Le guerrier de porcelaine

Le père de Mathias Malzieu, Mainou, a perdu sa mère durant la seconde guerre mondiale. Il se retrouve caché à neuf ans chez sa grand-mère en Lorraine alors que son père est soldat et fait prisonnier.

- Et alors elle a pas trouvé ça très romantique.
- C'est romantique une ferme, je trouve.
Les grillons continuent leur récital, un chien hurle comme un loup dans le lointain. L'Émile gare le vélo contre un petit chêne et nous nous adossons à son tronc. Il sourit et allume sa pipe. Sa façon à lui de faire la ponctuation. Le vent secoue ses branches et ça fait respirer une bonne partie du ciel. Les étoiles et la lune sont de bonne humeur.
— Tu as raison, mon petit, c'est très romantique une ferme.
Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu

C’est l’histoire de Mainou caché dans cette épicerie avec sa grand mère, sa tante bigote Louise et Émile son drôle d’oncle amoureux. Et aussi Marlène Dietrich la cigogne, Jean Gabin le hérisson, des poules et un curieux fantôme au grenier.

J'ai descendu l'escalier de la mort avec tant de coton dans les jambes qu'avec on aurait pu soigner toutes les égratignures de mon équipe de foot à Montpellier. La cigogne dormait dans mes bras avec les yeux ouverts, j'ai cru qu'elle était morte, mais étant donné qu'elle s'est mise à pisser, j'imagine que tout va bien.

Un récit d’une infinie tendresse, bourré d’humour, plein de rêves, de joies et de tristesses aux parfums de campagne, d’occupation, de bombardements, de peurs, d’interdits et de bonheurs.

Splendide !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Montpellier, villa Yvette, la Pompignane, le 4 juin 1944
Tu es morte cette nuit. Le jour s'est levé quand même. Mireille ne l'a pas vu, et je ne verrai jamais Mireille.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Mon père voyageait beaucoup et rapportait toujours de très bonnes histoires, qu'il racontait avec implication et malice... Mais sa plus grande histoire commençait par sa traversée de la ligne de démarcation, caché dans une charrette à foin. »
En juin 1944, le père de Mathias, le petit Mainou, neuf ans, vient de perdre sa mère, morte en couches. On décide de l'envoyer, caché dans une charrette à foin, par-delà la ligne de démarcation, chez sa grand-mère qui a une ferme en Lorraine. Ce sont ces derniers mois de guerre, vus à hauteur d'enfant, que fait revivre Mathias Malzieu, mêlant sa voix à celle de son père. Mainou va rencontrer cette famille qu'il ne connaît pas encore, découvrir avec l'oncle Émile le pouvoir de l'imagination, trouver la force de faire son deuil et de survivre dans une France occupée.
Il aura fallu plus de six ans à Mathias Malzieu pour écrire ce Guerrier de porcelaine, son roman le plus intime où, alliant humour et poésie, il retrace l'enfance de son père et s'interroge sur les liens puissants de la filiation

L’insoumis : l’Amérique de Mohamed Ali

Plus grand sportif de tous les temps ? Pourquoi pas. Lui, en tout cas semblait en être certain. Le plus beau aussi !

L’insoumis : l’Amérique de Mohamed Ali de Judith Perrignon

Drôle, attachant, arrogant, odieux, bête médiatique… les qualificatifs et les superlatifs ne manquent pas.

Hélas, ce livre basé sur des entretiens avec des journalistes, des amis et des personnes qui l’ont connu ne m’a pas emporté. Formaté pour la radio (média pour lequel il semble convenir parfaitement), le portage vers le livre ne m’a pas convaincu. Une ligne directrice, un parti-pris, un point de vue ou que sais-je m’a manqué et je m’y suis égaré. Zut, le boulot semblait là.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Le nom de Mohamed Ali évoque à lui seul le combat des hommes. C'est pourquoi il fascine tant, jusqu'aux générations qui n'étaient pas nées, et jusqu'au bout du monde. L'histoire avance puis recule. Ajoute puis soustrait. Ali est mort. Ali est vivant. Il revient hanter le rap sous forme de punchline, hanter les stades quand les sportifs américains s'agenouillent au moment de l'hymne national. Il reviendra sans cesse avec le ressac des colères noires.
Je suis partie sur ses traces, vers des voix et des mémoires où l'histoire d'Ali décante encore, le journaliste du î qui l'a suivi depuis son premier titre de champion du monde poids lourd, ses anciens compagnons de Nation of Islam devenus imams, Captain Sam qui l'entraîna tout jeune à la mosquée de Miami, ses copains d'enfance restés à Louisville... Pour tisser une fois encore cette vie hors norme que le temps rend floue. Replonger dans une époque folle, dangereuse, clivée et rêveuse, qu'aujourd'hui préférerait oublier.»
J. P.
Issu d'une série documentaire pour France Culture, L'Insoumis est un livre personnel et passionnant. La traversée d'un pays et d'une histoire autant que le portrait d'un homme

La cavalière

Retour sur un cas de 1976 dans l’éducation nationale. Une professeure agrégée de philosophie au lycée de Digne fut suspendue de ses fonctions et inculpée d’incitation de mineurs à la débauche.

La cavalière de Nathalie Quintane

Retour sur une époque post soixante-huitarde dans un livre à la structure et au style éclatés et déstructurés. Une lecture difficile, qui souffre de sa radicalité, de digressions incessantes, de ses références désordonnées et à un contexte qui m’est trop lointain

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La Cavalière, c'est elle, Nelly : une acharnée de la vérité qui met le feu partout où elle passe. Mais en ce milieu des années 1970, loin déjà de 1968, on est bien décidé à l'éteindre et pour cela à l'atteindre. Inculpation. Procès. Plus de quarante ans après des témoins parlent ; ils se souviennent d'elle - et de l'époque.

«On comprend mal le présent en partant du passé même si on ne peut comprendre le passé qu'à partir du présent. Mais est-ce que je cherche à comprendre ? Des choses montent - des vues, des bribes. Je les recopie, je les consigne. J'aimerais bien savoir si vous voyez ce que je vois, si vous entendez ce que j'entends, si vous pensez que j'exagère ou au contraire que je suis en dessous de la réalité.»

Mécaniques du fouet : vies de Sainte Eugénie

Une biographie mixant la bande dessinée, la peinture, le dessin, du texte et des réflexions personnelles. Un livre atypique et biscornu comme le fut la vie d’Eugénie Guillou (1861 – date de mort inconnue) et aussi fouillée que les traces de sa vie sont lacunaires.

Mécaniques du fouet : vies de Sainte Eugénie de Christophe Dabitch et Jorge González

De religieuse à mère maquerelle prodiguant le fouet, la vie d’Eugénie s’est déroulée à l’inverse d’une rédemption jusqu’à une fin inconnue.

En reprenant les rares vestiges de son passage principalement constitués de son dossier judiciaire, Christophe Dabitch restitue une histoire hypnotique – et un peu glaucasse quand même – très bien mise en valeur par les peintures et dessins aux techniques mixtes et déroutantes de Jorge González.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Eugénie Guillou fut nonne puis spécialiste de la fessée et des mises en scène sexuelles à Paris, au début du XXe siècle.
On la surnommait «La Religieuse»
Elle voulait être indépendante et inventer sa vie, elle aimait le théâtre du fouet. Disparue, morte, oubliée, elle n'a laissé que quelques traces, comme des petits cailloux.
Aujourd'hui, celui qui vous raconte son histoire a ramassé les petits cailloux.
Il y a un siècle entre eux, mais ils se parlent.
Il l'appelle Eugénie, puis Sainte Eugénie, parce qu'elle le vaut bien.
Laisse-moi t'appeler mon Chou.
Ce n'est pas vraiment mon style...
Ça fait pute, comme dans les romans de genre.
Ça doit te plaire puisque tu vas raconter mon histoire

Mohamed Ali, Kinshasa 1974

Passionné de photographie et de bande-dessinées, Jean-David Morvan contacte avec succès l’agence Magnum pour une série autour des photographes phares de l’agence. Ici, Abbas, le photographe d’un des combats du siècle passé : Ali – Foreman.

Mohamed Ali, Kinshasa 1974 de Jean-David Morvan, Abbas et Raphael Ortiz

Alternant habilement les photos et le dessin, cet album retrace plus la destinée de Mohamed Ali (et George Foreman) que la vie du photographe. Les clichés du monstre photogénique Ali valent absolument le détour.

Pourtant je suis resté un peu moins fan du dessin et du traitement des mouvements des boxeurs.

Un dossier complète la BD pour en saisir l’historique de création.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le 30 octobre 1974 au Zaïre a lieu le combat de boxe le plus célèbre du vingtième siècle. Surnommé « The Rumble in the Jungle », il oppose Mohamed Ali, qui souhaite reconquérir sa ceinture de champion du monde, et George Foreman, le tenant du titre.

Foreman est une véritable machine à frapper. Il vient de vaincre par K.O. les deux seuls boxeurs à avoir battu Ali. De son propre aveu, Ali est terrifié à l'idée de l'affronter sur le ring...

Présent sur place, le photojournaliste Abbas immortalisera cette rencontre légendaire et les conservera dans ses archives pendant 36 ans avant de les dévoiler. Dans ce livre au croisement du documentaire, du photoreportage et du roman graphique, se révèlent donc dans leur contexte les images percutantes de l'un des plus grands photographes de l'agence Magnum Photos. Nourri par la parole d'Abbas lui-même, le scénario de Jean-David Morvan est mis en scène avec vigueur et rigueur par le dessinateur Rafael Ortiz

Isadora

Julie Birmant propose ici une Isadora Duncan emportée par sa soif de vivre, un peu illuminée et capricieuse, obsédée par la gloire et rencontrant le grand monde à la recherche de notoriété.

Isadora de Julie Birmant et Clément Oubrerie

Malheureusement, peu de danse et d’envolée alors que le dessin de Clément Oubrerie est absolument parfait pour ces représentations.

Une artiste radicale qui tente d’imposer sa vision de la danse, peut-être un peu trop moderne pour l’époque

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Isadora Duncan a vingt ans et c'est une énigme.
Comment cette Américaine sans le sou, exaltée, aussi libre que naïve, parvient-elle au sommet de la gloire en 1903 ?

Scandaleuse sans le savoir, petite flamme que rien ne peut éteindre - sauf peut-être une écharpe trop longue - elle danse sa vie et ne ressemble à personne.

La musique la traverse, Chopin ou Wagner, elle bouge en s'inspirant des vagues, de la Grèce antique, de Rodin.

Que vient donc voir la foule qui se presse à ses spectacles ? Un phénomène, une artiste aux pieds nus ou une guerrière vaillante, livrant bataille contre l'Histoire et ses tragédies ?

Le mode avion

Quelle merveille, quel cadeau !

Le mode avion de Laurent Nunez

Laurent Nunez m’avait ébloui avec ses mots nouveaux et voilà qu’il s’est mis en tête de nous faire une double biographie en partant d’une statue quelconque dans un bled perdu… Deux linguistes obscurs dont nul ne parle plus aujourd’hui, Étienne Choulier et Stefán Meinhof… D’ailleurs, à bien y regarder… Où donc peuvent bien se trouver leurs pages Wikipédia ?

Un bijou, une pépite d’humour et de tendresse à lire d’urgence ou à réserver pour les froides nuits auprès du feu.

Merci !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Choulier et Meinhof étaient de jeunes professeurs de grammaire, discrets, charmants, ambitieux et doués : mais par-delà le goût de l'apprentissage, la volupté de l'étude, la passion de la transmission, tous ces beaux et nobles sentiments dont leurs proches les félicitaient - et qu'ils ne ressentaient vraisemblablement pas -, ils auraient aimé découvrir quelque chose, apposer leurs deux noms sur un nouveau continent mental, déterrer un trésor philologique, construire un beau système philosophique, présenter au monde, enfin ! , une théorie incroyablement neuve

Premier sang

Amélie Nothomb quitte à nouveau la fiction pour la biographie. Après elle, voici son père. Son enfance, orphelin de père à la naissance, élevé par ses grand-parents et ne voyant que trop peu sa mère, splendeur fuyante.

Puis vinrent les débuts diplomatiques mouvementés (euphémisme) en tant que consul belge au cœur de la rébellion Simba à Stanleyville.

Premier sang de Amélie Nothomb

Et là encore… si l’autrice possède un grand talent de conteuse… Arrivé bien vite au bout des quelques pages, je me suis demandé… et alors ? La page Wikipédia de l’Opération Dragon rouge aurait-elle suffit ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Rendant hommage à son père décédé pendant le premier confinement imposé durant la pandémie de Covid-19, l'écrivaine prend pour point de départ un événement traumatisant de la vie du défunt pour se plonger dans ses souvenirs d'enfance. Alors qu'il est militaire et négocie la libération des otages de Stanleyville au Congo, Patrick Nothomb se retrouve confronté de près à la mort

Je préfère les génies aux abrutis : confidences inédites

Au travers d’entretiens avec Laurent Brémond, Anne se confie sur sa vie, sa jeunesse, ses convictions écologiques et sa fuite du star-system

Je préfère les génies aux abrutis : confidences inédites de Laurent Brémond et Anémone

Un témoignage touchant, un dernier au revoir avant de se faire enlever par un cancer

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le succès est-il gage de bonheur ? En retraçant, à travers ses propres souvenirs, les cinquante ans de carrière d'Anémone, ce livre dévoile les secrets d'une actrice déçue par la célébrité, qui avait choisi de déserter le jeu des apparences pour se retrouver face à elle-même. Son parcours enseigne une double leçon de courage : elle a tourné le dos à un milieu privilégié pour se risquer sur les chemins du 7e art, puis s'est délibérément éloignée des sirènes du succès.

Anémone parle donc. Sans tabou. La période hippie et l'éveil à une conscience politique et écolo, les premiers tournages, la fac et Mai 68, les débuts dans les cafés-théâtres - c'est l'époque de La Veuve Pichard et du Splendid -, les premiers grands rôles, Le père Noël bien sûr, les rencontres... Puis viennent les années de vedettariat, qu'elle déteste, ses relations avec les acteurs, les metteurs en scène, Le Grand Chemin, le César... Enfin, le retrait de la vie publique, les prises de position politiques, les coups de gueule...

Riche et franc, ce récit restitué par Laurent Brémond raconte aussi la maladie et les derniers jours de la comédienne.

Je préfère les génies aux abrutis, ou le portrait d'une femme décidément actrice puisqu'elle fit le choix de tirer sa révérence en jouant son propre rôle

The White Darkness

Le livre des obsessions d’un homme, l’Antarctique et la personnalité d’Ernest Shackleton, qui mèneront à plusieurs reprises Henry Worsley à monter des expéditions au Pôle Sud sur les traces de son idole.

The White Darkness de David Grann

Le récit d’efforts surhumains au milieu d’un enfer blanc, nu et hostile

Avec des tons parfois grandiloquents… Toutefois bien en deçà des exploits décrits. Ceux des grands explorateurs !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« L'homme se sentait comme un grain de poussière dans le néant gelé. Tout autour de lui, il voyait la glace s'étendre jusqu'aux confins de la Terre : de la glace blanche et de la glace bleue, des langues et des saillies de glace. Il n'y avait pas de créatures vivantes en vue. Pas un phoque ni même un oiseau. Rien, à part lui. Il avait du mal à respirer et à chaque expiration la buée gelait sur son visage : un lustre de cristaux pendait à sa barbe ; ses sourcils étaient durcis par le givre, tels deux spécimens préservés dans la glace ; chaque fois qu'il battait des paupières, ses cils craquelaient. Si tu prends l'eau, t'es mort, se répétait-il fréquemment. Il faisait près de moins quatre degrés, mais la sensation de froid était renforcée par le vent, lequel soulevait parfois un nuage aveuglant de particules de glace qui le fouettait et le désorientait tant qu'il basculait, ses os s'entrechoquant à l'impact contre le sol. »