branchée à une machine qui lui pompe ses substances organiques. Et Antoinette nous raconte sa vie. Elle raconte sa mère, dont elle pourrait être la copie conforme. Elle raconte Paradis, Clef en main et son processus de sélection, ses tests et ses épreuves, son chauffeur et son psychiatre halluciné, le caniche blanc qui ponctue les scènes rocambolesques, son comité de sélection. Un monde Kafkaïen. Elle nous raconte aussi son oncle Léon, dont le suicide, également organisé par Paradis, Clef en main, a fait les manchettes du monde entier. Et surtout, elle nous raconte son nouveau désir d'exister, son second souffle.
Paradis, Clef en main est le cinquième livre de Nelly Arcan, qui s'aventure ici, et avec brio, dans la fiction. Roman d'anticipation, roman sur le désir de vivre, sur celui de mourir. Roman sur la responsabilité, sur le rapport à l'autre, sur le rapport au corps, à la vie. Roman fabuleux écrit d'une plume acérée

Burqa de chair

Quelle autrice ! Quelle écriture ! Un livre écrit en plusieurs étapes, rassemblé et publié après son suicide. Quelle tristesse !

Burqa de chair de Nelly Arcan

Nelly Arcan nous parle, presque sereine (en tout cas avec plus de distance et termine en parlant d’elle à la troisième personne), de sa relation au corps, à sa mère, à la beauté, à son image et au regard de l’autre.

Avec une préface émouvante et bienvenue de Nancy Huston sur l’importance de l’oeuvre de Nelly Arcan

Avec une préface de Nancy Huston

Et finalement, oui…

Se tuer peut nuire à la santé
Nelly Arcan

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La robe de chambre
La vie est un scandale, c'est ce que je me dis tout le temps. Être foutue là sans préavis, sans permission, sans même avoir consenti au corps chargé de me traîner jusqu'à la mort, voilà qui est scandaleux.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Septembre 2001-septembre 2009 : en l'espace de huit ans, une jeune femme déploie son chant et disparaît. Huit ans seulement pour entrer avec fracas dans la littérature et pour s'échapper du monde tout aussi violemment. Nelly Arcan était une guerrière, sous les fragiles apparences d'un ange blond. Son courage intellectuel n'avait d'égal que son effroi de vivre, c'est-à-dire d'habiter un corps. Un corps de femme, exposé et convoité, prison et camisole, étendard et linceul. Burqa de chair, disait-elle dans une formule saisissante. Il semblerait que très tôt elle ait appris à poser les bonnes questions, celles qui dérangent, que s'emploie à détailler Nancy Huston dans sa préface. Les textes qu'on lira ici sont du meilleur Nelly Arcan. Dernières pierres blanches au bord d'une route interrompue, ils nous donnent l'occasion d'entendre encore une fois la beauté de cette langue inimitable, étourdissante, et qui laisse le lecteur hors d'haleine

Je ne veux pas être jolie

Au décès de sa mère, Georgia se reveille. Non, elle ne l’aura pas aidée, jusqu’au bout, rien ! Pas un mot, pas un soutien.

Alors les secrets et les oublis ne tiennent plus, ce n’est plus possible, les cris et les douleurs enfouies doivent sortir, elle doit être entendue. Mais que vont en faire sa soeur, son frère et son amant ?

Je ne veux pas être jolie de Fabienne Périneau

Un livre très bien construit, qui commence sans trop en dire et qui m’a laissé choqué, stupéfait

Une femme seule avec sa douleur et sa colère

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Tout le monde m'appelle Jo. Mon frère, ma sœur, mon oncle, ma tante.
Je déteste.
Jo, c'est un raccourci pour ne pas flâner en chemin, c'est le dernier des frères Dalton, un boxeur, un chien, mais ce n'est pas Georgia.
Pour aller vite, ma mère aussi m'appelle Jo. Georgia, c'est trop long à dire, et il y aurait tant à dire.
"Jo, mets ta chemise ? Tu es très jolie, avec."
Ça aussi je déteste.
Si j'avais pu ne pas être jolie, rien, peut-être, ne serait arrivé.»

Georgia aurait dû rester, pleurer. Pleurer sa mère. Cette mère dont elle a attendu, espéré, pendant plus de trente ans, un geste, un mot. Cette mère pour qui aujourd'hui elle revient à l'Hôtel du Bord des vagues où justement tout est arrivé. Elle rejoint sa famille qui ne sait rien. Mais voudra-t-elle seulement savoir ?
Un roman puissant et lumineux à l'image de son héroïne, empreint de justesse et d'émotion

Revenir à toi

Alors qu’elle avait disparu depuis plus de trente ans, Magdalena reçoit un téléphone : sa mère est vivante.

Revenir à toi de Léonor de Récondo

Lâchant tout, elle part à sa rencontre. Petite vieille de plus de 80 ans, dans une maison d’écluse.

Le récit d’une quête, du désir de comprendre, de retrouver sa mère, de retrouver ce lien.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« On a retrouvé ta mère. »

Lorsqu'elle reçoit ce message, Magdalena n'hésite pas, elle part vers l'adresse indiquée, une maison éclusière, dans le Sud-Ouest.
Comédienne de talent, Magdalena a vécu sans rien savoir de sa mère, Apollonia, disparue depuis trente ans. Mais aujourd'hui, son cœur est à nu. D'abord impossible, le dialogue se fait gestes et chuchotements. Puis, au fil du voyage qui ramène mère et fille à leurs enfances peuplées d'absences, se dévoile un secret tacitement transmis.

Hommage aux grands mythes littéraires qui nous façonnent, Revenir à toi tisse le silence et les mots en une magnifique réconciliation avec l'autre et avec soi-même

Saint Jacques

Une histoire d’amour, de transmission familiale, de relations mère-fille mal vécues, de vies loupées, de rencontres et de résiliation.

Saint Jacques de Bénédicte Belpois

Des histoires de vies…

C’est simple et très fort, des émotions justes sans trop de mélo

Si, quand même… pas mal de mélo, mais c’est bon et bien fait

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À la mort de sa mère, Paloma hérite d'une maison abandonnée, chargée de secrets au pied des montagnes cévenoles. Tout d'abord décidée à s'en débarrasser, elle choisit sur un coup de tête de s'installer dans la vieille demeure et de la restaurer. La rencontre de Jacques, un entrepreneur de la région, son attachement naissant pour lui, réveillent chez cette femme qui n'attendait pourtant plus rien de l'existence bien des fragilités et des espoirs.

Ode à la nature et à l'amour, Saint Jacques s'inscrit dans la lignée de Suiza, le premier roman de Bénédicte Belpois, paru en 2019 aux Éditions Gallimard. Avec une simplicité et une sincérité à nulles autres pareilles, l'auteure nous offre une galerie de personnages abîmés par la vie mais terriblement touchants

Florida

Quelle force, quelle puissance, quelle rage !

Florida de Olivier Bourdeaut

Après le bouleversant Bojangles, Olivier Bourdeaut m’avait un peu déçu avec son bien terne Pactum Salis. Mais quelle puissance retrouvée !

Avec Florida on entre dans le monde du corps avec les concours de mini miss où des parents projettent toutes leurs délirantes espérances dans le corps de leurs filles. Pour s’en sortir (s’en sortira-t-elle ?) Elizabeth va tout saboter, à commencer par elle même.

Un livre bodybuildé sur les délires d’une mère, la démission d’un père et la révolte d’une enfant manipulée

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ne trouvez-vous pas cocasse que dans un pays de gagnants, ma malédiction soit d'avoir un jour gagné? Pas n'importe quel jour, celui de mes sept ans. Ma mère me disait que j'étais très belle et que je n'étais pas trop bête. L'ordre des compliments est important, la forme aussi. J'étais très belle, une affirmation. Je n'étais pas trop bête, une négation.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée. »

La commode aux tiroirs de couleurs

Malgré un départ un peu confus, oscillant entre les personnages et la narratrice, je me suis rapidement retrouvé sous le charme absolu de ce récit de famille qui débute en pleine guerre d’Espagne, suivie de l’exil pour aboutir dans un bar-tabac-café-restaurant-hôtel-épicerie de Marseillette. Une histoire soigneusement consignée dans une commode que l’auteure reçoit en héritage au décès de sa grand-mère, l’Abuela.

La commode aux tiroirs de couleurs de Olivia Ruiz

Un presque premier roman fortement inspiré de son histoire familiale, époustouflant d’émotions et de sentiments. Des vies de femmes, porteuses de mémoire

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l'intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d'une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.

La commode aux tiroirs de couleurs signe l'entrée en littérature d'Olivia Ruiz, conteuse hors pair, qui entremêle tragédies familiales et tourments de l'Histoire pour nous offrir une fresque romanesque flamboyante sur l'exil

Dites-lui que je l’aime

Un livre de souvenirs. Une fille part à la recherche de sa mère, star de cinéma brutalement décédée à 33 ans.

Dites-lui que je l’aime de Clémentine Autain

Une mère fantasque et extrême. Le portrait d’une alcoolique perdue, brossé par une fille en colère qui n’ose que timidement tenter une réconciliation.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comédienne culte, aujourd'hui oubliée, Dominique Laffin crève l'écran dans les années soixante-dix. Femme radieuse et brûlée, en quête de reconnaissance et de liberté, elle décède brutalement en 1985, à trente-trois ans. Sa fille Clémentine en a douze.

L'étoile du cinéma était aussi une mère en souffrance. Avec elle, les rôles étaient parfois inversés tant il lui était difficile de prendre soin de sa fille. Il aura fallu trente ans et les questions de ses propres enfants pour que Clémentine Autain se retourne vers le passé et vers cette mère « partie sans un mot », qu'elle avait dû effacer pour se construire. Elle entreprend alors de retrouver ce quelle lui doit en même temps que les souvenirs d'une enfance hors norme et en tire un récit d'une grande douceur, une lumineuse lettre d'amour

Le bus

Trois sœurs, trois parcours de vies avec chacune ses failles. L’enfance, l’adolescence, et vite arrive le temps du sexe et, à leur tour, de la maternité – pour celles qui le peuvent.

Le bus de Mélanie Richoz
Le bus de Mélanie Richoz

Avec des hommes en filigrane.

Un livre sur la sororité, les liens qui nous relient, les blessures de la vie et de la chair.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ça La fait rire de conduire un bus par lequel elle a imaginé tant de fois se faire écraser. »

Jeanne, Cerise et Léonie, trois soeurs hantées par le secret de la génération qui les précède. Trois soeurs qui se battent contre le vide. Puis Chloé qui s'apprête à réussir là où sa mère et ses tantes ont échoué...

L’été d’Olta

Une histoire qui aurait pu être sympa si elle n’eut-été aussi ennuyeuse.

L'été d'Olta de Ornela Vorpsi
L’été d’Olta de Ornela Vorpsi

Une fille qui habite avec sa mère magnifiquement belle. Le père a disparu, emprisonné par le régime et la mère déjà instable disjoncte de plus en plus.

Rarement drôle et plutôt lassant

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans l'Albanie de la fin des années 1970, Olta voit son quotidien bousculé par la disparition soudaine et inexplicable de son père. Chacune à sa manière, la fillette et sa mère Veronika affrontent le mystère de cette absence. Veronika, femme aussi belle que peu sûre d'elle, échafaude mille scénarios d'adultères.

Olta, confidente forcée et souffre-douleur de sa mère, rêve de liberté. Elle tente de se tenir à distance du drame et porte un regard souriant sur le monde des adultes, sur ce pays qui vénère la Chine communiste avant de la rejeter comme il a rejeté précédemment la tutelle soviétique, sur la vitalité d'un peuple que la dictature ne parvient pas à juguler.

Tout en nous offrant une chronique acidulée de l'Albanie d'avant la chute du Mur, la jeune Olta découvre de son côté, avec une fausse candeur, le monde du désir et de la sensualité