Le travail m’a tué

Des débuts merveilleux avec des étoiles dans les yeux et des paillettes au coeur jusqu’à la chute sur le carrelage de l’entreprise. Enfin, chute… Suicide, pour être précis.

Le travail m’a tué de Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande, dessins de Grégory Mardon

L’histoire d’un employé au sein d’une grosse entreprise qui, au fil des restructurations, des plans, des changements managériaux et structurels, le presse, et le presse encore plus dans une vertigineuse perte de sens et d’injonctions délirantes.

Un album très bien monté qui démontre au fil des planches la progressive perte de contrôle de Carlos.

Une entreprise responsable ET coupable !

Le suicide au travail a fait irruption dans le monde médiatique avec une première «vague» en 2006 chez Renault, puis une deuxième en 2008-2009 chez France Telecom. Pendant une saison, le sujet a été à la une. Le problème n’est pas né avec cette médiatisation, et il ne s’est pas arrêté avec elle : il y a encore eu dix suicides et six tentatives chez Renault entre 2013 et 2017, et cela sur seulement quatre des onze sites du groupe (chiffres donnés par les syndicats). Quelques victoires juridiques ont accompagné cette reconnaissance : la plus spectaculaire a été la condamnation de Renault pour «faute inexcusable» en 2009 dans l’affaire l’opposant à la veuve d’Antonio B., un salarié s’étant suicidé en 2006. C’était devant le tribunal de la sécurité sociale. En mai 2019 s’est ouvert le procès au pénal de France Telecom, devenu depuis Orange, dont sept dirigeants se sont retrouves en correctionnelle pour «harcèlement moral» et «complicité de harcèlement moral», une première qui n’a pas manqué de remettre le problème sur le devant de la scène.
Hubert Prolongeau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tribunal des affaires de sécurité sociale.
Les voilà : Mme Perez et son avocate.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1 - Rester toujours égal avec ma N +1 et toujours valider avec le N + 2
2 - Rester maître de soi
3 - Attendre patiemment la fin des réunions
4 - Etre prudent
5 - Ne pas être stressé par le temps
6 - Attendre la validation du N + 2...
7 - Ne pas communiquer
8 - Avoir confiance
9 - Ne rien écrire mais parler...
10 - Construire ma vie. Ma famille. Ma femme. Mon enfant.

Western

Bousculé par la narration, l’écriture et le style (enfin… tout ça quoi), j’ai eu de la peine à entrer et à rester en lien avec ce western. Mais quel livre marquant !

J'entends par western un endroit de l'existence où l'on va jouer sa vie sur une décision, avec ou sans désinvolture, parce qu'il n'y a plus d'autre sens à l'existence que l'arbitraire. C'est un lieu assez nu, on s'y rend au sens du verbe « se rendre ». L'autre y est un décor et le temps dilaté. Le western se fout de son temps et de faire avec, il va contre. Ne coïncident plus l'homme et le manque mais l'homme et la plaine.
Quelque chose précède toujours le western: une logique violemment personnelle et dérisoire, vouée à finir, faite d'ordre et de ville, de liens et d'habitudes. Et de dettes.
Western de Maria Pourchet

Un western moderne, sans gentils ni méchants. En tout cas un espace où il est facile de glisser de l’un à l’autre et selon quels critères, d’ailleurs ?
Alexis ? Un féministe à encenser, salopard que #metoo a trop tardé à crucifier, un homme célèbre qui en a profité sans y voir malice ?
Ou n’est-ce que le roman de notre époque ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Cela commence à Paris, au théâtre, sur la scène, au centre et au fond, dans l'humeur et l'impatience. Le théâtre c'est comme une mine, un volcan ou une fille. Tout se passe dans le ventre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'entends par western un endroit de l'existence où l'on va jouer sa vie sur une décision ».
Éternelle logique de l'Ouest à laquelle se rend le célèbre comédien Alexis Zagner quand, poussé par l'intuition d'un danger, il abandonne un rôle mythique - Dom Juan - et quitte brusquement la ville, à la façon des cow-boys. Quelles lois veut-il laisser derrière lui ? Qu'a-t-il fait pour redouter l'époque qui l'a pourtant consacré ? Et qu'espère-t-il découvrir à l'ouest du pays ? Pas cette femme, Aurore, qui l'arrête en pleine cavale et semble n'avoir rien de mieux à faire que le retenir et percer son secret.
Tandis que dans le sillage d'Alexis se lève une tempête médiatique qui pourrait l'emporter, un face à face impudique s'engage entre les deux exilés. Dans ce roman galopant porté par une écriture éblouissante, Maria Pourchet livre, avec un sens de l'humour à la mesure de son sens du tragique, une profonde réflexion sur notre époque, sa violence, sa vulnérabilité, ses rapports difficiles à la liberté et la place qu'elle peut encore laisser au langage amoureux.

Son empire

Son empire explique la destruction méthodique d’une femme par un conjoint manipulateur (un gros salaud, je ne trouve pas d’autre terme… Pervers narcissique, sale merde, psychopathe… ?) Vu par les yeux d’une petite fille de 8 ans au début de la rencontre, on y voit la lente négation d’une femme et l’impuissance de l’entourage à la protéger.

Son empire de Claire Castillon

Glaçant !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Il la kidnappe. Comme un tour de magie. Je perds ma mère. J'ai sept ans.
Il faut voir comment ça se passe. Le déroulement. Heure par heure. C'est intense. Ma mère est pourtant sur des rails. Je me la rappelle très bien à ce moment-là, qui trace, voûtée parfois, toujours à la besogne, comme une machine en quelque sorte. Et soudain, le choc. Il l'expédie ailleurs. Il la prend, il la vide, il se met dedans et il ne ressort jamais. »

Une femme rencontre un homme qui prétend l'aimer. Sa fille observe, impuissante, la prise de pouvoir progressive de cet homme jaloux, menteur, obsessionnel, voleur et paranoïaque, sur l'esprit de sa mère subjuguée.

Dans ce roman inquiétant, à l'humour glacial, Claire Castillon excelle à disséquer les contradictions de la femme et la perversité de l'homme qui la manipule, tenant le lecteur sous le regard ambivalent de la fillette, témoin de l'effondrement de sa mère

Le consentement

Monsieur Gabriel Matzneff (nommé « G. » dans ce livre) aime la chair fraîche, jeune, très ! Jeunes garçons et filles. Célèbre écrivain il use et abuse de son aura pour séduire et agir en toute impunité dans une France à la complaisance post soixante-huitarde.

Le consentement de Vanessa Springora

Victime de l’ogre à quatorze ans, Vanessa Springora témoigne des années plus tard et son livre est glaçant de merde et brillant de talent.

La précise description d’un manipulateur, de son emprise et des séquelles que ces abus peuvent laisser

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Depuis tant d'années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre. »

Séduite à l'âge de quatorze ans par un célèbre écrivain quinquagénaire, Vanessa Springora dépeint, trois décennies plus tard, l'emprise que cet homme a exercée sur elle et la trace durable de cette relation tout au long de sa vie de femme. Au-delà de son histoire intime, elle questionne dans ce récit magnifique les dérives d'une époque et la complaisance d'un milieu littéraire aveuglé par le talent et la notoriété

Lorsque je me suis relevée j’ai pris mon fusil : imaginer la violence des femmes

Jacqueline Sauvage à tué son mari qui la battait en mettant fin à un calvaire qui durait depuis 47 ans. Trois coups de fusil dans le dos de celui qui la battait, violait ses filles et faisait régner la terreur.

Lorsque je me suis relevée j'ai pris mon fusil : imaginer la violence des femmes de Valentine Faure
Lorsque je me suis relevée j’ai pris mon fusil : imaginer la violence des femmes de Valentine Faure

Le point de départ pour analyser la violence des femmes.

Un livre brillant qui pose plus de questions qu’il n’arrive à apporter de réponses… En existerait-il de toutes faites qui tiendraient un minimum la route ? Et en s’interrogeant, Valentine Faure évite les pièges d’un discours condescendant, agressif ou intégriste.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Oui c'est vrai je lui ai tiré clans le dos, eh oui. j'ai fait ça. Je m'étais un peu reposée et lorsque je me suis relevée j'ai pris mon fusil, j'ai mis les cartouches, j'ai tiré. »

Fin 2015, Jacqueline Sauvage était condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari qui la battait. Elle rejoignait la longue et mystérieuse cohorte des femmes qui choisissent la violence pour répondre à la violence. Ce geste disait-il la puissance ou l'impuissance ? Était-il légitime ou condamnable, courageux ou avilissant ? L'auteure part de cette énigme morale pour explorer la question taboue de la violence féminine.

Que peuvent les femmes face à la brutalité des hommes ? Avec quelle force se défendre ? Faut-il demander l'indulgence ? Dans un essai personnel et documenté, Valentine Faure éclaire ce qui au fil des siècles a pu être traité comme une pathologie, un mystère, une monstruosité ou le résultat d'une influence, rarement comme un outil d'émancipation ou l'expression d'une révolte légitime. À l'heure où la colère des femmes se réveille, elle invite à actualiser notre regard sur la violence des femmes