Strega

À la fin de cette lecture, j’ai vraiment regretté de ne pas savoir lire le suédois afin de pouvoir comparer la géniale traduction (de Catherine Renaud) à son original. Car il est de plus en plus rare de lire un texte avec une telle débauche de passé simple et de telles constructions de chapitres qui donnent à ce livre son style tellement baroque – voir gothique.

CHAQUE NUIT, JE PENSAIS À MON MEURTRIER.
Je m'imaginais une rangée de belles femmes. Derrière elles, une rangée de femmes laides. Derrière elles, les femmes stupides, les femmes intelligentes, les femmes aux joues épaisses. Je voyais des femmes dégoûtantes, des femmes vieilles, des femmes aux mains vides, sans bague. J'étais sûre qu'un meurtrier nous attendait toutes. Je le dessinais dans son costume marron et sa chemise à carreaux. Je le faisais apparaître. J'avais toujours pensé que je ferais un beau cadavre.
Strega de Johanne Lykke Holm
Une histoire de jeunes filles envoyées dans un hôtel pour qu’elles y apprennent à devenir de bonnes épouses. Un hôtel vide, où rien ne se passe… vraiment pas grand-chose.L'hôtel n'était plus un hôtel, mais une machine à détruire. Des mesures disciplinaires plus ou moins brutales étaient mises en place partout. Les fenêtres se rétrécissaient alors que les lits devenaient de plus en plus durs et finirent surtout par ressembler à des sarcophages. Chaque jour était une représentation horrifique où plusieurs fantômes semblaient faire des entrées et des sorties, comme des poupées mécaniques. Nos mains rassemblaient nos cheveux en un chignon de plus en plus serré. Nos mains attrapaient les cigarettes. Nous nous placions automatiquement dans des formations rituelles. Nous voyions nos corps faire des choses contre notre volonté.
Je regardais autour de moi. Des employées d'hôtel anonymes qui se disciplinaient elles-mêmes. De petites coupures régulières et de l'eau bouillante. C'était insupportable, mais nous le supportions.Jusqu’à ce que l’une d’entre-elle disparaisse. Et même là…

Un livre impressionnant de style, hypnotique et envoûtant dans lequel tout semble rester figé hors du temps

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je me contemplai dans le miroir. J'y reconnus une femme jeune, mais déchue. Je me penchai pour presser ma bouche contre le miroir. La buée se diffusa sur le verre comme de la vapeur dans une pièce où quelqu'un avait dormi aussi profondément qu'un mort. Derrière moi, la pièce se reflétait. Sur le lit se trouvaient des épingles à cheveux, des somnifères et des culottes en coton. Sur le drap, il y avait des taches de lait et de sang. Je pensai : si quelqu'un prenait une photo de ce lit, toute personne sensée se dirait qu'il s'agit de la reconstitution du meurtre d'une petite fille ou d'un enlèvement particulièrement brutal. Je savais que la vie d'une femme pouvait se transformer à tout moment en scène de crime. Je n'avais pas encore compris que je vivais déjà dans cette scène de crime, que la scène de crime n'était pas le lit mais mon corps, que le crime avait déjà eu lieu.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Strega est un village dans la montagne que borde un lac noir. Neuf femmes de dix-neuf ans empruntent le téléphérique qui rejoint l’Hôtel Olympic. Filles de mères travailleuses et de pères invisibles, elles ont été envoyées là par leurs parents pour apprendre à devenir des femmes au foyer, en se formant au service de clients qui ne viennent jamais. Le temps s’étire, une sororité résistante s’installe comme un rêve dans le luxe des salles vides. Liqueurs et cigarettes accompagnent l’indolence de ces jeunes rebelles qui vivent dans la lumière brillante du grand parc de l’hôtel. Puis l’une d’elle disparaît. Elle a été assassinée, toutes le pressentent, car depuis l’enfance, elles le savent, la vie d’une femme peut se transformer à tout moment en scène de crime.
Dans un style exceptionnel, d’un onirisme sensuel à mi-chemin entre l’univers de Zelda Fitzgerald et le cinéma de Sofia Coppola, Strega raconte l’histoire, empreinte de lait et de sang, de neuf femmes aux prises avec un maléfice insaisissable.

Paul

Ce roman biographique semble dès le début, dirigé vers sa fin : la folie, la maladie et la mort. Et les nombreux retours dans la vie de Paul Gauguin ne témoignent que de l’inéluctabilité de sa piteuse extrémité.

Il eut un sourire de pitié, son sexe se dressait de nouveau. Il le prit à deux mains et se mit à le malaxer.
— C'est ça, la vraie transfiguration. Quand des deux têtes que possède l'homme, celle d'en bas l'emporte de loin sur celle d'en haut. Je me sens maintenant plus vivant que jamais. Ah, cette fougue, je ne peux pas y renoncer, et je ne compte pas le faire ; elle me survivra certainement !
Paul de Zoé Valdés
Une vie consacrée à la peinture rongée par l’alcool, les problèmes d’argent, la maladie et la douleur.

La biographie de Gauguin est foisonnante, ses rencontres avec Pissaro ou van Gogh, ses voyages et sa mort aux marquises, sa femme et les très jeunes marquisiennes… Zoé Valdés en tire un sombre portrait, aux couleurs des hallucinations d’un alcoolique délirant au seuil de la mort

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Son auriculaire fut pris de tressautements, sa main se mit à trembloter toute seule, à un rythme effréné ; ses doigts n'avaient plus désormais l'assurance et la précision d'autrefois. Il gagna péniblement le centre de la pièce.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Il n'allait plus guère tarder à claquer comme un chien. Tout seul. La petite Chinoise n'était pas revenue lui apporter la soupe cuisinée par son père. Ou peut-être ne l'avait-il pas vue, en proie à ses accès de douleur et de delirium tremens. Il connut la faim, certes, mais sa peinture s'éclaircissait, elle respirait mieux. Une peinture qui respire est la plus grande réussite d'un peintre, car elle porte la vie ; il lui insuffle sa vie, sa respiration, les battements de son cœur, ses palpitations heureuses et ses craintes les plus profondes. »

Accablé par la maladie, sur une île paradisiaque de la Polynésie française, Paul Gauguin affronte les fantômes de son passé. Fiévreux et délirant, il se souvient de sa vie bourgeoise de financier avant que la peinture, devenue pour lui une passion, le pousse à tout quitter. Ce roman crépusculaire met en scène l'artiste en proie à ses ultimes visions et à ses derniers désirs.

Zoé Valdés livre ici « son » Paul, rhapsodie intime où les voix du passé se mêlent, comme des litanies. L'écrivaine fait la part belle aux corps, aux sens, à l'intime, et poursuit sa réflexion autour de l'amour, la mort, l'exil, la création et bien sûr la transgression, autant de thèmes qui nourrissent son œuvre.

Quartier d’orange

Une femme accouche dans les vagues sur la plage d’une île d’Italie.

Sur la terre pelée par les vents, une femme est étendue à la lisière des vagues. La mer épouse les contours de son corps nu.
Le visage froissé par la douleur, elle hurle dans la nuit que seules animent les étoiles d'un ciel sans lune. Les vagues effleurent la plage, caressant son corps meurtri.
Quartier d’orange de Emmanuelle Sorg
Dans un texte à l’écriture fine et poétique, Emmanuelle Sorg nous raconte cette mère et sa fille, leur relation, la vie sur l’île, et tous les non-dits…C'est un après-midi de canicule, le port est désert. Seuls quelques habitués se tassent au fond des terrasses devant un verre de prosecco glacé. L'air vibrant sous l'effet de la chaleur humide donne à la jetée une impression d'irréalité.Un court récit ou l’écriture prend la main sur une histoire à laquelle j’ai eu de la peine à m’attacher

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un liquide tiède épouse très exactement les contours de mon corps, roulé comme un galet au fond de l'océan. Une masse protectrice dans laquelle j'évolue en douceur propage, dilué, l'écho d'un bruit sourd, régulier. Il scande l'espace indéfini dans lequel les événements se succèdent et disparaissent, dans mon univers dont je ne sais rien, si ce n'est qu'il est mobile, inconstant. Au travers de mes paupières collées, je devine les zébrures étranges d'un ciel sombre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sur la terre pelée par les vents, une femme est étendue à la lisière des vagues. La mer épouse les contours de son corps nu.

Le visage froissé par la douleur, elle hurle dans la nuit que seules animent les étoiles d'un ciel sans lune. Les vagues effleurent la plage, caressant son corps meurtri.

Le roman d'Emmanuelle Sorg est une vague, à la fois onde et déferlante, qui raconte le destin d'une femme enceinte échouée sur une île italienne. L'enfance, le poids du passé, les secrets de famille et la nature sont au coeur de ce roman.

Les mots se balancent avec douceur, harmonie et grâce au fil de l'histoire qui se tisse et les souvenirs qui ressurgissent.

Tous les silences ne font pas le même bruit

Choquant, bouleversant, intime… c’est une foule d’adjectifs qui me viennent après cette intense lecture.

Un livre à prendre dans son entier. A lire tout en empêchant son cerveau de lever la main et de crier oui mais moi…

Les « masculinistes» méritent tous de crever pour mille et une raisons, mais d'abord pour celle-ci : avoir discrédité, avili, terni, déconsidéré, sali, flétri, enlaidi, frelaté l'ensemble des attributs traditionnellement associés au genre féminin.
Tous les silences ne font pas le même bruit de Baptiste Beaulieu
Le témoignage magnifique de la vie d’un homosexuel (homme blanc et d’un milieu aisé), de son enfance à aujourd’hui avec toutes les frustrations, salissures et humiliations… mais aussi les belles rencontres, la famille, l’amour et les amitiés.Toi, ce que tu veux savoir, c'est pourquoi, si les hommes aiment vraiment leur femme, ils la quittent quand elle tombe malade, c'est-à-dire quand ils ne peuvent plus avoir le sexe gratuit. Le ménage gratuit. Les lessives gratuites.
Il existe des études. Tu ne sors pas ça d'une étude from your ass. C'est documenté : à l'annonce d'un cancer, une femme aurait six fois plus de risque d'être quittée qu'un homme*. Et c'est le même chiffre avec d'autres maladies (par exemple sclérose en plaques). Tu ne serais pas étonné que ces chiffres soient les mêmes quand ce n'est pas la femme mais l'enfant du couple qui tombe malade.
À tout cela, par habitude, on a donné le nom d'amour.
Mais où est l'amour là-dedans ?A l’heure de la montée des masculinistes (y en a-t-il plus ? Je ne sais pas, mais en tout cas, ils se permettent de faire de plus en plus de bruit) et des fascismes décomplexés, il est important de comprendre leur toxicité, leur violence, leur haine ! Que ce soit pour les femmes, les homos ou toutes les minorités…

Une nocivité qui, finalement, touche toute la société si on l’observe sous l’angle de l’intersectionnalité

Le concept d’intersectionnalité dans le cadre de la réussite universitaire au Canada

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu es enfant, c'est dimanche soir, tu es installé sur le divan en osier, dans les bras de ta mère, merveilleux bras qui n'ont jamais trahi, jamais manqué à leurs devoirs. Tu portes un pyjama bleu en pilou-pilou, tu as glissé tes pieds nus sous les cuisses de ton père pour les tenir au chaud.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tu es un garçon de 8 ans. Un dimanche soir, en famille, tu regardes un film qui se moque d'un couple d'hommes. Qu'y a-t-il de si drôle ?

Tu deviens un adolescent que l'on insulte : « Sale pédé ! » Tu contemples l'eau noire du canal du Midi, prêt à abandonner. Sur tes épaules, un sac à dos rempli de pierres et ton secret.

Te voilà jeune homme, tenant la main de ton amoureux au risque d'être tabassé, puis père à ton tour. Un médecin révolté, un écrivain qui ne peut plus se taire.

C'est l'histoire d'un homosexuel, aujourd'hui, en France. Son récit nous fait entrer dans sa peau et adopter son regard. Il raconte les préjugés, le harcèlement, la mise à l'écart et les silences qu'il doit affronter. Il y a l'homophobie qui nous révolte et celle que l'on ne soupçonne pas, logée en chacun de nous.

Un grand texte, bouleversant et universel.

Tiohtiá:ke [Montréal]

Si l’histoire de ce jeune Innu qui se retrouve, après 10 ans de prison pour le meurtre de son père, SDF dans les rues de Montréal est touchante, le style froid et découpé de l’écriture ne m’a pas emballé autant que les magnifiques Atuk ou Maikan.

Ils forment un bien étrange clan d'éclopés, de blessés, d'assoiffés de rédemption. Randy, Charlie et Lucien semblent avoir oublié la bouteille qui mène leur vie depuis longtemps. Salomon, Madeleine et Jeannot les ont acceptés sur leur territoire comme des frères, en toute confiance. Et il doit lui aussi apprendre à faire confiance, mais c'est difficile quand on se méfie de soi-même.
Au souper, Élie est assis en face de Geronimo, l'homme qui l'a recueilli au moment où il se sentait le plus seul et qui l'a aidé sans jamais rien demander, alors que lui n'avait rien à offrir. Un instant, au milieu de rires, leurs regards se croisent. Élie aimerait pouvoir dire merci. Il aimerait parler, expliquer, mais les mots restent au fond de sa gorge nouée. Seules les larmes tombent silencieusement.
Geronimo voit les pleurs mouiller les joues rougies. Les autres aussi. Élie se lève, marche jusqu'à la rivière et la bise du soir sèche ses larmes. Deux êtres se disputent en lui. Et Élie ne sait pas lequel l'emportera.
Tiohtiá:ke [Montréal] de Jean Michel
Et pourtant, c’est une bien belle – et dure – histoire de solidarité dans les squares gelés du Québec parmi les délaissés des peuples premiers.

Un peu mélo quand même

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
NUTASHKUAN
L'odeur. Toujours pareille. Peu importe les veines dans lesquelles le sang court, son parfum âcre rappelle à ceux qui vivent leur vulnérabilité. Il y avait dans ce cœur trop de haine pour que ça se termine autrement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elie Mestenapeo, un jeune Innu de la Côte-Nord, au Québec, a tué son père alcoolique et violent dans une crise de rage.
Il a fait 10 ans de prison.
À sa sortie, rejeté par les siens, il prend la direction de Montréal où il rejoint rapidement une nouvelle communauté : celle des Autochtones SDF, invisibles parmi les invisibles.
Il y rencontre les jumelles innuk Mary et Tracy, Jimmy le Nakota qui distribue des repas chauds au square Cabot, au cœur de la ville, mais aussi Mafia Doc, un vieil itinérant plus ou moins médecin qui refuse de quitter sa tente alors que Montréal plonge dans le froid polaire…
Dans ce roman plein d’humanité, Michel Jean nous raconte le quotidien de ces êtres fracassés, fait d’alcool et de rixes, mais aussi de solidarité, de poésie et d'espoir.

Il n’a jamais été trop tard

Dans ces chroniques mensuelles de 2023 et 2024, Lola Lafon parle de guerres, de viol, de violences… Bref, assez tristement : de l’actu. Mais aussi de sujets plus personnels ou plus intemporels comme l’anorexie ou la Shoah.

Janvier, encore
Quand les eaux sales et usées débordent, il est recommandé, pour éviter une aggravation de la situation, de protéger les ouvertures et de localiser l'origine de l'incident.
La besogne est ardue, car les discours fétides qui entachent notre commun viennent de toutes parts: populismes de droite, de gauche, il y a un défaut d'étanchéité avéré entre les différentes familles politiques et le locataire de la maison présidentielle s'en accommode très bien.
Combien de temps avant que ces errances idéologiques, cette eau brunasse dans laquelle on barbote, nous contaminent tous ? Cette gale de l'âme, on l'a vue venir.
Il n’a jamais été trop tard de Lola Lafon
Elle y laisse s’exprimer sa sensibilité, son désir du vivre ensemble. Un recueil sensible et profond, mais pas vraiment gai pour un titre qui semblait pourtant plein d’espoir

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est ce que nous laissent les disparus, ces évanouis, les manquants, les passés trop vite : un puzzle de mots, qu'on aura partagés. Des confidences, des désaccords, des fous rires, des désirs et des doutes. Cette hérédité fragile nous échoit.
Qu'en fera-t-on ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce livre est une histoire en cours. Celle d'un hier si proche et d'un demain qui tremble un peu. Ce présent qui bouscule, malmène, comment l'habiter, dans quel sens s'en saisir ? Comme il est étroit, cet interstice-là, entre hier et demain, dans lequel l'actualité nous regarde. Elle reflète le monde, mais aussi des événements minuscules en nous, des souvenirs, des questions, des inquiétudes. Ces pages ne sont pas le lieu d'un territoire conquis, d'un terrain marqué de certitudes. Ce livre est l'histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu'on conjuguerait à tous les singuliers. »
L.L.

Grand petit homme

Mais oui, Size does matter, Stanislas le sait bien. Mais cela pourrait être pire, non ?

Grand petit homme de Zanzim
Et bien oui ! Et ça va s’empirer rapidement dans cette mignonne bande dessinée qui tourne autour de ce petit personnage timide, gentiment obsédé, légèrement fétichiste et diablement timide.

Une grosse réussite au graphisme léger pour cette drôle d’historiette vraiment touchante, celle d’un petit homme au grand cœur.… Alors, BD d’incel comme j’ai pu le lire dans nombre de critiques ? Je n’arrive pas à trancher pour cette bd que j’ai innocemment lue sans trop m’interroger. Pour autant, il est intéressant de questionner certaines scènes (au regard du consentement, par exemple). Même s’il s’agit d’une BD rigolote.
Car si Stanislas semble (au début) complexé, fétichiste et voyeur… C’est surtout grand rêveur ! Et si ce n’est pas en hauteur… il va grandir !

Mais quand-même, zut pour son chat 😉

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Stanislas Rétif est un petit homme, célibataire, la trentaine, à la beauté raisonnable. Il souffre de timidité au contact des femmes. Celles-ci l'impressionnent au plus haut point.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Petit homme deviendra grand

Stanislas Rétif habite, avec son chat, un petit appartement sous les combles. Introverti, il rêve de devenir un grand homme mais sa timidité et son mètre cinquante-sept ne lui sont d’aucun secours quand il s’agit d’aborder une inconnue. Stanislas est pourtant un grand amoureux des femmes ! En travaillant dans un magasin de chaussures, rien ne le met plus en joie que d’habiller leurs pieds. Un jour, lassé de ses déboires, il fait le vœu de devenir un « grand homme » tout en caressant sa paire de bottines préférée. Ce qu’il ignore, c’est que ces bottes en cuir de vache sacrée indienne ont un pouvoir immense ! La magie opère, mais à l’envers ! Le voilà réduit à la taille d’un pouce. Comment survivre dans cet environnement devenu hostile ? C’est le début d’une nouvelle vie dans laquelle les araignées deviennent des prédateurs et où les commérages n’ont plus de secrets pour Stanislas se faufilant, invisible, dans l’intimité des foyers. Capturé par une mamie sénile, il va bientôt se retrouver dans la maison de Fleur… jeune femme qui, à la vue de ses bottes pourrait être l’une de ses clientes… Au fur et à mesure, Stanislas va apprendre à connaître Fleur, et tomber éperdument amoureux d’elle… mais aussi la voir souffrir. Car Fleur est atteinte d’un mal qui la ronge. Que peut faire Stanislas du haut de ses 11 cm ? Peut-il devenir un grand homme par son courage, la beauté de ses actes et son don de soi ?

Embarquer loin

En recopiant la quatrième de couv’ pour ce post, j’avais laissé l’espace d’un retour à la ligne et cela donnait :
« L’auteure pose sur le papier le bruit de ses pensées, les or donne, les oblige à se taire. »
Et c’est une jolie coquille, car vraiment, Sonia « or donne » au travers de ses poèmes qui parlent d’elle de façon intime et subtile.

Certaines personnes
Ont les mains lisses
De qui travaille à son bureau.
Je vois sur elles,
Égrenées tout entières,
Les journées sans soleil,
Les soirées tardives,
Et le travail immobile
Au clavier de plastique;
Mystérieuse activité, 
Invisible fabrication.
Embarquer loin de Sonia Iodice
Poésie de la beauté de l’instant présent et de celui qui passe, de la famille, de l’amour et de ce et ceux qui nous entourent

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Havre
On m'a dit ferme les yeux
Et imagine un havre tranquille,
Puise-le dans tes souvenirs
Hisse-le des mois passés,
Fais-en la terre la plus douce,
Le lieu le plus sûr.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
D'origine italienne et espagnole, Sonia Iodice a été imprégnée des cultures et des langues de ses parents : musiques, films, cuisine, proverbes, séjours aux pays. Elle a longtemps ignoré à quel point ce bagage allait lui être précieux, et a découvert, avec le temps, sa richesse. Titulaire d'un master en lettres, elle a travaillé dans l'enseignement secondaire. Depuis 2019, elle célèbre des cérémonies laïques pour des familles qui perdent un proche ou pour des couples qui souhaitent s'unir hors d'un contexte religieux. Amoureuse de la nature, de la musique et des livres, elle apprend à reconnaître les chants d'oiseaux et se baigne dans le Léman en toute saison. Elle écrit beaucoup pour les autres, et parfois pour elle, par vagues, le plus souvent pour mettre des mots sur ses émotions et cultiver un regard poétique sur le monde.

L'auteure pose sur le papier le bruit de ses pensées, les ordonne, les oblige à se taire. En fabriquant des poèmes, elle s'ancre dans un monde chaotique. Elle donne forme à ses nuits sans sommeil, aux liens familiaux, à la solitude, à la marche et parfois, à des fulgurances.

La Fanatique

Journal d’une ambitieuse… Quelque en soit le prix.

La victoire
1939-1941
Maman pleure au téléphone, la guerre l'inquiète terriblement. Je la gronde gentiment, elle a toujours été de faible caractère en ce qui concerne la politique.
H part pour le front, mes mains tremblent.
Harald partira bientôt lui aussi. Je le veux absolument, aucune faveur pour mon fils, qu'il se batte comme un Allemand ! Ma fierté gonfle partout sous ma peau. Et la terreur encore davantage.
Nouvelles merveilleuses, notre main se resserre de jour en jour sur la Pologne ! Quel bonheur d'être allemande !
La fanatique de Lolvé Tillmanns
Magdalena sera une reine ! C’est sa destinée, elle le sait, elle le veut, elle sera !Aucune mère digne de ce nom ne laisserait gazer ses petits. Elle les étoufferait elle-même, contre son sein.
Il n'y a plus de cognac, trop de monde se sert dans ma réserve, qu'ils boivent du schnaps !
Et dans le four, combien de temps y restent-ils, les petits, dans le four ?Après un amour malheureux et un riche mariage ennuyeux, Magdalena sera Goebbels ! L’histoire d’une amorale ambitieuse – fascinée par la force et le pouvoir – sur fond d’extermination. Quelque en soit le prix de la désillusion.

Lolvé Tillmanns dresse le portrait assez fascinant d’une fanatique d’elle même plus que d’une idéologie, qui se rêve reine et se retrouve ventre du Reich

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ma mère ne crie pas, elle souffle. Elle mord sa bouche, l'air siffle entre ses dents. Elle est seule, maman. Seule à Bülowstrasse, dans une chambrette qu'elle a louée pour m'extraire de son corps.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Magdalena Goebbels a soutenu Hitler jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la chute au fond de son bunker berlinois. Cette grande bourgeoise, cette beauté polyglotte s’est donnée, corps et âme, à un régime ultraviolent qui considérait les femmes comme des ventres de qualité variable. Qui était cette femme considérée comme le symbole de l’extrémisme et de l’aveuglement? Lolvé Tillmanns va fouiller l’enfance,
l’adolescence, les années qui l’ont modelée, la passion inconditionnelle qu’elle mettait dans ses
attachements, qui l’ont figée dans un destin qu’elle aurait, peut-être, pu infléchir.
Lolvé Tillmanns jette une lumière crue sur l’effroyable banalité du mal, et sur son ambiguïté.
Et, à chaque ligne, résonne une question lancinante, effrayante, irrésolue :
pourquoi ?

Propre

Dès le début, c’est clair : tout cela va mal finir. Aucun suspense… Et pourtant, voilà un livre bien difficile à lâcher !

Que vous a dit Madame ? Elle vous a parlé de moi ? Je suis sûre qu'elle a déclaré sous serment que sa domestique était de bonne composition, obéissante, humble, reconnaissante, silencieuse, qu'elle avait toute l'apparence de quelqu'un de bien. Et quand vous l'avez interrogée sur elle, elle a dit : « Mara López, avocate », comme si ces trois mots constituaient une véritable définition. Je vais vous en donner une autre, moi, écrivez ceci :
Elle prenait un demi-pamplemousse et un œuf à la coque sans sel au petit déjeuner.
Elle buvait un café au réveil et à huit heures elle était déjà partie.
Elle revenait à dix-huit heures et avalait une galette de riz.
Au dîner elle mangeait de la roquette et des graines, des endives et des graines, des épinards et des graines, du chou et des graines.
Ensuite, en cachette, elle s'envoyait du pain avec du fromage et un verre de vin blanc avec des médicaments.
Propre de Alia Trabucco Zerán
Plongée dans l’intimité d’une famille chilienne aisée sous les yeux de leur domestique qui vit dans une petite pièce, au fond de la cuisine et qui devient gentiment folle. Enfin… folle n’est pas vraiment le bon terme. Déprimée mais lucide ?

Et elle raconte ce qui n’a pu être évité. Le drame. Sous ses yeux.

Une géniale radiographie d’une famille bien sous tous rapport

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je m'appelle Estela, vous m'entendez ? Es-te-la Gar-ci-a.

Je ne sais pas si vous enregistrez, prenez des notes, s'il y a quelqu'un de l'autre côté en réalité, mais si vous m'entendez, si vous êtes là, je vous propose un marché je vais vous raconter une histoire et à la fin, quand je n'aurai plus rien à dire, vous me laisserez sortir d'ici.

Allô ? Personne ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je m'appelle Estela, vous m'entendez ? Es-te-la Gar-ci-a. »

La fillette meurt. Voici le fait par lequel Estela commence son récit. Estela, qui a quitté sa famille dans le sud du Chili pour la capitale où elle travaille comme employée de maison. Estela, qui s'est occupée pendant sept ans de la jeune victime, l'a bercée, nourrie, rassurée, grondée aussi. Qui connaît chaque étape ayant mené au drame : la chienne, les rats, les aveux, le poison, le pistolet. Chaque étape jusqu'à l'inéluctable.

Un roman psychologique haletant, angoissant et addictif, à travers lequel notre époque se dessine - une société fracturée par les rapports de domination et d'argent, où les uns vivent dans l'ombre des autres...