Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Pas besoin de plus pour décrire une situation qui dérape.
Famille de Lydie Salvayre
Avec un grand talent Lydie Salvayre expose le drame avec une parfaite économie de moyen. Un fils schizophrène paranoïaque hurlant sa détresse à une mère obstinément aveugle et un père dépassé. Une descente aux enfers
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père.
Tombé sur la très bonne bande dessinée de Frédéric Rébéna, je me suis dit qu’il serait bon de lire ce livre culte qui propulsa Françoise Sagan superstar !
Bonjour tristesse de Françoise Sagan
Un premier roman de 1954 alors qu’elle n’avait que 18 ans. Plutôt bien foutu malgré quelques passages un peu approximatifs, mais : un très, très bon premier roman ! Subtil, étouffant, plein de culpabilité et de désirs, moite et calculateur. Un bord de mer, une ado désœuvrée, un père en mal de séduction, un triangle amoureux… Si j’étais un peu taquin, un peu le livre que Djian aurait aimé écrire.
Un roman court à la hauteur de sa renommée
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) La villa est magnifique, l'été brûlant, la Méditerranée toute proche. Cécile a dix-sept ans. Elle ne connaît de l'amour que des baisers, des rendez-vous, des lassitudes. Pas pour longtemps. Son père, veuf, est un adepte joyeux des liaisons passagères et sans importance. Ils s'amusent, ils n'ont besoin de personne, ils sont heureux.
La visite d'une femme de cœur, intelligente et calme, vient troubler ce délicieux désordre. Comment écarter la menace ? Dans la pinède embrasée, un jeu cruel se prépare.
C'était l'été 1954. On entendait pour la première fois la voix sèche et rapide d'un «charmant petit monstre» qui allait faire scandale. La deuxième moitié du XXe siècle commençait. Elle serait à l'image de cette adolescente déchirée entre le remords et le culte du plaisir
Alors qu’elle avait disparu depuis plus de trente ans, Magdalena reçoit un téléphone : sa mère est vivante.
Revenir à toi de Léonor de Récondo
Lâchant tout, elle part à sa rencontre. Petite vieille de plus de 80 ans, dans une maison d’écluse.
Le récit d’une quête, du désir de comprendre, de retrouver sa mère, de retrouver ce lien.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « On a retrouvé ta mère. »
Lorsqu'elle reçoit ce message, Magdalena n'hésite pas, elle part vers l'adresse indiquée, une maison éclusière, dans le Sud-Ouest.
Comédienne de talent, Magdalena a vécu sans rien savoir de sa mère, Apollonia, disparue depuis trente ans. Mais aujourd'hui, son cœur est à nu. D'abord impossible, le dialogue se fait gestes et chuchotements. Puis, au fil du voyage qui ramène mère et fille à leurs enfances peuplées d'absences, se dévoile un secret tacitement transmis.
Hommage aux grands mythes littéraires qui nous façonnent, Revenir à toi tisse le silence et les mots en une magnifique réconciliation avec l'autre et avec soi-même
Oscillant entre surinterprétation (il s’en défend bien) et enquête scrupuleuse (avec un grand talent), Laurent Nunez s’attaque aux premières phrases mythiques de la littérature.
L’énigme des premières phrases de Laurent Nunez
C’est cultivé, sagace, malin, drôle, un tantinet élitiste et référencé
Un reproche ? C’est presque trop, mais c’est si bien fait !
« C’est le moment de croire que j’entends des pas dans le corridor », se dit Bernard
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Aujourd'hui, maman est morte. »
« Doukipuddonktan, se demanda Gabriel, excédé. »
Voilà deux célèbres premières phrases de livres ô combien célèbres. Elles ouvrent L'Étranger et Zazie dans le métro. Ce livre en contient quinze autres (plus deux interludes) que Laurent Nunez examine mot après mot. Tout ce que l'on peut deviner d'une œuvre, et de son auteur, n'est-il pas contenu dans « sa » première phrase ?
Aussi instructif qu'ironique, aussi passionnant que savant, ce livre nous parle plus que des livres, il nous parle de l'amour, de la séparation, de la perte, de la vie même. Italo Calvino avait écrit Pourquoi lire les classiques ?, voici le « comment (re)lire les classiques ? » des temps nouveaux
Jean-Paul a bien failli claquer sur un court de tennis lors d’un jeu avec Archie, un pote blindé de thunes (bien blindé, quand même !). Le voilà à passer au bloc entre les mains de la superstar des chirurgiens du myocarde
Les raisons du coeur : récit véridique, drolatique et fantasmagorique de Jean-Paul Enthoven
Passé le name dropping de toutes ses connaissances si illustres… Jean-Paul commence à réfléchir sur sa vie, ses relations et son besoin de statut social (pas sûr qu’il soit arrivé si loin dans ses réflexions), la célébrité, ses ex et sa présente, sa descendance et ses fantômes.
Introspection, humour et belle écriture
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Par quelle alchimie une peine de cœur peut-elle se transformer en accident cardiaque ?
Que se passe-t-il secrètement dans un cœur ardent et vivant qui, d'un coup, se brise ?
Tel est le mystère que tente d'éclaircir ce récit véridique, drolatique et fantasmagorique.
On y croise des balles de tennis et le chat de Schrödinger, des femmes fatales et un héros virgilien, une Thunderbird rutilante et des effluves d'outremer, Françoise Sagan et Michel Berger, des amitiés salvatrices, quelques doses de morphine et des souvenirs embrouillés de rêves.
Une saison en enfer ? Un aller-retour dans le néant ? Certainement pas.
Voici plutôt la confession d'un homme allégé, réconcilié, détaché, libéré, qui choisit d'en finir avec sa part de comédie.
Et de se raconter, soudain, à cœur ouvert
Au sein d’une collection qui regroupe les sept péchés capitaux, Laurent Nunez s’est occupé de l’orgueil
Regardez-moi jongler : l’orgueil de Laurent Nunez
Et ça commence très bien, c’est drôle et plein d’érudition et d’autodérision et puis… hop, je ne sais quoi, que ne sais comment… mystère et mise en abyme, grosse poilade… voilà qu’il nous propose ses poèmes (que j’avoue, j’ai lu de travers. Mais que voulez-vous, la poésie ne me parle pas. Je l’aperçois et je tire au flanc).
Bouarf…
4 étoiles pour le début, 2 pour la fin en forme de journal post-électoral (au demeurant plutôt drôle) et mille sabords pour la poésie.
Et bon… pourquoi ça ? Certes, c’est drôle… mais zut, Monsieur Nunez, vous allez trop vite pour moi
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les 7 péchés capitaux orgueil
« Sitôt que j'eus fini d'écrire ce conte, je sortis prendre l'air, marchant comme on danse sur les trottoirs de Paris, et j'étais si fier de moi - si fier de ce que j'avais écrit - que je compris bien sûr que j'avais échoué.
Impossible de composer tout un livre sur l'orgueil - c'est-à-dire de se confronter à ce péché, de le disséquer vraiment, de le dénoncer. On est si fier ensuite ! »
Un exercice de style à la Queneau autour de quatre contes joyeusement revisités.
Une souris verte, le bon roi Dagobert, le corbeau et le renard et les trois petits cochons.
Histoires trop stylées de Florence Jenner Metz
C’est drôle, frais et surprenant. Un (trop ?) petit moment de plaisir pour les petits et les grands
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Vérité générale : Les souris, ça fait des crottes. »
Redécouvrez chansons, comptines, fables et contes connus de tous... de façon inédite ! La Souris Verte se déguste à coups de rimes et de sornettes, le Bon Roi Dagobert a vraiment de quoi mettre sa culotte à l'envers, le Corbeau et le Renard se déguisent en voleurs des sous- bois et les Trois Petits Cochons se mettent aux haïkus ! Non, vraiment, les histoires ne sont plus ce qu'elles étaient... A moins que tous les personnages aient décide de nous jouer un tour à la façon de Queneau...
Son empire explique la destruction méthodique d’une femme par un conjoint manipulateur (un gros salaud, je ne trouve pas d’autre terme… Pervers narcissique, sale merde, psychopathe… ?) Vu par les yeux d’une petite fille de 8 ans au début de la rencontre, on y voit la lente négation d’une femme et l’impuissance de l’entourage à la protéger.
Son empire de Claire Castillon
Glaçant !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Il la kidnappe. Comme un tour de magie. Je perds ma mère. J'ai sept ans.
Il faut voir comment ça se passe. Le déroulement. Heure par heure. C'est intense. Ma mère est pourtant sur des rails. Je me la rappelle très bien à ce moment-là, qui trace, voûtée parfois, toujours à la besogne, comme une machine en quelque sorte. Et soudain, le choc. Il l'expédie ailleurs. Il la prend, il la vide, il se met dedans et il ne ressort jamais. »
Une femme rencontre un homme qui prétend l'aimer. Sa fille observe, impuissante, la prise de pouvoir progressive de cet homme jaloux, menteur, obsessionnel, voleur et paranoïaque, sur l'esprit de sa mère subjuguée.
Dans ce roman inquiétant, à l'humour glacial, Claire Castillon excelle à disséquer les contradictions de la femme et la perversité de l'homme qui la manipule, tenant le lecteur sous le regard ambivalent de la fillette, témoin de l'effondrement de sa mère
Et voilà que Djian se mettrait à écrire des histoires d’amour impossibles ? Des vraies, dans le plus pur style, avec des caractères antagonistes, des écueils, des rabibochages et, on espère, une fin heureuse avec un épilogue genre « ils ont traversé bien des épreuves, mais l’amour a été le plus fort ». Si oui, quelle bonne blague !
Philippe, reprends-toi !
Double Nelson de Philippe Djian
Reste une écriture magnifique, des effets de style bluffants, une densité impressionnante et, pour une fois depuis bien longtemps chez lui : une vraie histoire !
Blague ou non ? À voir. Elle est militaire des forces spéciales, il est romancier, il y a des voisins curieux, une prise d’otage, des blessés et… de l’amour qui peine mais plein d’espoir
Je me rappelle d’un plateau télé où il avait été invité pour la sortie de Vers chez les blancs et qu’il expliquait qu’il avait tenté d’écrire un livre érotique, qu’il avait pris ça un peu comme un exercice de style…
Et là, Philippe, vous avez tenté de revisiter Danielle Steel ou Barbara Cartland ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un « double Nelson », c'est une prise de soumission qui consiste, dans un match de catch, à faire abandonner l'adversaire. Mais on peut aussi s'en servir dans une relation amoureuse. Tout commence par une séparation. Luc et Edith ont vécu quelques mois d'un amour intense, jusqu'à ce que le métier de cette dernière - elle fait partie des forces spéciales d'intervention de l'armée - envahisse leur quotidien au point de le défaire. Sauf que quand, réchappée d'une mission qui a mal tourné, Edith le prie de la cacher chez lui le temps de tromper l'ennemi à ses trousses, c'est la vie de Luc qui bascule et son roman en cours d'écriture qui en prend un coup. Ces deux-là qui peinaient à vivre ensemble vont devoir réapprendre à s'apprivoiser, alors qu'autour d'eux la menace d'une riposte de mercenaires se fait de plus en plus pesante. Il faudra bien que certains se soumettent...
Cette biographie romancée de la mère de Antonin Artaud parle d’amour, l’absolu, aveugle, inconditionnel ! Celui d’une mère adoratrice. Et c’en devient lassant… au début.
Son fils de Justine Lévy
Puis le livre prend une autre dimension quand arrivent l’enfermement en asile, l’abrutissement, les fous, les mauvais traitements, et l’état qui empire et pire encore. Comme une photo du traitement des maladies mentales au début du siècle passé. Inhumain, violent et barbare. Les asiles qui rendent fous !
Une mère ! Une mère seule face aux médecins, à l’administration, la police et la bêtise.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Je suis arrivée dans la cellule où il se reposait et où un infirmier gentil m'a conduite. J'ai inspiré bien fort pour me donner du courage, mais j'étais sûre de moi, de mon bon droit, et de la puissance supérieure de la vérité. Je me suis campée devant lui et j'ai récité : Antonin, tu es né Antonin Marie Joseph Paul Artaud, le 4 septembre 1896 à 8 heures du matin au 15, rue du Jardin-des-Plantes, quatrième étage, en pleine santé, et je suis ta mère - que tu le veuilles ou pas, tu es mon fils et je suis ta mère. Ça ne lui a pas plu du tout. Il m'a considérée gravement, assez longtemps, avant de braquer un poing accusateur sur moi et de m'arracher le cœur : "Vous vous prétendez ma mère, madame, mais la mère de Nanaqui est morte et son âme a quitté ce monde et vous êtes une envoûteuse et le démon qui m'a empoisonné." »