L’indésir

L’indésir est une quête, celle de Nuria qui enterre sa mère. Une mère qu’elle ne connait pas, qu’elle n’a pas vue depuis 8 ans, une mère absente. Le deuil d’une inconnue.

Abel lève les yeux vers moi. Elle est belle comme toi. Elle n'est pas belle, cette femme. Elle est mauvaise, elle est seule, elle est malheureuse, elle n'est qu'elle et rien ne lui survit. Rien d'autre que les larmes de bébé croco d'un jeune idiot qui se tapait une vieille. Elle n'est pas comme moi. Je crache ça avec mépris.
L’indésir de Joséphine Tassy

Mais aussi une rencontre avec Abel.
bats-toi pour ton désir
attise-le comme un feu qui réchauffe et ne brûle pas 
attise-le comme le feu du jaune de tes yeux
Je ne sais pas quels sont les mots sortis de sa bouche et quels sont ceux sortis de ma tête. Tout s'est mélangé. Ça n'a pas d'importance.
Par faiblesse, j'aurais pu penser: c'est le destin.

Deux événements qui se percutent pour lui donner une chance de ressentir à nouveau, de désirer et de vivre.

Un livre marquant tant par son écriture que sa thématique difficile, une fille qui n’a pas été aimée par sa mère. Comment oser vivre, aimer ou désirer

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce matin, je me suis réveillée avec une impression d'hier.
J'ai regardé mes pelures de la veille abandonnées là où hier je les ai laissées.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce matin, Nuria s'est réveillée avec une impression d'hier. Dans la nuit, son téléphone a sonné : sa mère est morte. Elle ne ressent rien, aucun chagrin pour cette étrangère qu'elle n'a pas vue depuis huit ans. Avec Abel, un garçon croisé en boîte, elle part à la rencontre des drôles d'individus qui ont connu sa mère. Nuria cherche des réponses sans poser de questions. Sauf une, qu'elle garde pour elle. Le souvenir de cette femme qui n'a jamais voulu d'elle la renvoie à l'indésir qui lui colle à la peau.

Les silences des pères

Rachid Benzine continue à explorer les relations familiales et creuse ici la difficile communication père-fils. Cette vague qui part de l’admiration aveugle à la honte, l’incompréhension ou la colère…
Mais un jour c’est la fin. Et… ? S’était-on tout dit, avait-on réussi à parler, avait-on quelque chose à se dire ?

Je roule à grande vitesse sur l'autoroute de Besançon. Mon assistante a fait annuler le prochain concert. Il me fallait poursuivre le voyage. Je crois que j'ai eu ces simples mots : « C'est important. » Elle a compris sans qu'il faille se perdre en explications. J'ai comme l'étrange sentiment d'avoir été trompé, que mon père était différent, que c'était un autre homme. Depuis la mort de mon frère, puis de ma mère, j'avais raté tant de choses, mais était-ce de ma faute ?
Les silences des pères de Rachid Benzine

Une histoire de toute beauté qui m’a laissé vidé. Une écriture magnifique pour dévoiler toutes ces émotions qui n’avaient jamais pu naître.

Une merveille

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le pianiste est penché sur son clavier. Ses bras tombent sur l'instrument, épuisé, comme vaincu. Ses mains sont cachées par l'immense piano. Dans la salle de concerts de l'Opéra de Cologne, l'auditoire reconnaît les notes de la sonnerie annonçant habituellement le début d'un concert. Le silence se fait. Ce n'est pourtant pas s l'avertissement mais le concert lui-même qui débute. L'improvisation durera une heure et six minutes.
Keith Jarrett n'avait pas dormi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable. Maintenant que l'absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses soeurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu'il débarrasse l'appartement, il découvre une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu.
Il en écoute une et entend la voix de son père qui s'adresse à son propre père resté au Maroc. Il y raconte sa vie en France, année après année. Notre narrateur décide alors de partir sur les traces de ce taiseux dont la voix semble comme resurgir du passé. Le nord de la France, les mines de charbon des Trente Glorieuses, les usines d'Aubervilliers et de Besançon, les maraîchages et les camps de harkis en Camargue : le fils entend l'histoire de son père et le sens de ses silences

À demain

La vie est fragile et il arrive qu’elle bascule, que l’on cède, qu’on ne puisse plus, que tout semble trop lourd…

Elsa part pour une cure de jeune de vingt et un jours. Ce livre est son journal.

Jeudi 28 juillet 16 h 53
Je suis prête.
C'est la transition qui est importante. Un jeûne, tout le monde peut le faire. Savoir revenir, tenir. Il est là, le challenge. Encore un.
J'ai l'impression de passer ma vie à sauter des obstacles.
À demain de Elsa Wolinski

Elle y parle de la douleur du deuil de ses parents, de l’attentat et du cancer de sa mère. Elle parle aussi de ses troubles alimentaires obsessionnels. Et finalement, un peu aussi de drogue et de ses anciens conjoints toxiques. Une façon de tenter un gros nettoyage alimentaire et cérébral.

C’est tout simple, très sincère et touchant. Difficile d’être la fille de… Difficile d’être soi.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Maryse cherche son sac. Elle est en retard.
Georges dessine. Il est à son bureau. L'appartement du boulevard Saint-Germain est pensé pour que chacun ait son intimité. Adélaïde, l'aide ménagère qui les supporte depuis plus de vingt ans, s'affaire dans la cuisine.
Les pigeons de Georges viennent d'arriver sur le balcon. Il leur parle. Le couple roucoule à la fenêtre de Wolinski.
Georges se replonge sur sa feuille blanche. Il est fatigué. C'est l'heure de sa sieste. Sa tête est lourde.
Il n'aurait pas dû manger autant, se dit-il. Ses yeux se ferment et il commence à somnoler.
Et pa-ta-tras.
Tout est blanc. Il ne voit plus rien.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« La cure dure trois semaines. J'ai vingt et un jours. Vingt et un jours pour écrire ce livre, vingt et un jours pour aller mieux, vingt et un jours pour comprendre.
Vingt et un jours de bouillon pour laisser le vide m'accaparer, pour me lover dans le rien, retrouver quelqu'un que j'ai perdu sur le chemin.
Je pars faire une sorte de reset sans sauvegarde complète. Je suis accro aux médocs, accro au sucre, accro au mal-être. Heureusement que j'ai de l'humour, sinon tout cela pourrait paraître triste ou pathétique.
J'ai décidé d'arrêter de faire semblant. »

Elsa Wolinski se retrouve, se libère, se raconte dans un récit à la fois tendre, sincère et humain

Fleurs de crachat

Un livre hypnotique, dur, aride, sec, limite désagréable et malaisant. Un livre qu’il faut reprendre à plusieurs fois, déposer, reposer et laisser poser. un livre à la rythmique hallucinée qui nous plonge dans la folie d’un deuil. Flore à perdu sa mère et elle ne s’en remet pas. Médicaments, psy, alcool… rien n’y fait, la spirale semble sans fin.

O.K., ce n'était pas une idée géniale. Il y a deux nuits, j'ai bourré mon corps débile de médicaments et d'alcool. Ce n'était pas très malin. Et quand j'ai dégueulé dans la nuit et que l'Fêlé s'est précipité hors de sa chambre pour m'aider en me parlant de la décomposition de Maman dans le cimetière, j'ai regretté, franchement regretté. Ce n'est pas comme ça que je vais m'en débarrasser, de ce connard! Et quand ma fille a pleuré et que j'ai eu du mal à me lever pour la consoler, la lover dans mes bras, je ne me suis pas trouvée particulièrement futée.
Fleurs de crachat de Catherine Mavrikakis

Ajoutez un frère absent et un autre schizophrène (ou approchant, je n’ai pas vraiment compris) qui squatte la cave avec des amis, un travail de chirurgienne dans un milieu hostile (ou est-ce Flore que tout agresse ?), une fille de quatre ans…

Un livre difficile d’accès, mais qui brillamment raconte une femme qui sombre

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je gâche tout. C'est comme ça. Moi, Flore Forget, indigne fille de feu Violette Hubert, ma mère, je dois bien l'avouer, je pourris tout. Je fais tout foirer, tout tourner. Une mauvaise mayonnaise. C'est ce que je fais de la vie. Je saccage, je ravage, je ruine, je pulvérise. Je rêve follement d'éradiquer le facile. Je plastronne fièrement avec mon air de pimbêche, de soldate amarante et ma gueule ramenarde de G.I. goulue. Je pense éperdument arracher la vie au fumier sur lequel elle croît si bien, la salope. Je me prends pour un grand vent, une rafale, un raz-de-marée, un noroît, une tourmente. Je fais dans le jugement dernier.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La chirurgienne toxicomane Flore Forget ne fait pas dans la dentelle. Quand sa mère, Violette Hubert, meurt un Vendredi saint dans le même hôpital où elle termine une opération, Flore se met à vaciller dans le brouillard profond qui l’enveloppe, entre la crise de nerfs et un grave délire névrotique. Et lorsque s’ajoute à cette fin du monde le retour de son frère aîné, Florent, surnommé « l’Fêlé », avec dans ses bagages les morceaux d’un puzzle familial ravagé par les atrocités de la Seconde Guerre, rien, mais rien ne va plus.

On comprend alors que le délire verbal – décapant et survolté et révolté et incendiaire – de Flore est le seul espoir qui lui reste, avec sa fille de quatre ans, Rose, à qui elle voudrait épargner sa propre douleur de vivre et la sauver du désastre général. Elle entreprend ainsi une plongée dans les profondeurs de l’identité familiale pour y circonscrire son identité personnelle, et peut-être se libérer du poids du monde qui l’écrase davantage chaque jour.

On était des loups

Bienvenue dans le grand nord canadien. Enfin… Bienvenue n’est pas forcément le bon terme. Ici, tout est dur, froid, inhospitalier. La nature, faune, éléments et même les rares humains qui s’y accrochent.

Ce qui m'a semblé bizarre c'est quand on est arrivés. On avait dû garder un sacré rythme parce qu'il faisait encore jour donc le problème ne tenait pas à la lumière mais je ne trouvais pas ce qui merdait. Quand on est sortis des bois pour traverser le champ en haut de la maison j'ai compris ce que c'était et c'était qu'Aru ne m'attendait pas.
On était des loups de Sandrine Collette

On était des loups est certes un magnifique nature-writing qui m’a souvent rappelé Jack London, mais aussi un très beau livre sur l’humain. Seul face à ses décisions, sa morale, ses engagements.

Je suis en colère contre la terre la vie le monde, et le monde je jure je lui ferai la peau. La peau du monde je la tendrai sur un cadre, je la raclerai jusqu'à la dernière miette de sa chair et je l'exposerai devant chez moi pour que l'on sache ce qui se passe quand on me fait du mal. La peau du monde ce sera mon trophée, je la brandirai comme on brandit un crâne, je l'assécherai comme on sèche un cœur ce sera un lambeau une squame une toile et sur cette toile je réécrirai quelque chose avec le sang de mes veines avec le sang de ma haine, la peau du monde ce sera mon vêtement.

Un homme fou de colère, son fils de cinq ans et deux chevaux (les gros) au milieu des terres hostiles

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est la nuit je regarde l'enfant qui dort. Un tout petit enfant, il ne sait rien du monde, il ne sait rien faire. Un enfant ce n'est pas fait pour la vie, cette vie-là je veux dire qui est immense et brutale devant lui devant nous.
La vie qui.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu'il s'est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l'attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d'un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.

Au milieu de son existence qui s'effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n'est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d'autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d'un enfant terrifié.

Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d'une nature aussi écrasante qu'indifférente à l'humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l'instinct paternel et le prix d'une possible renaissance

La tristesse de l’éléphant

Il y a tout dans cette bande dessinée. L’histoire est d’une rare poésie, le dessin crayonné superbe alterne entre monochrome et un rouge et bleu aux couleurs cirque, des personnages attachants… C’est magnifique.

La tristesse de l’éléphant de Nicolas Antona, dessins de Nina Jacqmin

Mais c’est triste aussi (peut-être limite mélo, mais c’est réussi).

L’histoire de (Lou-)Louis, un garçon orphelin en surpoids, souffre douleur du pensionnat qui tombe amoureux d’une petite dresseuse d’éléphants.

Une merveille !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu sais, mon vieux compagnon...
Quelqu'un m'a dit un jour :
« La vie, c'est des étapes...
La plus douce, c'est l'amour,
La plus dure, c'est la séparation,
La plus pénible, c'est les adieux,
La plus belle, c'est les retrouvailles. »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Louis est un adolescent mal dans sa peau élevé chez les jésuites. Il n'a pas d'ami et sert de bouc émissaire à ses camarades. Mais cette existence morose s'illumine quand Louis se rend au cirque Marcos et qu'il y retrouve Clara, une jeune dompteuse d'éléphants

Catharsis

Ce n’est pas vraiment une bande dessinée, mais ce n’est pas non plus juste un carnet de croquis. C’est plus sûrement le cri de douleur d’un dessinateur.

Catharsis de Luz

Luz était arrivé en retard, mais assez tôt pour voir ses amis partir sous les balles lors de l’attentat de Charlie Hebdo. Ces dessins témoignent d’un douloureux chemin vers la guérison.

Un livre qui n’est pas sans rappeler Dessiner encore de Coco.

Un album intime et très touchant.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un jour, le dessin m'a quitté, le même jour qu'une poignée d'amis chers. À la seule différence qu'il est revenu, lui. Petit à petit. A la fois plus sombre et plus léger..
Avec ce revenant, j'ai dialogué, pleuré, ri, hurlé, je me suis apaisé à mesure que le trait s'épurait.
Tous deux, nous avons essayé de comprendre. Nous nous sommes dit, le dessin et moi, que nous ne serions plus jamais les mêmes.
Comme tant d'autres.
Ce livre n'est pas un témoignage, encore moins un ouvrage de bande dessinée, mais l'histoire de retrouvailles entre deux amis qui ont failli un jour ne plus jamais se croiser.
Luz


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après les attentats terroristes contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, le dessinateur du journal signe cet album intime et libérateur. Une thérapie par le dessin dans lequel il livre ses pensées et évoque son quotidien bouleversé par l'événement.

Reste

C’est peu dire qu’après Une vraie vie, j’étais impatient de lire le roman suivant Adeline Dieudonné. Sa compilation de nouvelles romancée dans Kérozène m’avait moins convaincu, mais là, c’est une réussite !

J'ai interrompu le bouche-à-bouche. Quelque chose a lâché à l'intérieur de moi, comme une corde de piano, sectionnant tout sur son passage. Mon corps s'est affaissé sur le sien. Je n'ai pas crié. Je n'ai pas pleuré. Le silence. Tout s'est arrêté. Toutes mes sensations. Juste le silence. La collision avec le réel arrache tout, brise l'entendement, écorche si profondément que les émotions se taisent. Pourquoi mon cœur ne s'est-il pas arrêté lui aussi ?
Reste de Adeline Dieudonné

Face à la mort subite de son amant dans un lac face au chalet de montagne dans lequel ils s’étaient retrouvés, une femme va…

Je crois que j'ai toujours été vieille. Je me suis peu droguée, la came me fait peur - à l'exception des joints, mais ça ne compte pas, le cannabis est une drogue de vieux -, j'ai peu fait la fête, j'ai baisé peu de mecs. J'ai préféré la lecture et l'ennui. J'aime l'ennui. J'aime le vertige des journées interminables. Peut-être parce que, face à ce vide, la mort me semble désirable, je cesse d'en avoir peur. J'ai consacré une partie de ma vie à créer les conditions de l'ennui. C'est sans doute pour ça que je n'aime pas la vie de couple. L'autre remplit. Mon temps, mon espace.

Et tout est là, dans ces trois petits points ! Comment réagir, comment laisser l’autre partir, laisser la passion s’éteindre ?

Comment peut-on accepter ce que notre cerveau n’arrive pas à comprendre ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mardi 5 avril 2022.
M. est là, allongé près de moi. Il est mort.
Il est mort.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je ne suis pas certaine d'avoir pleinement saisi ce qui m'est arrivé, ni ce qui m'a conduite à agir comme je l'ai fait. Certains matins, tout me semble limpide. À d'autres moments, je me vois comme un monstre, une créature que je ne reconnais pas, qui m'aurait possédée dans un instant de vulnérabilité. Mais je crois que cette image vient du regard des autres.

J'ai fait ce que je pouvais.

Il n'y a pas de morale à cette histoire. Tout ce que je sais, c'est que je vous dois les faits. Je vais donc m'attacher à les relater pour vous, et sans doute aussi pour moi, avec toute la précision dont je suis capable. Ils m'emmèneront sur des territoires obscurs, dans les marécages de ma conscience et, pour quelques secondes encore, contre la peau de M. »

La délicatesse

Après la perte brutale de son mari, la très belle et séduisante Nathalie s’investit dans son travail. Elle reste insensible aux charmes des hommes qui viennent se fracasser sur son armure… Jusqu’à Markus, moche et maladroit.

Dans le tiroir, il y avait aussi un petit miroir. Elle le prit pour s'observer, comme le ferait un homme qui la verrait pour la première fois. Elle se leva, se mit à marcher, fit des allers-retours dans son bureau. Les mains sur ses hanches. À cause de la moquette, on n'entendait pas le bruit de ses talons aiguilles. La moquette, c'est le meurtre de la sensualité. Mais qui avait bien pu inventer la moquette ?
La délicatesse de David Foenkinos
Une bluette qui n’est malgré tout pas sans qualités.

Amusant, dans l’adaptation en bande dessinée de Cyril Bonin, je ne m’étais pas rendu compte que Markus était aussi disgracieux.

PS : spéciale dédicace pour l’humour des notes de bas de page !

Et merci pour la recette 😉

Ingrédients nécessaires pour le risotto aux asperges
200 g de riz Arborio (ou riz rond)
500 g d’asperges
100 g de pignons de pin
1 oignon
20 cl de vin blanc sec
10 cl de crème liquide
80 g de parmesan râpé
huile de noisette
sel
poivre

Pour les tuiles au parmesan
80 g de parmesan râpé
50 g de pignons de pin
2 cuillères à soupe de farine
quelques gouttes d’eau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Nathalie était plutôt discrète (une sorte de féminité suisse). Elle avait traversé l'adolescence sans heurt, respectant les passages piétons. À vingt ans, elle envisageait l'avenir comme une promesse. Elle aimait rire, elle aimait lire. Deux occupations rarement simultanées puisqu'elle préférait les histoires tristes.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Nathalie et François sont heureux, ils s'aiment et semblent avoir la vie devant eux...
Mais, un jour, la belle mécanique s'enraye. François décède brutalement.
Veuve éplorée, le cœur de Nathalie devient une forteresse où même les plus grands séducteurs vont se heurter.
Sauf un : Markus, un collègue terne et maladroit, sans séduction apparente. Sur un malentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour cet outsider de l'amour, c'est un signe du destin : il se lance à sa conquête... tout en délicatesse.

Ceci n’est pas un fait divers

Un très beau livre, mais très affreux !

L’histoire racontée par un jeune de 19 ans qui apprend par sa soeur de 14 ans au téléphone que papa vient de tuer maman. Dans la cuisine.

Et puis, baissant la voix alors que personne ne pouvait m'entendre, j'ai posé la question: comment maman était-elle morte? Il a esquivé: « Vous ne préférez pas être sur place pour que je vous communique ces informations? » J'ai compris que ce qu'il avait à m'apprendre était atroce. J'ai insisté et il a cédé, recourant néanmoins à une formule policière, réglementaire, pour en atténuer la portée, probablement : « Utilisation d'une arme blanche ». Ma mère avait donc été poignardée. « À de multiples reprises. » Ma mère avait été lardée de coups de couteau.
Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson

Un féminicide raconté avec toute la douceur d’un jeune homme, au printemps de sa vie et qui voit son monde s’écrouler, dynamité !

Comment vivre encore, comment protéger ceux qui restent, comment se protéger, gérer la culpabilité, faire le deuil de la maman tuée et d’un père assassin ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au téléphone, d'abord, elle n'a pas réussi à parler.
Elle avait pourtant trouvé la force de composer mon numéro, trouvé aussi la patience d'écouter la sonnerie retentir quatre fois dans son oreille, puisque j'étais occupé à je ne sais quoi à ce moment-là et que j'ai décroché à la dernière extrémité.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils sont frère et sœur. Quand l'histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.

Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : « Papa vient de tuer maman. »

Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.

Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d'un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre