L’île aux femmes

Chez Zanzim, la machine à fantasmes fonctionne fort !

Lu après Grand petit homme dont la lecture de certaines pages était malaisante en pleine affaire Mazan (aujourd’hui, je me questionne encore sans trop y voir malice), ici les fantasmes sont plutôt bon enfant et nul besoin de chercher trop loin. C’est drôle, enlevé et plein de dérision pour les délires donjuanesques de ce héros malheureux.

L’île aux femmes de Zanzim
L’histoire d’un homme à femmes sur l’île des femmes de ses (presque) rêves les plus fous.

Un auteur au dessin naïf très maîtrisé et aux personnages baroques torturés… Sympa

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
KEUF ! KEUF !
Pincez-moi ! Je rêve !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsqu'un Don Juan se retrouve prisonnier sur une île remplie de femmes...

Céleste Bompard est un « Coq en l’air », un as de la voltige. Ses prouesses lui valent un large succès auprès de la gent féminine. Il aligne les conquêtes. Engagé alors que la Grande Guerre éclate, il est chargé de transporter les lettres que les soldats du front écrivent à leurs femmes. Mais lors d’une mission, Céleste est victime d’un tir ennemi et son biplan se crashe sur une île mystérieuse. Obligé de survivre dans cet endroit visiblement désert, il trompe son ennui en lisant les lettres que les poilus destinent à leurs femmes. Un jour, en parcourant les lieux, il découvre un jardin d’Éden entièrement peuplé de femmes ! De véritables amazones, aussi belles que redoutables, qui ne tardent pas à le capturer pour remplacer leur « reproducteur » actuel. Alors qu'il avait l'habitude de mener la danse avec les femmes, voilà que Céleste est devenu leur esclave !

Zanzim revient dans la collection 1000 Feuilles et en solo avec un nouvel album truculent à souhait et féministe. Son trait sobre et élégant restitue à merveille les courbes des créatures de rêve qui peuplent son Île aux femmes !

Betty

C’est une question qui me revient sans cesse en lisant Simenon aujourd’hui. Était-il raciste, sexiste, antisémite, colonialiste… ? Et à la fin, je retombe toujours sur la même réponse : c’était un témoin incroyablement doué de son époque.
Finalement, qui était-il importe moins que ce qu’il a écrit. Témoin d’une époque raciste, colonialiste, antisémite, patriarcale et sexiste.

Elle avait fini par y croire, était entrée, pleine de bonne volonté, d'enthousiasme, dans la peau de son nouveau personnage.
Tout cela était une erreur. Pas seulement à cause de son passé.
C'était une erreur parce que Guy et elle ne cherchaient pas la même chose. Il disait, fier et protecteur :
 - Tu es ma femme!
Est-ce que cela ne suffisait pas ? Sa femme! La mère de ses enfants! Celle à qui il revenait chaque soir pour lui raconter ses ennuis et ses espoirs.
Betty de Georges Simenon
Et ainsi, ce séducteur insatiable qui enchaînait pathologiquement les aventures comme les prostituées réussi à créer ce portrait d’une femme brisée à la dérive avec une grande sensibilité et beaucoup de finesse

Le 97e roman dur de Simenon

Un roman adapté au cinéma par Claude Chabrol en 1992 avec Marie Trintignant dans le rôle titre

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Vous désirez manger quelque chose ?
Elle fit non de la tête. Il lui semblait que la voix qu'elle entendait n'avait pas un son naturel, comme si on avait parlé derrière une vitre.
- Remarquez que quand je dis manger quelque chose, cela veut dire du lapin, car, comme vous pouvez le voir autour de vous, aujourd'hui c'est le jour du lapin. Tant pis si vous n'aimez pas ça. Lorsque c'est le jour de la morue, il n'y a que de la morue...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après trois jours d'errance et d'alcool, épuisée et à bout de nerfs, Betty a l'air d'une bête blessée. Comment est-elle arrivée dans ce restaurant-boîte de nuit des environs de Paris, triste refuge d'une faune bourgeoise et cossue ? Pourquoi Laure, une habituée de l'endroit, recueille-t-elle cette fille à la dérive ? Entre la bourgeoise vieillissante et déchue et l'étrange créature, naissent de mystérieuses relations d'hostilité et de secrète affection. Lentement, Betty reprend ses esprits et révèle à sa bienfaitrice l'enchaînement d'échecs et de vices qui l'a détruite.
Laure ignore encore la vraie nature de Betty. Est-elle une mal-aimée ou un être foncièrement pervers ? C'est alors qu'un homme entre en scène et la vérité, peu à peu, apparaît, imprévisible et fatale.

Le bilan Malétras

Voilà un roman bien amoral. Pur jus de l’époque ! Un homme tue sa maîtresse et vlan : deux cent trente-cinq pages d’introspection. Qui était elle, d’où venait elle… Beuh, là n’est pas le sujet. Elle finira découpée en morceaux et qu’importe. Personne ne sera puni, non, l’important c’est Monsieur et ses états d’âme.

On était au début de mai. C'était un samedi. Même le samedi, le Cintra ne connaissait pas la cohue des grands cafés. Cela restait, dans le centre de la ville, une oasis discrète, au décor un peu grave comme Malétras les aimait des boiseries sombres, des cuivres, des étains. Le velum abritant les trois ou quatre tonneaux qui servaient de guéridons à la terrasse était d'un rouge foncé. Le soleil, à cinq heures avait perdu sa pétulance. La température était juste assez tiède pour qu'on appréciât les quelques bouffées plus fraîches d'un courant d'air.
Le bilan Malétras de Georges Simenon
Par ailleurs, le portrait de Malétras est très réussi et la plongée dans ses tourments offre un tableau d’une grande profondeur.

Mais quand même, quelle indécence !

Le 61e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Emile, le garçon du Cintra, fut frappé par le changement et ne se trompa que d'assez peu dans l'interprétation de celui-ci. Quand, un peu après cinq heures, Malétras s'était assis derrière les joueurs de bridge, Emile s'était avancé comme d'habitude. Comme d'habitude aussi, il avait murmuré :
- Bonsoir, monsieur Malétras. Un Impérial ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jules Malétras est un homme d’origine modeste qui a réussi. Pourtant, malgré son argent et son statut dans la bonne société du Havre, il reste un homme brutal et sans éducation dont la vie est loin d’être aussi parfaite qu’elle le paraît. Son fils est mort, sa fille l'évite ; quant à sa femme, chaque fois qu’il la regarde, c’est pour se rappeler qu’ils ne sont pas du même milieu…
Un soir, presque par accident, il étrangle sa jeune maîtresse. Ce geste insensé marquera-t-il le début d’une nouvelle vie ?

Le chat

C’est affreux, cette histoire. Il n’y a rien qui va et pourtant, je suis sûr que nous connaissons tous un couple pareil. Oh, bien sûr, peut-être pas aussi pire (… regardons bien), mais un vieux couple, attachés par leur haine de l’un pour l’autre. Ensemble. Et le jour où l’un s’en va, c’est sa meilleure maladie qui meurt. Quelle horreur, quel enfer.

Est-ce que, en son absence, elle osait battre le chat ? Il en doutait, car elle en avait trop peur. Elle en aurait certainement été soulagée. Elle avait fait mieux. Elle l'avait tué. Et ce n'était pas seulement à Joseph qu'elle s'en prenait de la sorte, c'était à lui, Émile, dont elle n'aimait pas davantage la présence et l'odeur que celles de l'animal. Elle avait attendu l'occasion pendant des années. Elle n'avait pas eu la patience d'attendre un an, deux ans peut-être, que le chat meure de sa mort naturelle. Bouin buvait, mais se sentait l'esprit froid, il était convaincu qu'il voyait les choses plus clairement, plus objectivement que jamais. C'était une garce. Il n'y avait qu'à voir, sur les photographies, la dégaine de son premier mari, le fameux premier violon de l'Opéra, pour savoir que c'était un mou qui s'était laissé berner pendant plus de trente ans.
Le chat de Georges Simenon
Ne me rappelant que vaguement de l’adaptation avec Gabin et Signoret, j’ai découvert une histoire qui m’a fait frémir. Quelle misère.

Un tout grand Simenon, sans polar, sans artifice

Le 108e roman dur de Simenon

Adapté en 1971 par Pierre Granier-Deferre avec Jean Gabin et Simone Signoret

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
II avait lâché le journal, qui s'était d'abord déployé sur ses genoux puis qui avait glissé lentement avant d'atterrir sur le parquet ciré. On aurait cru qu'il venait de s'endormir si, de temps en temps, une mince fente ne s'était dessinée entre ses paupières.
Est-ce que sa femme était dupe ? Elle tricotait, dans son fauteuil bas, de l'autre côté du foyer. Elle n'avait jamais l'air de l'observer, mais il savait depuis longtemps que rien ne lui échappait, pas même le tressaillement à peine perceptible d'un de ses muscles.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Emile, ancien ouvrier au naturel bourru, est un homme sans détour. Marguerite, à l'opposé, est une femme délicate, d'une douceur affectée, sournoise et avare. Elle provient d'une famille de propriétaires, dont on démolit les nombreux immeubles dans le quartier. Ils étaient voisins, tous deux veufs, et se sont mariés, lui à 65 ans, elle à 63, peut-être par peur de la solitude. Leur incompatibilité de tempérament ne tarde pas à se muer en sourde hostilité. Joseph, le chat d'Emile que Marguerite n'a jamais accepté, disparaît.

Les inconnus dans la maison

Touchant cet avocat, solitaire et alcoolique depuis que sa femme l’a quitté. Reclus mutique dans un hôtel particulier en compagnie de sa fille, d’une cuisinière et d’une bonne qui change régulièrement.

Il avait regardé Nicole, à table, Nicole qui, faute de bonne, se levait parfois et allait prendre les plats dans la trappe, les posait sur la nappe sans mot dire.
Il avait regardé Manu... Il avait écouté Jo le Boxeur... Il était allé là-bas, dans cette étrange auberge aux deux filles qu'une mère en peignoir surveillait par l'entrebâillement de la porte... 
Il avait envie de...
C'était terriblement difficile à dire et même à préciser en pensée, surtout qu'il n'avait pas l'habitude, qu'il avait peur d'un certain ridicule.
Il n'osait pas dire « envie de vivre ». Mais envie de se battre ? C'était presque cela. De se secouer, de secouer la paille de sa bauge, les odeurs douteuses qui lui collaient encore à la peau, les aigreurs de son moi qui avait trop longtemps mijoté entre des murs tapissés de livres.
Les inconnus dans la maison de Georges Simenon
Ermite autrefois brillant, négligeant hygiène et société, le voilà secoué par le meurtre d’un inconnu dans sa maison et les frasques de sa fille.

Un polar judiciaire explorant les relations humaines dans une petite ville

Le 37e roman dur de Simenon

Adapté en 1942 par Henri Decoin avec Raimu, Juliette Faber et Gabrielle Fontan

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Allô ! Rogissart ?
Le procureur de la République était debout, en chemise, près du lit d'où émergeait le regard étonné de sa femme. Il avait froid, surtout aux pieds, car il s'était levé si soudainement qu'il n'avait pas trouvé ses pantoufles.
- Qui est à l'appareil ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Hector Loursat boit. Sa femme l'a quitté. Il ne plaide plus. Seule sa fille Nicole, qu'il n'aime pas, partage encore avec lui des repas pris sans un mot dans leur grande maison vide. Dix-huit ans que cela dure, à ne rien faire, retiré du monde.
Un soir, pourtant, tout bascule. Découvrir sous son toit un homme tué d'une balle dans le cou tire l'avocat d'une longue peur de vivre. La mort le réveille. Il est seul. Sa fille est une inconnue. Il la croyait sans âme, il découvre une force. Il la croyait docile, c'est une révoltée. Un mystère qui s'ouvre sur un meurtre et toute une ville qui attend. Une ville de notables. De frileux. Une bonne société qui louvoie, qui accuse. Qui aimerait tant pouvoir être hors du coup...

Un homme seul

Jean-Michel, le papa de Frédéric, a vécu une enfance sans l’amour de ses parents. Il a traîné cette blessure toute sa vie, qu’il a d’ailleurs fort bien réussie. Une success story.
À sa mort, Frédéric ouvre les tiroirs et nous dresse le portrait d’un homme du 20e qui s’est quand même bien bâfré. Bouffe autant que femmes ! Mais qui, à la fin de sa vie, se retrouve bien seul malgré tout un bottin mondain comme carnet d’adresse.

L'inconvénient de la jet-set : dès que tu tombes malade, que tu vieillis et maigris, ou que tu t'appauvris et que tu perds ton pouvoir, tu te retrouves seul et tu te rends compte que tu l'as toujours été.
Un homme seul de Frédéric Beigbeder
Une tendre biographie d’un père haut en couleur, qui n’a jamais vraiment su témoigner son amour à ses enfants.

Bien sûr, Frédéric en profite pour parler de lui. Normal. Et en bon cynique assumé, ouin-ouin est fort drôle lorsqu’il se rit de lui. Mais à la fin de cette lecture, un doute me chatouille pourtant. Rit-il vraiment de lui ou sourit-il avec la foule tout en se répétant sans cesse, comme le vicomte, « Ce n’est pas ma faute ». Regardez papa

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Sorèze

La France venait d'être libérée quand mon père fut enfermé. En octobre 1946, sa famille l'a banni au pensionnat de Sorèze, derrière de hauts murs dans la Montagne Noire, à l'âge de huit ans. Pour l'y emmener, la berline Rosengart Supertraction de mon grand-père traversa des forêts de conifères comme si elle pénétrait un autre monde. Le petit Jean-Michel Beigbeder renversait des cageots de fruits sur ses genoux à l'arrière de la voiture. La nourriture était encore sévèrement rationnée : les pêches et les abricots serviraient de monnaie d'échange à l'internat.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce livre raconte la vie de William Harben Carthew (1938-2023), alias Jean-Michel Beigbeder, l'homme qui choisissait les puissants en France, à la fin du XXe siècle.

Comme il est dangereux d'écrire sur son père mort ! On risque de faire la connaissance posthume d'un espion franco-américain. De découvrir son enfance sinistre dans un pensionnat militaire catholique. D'en vouloir à sa famille qui a pourtant sauvé des juifs sous l'Occupation. De révéler les coulisses du métier de chasseur de têtes, qu'il a importé en France. De croiser tout le CAC 40 et toutes les agences de mannequins. De dépeindre une génération de jouisseurs égoïstes dont le confort fut l'idéologie, le luxe l'utopie et le divorce la fatalité. De raconter la folie consumériste de l'après-guerre. De revivre les fêtes de la jet-set à Bangkok, Bali, Paris, New York et Saint-Tropez. De regarder mourir un homme seul, ruiné, qui a toujours ressemblé à un enfant abandonné. De tomber dans le piège de l'émotion quand on a construit son image sur le sarcasme.

Mais surtout, en enquêtant sur la vie d'un père mystérieux et séducteur, on court le pire des dangers : savoir enfin qui l'on est. »

F.B.

Chemin sans issue

Dans les Maigret, Simenon s’attache généralement à ce qui se passe après le drame, quand le commissaire arrive. Dans ses romans durs, il s’intéresse plutôt ce qui se passe avant, à ce qui amène à la rupture, les envies, les frustrations, l’argent, le sexe, le pouvoir, la misère…

Il ne bougea, un instant plus tard, que pour amener sur son visage le bonnet de marin américain qui, dès lors, tamisa le soleil.
Il ne dormait pas. Il ne pensait pas. Il restait vaguement attentif à ce qui se passait autour de lui, aux voix des pêcheurs du dimanche qui s'embarquaient dans les canots, aux autocars, venus de partout, voire de Lyon et de Paris, qui s'arrêtaient un instant devant chez Polyte.
Il n'y avait rien de changé ! Et c'est précisément ce qui provoquait son malaise. Depuis le fameux jour, il était inquiet, d'une inquiétude trouble et maladive. Il ne se sentait bien nulle part et il avait pris l'habitude de s'étendre ainsi sur le pont, de s'entourer d'un halo de soleil, de feutrer ses pensées d'une somnolence qui, petit à petit, l'imprégnait de rêverie.
Chemin sans issue de Georges Simenon
Ici, c’est un homme rongé par l’alcool et la jalousie qui se débat avant de craquer et se morfondre dans les remords.

Une sombre histoire sous le soleil de la côte d’Azur, bercée par les vagues et le champagne

Le 24e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce n'est qu'après coup, bien sûr, que les heures prennent leur importance. Cette heure-là, sur le moment, avait la couleur du ciel, un ciel gris par- tout, en bas, où couraient des nuages poussés par le vent d'est, en haut où l'on devinait des réserves de pluie pour des jours et des jours encore.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vladimir, Russe blanc au service d'une richissime et extravagante veuve française dont il est l'amant, ne supporte plus l'amour naïf et puissant unissant son ami de toujours à la jeune fille de sa patronne. Il envie la beauté de ce qui les lie, la simplicité si puissante du temps qu'ils se donnent, la sincérité de leurs joies. Vladimir est ensorcelé. Que valent l'amitié et la raison devant une telle folie ? Vladimir ira bien au-delà de ce dont il se serait cru capable...

La brute et le divin

Voilà vraiment une très belle bande dessinée. Peut-être un peu caricaturale, mais intelligente, amusante, superbe et qui invite à la réflexion.

La brute et le divin de Léonard Chemineau

L’histoire de Eva qui plaque tout pour une mission sur une île déserte afin de réparer une station météorologique. Six mois en autarcie avec son chien, des poules et des conserves. L’occasion de passer par toutes la palette des émotions : le ras-le bol professionnel, l’exaltation, l’émerveillement, la contrariété, la colère, l’abattement… et

…Et ? C’est alors que l’histoire démarre vraiment avec un gros plan sur l’envers du décor de notre société.

Un magnifique album pour les jeunes… et même plus

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mpf...
Nuit pourrie.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Eva, ingénieure dans une grande société, s'interroge sur le sens de son activité. Elle répond à une annonce concernant un poste sur une petite île déserte, perdue au milieu du Pacifique Sud. Sur place, elle devra réparer une station météorologique et tester la vie en autarcie avec pour seul compagnon, sa chienne, Puce. Une fois arrivée, elle découvre un endroit à la beauté époustouflante. Son désir de nature est comblé, elle s'attelle à sa tâche et découvre une nature foisonnante et des fonds marins plein de vie. Sur l'île, en plus de ses travaux quotidiens, elle arpente son environnement et en explore tous les recoins. Mais la vie en autonomie, sans aide, est-elle réellement possible ?  Et un tel endroit, encore préservé, peut-il échapper à la convoitise de la société de consommation ? Va-t-elle rester seule sur son île ? Jusqu'où Eva sera-t-elle prête à aller pour défendre ses convictions, et sa propre vie ?

Le jour des corneilles

Un jour des corneilles hallucinant et halluciné. Au milieu des forêts québécoises, vivent deux ermites, un père et son fils.

Ce même jour, tandis que le soleil finissait son déroulement en cieux, père, vaincu, vidangé de ses larmes, empoigna son herminette et commença d'usiner quelques planches. Il en forma une bière à dimension de mère puis, saisissant celle-ci une finale fois en ses bras, la déposa doucettement en cercueil. Enfin, portant sur échine mère emboîtée dans ce couche-mort, il chemina en forêt jusqu'au pied de la grande pruche, ainsi que j'en fus instruit bien après. Juste ci-dessous, de ses grosses mains, père approfondit un trou, qui accueillit bientôt mère en son repos durable. Par suite il rebroussa à la cabane, me trouvant bien établi sur paillasse et attendant sagement de prendre repas.
Le jour des corneilles de Jean-François Beauchemin

Suite à des « actes inqualifiables », le fils raconte sa vie dans un invraisemblable français. La mort de sa mère le jour de sa naissance, la douleur et la folie du père, leur vie loin de tous.

Je reste subjugué. Ravi et interloqué

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Nous logions, père et moi, au plus épais de la forêt, dans une cabane de billes érigée ci-devant le grand hêtre. Père avait formé de ses mains cette résidence rustique et tous ses accompagnements. Rien n'y manquait : depuis l'eau de pluie amassée dans la barrique pour nos bouillades et mes plongements, jusqu'à l'âtre pour la rissole du cuissot et l'échauffage de nos membres aux rudes temps des frimasseries. Il y avait aussi nos paillasses, la table, une paire de taboureaux, et puis encore l'alambic de l'officine, où père s'affairait à extraire, des branchottes et fruits du genièvre avoisinant, une eau-de-vie costaude et grandement combustible.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sise au fin fond de la forêt, une cabane en rondins abrite deux êtres hallucinés : un colosse marqué par la folie et son fils. Orphelin de mère livré à lui-même, nourri dans ses premiers jours avec le lait d'une hérissonne trouvée morte, ce dernier se retrouve adulte devant un juge silencieux pour avouer des actes inqualifiables. Son témoignage l'amènera à révéler peu à peu, en toute ingénuité et dans une langue unique, l'incroyable histoire de sa vie comme le destin tragique de son père.

« Le Jour des corneilles est un roman d'amour halluciné, un ovni littéraire incendiaire qui brûle les yeux, tourneboule les sens et la morale. Ici, l'horreur flirte avec la grâce. »
Martine Laval, Télérama

Encabanée

Si Gabrielle a bien vécu 10 jours dans une cabane en plein hiver et coupée de tout, difficile de connaître la part authentique dans cette autofiction.

La lune illumine le désert blanc. Immense. Immortel. La cabane se tient là dans son ombre, comme un perce-neige. Assoupie dans la chaise berceuse, je rêve à Cerbère et me réveille en sursaut au son des glaçons qui tombent du toit et se fracassent en mille éclats. Je gagne mon lit de fortune au bord du poêle, et la souris dans le mur ne fait plus un bruit. Je suis dans de beaux draps, mais au moins, ce n'est pas un nid de laine minérale. L'ennemi a quitté son siège, mais des fantômes me tenaillent.
Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba

Reste que la plume est très belle, légère et amusée !

Je gagne la cabane tête baissée, comme un chien, la queue entre les jambes. Le miroir me renvoie un visage qui m'est étranger.
 - Miroir, ô miroir, dis-moi qui est la plus belle ?
 - T'avais une chance avant de te hacher le visage en deux.
 - Ça y est. Je parle toute seule.
Mon visage est un barbeau de couleurs blessées. Une prune fendue. Je retourne dehors. Boules de neige se tachent de sang une à une, me suivent comme les pierres de lune du Petit Poucet dans la forêt. Je ne pense ni au sang, ni aux coyotes, ni à ma défiguration. Je ne pense qu'à ma survie. Aussi que ma première erreur a été d'hésiter en hachant la glace.

Une jeune femme décide de quitter la société dans laquelle elle ne se reconnait plus. Et c’est cool, vraiment cool. Icy, même.

Le froid et la solitude comme obsession avec un fond éco-féministe plutôt bien vu

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai filé en douce. Saint-Bruno-de-Kamouraska, ce n'est pas la porte à côté, mais loin de moi le blues de la métropole et des automates aux comptes en souffrance.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lassée de participer au cirque social qu'elle observe quotidiennement à Montréal, Anouk quitte son appartement pour une cabane rustique au Kamouraska, là où naissent les bélugas. Encabanée dans le plus rude des hivers, elle apprend à se détacher de son ancienne vie et renoue avec ses racines. Couper du bois, s'approvisionner en eau, dégager les chemins, les gestes du quotidien deviennent ceux de la survie. Débarrassée du superflu, accompagnée par quelques-uns de ses poètes essentiels et de sa Marie-Jeanne, elle se recentre, sur ses désirs, ses envies et apprivoise cahin-caha la terre des coyotes et les sublimes nuits glacées du Bas-Saint-Laurent.