Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Ce veuf est absolument brillant par sa construction. Quelle injustice pour cet homme bon et généreux… Un vrai époux modèle qui apprend suite au suicide de son épouse qu’elle le trompait. Le veuf de Georges SimenonEt en même temps, insidieusement, on se rend compte que Simenon, l’homme à femme, y fait son plaidoyer et se dédouane ici de toute responsabilité envers la multitude de cocus qu’il a laissé sur son chemin. Et ici, il semble dire : « ce n’est pas de ma faute si vos femmes sont infidèles, c’est parce que vous n’avez pas réussi à les rendre heureuses. Il leur fallait un homme comme moi, qui les fasse rêver ! »
Ne se rendait-elle pas compte qu’il n’était pas bon, qu’il n’était qu’un homme ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il n'avait pas plus de prémonition que les voyageurs qui, dans un train, mangent au wagon-restaurant, lisent, bavardent, sommeillent ou regardent défiler la campagne quelques instants avant la catastrophe. Il marchait, sans s'étonner de l'aspect de vacances que Paris venait de prendre presque du jour au lendemain. N'en est-il pas ainsi tous les ans, à la même époque, avec les mêmes journées de chaleur pénible et le désagrément des vêtements qui collent à la peau ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Bernard Jeantet, quarante ans, travaille pour divers périodiques en tant que dessinateur-maquettiste. Un soir, de retour dans son modeste appartement du boulevard Saint-Denis (Paris), il s'inquiète de ne pas y trouver sa femme. Jeanne est plus jeune que lui : elle a vingt huit ans. Née Moussu, elle est d'origine modeste, a connu une existence difficile et le trottoir, jusqu'à ce que Bernard la sorte des griffes d'un souteneur et l'épouse. C'était il y huit ans.
Encore et encore, Justine Levy tourne et retourne dans les tréfonds de sa douleur.Une drôle de peine de Justine LevyL’histoire d’un deuil sans fin. Une relation mère-fille inaboutie, un fil impossible à lâcher.
Si j’étais condamnée à mort et qu’on me demandait ce que je veux pour mon dernier repas, je répondrais que je n’en ai rien à faire. Donnez-moi un saut en parachute, donnez-moi la possibilité d’être vivante une dernière fois, vraiment vivante, c’est-à-dire tout près de la mort.
Un hurlement pour tenter enfin de déposer son fardeau et de se laisser vivre
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Maman n'aime pas être allongée toute raide, comme ça, sous le ciel bas de cette grosse boîte marron (elle déteste le marron). Comment elle a pu se laisser enfermer là-dedans ? si seule ? si jeune ? Laideur des croque-morts, monstruosité des grosses fleurs, c'est moche ici, elle doit se dire, ce marron, ce noir, le noir et le marron de ce cercueil tout en angles.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Est-ce que tu me vois, maman ? J'ai deux crédits à la banque, deux enfants que j'étouffe, quatre chats dont deux débiles et une estropiée, des rides en pattes d'araignée autour des yeux et des oignons aux pieds, le même amoureux qui me supporte et tient bon depuis vingt ans, quelle dinguerie, je ne suis ni parfaitement féministe, ni tout à fait écologiste, ni vraiment révoltée, pas encore alcoolique, plus du tout droguée : je mets beaucoup d'énergie à essayer de ne pas te ressembler, maman, je n'ai pas pu être une enfant et je ne sais pas être adulte. »
Une drôle de peine est à la fois une adresse et une enquête.
C'est aussi une magnifique déclaration d'amour.
Une galerie de portraits criants de vérité, adolescences qui se cherchent (adolescences qui durent parfois longtemps et qui se reconnaissent souvent dans ce qu’elles sont niées).Comment devenir de BaladiEt ces clichés n’ont guère pris de rides, au plus pourrait-on en ajouter certains nés avec Internet et les réseaux sociaux.
Un collector à dénicher absolument, un recueil de miroirs hilarants autant que fidèles, une pépite pleine d’amour pour la dangereuse Océanne
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Rencontrée dans un train entre Paris et Genève, Océanne m'est tout de suite apparue comme l'incarnation superbe de la souffrance et la cruauté mêlées...
Alors, évidement je suis tombé amoureux !...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Toutes ressemblances avec des personnages existants ou ayant existé se limitent aux observations d'Océanne et moi-même
Dans ce train de Venise, la fortune va tomber dans les mains de Justin. Mais sera-t-il capable d’y faire face et d’en jouir ?Le train de Venise de Georges SimenonEt Simenon de s’amuser avec ce pauvre homme honnête, craintif et qui était, jusqu’à là, bienheureux dans son couple et sa vie. Une vraie torture que cette valise pleine de billets de banque
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Pourquoi toute l'image était-elle centrée sur sa fille ? Cela le gênait un peu, ou plutôt c'est après surtout qu'il y pensa, une fois le train en marche. Et encore ne fut-ce, en réalité, qu'une impression fugace, née au rythme du wagon et aussitôt absorbée par le paysage.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À son retour de vacances, Justin Calmar fait une étrange rencontre dans son train. Un homme lui demande de prendre une valise et de la déposer chez une femme. Calmar découvre que la jeune femme a été assassinée et que la valise contient une fortune. Il rentre chez lui, ne sachant que faire.
N’ayant découvert Pierre Lemaitre qu’après son prix Goncourt, je ne connais pas du tout sa partie polars. Mais voilà qu’il m’a donné forte envie d’y jeter un oeil !Le serpent majuscule de Pierre Lemaitre, dessins de Dominique Monféry d’après le roman de Pierre LemaitreCar dans cet album, tout est très visuel ! Pas trop de textes, tout passe par l’image et c’est vraiment réussi !Une bande dessinée haute en couleurs, bien gore, avec du sang et de la viande
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Pweek !
Pweek !
Allez, Ludo, faut pas traîner, on va être en retard.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Mathilde est une tueuse à gages septuagénaire. Henri, son ancien camarade dans la Résistance pour qui elle exécute les missions, tente de la protéger. Mais, imprévisible, les accès de violences de Mathilde et son manque de discrétion inquiètent ses véritables commanditaires qui décident de l'éliminer avant qu'elle ne devienne incontrôlable.
À l’instar des femmes qui regardent les hommes qui regardent les femmes (selon Nancy Huston), les humains regardent les animaux qui les regardent. De quoi faire une histoire plutôt amusante…Nos rives partagées de Zabus, dessins de Nicoby et couleurs de Philippe OryEt pourtant, si ces regards croisés tentent de plonger dans l’intime, la maladie, la mort ou la sexualité (par exemple), cette bande dessinée au dessin clair et aéré reste en surface de ses personnages.
Alors oui, c’est joli, sensible, mais je suis finalement resté comme la grenouille à me dire que finalement, il n’y avait rien à expliquer… Et, c’est peut-être très bien comme ça
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le monde commence au pied de mon nénuphar.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Ils sont six que rien ne rapproche.
Simon est prof et il doute. Son métier doit-il se résumer à inscrire des notes sur des bulletins ? Diane cherche à se reconstruire après une opération, à se sentir femme sans se sentir regardée. Nicole agite sa retraite à militer, même si sa fille ne veut plus lui parler. Vieux et usé, Pierre s'emmerde chez lui. Jill est une ado. Elle hésite entre garçons et filles... et elle envie Hugo qui, lui sait, mais sans succès.
Rien ne les rapproche sauf le rivage partagé avec une faune intriguée, qui observe ces gens empêtrés dans leurs drames, grands ou petits mais si typiquement humains.
Chronique sensible, "Nos rives partagées" narre des existences pas si ordinaires et qui ressemblent aux nôtres. Car même quand le tragique rôde, la vie peut être belle.
Comme indiqué dans le résumé de l’éditeur ci-dessous, ce projet de livre a commencé avec des dessins de Baladi. Pierre Yves Lador (qui visiblement aime les mots inusités) les a postérieurement illustrés de ses textes.Course, dessins de Baladi illustrés par les textes de Pierre Yves LadorPensées et réflexions sur cette course à laquelle l’humanité excelle, affairée à s’empresser de vivre plus vite sous les yeux indifférents (mais victimes malgré tout) du reste du monde vivant.
Pour rapidement rester dans la même veine : un poil amphigourique
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Oyez, perce-oreilles, voyez, taupes enfantines, lisez, marmottes insomniaques et vous toutes qui la terre habitez. Lisez les aventures des anekphantes, ou si vous préférez le latin et l'anglais au grec, lisez les aventures des invisibles. Ils sont partout et ce ne sont pas des extraterrestres ni des envahisseurs, mais des terriens, des aériens, infiniment ou simplement petits, ubiquitaires, ignorés des lecteurs humains mais connus des peuples qui ignoraient l'écriture.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À l’origine, il y a une exposition d’Alex Baladi à L’Atelier 20 de Vevey, des dessins originaux au format A4 qui déroulent une galerie de personnages, de motifs et de techniques (le teckel, le cow-boy, le ballon, l’os, la fuite, etc., à l’encre réhaussée de blanc, aux crayons de couleurs, sur papier blanc, noir, gris, kraft, quadrillé). À mesure qu’on passe d’un dessin à l’autre, le visiteur de l’exposition se faisait son histoire, pratiquant l’art subtil de la narration séquencée et ses ellipses tel qu’il a été établi par Scott McCloud (L’art invisible) et Pierre Yves Lador (L’étang et les spasmes dans la bande dessinée). C’est précisément Lador, écrivain complet et homme curieux par excellence, multi-spécialiste comme au temps de la Renaissance, qui s’empare des dessins de Baladi pour en faire un récit en contrepoint, en spirales, et offrir par là un éclairage inédit aux dessins de Baladi.
Course est pensé comme une bande dessinée en ce sens que les tableaux, comme autant de cases, se succèdent et se répondent pour faire un récit. Le récit est ouvert, cryptique par le jeu des ellipses fondamentales au genre, possiblement onirique, forcément symbolique. Ce sont les motifs récurrents, mentionnés plus haut, et quelques autres, qui lient les tableaux et, par conséquent, font écho à l’intelligence (soit, étymologiquement l’art de faire des liens) du lecteur/spectateur.
Lador offre une exégèse littéraire à la bd de Baladi. Comme le dessinateur, l’écrivain pratique l’ellipse, la référence, la répétition, le paradoxe et le symbolisme, répondant aux silences et aux mystères sans mots de Baladi avec les silences et les mystères des organismes infinis qui se cachent du regard grossier des arrogants bipèdes et courant que nous sommes. Les organismes, plus sages, ne courent pas car ils demeurent.
Et Simenon de s’amuser à conter un bonheur amoral. La jouissance au milieu de la douleur. Une rencontre adultère dans un train de la débâcle alors que l’Allemagne s’empare de la France.
Un homme marié dont la femme va bientôt accoucher vit quelques jours passionnés avec une ancienne prisonnière, sous les tirs des Stukas, au milieu de la misère. Il est pourtant heureux. Il l’aime. Le train de Georges SimenonUn de romans durs sous la forme d’une confession. Des livres longuets où il semble qu’à chaque chapitre, Simenon tente de justifier sa vie dissolue, ses passions, sa boulimie sexuelle en nous prenant à témoin : « Voyez, je ne suis pas seul »
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Quand je me suis éveillé, les rideaux de toile écrue laissaient filtrer dans la chambre une lumière jaunâtre que je connaissais bien. Nos fenêtres, au premier étage, n'ont pas de volets. Il n'y en a à aucune maison de la rue. J'entendais, sur la table de nuit, le tic-tac du réveille-matin et, à côté de moi, la respiration scandée de ma femme, presque aussi sonore que celle des patients, au cinéma, pendant une opération. Elle était alors enceinte de sept mois et demi.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Juin 40
L'exode pousse des millions de civils sur les routes de la France défaite. Dans la débandade générale, sous les bombes de stukas allemands, un train file vers le sud. Parqués dans la foule de ce train, un homme et une femme. Elle est une jeune juive. Il est commerçant près de Maubeuge et, à la première alerte, sa famille a été dispersée.
Dans la pénombre et la promiscuité du wagon à bestiaux bondé, sans mot dire, les deux inconnus s'allongent côte à côte. Lentement ils s'étreignent, s'accouplent. Étonnés, ils accomplissent quelque chose qui ressemble à l'amour.
Mais qui peut bien être ce si méchant Jean Tillet ? Capable de tant d’horreurs (possiblement délices pour certains et ignominies pour d’autres). Tant de débordements ? Tout y passe avec, toutefois, et c’est remarquable, des femmes qui tiennent le manche.La belle dame d’A : ou Les degrés du silence suivi de La grande vie des jeunes filles et de Autres terres de Lesbos de Jean TilletDu porno sale, excessif, dans la viande et pour la viande.
Tant et tant que cela en devient drôle… M’enfin…
Et qu’importe l’auteur-musicien genevois qui peut bien se cacher sous ce pseudo… Calvin appréciera !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Au commencement, il n'y a rien.
L'univers n'est qu'un grand bureau lisse et vide de toute chose.
Puis elle paraît.
Deux jeunes filles lui ceignent le gode, une femme nue s'allonge sur le bureau, bras en croix. Un milliard de téléphones s'allument, qui répercuteront le râle. Les étoiles filantes, les vaisseaux spatiaux sillonnent le ciel, les sirènes réveillent les usines et les petites filles, dans les campagnes les plus éloignées, copient les lettres de l'alphabet.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Ne cherchez pas dans ce texte une histoire logique. C'est une suite de fantasmes merveilleusement écrit d'une plume à la fois hardie et pudique, qui décrit sous un éclairage cru les rêves ou les fantasmes assouvis d'une mystérieuse dame « d'A ».
Celle-ci ne vit pas pour le sexe et par le sexe. Au tout début de son récit, elle offre son cul à de robustes jeunes gens dans un local minable. Elle ne s'attarde pas et retrouve la maison attenante à un cloître ou elle vit avec une gouvernante tout aussi obsédée qu'elle. Hommes ou femmes, c'est une sarabande sulfureuse de rencontres où la Belle Dame se déguise, change de personnalité, se plonge dans les milieux les plus différents avec comme unique objectif, comme elle le confesse elle-même, « trouver de la viande ».
Il n'y a dans ce récit, ni amour ni sentiments ni logique même. Simplement une quête du plaisir sexuel sous ses formes les plus basiques.
Par la précision des termes et l'atmosphère à la fois gaie et désespérée de ces « tableaux vivants », on pense à « Trois filles de leur mère » de Pierre Louÿs.
Simenon s’attache ici à rendre des sentiments et des émotions subtiles et sensibles. Hélas, l’argument semble un peu faible et c’est avec grand peine qu’il semble arriver à justifier une fin qu’il aurait probablement souhaité plus glauque.La vieille de Georges SimenonUne grand-mère et sa petite fille peu liées et alcooliques peinent à se retrouver, à tisser un lien alors qu’elles se retrouvent à vivre ensemble.
Sans être complètement loupé, Georges a été plus inspiré pour mettre en lumière toutes nos noirceurs
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Sous la voûte, aussi froide et humide qu'une cave, le commissaire de police s'arrêta un instant, regarda l'heure à son bracelet-montre et, secouant son par-dessus, envoya des gouttes de neige fondue sur le carrelage où elles s'agrandirent comme sur du buvard.
Il était onze heures cinq.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Le commissaire de police Charon vient solliciter l'aide de Sophie Emel, dont la grand-mère,qu'elle a perdue de vue depuis longtemps, refuse farouchement de quitter l'immeuble qu'elle habite et qui est voué à la démolition. Elle menace, si on l'y contraint, de se jeter par la fenêtre. La grand-mère accepte finalement de « faire son coin » chez sa petite-fille. Sophie, vedette sportive très connue, mène une vie quelque peu bohème.