L’ombre chinoise

Un mort (riche) avec trois femmes. L’ex, la femme et la maîtresse. Ah… Et aussi tous les voisins !

« Vous prendrez bien quelque chose... Mais si !... Martin! Apporte un apéritif..»
Martin était ennuyé. Peut-être n'y en avait-il pas dans la maison ? Peut-être ne restait-il qu'un fond de bouteille ?
« Merci, madame! Je ne bois jamais avant les repas.
 - Mais vous avez le temps...  »
C'était triste! Triste à vous décourager d'être un homme, de vivre sur une terre où pourtant le soleil brille plusieurs heures par jour et où il y a de vrais oiseaux en liberté !
L’ombre chinoise de Georges Simenon

Bof, bof, bof… Un roman de gare à l’ancienne, sans vraiment de tension avec un Maigret qui ne boit quasiment pas. A quoi bon ?

Mme Couchet avait une question sur les lèvres. Elle hésitait à la poser. Elle s'y résolut pourtant, en regardant ailleurs.
« Je voudrais vous demander si... C'est délicat... Excusez-moi... Il avait des amies, je le sais... Il ne s'en cachait et à peine! que par discrétion... J'ai besoin de savoir si, de ce côté, il n'y aura pas d'ennuis, de scandale... »
Elle imaginait évidemment les maîtresses de son mari comme des grues de roman, ou encore comme des vamps de cinéma !
« Vous n'avez rien à craindre ! » sourit Maigret qui évoquait la petite Nine, avec son visage chiffonné et la poignée de bijoux qu'elle avait portés l'après-midi même au Crédit municipal.
« Il ne sera pas nécessaire de ?...
 - Non! Aucune indemnité ! »
Elle en était tout étonnée. Peut-être un peu dépitée, car enfin, si ces femmes ne réclamaient rien, c'est qu'elles avaient une certaine affection pour son mari ! et lui pour elles...
Reste un livre possiblement intéressant pour comprendre les liens du mariage, couples, divorces, maîtresses… à cette époque

Maigret 13/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges déserte, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur l'asphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils.
Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumières. A peine trois ou quatre boutiques. Le commissaire Maigret vit une famille qui mangeait dans l'une d'elles, encombrée de couronnes mortuaires en perles.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges déserte, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur l’asphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils.
Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumières. A peine trois ou quatre boutiques.
Le commissaire Maigret vit une famille qui mangeait dans l’une d’elles, encombrée de couronnes mortuaires en perles. Il essayait de lire les numéros au-dessus des portes, mais à peine avait-il dépassé la boutique aux couronnes qu’une petite personne sortit de l’ombre.
C’est à vous que je viens de téléphoner ?
Il devait y avoir longtemps qu’elle guettait. Malgré le froid de novembre, elle n’avait pas passé de manteau sur son tablier. Son nez était rouge, ses yeux inquiet

Les mémoires de Maigret

Dans une mise en abyme quasi schizophrène, Jules Maigret rédige ses mémoires et règle ses comptes avec son « biographe », Georges Simenon à l’occasion de leurs vingt années de collaboration.

Quand on a su j'écrivais ce livre, puis que l'éditeur de Simenon m'avait offert de le publier, avant de le lire, avant même que le premier chapitre en fût terminé, j'ai senti, chez la plupart de mes amis, une approbation quelque peu hésitante. Ils se disaient, j'en suis sûr: « Voilà Maigret qui y passe à son tour! »
Les mémoires de Maigret de Georges Simenon

Une façon de donner plus de corps, de vécu au commissaire au travers de son enfance, sa carrière, sa rencontre avec Louise qui deviendra Madame Maigret, et sa relation compliquée avec Simenon.

Elle servit tout le monde avant de s'approcher de moi et, me désignant je ne sais quels gâteaux sur lesquels il y avait un petit morceau de fruit confit, me dit avec un regard complice:
 - Ils ont laissé les meilleurs. Goûtez ceux-là. 
Je ne trouvai à répondre que:
 - Vous croyez?
Ce furent les premiers mots que nous échangeâmes, Mme Maigret et moi.
Tout à l'heure, quand elle lira ce que je suis en train d'écrire, je sais fort bien qu'elle va murmurer en haussant les épaules:
 - A quoi bon raconter ça?
Au fond, elle était enchantée de l'image que Simenon a tracée d'elle, l'image d'une bonne « mémère », toujours à ses fourneaux, toujours astiquant, toujours chouchoutant son grand bébé de mari. C'est même à cause de cette image, je le soupçonne, qu'elle a été la première à lui vouer une réelle amitié, au point de le considérer comme de la famille et de le défendre quand je ne songe pas à l'attaquer.

Un exercice amusant – mais un peu lassant – sans meurtre ni enquête. Une occasion aussi pour l’auteur d’excuser les incohérences ou les erreurs chronologiques qui parsèment forcément une aussi longue série

Maigret 62/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où je ne suis pas fâché de l'occasion qui se présente de m'expliquer enfin sur mes accointances avec le nommé Simenon.

C'était en 1927 ou 1928. Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes, chose fréquente dans notre métier, qui s'est avérée fort utile à quelques-uns et même parfois profitable. Et ce n'est que tout récemment que je me suis souvenu des cahiers où ma femme, longtemps à mon insu, voire en cachette, a collé les articles de journaux qui me concernaient.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'était en 1927 ou 1928. Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes, chose fréquente dans notre métier, qui s'est avérée fort utile à quelques-uns et même parfois profitable. Et ce n'est que tout récemment que je me suis souvenu des cahiers où ma femme, longtemps à mon insu, voire en cachette, a collé les articles de journaux qui me concernaient

Moon River

Les bandes dessinées de Fabcaro sont impossibles à résumer, histoires de bites sur la joue, de western, d’Hollywood, de sciatique, de meules de foin, de gamins honteux…

Moon River de Fabcaro 2

Et au milieu de tout ça, des pépites de nos petits travers contemporains disséqués et passés à la moulinette du ridicule

Jouissif et délirant

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Hollywood, années 1950. Toute l'Amérique est en émoi face au crime odieux dont la célèbre actrice Betty Pennyway vient d'être victime. Hernie Baxter, un inspecteur aux méthodes peu orthodoxes, est chargé de mener l'enquête

La revanche des bibliothécaires

Une géniale compilation de strips géniaux (mais des fois un peu répétitifs) parus dans le Guardian

La revanche des bibliothécaires de Tom Gauld

Et ça parle d’auteurs, d’éditeurs, de libraires et de bibliothécaires des années 2020

Il y a le COVID, les éditeurs impatients, les goûts des lecteurs, et comme toujours chez Tom Gauld, des robots, des vampires, des princesses et des dragons et… des livres, des livres et des livres

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sous l’œil hautain d'un chat impassible, l'auteur avance, hésitant, essayant — vainement — d'échapper aux affres de la Création pour trouver le chemin du succès ! Pendant ce temps, l'éditeur travaille d'arrache-pied sur de nouveaux concepts : poésie pratique ; théories conspirationnistes de plages ; classiques résumés pour lecteurs pressés ! Le libraire, lui, tient bon la barre entre les avalanches de cartons et les demandes impossibles de son alter-ego infernal : le lecteur. Et les bibliothécaires ? ils poussent leur chariots, sans bruit, seuls à savoir qu’ils dominent dans l'ombre ce petit monde qui s’agite en vain. À grands coups de diagrammes abscons, de schémas absurdes et de strips hilarants, c'est le grand portrait du petit monde du Livre que Tom Gauld nous brosse ici, avec humour, finesse et intelligence ! Moins tatoué qu’Augustin Trapenard mais pas moins drôle que Bernard Pivot, Tom Gauld est publié chaque semaine dans le cahier littéraire du Guardian et il s'est imposé, en quelques années, comme l'un des auteurs incontournables du monde anglo-saxon. Avec ce nouvel album, il nous offre de quoi réveiller notre rentrée littéraire… Lectrices, lecteurs, amoureux des livres de tout poil : voici votre nouveau livre de chevet !

Maigret se défend

Et voilà, (si on passe l’évident anachronisme) Maigret pris dans les pièges de #meetoo

J'espère que vous ne vous tracassez pas, patron?
 - J' ai offert ma démission.
 - Il l'a refusée ?
 - Il a dit qu'il devrait l'accepter, mais que...
 - Alors?
 - Je reste. Tant qu'on ne me flanque pas à la porte. Je suis décidé à me défendre...
Maigret se défend de Georges Simenon

Accusé d’abus sur une jeune fille de 18 ans dans un petit hôtel, Maigret va passer du statu de commissaire à celui de suspect !

Dès qu'elle reconnut son pas dans l'escalier, elle vint lui ouvrir la porte, en robe d'intérieur à fleurs et en pantoufles. L'appartement sentait l'encaustique. - Je te demande pardon de ne pas être habillée mais, quand tu m'as fait téléphoner que tu ne rentrerais pas déjeuner, j'ai pensé que tu étais sur une nouvelle affaire et j'en ai profité pour cirer le parquet. Qu'est-ce que tu as? Tu es préoccupé? -- Je suis sur une nouvelle affaire, comme tu dis. L'affaire Maigret.

Une enquête à rebours, pieds et poings liés… mais pas sans ressources. Un commissaire qui pourtant, à trois ans de la retraite, hésite à tout plaquer et partir pêcher à Meung-sur-Loire avec Madame

… une histoire qui continue avec La patience de Maigret

Maigret 91/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Dites donc, Maigret...
Un bout de phrase dont le commissaire se souviendrait plus tard mais qui, sur le moment, ne l'avait pas frappé. Tout était familier: le décor, les visages, et même les gestes des personnages, si familier qu'on n'y prêtait plus attention. Cela se passait rue Popincourt, à quelques centaines de mètres du boulevard Richard-Lenoir, chez les Pardon, où les Maigret avaient l'habitude, depuis plusieurs années, de dîner une fois par mois.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dites donc, Maigret…
Un bout de phrase dont le commissaire se souviendrait plus tard, mais qui, sur le moment, ne l’avait pas frappé. Tout était familier : le décor, les visages, et même les gestes des personnages, si familier qu’on n’y prêtait plus attention. Cela se passait rue Popincourt, à quelques centaines de mètres du boulevard Richard-Lenoir, chez les Pardon, où les Maigret avaient l’habitude, depuis plusieurs années, de dîner une fois par mois. Et, une fois par mois, le docteur et sa femme venaient dîner chez le commissaire.

Maigret à Vichy

Encore un Maigret « atypique ». C’est amusant comme toutes ces enquêtes semblent similaires et pourtant comme chacune se démarque à sa façon.

Maigret allumait sa pipe, tournait la page du journal afin de trouver les nouvelles locales. Il tiqua en voyant sa photographie sur deux colonnes, une photographie qu'il ne connaissait pas, prise à son insu alors qu'il buvait un de ses verres d'eau quotidiens. A son côté, on distinguait un tiers environ de la silhouette de sa femme et, derrière, plus flous, deux ou trois visages anonymes.
Maigret enquête ?
« Par discrétion, nous n'avions pas signalé à nos lecteurs la présence, parmi nous, du commissaire Maigret qui est à Vichy, non par devoir professionnel, mais pour profiter, comme tant d'autres personnages illustres avant lui, des vertus curatives de nos eaux.
Maigret à Vichy de Georges Simenon

Ici, le commissaire est en « vacances forcées » avec sa femme, envoyé en cure par son médecin à Vichy. Monsieur et Madame qui se promènent de source en source et qui n’y boiront que de l’eau ! Si, si, que de l’eau !

 - Vous ne savez pas pourquoi Lecœur m'a fait avertir?
 - Il ne m'en a rien dit... Il doit croire que vous avez votre idée... Moi aussi, d'ailleurs...
On le supposait toujours plus malin qu'il ne l'était et, s'il protestait, les gens étaient persuadés que c'était une ruse.

Et c’est alors qu’une femme sera retrouvée morte étranglée. Pris dans l’enquête, Maigret accompagnera le commissaire Lecoeur dans une histoire sordide qui dévoilera un piètre et très touchant meurtrier.

Maigret 95/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu les connais ? demanda Mme Maigret à mi-voix comme son mari se retournait sur un couple qu'ils venaient de croiser.
L'homme aussi s'était retourné, avait souri. Ou aurait même dit qu'il hésitait à revenir sur ses pas pour serrer la main du commissaire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une femme, Hélène Lange, a été étranglée à Vichy. Bien qu'elle y ait vécu neuf ans, personne ne sait rien d'elle. Ni d'où proviennent les coquettes sommes d'argent qu'elle recevait à intervalles réguliers. Séjournant là pour une cure thermale en compagnie de son épouse, Maigret s'intéresse entre deux promenades à l'enquête de son confrère et ami Lecoeur. Ce dernier n'aura pas grand mal à arrêter l'assassin. Les petits secrets des soeurs Lange, en revanche, lui donneront davantage de fil à retordre...Comme toujours, Simenon excelle à créer une ambiance, à la rendre palpable. Les kiosques et les jardins de Vichy, les pavillons rococos, le calme teinté d'ennui de la saison thermale forment un parfait contrepoint aux existences, sordides ou pathétiques, qui nous sont finalement révélées.

Maigret et la vieille dame

Voilà un Maigret bien intéressant. On y découvre un commissaire emprunté, nostalgique, désordonné… presque fatigué

Il rencontra l'inspecteur Castaing devant un étalage de cartes postales.
 - Je vous attendais, commissaire. On vient de m'apporter les rapports. Je les ai en poche. Vous voulez les lire?
 - J'aimerais, avant tout, m'asseoir à une terrasse et boire un verre de bière fraîche. Elle ne vous a rien offert?
 - Elle m'a offert un calvados tellement vieux, tellement fameux que cela m'a donné soif de quelque chose de plus vulgaire et de plus désaltérant.
Maigret et la vieille dame de Georges Simenon

Un tome dans lequel Simenon décrit « la méthode » : s’imprégner, laisser (ou faire) parler et patienter pour que la vérité apparaisse.

Il semblait que ne pouvaient habiter là que des familles heureuses et vertueuses, pour qui tout était paix et joie, et il avait été secrètement déçu quand une affaire malpropre avait éclaté dans une de ces villas aux allées ratissées, - le meurtre sordide d'une belle-mère, pour des questions d'intérêt.
Maintenant, bien sûr, il savait. Il passait sa vie, en quelque sorte, à voir l'envers du décor, mais il gardait le regret enfantin d'un monde « comme sur les images ».

La visite de la vieille dame qui vient chercher le commissaire à Paris pour découvrir qui a bien pu vouloir l’empoisonner à l’arsenic et, hélas, tuer sa bonne à la place. Mais le poison, n’est-ce pas une arme de femme ?

Il savait qu'il y avait un moment comme celui-là à passer au cours de chaque enquête, et que, comme par hasard - où bien était-ce un instinct qui le poussait ? - presque chaque fois il lui arrivait de boire un peu trop.
C'était quand, comme il disait à part lui, cela a se mettait à « grouiller ».
Au début, il ne savait rien, que des faits précis, ce qu'on écrit dans les rapports. Puis il se trouvait en présence de gens qu'il n'avait jamais vus, qu'il ne connaissait pas la veille, et il les regardait comme on regarde des photographies dans un album.
Il fallait faire connaissance aussi rapidement que possible, poser des questions, croire ou ne pas croire aux réponses, éviter d'adopter trop vite une opinion.

Un Maigret un peu téléphoné et caricatural mais très représentatif de la série
Maigret 58/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La châtelaine de la bicoque.
Il descendit du Paris - le Havre dans une gare maussade, Bréauté-Beuzeville. Il avait dû se lever à cinq heures et, faute de trouver un taxi, prendre le premier métro pour se rendre à la gare Saint-Lazare. Maintenant, il attendait la correspondance.
- Le train pour Étretat, s'il vous plaît ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui pouvait vouloir tuer la vieille Valentine Besson, dont la servante, Rose, est morte d'avoir bu un verre d'eau destiné à sa patronne, et contenant des somnifères ?
Maigret, appelé à faire la lumière sur ce meurtre, soupçonne un moment Arlette, la fille de Valentine, qui semble avoir une vie privée assez trouble avec son mari, Théo. Mais la cupidité ne peut être le mobile : la vieille dame ne possédait plus que des copies de bijoux, répliques de la fabuleuse collection jadis constituée par son mari. Sur ces entrefaites, Valentine abat d'un coup de revolver un « rôdeur » qui n'est autre que le frère de Rose. Pour Maigret, qui vient de découvrir une émeraude authentique, les pièces du puzzle commencent à s'assembler... Dans une atmosphère de vacances balnéaires, ce sont de bien sombres mystères qui vont peu à peu être dévoilés par le sagace enquêteur.

Maigret chez le coroner

C’est au tour de Maigret de partir en voyage d’étude. Aux Amériques, où il aura l’occasion de constater les différences de traitement d’une enquête (et des suspects) entre la France et les États-Unis.

 - Quel est votre prénom ?
Il ne pouvait pourtant pas leur dire qu'il n'en avait pas. Force lui était d'avouer qu'il s'appelait Jules. Alors son interlocuteur réfléchissait un moment.
 - Oh! yes... Julius! Ils prononçaient Djoulious, ce qui lui paraissait déjà moins mal.
 - Have a drink, Julius! (Bois un verre, Jules!)
Et ainsi, tout le long du chemin, dans des quantités de bars, il avait bu un nombre incalculable de bouteilles de bière, de manhattans et de whiskies.
Maigret chez le coroner de Georges Simenon

Un commissaire qui aura bien de la peine à ne pas intervenir et qui devra se contenter de ronger son frein devant leurs étrangères procédures.

Un livre qui a bien vieilli et qu’il faut prendre « dans son jus » de l’époque pour supporter des termes qui ne sont plus admissibles aujourd’hui.

Maigret 57/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Maigret, deputy-sheriff.
Hé ! Vous.
Maigret se retournait, comme à l'école, pour voir à qui l'on s'adressait. Oui, vous, là-bas...
Et le vieillard décharné, aux immenses moustaches blanches, qui semblait sorti vivant de la Bible, tendait un bras tremblant. Vers qui? Maigret regardait son voisin, sa voisine. Il s'apercevait enfin, confus, que c'était vers lui que tout le monde était tourné, y compris le coroner, y compris le sergent de l'Air Force qu'on interrogeait, l'attorney, les jurés, les sheriffs.
- Moi ? questionnait-il en faisant mine de se lever, étonné qu'on eût besoin de lui.
Or, tous ces visages souriaient, comme si tout le monde, sauf lui, était au courant.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le 28 juillet, le corps de Bessy Mitchell est déchiqueté par un train de la ligne passant par Tucson, dans l'Arizona. La veille, Bessy est sortie avec cinq jeunes militaires de la base aérienne de Davis Mountains, près de Tucson : Ward, O'Neil, Van Fleet, Mullins et Wo Lee.
Maigret, en mission d'étude, assiste aux séances publiques de l'enquête menée par le coroner.
Un jury est chargé de déterminer, préalablement à toute mise en accusation, s'il s'agit d'un suicide, d'un accident ou d'un acte criminel.

Les méthodes de la justice américaine déroutent quelque peu le célèbre commissaire français…

Mon ami Maigret

Alors qu’il ne se passe rien à Paris, le commissaire se voit encombré d’un collègue de Scotland Yard en voyage d’étude et se retrouve embarqué pour une enquête dans le sud de la France où un petit truand vient d’être tué après avoir déclamé son amitié avec Maigret.

Il descendit l'escalier, passa près de Charlot qui le regarda d'un œil goguenard et alla s'asseoir à côté de Lechat, sur la terrasse.
C'était l'heure la plus savoureuse de la journée. Toute l'île se détendait, et la mer autour d'elle, et les arbres, les rochers, le sol de la place qui semblaient respirer à un autre rythme après la chaleur de la journée.
 - Vous avez découvert du nouveau, patron? 
Maigret commanda d'abord une consommation à Jojo qui passait près de lui et qui avait l'air de lui en vouloir de s'être enfermé avec Ginette dans la chambre.
 - Je le crains, soupira-t-il enfin.
Mon ami Maigret de Georges Simenon

Une enquête aux doux parfums de lavande, citronnier et pastis sous le soleil de Porquerolles

C'était tellement dimanche que cela en devenait presque écœurant. Maigret prétendait volontiers, moitié sérieusement, moitié plaisantant, qu'il avait toujours eu la faculté de flairer les dimanches du fond de son lit, sans avoir seulement besoin d'ouvrir les yeux.

Un Maigret tout penaud et complexé, comptant les points du match France-Angleterre face à son alter ego britannique dont il ne sait que penser

Maigret 56/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le très aimable M. Pyke.
- Vous étiez sur le seuil de votre établissement?
- Oui, mon commissaire.
C'était inutile de le reprendre. Quatre ou cinq fois, Maigret avait essayé de lui faire dire « monsieur le commissaire ». Quelle importance cela avait-il ? Quelle importance avait tout ceci ?
- Une voiture grise, de grand sport, s'est arrêtée un instant et un homme en est descendu, presque en voltige, c'est bien ce que vous avez déclaré ?
- Oui, mon commissaire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il vivait à Porquerolles dans son bateau. Il ressemblait plutôt à un clochard qu'à un pêcheur. L'hiver il ne faisait rien. L'été il emmenait les touristes pêcher autour de l'île. C'était une figure populaire. Personne n'avait intérêt à sa mort. On ne lui avait rien volé

Le revolver de Maigret

S’il est fort amusant de lire les Maigret sous l’angle des boissons alcoolisées, les rapports du couple Maigret sont tout aussi savoureux. Existe-t-il un seul de ces polars qui passerait le test de Bechdel ? Je m’en vais tester le prochain.

Certes, voilà un couple avec plein de douceur et même d’amour. Mais aussi un couple bien ancré dans un fonctionnement bien tradi où Monsieur travaille et Madame cuisine. Un gentil mari bonhomme et une femme admirative. Certes, un homme plus fidèle que les pendants des thrillers anglo-saxons de l’époque (et en tout cas bien plus que l’auteur au 10’000 femmes) et surtout une femme qui tient bien son foyer.

 - Un homme?
 - Un jeune homme.
Elle l'avait sans doute introduit dans le salon où ils ne mettaient presque jamais les pieds. Le téléphone se trouvait dans la salle à manger, où ils avaient l'habitude de se tenir et où ils recevaient les intimes. C'était là que Maigret avait ses pipes, son fauteuil, Mme Maigret sa machine à coudre. A la façon embarrassée dont elle lui parlait, il comprenait qu'elle n'avait pas osé fermer la porte entre les deux pièces.
 - Qui est-ce?
 - Je ne sais pas.
Le revolver de Maigret de Georges Simenon

Le tout dans une histoire de meurtre et de chantage qui mènera le commissaire à Londres pour sauver un jeune emporté et où il aura bien de la peine à se faire servir une bière

Maigret 68/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où Maigret arrive en retard pour le déjeuner et où un convive manque au dîner.
Quand, plus tard, Maigret penserait à cette enquête-là, ce serait toujours comme à quelque chose d'un peu anormal, s'associant dans son esprit à ces maladies qui ne se déclarent pas franchement, mais commencent par des malaises vagues, des pincements, des symptômes trop bénins pour qu'on accepte d'y prêter attention.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand, plus tard, Maigret penserait à cette enquête-là, ce serait toujours comme à quelque chose d'un peu anormal, s'associant dans son esprit à ces maladies qui ne se déclarent pas franchement, mais commencent par des malaises vagues, des pincements, des symptômes trop bénins pour qu'on accepte d'y prêter attention.
II n'y eut, au début, ni plainte à la P.J., ni appel à Police Secours, ni dénonciation anonyme, mais, pour remonter aussi loin que possible, un coup de téléphone banal de Mme Maigret.
La pendule de marbre noir, sur la cheminée du bureau, marquait midi moins vingt, il revoyait nettement l'angle des aiguilles sur le cadran. La fenêtre était large ouverte, car on était en juin, et, sous le chaud soleil, Paris avait pris son odeur d'été