L’inspecteur Cadavre

Et voilà, c’était le dernier roman de Maigret que je n’avais pas encore lu. Et, bonheur, c’en était un très bon ! Restent encore quelques nouvelles mais celles-ci m’ont généralement semblé moins bonnes. J’avais commencé ces lectures suite à la découverte d’un Maigret dans la cave de mes parents. Puis, j’avais été motivé par la lecture d’un article dans le Temps où Nicolas Dufour racontait son été durant lequel « J’ai lu les 75 romans de Maigret (et j’ai déjà envie de les relire) »

Le nom de l'homme était Cavre, Justin Cavre, et non Cadavre, bien entendu, mais il y avait vingt ans qu'on lui avait donné le surnom d'inspecteur Cadavre et c'était toujours ce sobriquet qu'on employait à la Police Judiciaire quand on parlait de lui.
Il était ridicule, dans son coin, l'air constipé, à prendre des poses inconfortables pour ne pas regarder dans la direction de Maigret. Il savait que celui-ci l'avait bien vu. Décharné, blafard, les paupières rouges, il faisait penser à ces gamins qui, à la récréation, se morfondent à l'écart en cachant sous leur hargne leur envie de jouer avec les autres.
L’inspecteur Cadavre de Georges Simenon

Et je termine ces Maigret avec bonheur par cette dernière enquête qui est celle de l’injustice ! Et, par chance, c’est peut-être une des plus emblématique. Ici, les salauds, les malins et malfaisants restent impunis.

Et, tout en attendant le train au bout du quai, près de sa valise qu'il surveillait, Maigret parlait tout seul :
 - Vois-tu, mon petit, moi aussi je suis de ceux qui, comme toi, voudraient que tout soit beau et propre sur la terre... Moi aussi, je souffre et je m'indigne quand...

Fataliste, Maigret s’en accommode tant bien que mal.

Car c’est sûrement là que réside une des originalités de Maigret. Si le commissaire cherche toujours à comprendre (avec succès, d’ailleurs (et souvent un peu miraculeusement)), les coupables ne sont pas toujours condamnés et parfois, nulle morale, aucun Karma ni justice. Le commissaire hausse les épaules et s’en va. Oui, les assassins, comme dans la vraie vie, restent libres… Parfois.

Maigret 45/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le petit train du soir
Maigret regardait le monde avec de gros yeux maussades, donnant sans le vouloir à sa personne cette fausse dignité, cette importance qu'on affecte après les heures vides passées dans un compartiment de chemin de fer. Alors, bien avant que le train ralentisse pour entrer en gare, on voit des hommes gonflés dans d'énormes pardessus sortir de chaque alvéole, une serviette de cuir ou une valise à la main, et, avec l'air de ne pas se préoccuper les uns des autres, rester debout dans le couloir, une main négligemment accrochée à la tringle de cuivre qui barre la vitre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Suicide? Meurtre? Un froid matin de janvier, un jeune homme est retrouvé mort sur la voie ferrée près de Saint-Aubin-les-Marais, en Vendée. Pour rendre service à un ami, le commissaire Maigret accepte de quitter Paris pour essayer d'y voir plus clair.
Mais il n'est pas le seul à mener l'enquête : un ancien policier devenu détective privé, l'inspecteur Cadavre, s'intéresse lui aussi de très près à cette affaire...

Maigret et les petits cochons sans queue

Ce livre regroupe 9 nouvelles (dont deux minuscules avec le commissaire):

Les petits cochons sans queue
L’histoire de la fille d’un receleur dont le mari disparait

Un homme était mort, à cause de la passion du vieil antiquaire, un garçon qui avait vingt-deux ans. Il avait acheté un petit cochon sans queue, lui aussi, et ce n'était sans doute pas le premier. Il était venu dans cette même pièce où il n'y avait pas une œuvre d'art, où les murs étaient ornés d'horribles lithographies encadrées de noir. Les chefs-d'œuvre, qui aurait pensé à aller les chercher dans la cave ?
Les petits cochons sans queue de Georges Simenon

Sous peine de mort
Une histoire de vengeance (ou d’escroquerie) entre un unijambiste et un borgne au bord de mer
Le premier message, une carte postale en couleurs qui représentait le palais du Négus, à Addis-Abéba, et qui portait un timbre d'Éthiopie, disait :
 - On finit par se retrouver, crapule. Sous peine de mort, te souviens-tu ?
Ton vieux : JULES
Sous peine de mort de Georges Simenon

Le petit tailleur et le chapelier
Un serial killer et une récompense de 20’000 francs dans une ville où tout le monde à peur
Kachoudas, le petit tailleur de la rue des Prémontrés, avait peur, c'était un fait incontestable. Mille personnes, dix mille personnes plus exactement - puisqu'il y avait dix mille personnes dans la ville - avaient peur aussi, sauf les enfants en très bas âge, mais la plupart ne l'avouaient pas, n'osaient même pas se l'avouer devant la glace.
Le petit tailleur et le chapelier de Georges Simenon

Un certain Monsieur Berquin
Une micro-nouvelle sur un accident

L’escale de Buenaventura
Encore une micro-nouvelle, coloniale, celle-ci.

L’homme dans la rue
Maigret traque un homme dans la rue, de bars en cinéma, un tour de Paris

C'était une expérience que Maigret n'avait pas encore eu l'occasion de poursuivre jusqu'au bout : en combien de temps un homme bien élevé, bien soigné, bien vêtu, perd-il son vernis extérieur lorsqu'il est lâché dans la rue ?
L’homme dans la rue de Georges Simenon
Une nouvelle dispensable, éventuellement pour les collectionneurs et les aficionados du commissaire
Maigret 60/103

Vente à la bougie
Appelé pour un meurtre, Maigret tente de reconstituer le meurtre en huis-clos.

C'était le matelas qui se consumait lentement, un matelas de laine, et qui répandait une âcre odeur de suint. Sur ce matelas, Borchain, en chemise et en caleçon, était étendu, le crâne fracassé.
Il y avait le téléphone. A une heure du matin, Maigret était alerté. A quatre heures, il arrivait à travers un déluge, le nez rouge, les mains glacées.
Vente à la bougie de Georges Simenon
Une nouvelle comme un brouillon inabouti
Maigret 61/103

Le deuil de Fonsine
Deux soeurs liées par une haine tenace

Madame Quatre et ses enfants
Madame quatre habite au quatre et elle est la femme de… ?

En bref, 9 nouvelles, dont deux minuscules avec le commissaire Maigret. Et en dehors des deux-trois premières qui sont un peu plus développées, voici un recueil bien fastidieux. Comme des fonds de tiroirs assemblés de bric et de broc à postériori…

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Les petits cochons sans queue
Les jeunes mariées aiment recoudre les boutons.
Pour le coup de téléphone de sept heures, il n'y avait pas de doute : Marcel l'avait bien donné de son journal. Germaine venait à peine d'arriver au restaurant Franco-Italien, boulevard de Clichy, où ils avaient l'habitude de dîner et où ils se retrouvaient automatiquement quand ils ne s'étaient pas donné rendez-vous ailleurs. Ils y avaient leur table réservée, près de la fenêtre. Cela faisait partie de leur home.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pour le coup de téléphone de sept heures, il n'y avait pas de doute : Marcel l'avait bien donné de son journal. Germaine venait à peine d'arriver au restaurant Franco-Italien, boulevard de Clichy, où ils avaient l'habitude de dîner et où ils se retrouvaient automatiquement quand ils ne s'étaient pas donné rendez-vous ailleurs.
Ils y avaient leur table réservée, près de la fenêtre. Cela faisait partie de leur home. Elle avait eu juste le temps de s'asseoir et de constater qu'il était sept heures moins trois minutes quand Lisette, la petite du vestiaire, qui la regardait d'un air si curieusement ému depuis qu'elle était mariée et qui avait tant de plaisir à l'appeler madame, s'était approchée.
- Madame Blanc... c'est Monsieur qui vous demande au téléphone...Elle ne disait pas M. Blanc. Elle disait monsieur, et elle prenait un air si complice que c'était un peu comme si ce monsieur eût été leur monsieur à elles deux

Cécile est morte

Encore un Maigret qui commence par une boulette du commissaire. Il y a vraiment des paterns qui se retrouvent dans les différentes enquêtes : la victime qui aurait pu être évitée, la personne qui revient toujours au Quai pour voir le commissaire en personne… Les deux se retrouvent ici.

Au cours de chaque enquête retentissante, ou presque, il y avait au moins un journaliste pour publier un papier devenu en quelque sorte traditionnel : Les méthodes du commissaire Maigret.
Qu'il y vienne donc, le journaliste !... Maigret sortait du cinéma... Il mangeait... Il buvait de la bière... Il avait l'air, près de la vitre embuée de La Coupole, d'un gros bourgeois de province sidéré par l'activité de Paris...
À vrai dire, il ne pensait à rien... Il était boulevard Montparnasse et il n'y était pas, car il emmenait partout la maison en tranche napolitaine avec lui... Il entrait... Il sortait... Il guettait Mme Sauf-Votre-Respect dans son antre... Il montait et descendait l'escalier...
Cécile est morte de Georges Simenon

Une enquête où le commissaire se retrouvera accompagné d’un homologue de Philadelphie, M. Spencer Oats, venu en France pour tenter de comprendre les fameuses (fumeuses) méthodes du commissaire Maigret qui s’en sortira un peu miraculeusement in-extremis.

Maigret 42/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La pipe que Maigret alluma sur son seuil, boulevard Richard-Lenoir, était déjà plus savoureuse que les autres matins. Le premier brouillard était une surprise aussi plaisante que la première neige pour les enfants, surtout que ce n'était pas ce méchant brouillard jaunâtre de certains jours d'hiver, mais une vapeur laiteuse dans laquelle erraient des halos de lumière. Il faisait frais. Le bout des doigts, le bout du nez picotaient et les semelles claquaient sec sur le pavé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maigret s'en veut. Il aurait dû savoir. Elle lui avait pourtant demandé de l'aide.
Cécile venait chaque matin, les derniers temps, l'attendre dans l'antichambre de son bureau de la P. J., à tel point que ses collègues jasaient et se moquaient de lui. Elle attendait, espérait, racontait à nouveau que quelqu'un, chez sa tante, entrait sans laisser de traces. Visitait... Maigret était occupé. Un gang de Polonais. Les affaires courantes...
Il aurait dû savoir

Maigret s’amuse

Surmené, il est temps pour le commissaire de prendre un peu de repos ! Poussé par son ami Pardon, il se décide à prendre du repos… juste au moment où une affaire éclate à Paris. Saura-t-il laisser Janvier s’en charger, quitter Paris et profiter de ses vacances avec Madame Maigret ?

 - Calvados pour tout le monde ? demanda-t-il en tirant sa pipe de sa poche, au moment où la serveuse en tablier blanc apportait le café.
Il comprit le coup d'oeil que sa femme lui lançait, celui qu'elle lançait ensuite, plus furtivement, à Pardon. Il n'était pas ivre, ni même éméché. Il ne devait guère avoir bu plus que les autres, mais il n'en était pas moins conscient d'un certain pétillement de ses prunelles, d'une façon molle de parler qui ne lui étaient pas habituels.
Deux fois, pendant le dîner, Mme Maigret l'avait observé avec une pointe d'attendrissement, la première quand il avait commandé la friture de goujons, la seconde quand il avait réclamé ensuite une andouille grillée avec des pommes frites.
Maigret s’amuse de Georges Simenon

Un Maigret où ça bouffe et picole pas mal avec, en toile de fond, les impatiences d’un commissaire qui peine à lâcher prise

Maigret 78/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le commissaire à la fenêtre
Le petit vieux à barbichette sortait à nouveau de l'ombre de l'entrepôt, à reculons, regardait à gauche et à droite, avec un geste des deux mains comme pour attirer vers lui le lourd camion dont il dirigeait la manœuvre. Ses mains disaient :
- Un peu à droite... Là... Tout droit... Tout droit... Doucement... A gauche... maintenant... Braquez...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une cardiaque nymphomane et croqueuse de diamants.
Maigret s'est juré cette fois, pour des raisons de santé, de prendre de vraies vacances. Il donne à la PJ son adresse aux Sables-d'Olonne, mais reste à Paris où il compte flâner en compagnie de Mme Maigret. Il apprend, en lisant les journaux, que l'on a découvert boulevard Haussmann, dans un placard du laboratoire du docteur Jave, le corps dénudé d’Eveline, l’épouse du médecin. Maigret est passionné par l'enquête que mène en son absence l'inspecteur Janvier et qu’il suit en lisant les journaux, tout en se promenant dans Paris avec son épouse. Il envoie de temps en temps à Janvier des billets anonymes susceptibles de l'orienter dans ses recherches…

Maigret et le corps sans tête

Les meilleurs Maigret – à mon goût – sont ceux où Simenon s’attache à une personne, une famille ou un groupe (par exemple les habitants d’un immeuble, les client d’un bistrot…). À sa manière, il tente de les comprendre et de saisir leurs personnalités, les failles et les tensions. Et avec ce corps sans tête, il le fait très bien.

Les corps coupés en morceaux n'étaient pas rares, deux ou trois par an en moyenne, mais in- variablement, aussi loin que la mémoire du brigadier Depoil pouvait remonter, il s'agissait de femmes. On savait tout de suite où chercher. Neuf fois sur dix, sinon davantage, c'était une prostituée de bas étage, une de celles qu'on voit rôder la nuit autour des terrains vagues.
« Crime de sadique », concluait le rapport.
Maigret et le corps sans tête de Georges Simenon

Un Maigret ou apprend qu’il existerait des étages de prostituées et que ce sont celles du bas qu’on retrouve démembrées dans les canaux. Si la formulation est fort maladroite et datée, reste un fait bien sordide qui démontre (s’il était besoin) la considération (nulle) qui leur était est apportée.

 - Ce ne sont que des estimations, mais elles sont assez proches de la réalité. Voici d'abord le signalement de votre homme, pour autant qu'on puisse l'établir sans la tête. Il n'est pas grand; environ 1 m 67. Le cou est court, épais, et j'ai lieu de penser que le visage est large, avec une mâchoire solide. Cheveux sombres, avec peut-être quelques cheveux blancs vers les tempes, pas beau- coup. Poids: 74 kilogs. L'aspect devait être celui d'un homme trapu, plus carré que rond, plus musclé que gras, encore qu'il ait fini par s'empâter. Le foie indique un solide buveur, mais je ne pense pas qu'on soit en présence d'un ivrogne. Plutôt le genre de ceux qui prennent un verre toutes les heures ou toutes les demi-heures, surtout du vin blanc. J'ai d'ailleurs retrouvé des traces de vin blanc dans l'estomac.

Un Maigret ou l’on apprend aussi qu’un verre de blanc toutes les heures ou toutes les demi-heures, ce n’est pas de l’alcoolisme. Rions !

Maigret 75/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La trouvaille des frères Naud
Le ciel commençait seulement à pâlir quand Jules, l'aîné des deux frères Naud, apparut sur le pont de la péniche, sa tête d'abord, puis ses épaules, puis son grand corps dégingandé. Frottant ses cheveux couleur de lin qui n'étaient pas encore peignés, il regarda l'écluse, le quai de Jemmapes à gauche, le quai de Valmy à droite, et il s'écoula quelques minutes, le temps de rouler une cigarette et de la fumer dans la fraîcheur du petit matin, avant qu'une lampe s'allumât dans le petit bar du coin de la rue des Récollets.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'un après l'autre, les morceaux d'un cadavre, découverts par des mariniers, sortent des eaux du canal Saint-Martin, au-dessus de l'écluse des Récollets. Seule la tête demeure introuvable.

C'est dans un bistro voisin, sur le quai de Valmy, que Maigret va entreprendre de humer les mystères du quartier. Le patron du café, Omer Callas, est absent : au dire de sa femme Aline, il s'approvisionne en vins dans la région de Poitiers. Le policier a tôt fait de repérer les amants - l'un régulier, l'autre occasionnel - de cette femme évasive et sèche, adonnée à la boisson. Peu à peu l'étau se resserre autour d'elle. Mais quel intérêt pouvait-elle avoir à faire disparaître un mari aussi peu gênant ? La vérité surgira, étonnante, liée à ces paradoxes du cœur humain, à ces énigmes de la personnalité et du destin que Georges Simenon excelle à débusquer dans les existences les plus ordinaires

Maigret au Picratt’s

Un opus qui aurait pu aussi s’intituler Chasse à l’homme à Montmartre ou Maigret au striptease. Hélas, il aurait pu tout aussi bien titrer Sale époque pour les homos ou Ici, on aime pas les toxicos. Oui, pas terrible ! Alors que d’habitude Maigret ne juge pas avec une écoute généralement bienveillante, ici, c’est pas vraiment ça. Et c’est désagréable !

 - Je peux entrer, patron?
C'était Lapointe, qui tenait une feuille de papier à la main et paraissait très excité.
 - Tu as téléphoné pour de la bière ?
 - Le garçon de la Brasserie Dauphine vient de monter le plateau.
On ne l'avait pas encore porté dans le cagibi de Torrence et Maigret prit le demi tout frais, tout mousseux, le vida d'une longue lampée.
 - Il n'y a qu'à téléphoner qu'il en apporte d'autre !
Maigret au Picratt’s de Georges Simenon

Un tome malheureux qui ne passera pas aux filtres du wokisme. Témoignage d’une époque

Maigret 64/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pour l'agent Jussiaume, que son service de nuit conduisait quotidiennement, à quelques minutes près, aux mêmes endroits, des allées et venues comme celle-là s'intégraient tellement à la routine qu'il les enregistrait machinalement, un peu comme les voisins d'une gare enregistrent les départs et les arrivées des trains.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Personne, à la PJ, n'a pris au sérieux l'avertissement d'Arlette, une strip-teaseuse de Pigalle, ivre de surcroît : un nommé Oscar se dispose à assassiner une comtesse - dont le nom demeure inconnu. Pas pour longtemps... On la retrouve morte étranglée... et Arlette a subi le même sort. Installé au Picratt's, l'établissement montmartrois où travaillait la jeune femme, Maigret n'a plus qu'à observer et à questionner, dans ce milieu interlope où se côtoient filles faciles et mauvais garçons. Dans l'espoir de reconstituer la personnalité et les liens qui unissent trois personnages dont deux sont morts, et le troisième - le mystérieux Oscar - introuvable... Et nous découvrirons, de la Côte d'Azur à paris, l'inéluctable déchéance d'une femme fortunée, qui a peu à peu basculé dans un univers sordide

Maigret se trompe

Lorsqu’on lui pose la question de savoir s’il pense que… ? Maigret à l’habitude de répondre qu’il ne pense pas ! Dès lors, comment pourrait-il se tromper ?

Elle n'était pas jolie dans le sens habituel du mot, pas belle non plus, en dépit de ses traits réguliers. Mais elle était plaisante à regarder. Il y avait en elle comme une influence calmante. Malade, Maigret aurait aimé être soigné par elle. Et c'était aussi la femme avec qui on pouvait aller déjeuner ou dîner quelque part sans se soucier de lui tenir la conversation. Une amie, en somme, qui comprenait tout, ne s'étonnait, ne se choquait, ne s'indignait de rien.
Maigret se trompe de Georges Simenon

Et ici, comme à son habitude, Maigret questionne, tourne autour de son sujet, tâtonne, s’imprègne et évite une confrontation trop rapide et brutale.

Terne, la bibliothèque l'était encore davantage, mal éclairée, silencieuse comme une église vide, et à cette heure-là, il n'y avait que trois ou quatre personnes, des habitués probablement, à consulter des ouvrages poussiéreux.
Antoinette Ollivier, la sœur de Mme Gouin, le regardait s'avancer, et elle paraissait plus que ses cinquante ans, elle avait l'assurance un peu méprisante de certaines femmes qui semblent avoir découvert toutes les vérités.

Un opus avec de délicieuses descriptions de femmes, épouses, assistantes, bibliothécaires, bonnes, concierges qui gravitent toutes autour du mâle. Médecin brillant et homme à femmes.

 - Vous ne vous sentez pas parfois seul, dans le monde tel que vous le voyez?
 - L'être humain est seul, quoi qu'il en pense. Il suffit de l'admettre une bonne fois et de s'en accommoder.

Alors… Maigret s’est-il trompé ?

Maigret 71/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était huit heures vingt-cinq du matin et Maigret se levait de table tout en finissant sa dernière tasse de café. On n'était qu'en novembre et pourtant la lampe était allumée. A la fenêtre, Mme Maigret s'efforçait de distinguer, à travers le brouillard, les passants qui, les mains dans les poches, le dos courbé, se hâtaient vers leur travail.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui a tué Louise Filon, alias Lulu, ancienne prostituée du quartier de La Chapelle, alors qu'elle était enceinte ? Et qui payait son appartement cossu, dans le quartier des Ternes ? En cherchant la réponse à ces questions, Maigret va découvrir deux hommes dans la vie de la victime : Pierrot, le musicien de musette, et le professeur Etienne Gouin, une sommité du monde médical. Il va aussi plonger dans deux Paris on ne peut plus dissemblables : celui des pauvres et des mauvais garçons, celui - feutré, silencieux, orgueilleux aussi - d'une bourgeoisie opulente...Reste à découvrir le coupable. Et son mobile. Et pour cela, à affronter la personnalité imposante du médecin, que Maigret semble redouter...

La maison du juge

Une histoire un peu alambiquée (et alcoolisée, comme d’hab) avec un mort qui sort de chez le juge. Un juge avec une fille un peu… spéciale.

Du vin blanc ! Jamais de la vie Maigret n'eut autant envie de vin blanc, tant celui-ci semblait savoureux. Quant aux pommes de terre... Car il y avait des pommes de terre, en effet...
Cela rappelait des souvenirs d'enfance, des gravures que l'on trouve dans les livres de Fenimore Cooper ou de Jules Verne. On était en France, au cœur même d'un village français. Et cependant, on était très loin. Les deux hommes pouvaient être des trappeurs, ou des naufragés sur une île déserte. Leurs vêtements de travail n'étaient d'aucune époque. La barbe drue et informe de Marcel ajoutait à l'illusion.
Or, de son bout de fer, ce qu'il retirait des cendres, c'étaient de grosses pommes de terre brûlantes et noircies dont il faisait craquer dans ses gros doigts la peau calcinée. La chair jaune et fumante apparaissait. Il y donnait un coup de dents.
La maison du juge de Georges Simenon

Un polar en Vendée et qui sent l’Atlantique, la pêche et les moules sur les bouchots à marée basse. Avec un Maigret qui picole pas mal et qui finit par se fâcher lors d’une longue chansonnette !

Maigret 41/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La femme du douanier
- Cinquante-six, cinquante-sept, cinquante- huit... comptait Maigret.
Et il ne voulait pas compter. C'était machinal. Il avait la tête vide, les paupières lourdes.
- Soixante et un, soixante-deux...
Il jetait un petit coup d'œil dehors. Les vitres du Café Français étaient dépolies jusqu'à mi-hauteur. Au-dessus du dépoli, on n'apercevait que les arbres dénudés de la place et la pluie, toujours la pluie.
- Quatre-vingt-trois, quatre-vingt-quatre...
Il était là, debout, sa queue de billard à la main, et il se voyait dans toutes les glaces qui entouraient le café.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tombé en disgrâce sans trop savoir pourquoi, Maigret a été nommé en Vendée où il s'ennuie. Un jour pourtant, un douanier qu'il connaît lui envoie sa femme pour signaler la présence d'un cadavre dans la maison de leur voisin, un ancien juge en retraite. Maigret arrive dans un village de pêcheurs méfiants, obéissant à ses propres règles et faisant front devant l'étranger. Ce que Maigret va découvrir à force de patience dépasse le simple fait divers. Le juge ne nie pas. Il y avait bien un mort chez lui dont il a voulu se débarrasser à la faveur de la marée. S'il n'avait jamais vu la victime et ne sait pas comment ni pourquoi l'inconnu est venu se faire tuer chez lui, le petit homme, remarquable de calme et de distinction, a bien d'autres choses à raconter...

Un échec de Maigret

C’est clair, des fois, Maigret se plante. Mais en même temps, pour ne pas trop égratigner la légende, Simenon lui trouve bien des excuses, rend la victime détestable, les coupables presque légitimes ou alors même… innocents voir inexistants ?

Maigret était découragé d'avance. Il se sentait mal parti. Fumal était venu réclamer sa protection. Le commissaire ne l'avait pas cru et Fumal avait été tué d'une balle dans le dos. Tout à l'heure, sans doute, le ministre de l'Intérieur téléphonerait au directeur de la P.J.
Un échec de Maigret de Georges Simenon

Alors… échec ou demi-échec ?

Il semblait que c'était là le vice de Fumal: ruiner les autres, non seulement ceux qui se trouvaient sur son chemin ou qui lui portaient ombrage, mais ruiner n'importe qui, pour affirmer sa puissance, pour s'en persuader lui-même.

L’histoire du meurtre d’un odieux personnage qui serait certainement étiqueté aujourd’hui « pervers narcissique » et paranoïaque. Un ancien camarade d’école de Maigret, ami de ministre et sujet de lettres anonymes lui prédisant sa mort toute prochaine.

Un livre avec une toute-fin un peu trop morale pour être honnête

Maigret 77/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vieille dame de Kilburn Lane et le boucher du parc Monceau.
C'est à peine si Joseph, le garçon de bureau, fit, en grattant la porte, le bruit léger d'une souris qui trottine. Il entrouvrit l'huis sans un craquement, surgit si silencieusement dans le bureau de Maigret qu'avec son crâne chauve auréolé de cheveux blancs presque immatériels, il aurait pu jouer les fantômes.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le commissaire reçoit la visite de Fumal, homme d'affaires de grande envergure qui se plaint d'être l'objet de lettres anonymes menaçantes et demande à être protégé en raison de son importance financière et politique.
Maigret, qui l'a connu dans son enfance, le trouve toujours aussi antipathique et s'occupe de lui à contrecœur.
Bien que sa maison ait été surveillée, Fumal est découvert assassiné le lendemain matin.

Ceci n’est pas un roman érotique

Après le jubilatoire et très érotique Il est 14h, j’enlève ma culotte, Zoé Vintimille propose un journal / bio / autofiction / roman (que sais-je et qu’importe). Une histoire de femme, sans pudeur mais pas forcément impudique.

Écrire
En rentrant chez elle, en fin de journée, elle se met à écrire. Les premiers mots qu'elle pose sont pour raconter la rencontre qui vient d'avoir lieu, les pieds dans l'eau, comme elle avait l'habitude de le faire par le passé avec chaque homme qui entrait dans sa vie.
Elle a toujours pris des notes, avant, sur ses rencontres avec les hommes. Au début sans autre but que de poser un peu de distance avec ce qui venait de se vivre, et pour se souvenir aussi, d'une phrase dite, d'une odeur, d'un détail, d'une sensation physique particulière éprouvée pendant le sexe. Et puis, également, ce besoin de faire récit, d'être bien certaine, en le figeant par des mots, que ce qui a eu lieu a vraiment eu lieu.
Ceci n’est pas un roman érotique de Zoé Vintimille

Alors que les premiers courts chapitres parlent d’«elle», elle laisse finalement tomber la distance et se met à écrire «je». Comme un besoin de cesser de se regarder, l’urgence de vivre et d’être présente.

Serais-je en train de tomber amoureuse? Est-ce que je suis capable de tomber amoureuse d'un homme qui n'a qu'un livre dans sa chambre, et qui de son propre aveu ne l'a lu qu'à demi? Je me dis petite saleté d'intello qu'est-ce que tu es snob.

Une femme, sa découverte de la sexualité, un mariage, des enfants… et tout s’emballe rien ne se maîtrise, la vie bouscule. Le sexe, l’amour… plus rien n’est clair

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Elle naît à 18h45, une dizaine de minutes avant son frère et deux bons mois avant terme. Elle est donc biologiquement l'aînée, mais il paraît que, concernant les naissances gémellaires, une sombre coutume attribuerait au second-né le bénéfice du droit d'aînesse.
Absurde.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Elle rencontre le sexe assez tard, si l'on tient en considération les statistiques établies. Vingt et un ans. Elle traînait cette virginité comme un boulet, rêvait d'entrer enfin dans la vraie vie, de découvrir le frisson, mais, rien à faire, ça ne venait pas. Il a bien fallu qu'elle prenne les choses en main. »

Partant d'une blessure amoureuse, la narratrice dévide sa vie et remonte au plus loin qu'elle peut, retraçant la façon dont elle a construit son rapport au sexe et à l'amour. Et comment elle s'y est révélée autant qu'enfermée. Joyeux, excitants, dérangeants, les tableaux tirés de son expérience racontent la vie d'une femme d'aujourd'hui : mère célibataire chahutée, quarantenaire qui revendique ses choix, sa sexualité et son goût des histoires