Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Un couple malade sous les yeux de leur fils.Le confessionnal de Georges SimenonDans ce confessionnal, la chambre du fils – principalement, père et mère viennent plaider leur cause sans même trop savoir comment. Une valse hésitante et gênée devant un ado solitaire qui ne rêve que de s’échapper de ce qui ne le concerne pas et partir retrouver Francine, manger des glaces et préparer son bac.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) - Qu'est-ce que tu prends ?
- Et toi ?
Il n'hésita que quelques secondes, mais pourquoi aurait-il joué un rôle, pourquoi ne se serait-il pas montré tel qu'il était, avec ses véritables goûts ?
- Un frappé au chocolat.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À la suite des retrouvailles de deux anciens compagnons d'études, le dentiste Bar et le médecin Boisdieu, l'un pratiquant à Cannes et l'autre à Nice, leurs enfants ont sympathisé : André, nature solitaire, qui vit replié sur lui-même, trouve en Francine une jeune fille pure, très spontanée, issue d'un foyer uni, ce qui n'est pas du sien. Un jour, à Nice, en compagnie de Francine, il voit sa mère sortir d'une maison et regagner sa voiture. Une petite enquête lui apprend qu'elle y avait un rendez-vous galant.
Des personnages attachants, une intrigue rondement menée et la boucle est bouclée ! Oui, les jeux de mots sont faciles ici. La lecture aussi, mais sans y voir un défaut, au contraire : c’est fluide et les pages se tournent avec impatience.Ceinture de Céline RobertUne très bonne ceinture qui enserre cinq protagonistes plus où moins volages dans la ronde de leurs désirs
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Jean est assis sur le canapé en velours gris, devant la fenêtre. Le soir est tombé et le salon est éclairé par de petites lampes qui nimbent d'une lumière tamisée le tapis persan et les cartes anciennes aux murs. Les enceintes en bois, encastrées dans la bibliothèque où des centaines de livres s'entassent chaotiquement, diffusent le Porgy and Bess de George Gershwin. Est-on vraiment obligés de vivre dans un putain de Woody Allen ? se demande Lauren
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Elle ne ressent rien de particulier en sa présence, si ce n’est une envie irrépressible de lui plaire. Elle se sent exister dans son regard sans nuance.»
À quarante ans, Lauren trompe son mari pour la première fois, sans la moindre culpabilité. Maxime, son amant, est un séducteur sans vergogne. Nadia, sa femme, brillante avocate en burn-out, est troublée par Emma, leur baby-sitter, elle-même tombée sous le charme de son professeur, Jean, respectable universitaire tiraillé entre son attirance pour son élève et l’amour qu’il porte à sa femme, Lauren.
Tous sont liés par le désir dans une boucle impossible.
Avec humour et précision, Céline Robert entraîne ses personnages dans une danse finement menée et signe un grand roman sur l’amour et la séduction.
Journal d’une ambitieuse… Quelque en soit le prix.La fanatique de Lolvé TillmannsMagdalena sera une reine ! C’est sa destinée, elle le sait, elle le veut, elle sera !Après un amour malheureux et un riche mariage ennuyeux, Magdalena sera Goebbels ! L’histoire d’une amorale ambitieuse – fascinée par la force et le pouvoir – sur fond d’extermination. Quelque en soit le prix de la désillusion.
Lolvé Tillmanns dresse le portrait assez fascinant d’une fanatique d’elle même plus que d’une idéologie, qui se rêve reine et se retrouve ventre du Reich
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ma mère ne crie pas, elle souffle. Elle mord sa bouche, l'air siffle entre ses dents. Elle est seule, maman. Seule à Bülowstrasse, dans une chambrette qu'elle a louée pour m'extraire de son corps.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Magdalena Goebbels a soutenu Hitler jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la chute au fond de son bunker berlinois. Cette grande bourgeoise, cette beauté polyglotte s’est donnée, corps et âme, à un régime ultraviolent qui considérait les femmes comme des ventres de qualité variable. Qui était cette femme considérée comme le symbole de l’extrémisme et de l’aveuglement? Lolvé Tillmanns va fouiller l’enfance,
l’adolescence, les années qui l’ont modelée, la passion inconditionnelle qu’elle mettait dans ses
attachements, qui l’ont figée dans un destin qu’elle aurait, peut-être, pu infléchir.
Lolvé Tillmanns jette une lumière crue sur l’effroyable banalité du mal, et sur son ambiguïté.
Et, à chaque ligne, résonne une question lancinante, effrayante, irrésolue :
pourquoi ?
De son vivant, Gabriel García Márquez ne souhaitait pas publier ce roman (nouvelle ?). Et pourtant, 10 ans après sa mort parait Nous nous verrons en août ! Qu’en penser ?
Certes, l’éditeur et les enfants semblent avoir des arguments et le livre n’est vraiment pas dénué de qualités… Mais ! Nous nous verrons en août de Gabriel García Márquez
Incapable de trancher sur ce fond polémique, voilà une nouvelle fraîche et titillante sur le désir d’une femme mariée.
Tous les ans, un soir, sur l’île, après avoir déposé des glaïeuls sur la tombe de sa mère, Ana Magdalena trouve… un nouvel amant
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Elle revint dans l'île le vendredi 16 août par le bac de trois heures de l'après-midi.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Il était absurde d'attendre une année entière pour soumettre au hasard d'une nuit le restant de ses jours. »
Une fois par an, le 16 août, Ana Magdalena Bach prend un ferry pour passer une nuit sur l'île où est enterrée sa mère. Indifférente à la splendeur des Caraïbes, elle se contente de déposer un bouquet de glaïeuls sur sa tombe avant de retrouver son mari. Mais l'été de ses quarante-six ans, une aventure avec un inconnu va précipiter son destin.
Ana Magdalena découvre l'infidélité et la passion des corps en même temps que le dépit amoureux. Prise dans une spirale érotique, chaque pèlerinage sur l'île lui réserve un nouvel amant. En comprenant l'origine de l'attachement de sa mère à cette lagune peuplée de hérons bleus, Ana Magdalena échappera-t-elle au sortilège des Caraïbes ?
Nous nous verrons en août est une oeuvre d'une intense sensualité dans laquelle Gabriel García Márquez déploie tout son talent pour brosser le portrait d'une femme libre. La publication de ce roman inédit annonce les retrouvailles exceptionnelles avec le prix Nobel de littérature colombien.
Lorsqu’on lui pose la question de savoir s’il pense que… ? Maigret à l’habitude de répondre qu’il ne pense pas ! Dès lors, comment pourrait-il se tromper ?
Maigret se trompe de Georges Simenon
Et ici, comme à son habitude, Maigret questionne, tourne autour de son sujet, tâtonne, s’imprègne et évite une confrontation trop rapide et brutale.
Un opus avec de délicieuses descriptions de femmes, épouses, assistantes, bibliothécaires, bonnes, concierges qui gravitent toutes autour du mâle. Médecin brillant et homme à femmes.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il était huit heures vingt-cinq du matin et Maigret se levait de table tout en finissant sa dernière tasse de café. On n'était qu'en novembre et pourtant la lampe était allumée. A la fenêtre, Mme Maigret s'efforçait de distinguer, à travers le brouillard, les passants qui, les mains dans les poches, le dos courbé, se hâtaient vers leur travail.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Qui a tué Louise Filon, alias Lulu, ancienne prostituée du quartier de La Chapelle, alors qu'elle était enceinte ? Et qui payait son appartement cossu, dans le quartier des Ternes ? En cherchant la réponse à ces questions, Maigret va découvrir deux hommes dans la vie de la victime : Pierrot, le musicien de musette, et le professeur Etienne Gouin, une sommité du monde médical. Il va aussi plonger dans deux Paris on ne peut plus dissemblables : celui des pauvres et des mauvais garçons, celui - feutré, silencieux, orgueilleux aussi - d'une bourgeoisie opulente...Reste à découvrir le coupable. Et son mobile. Et pour cela, à affronter la personnalité imposante du médecin, que Maigret semble redouter...
Une histoire à mettre dans les grands classiques de Maigret. Un polar « sociologique » qui s’intéresse à un couple bien aisé (Monsieur est notaire et il possède une des études les plus en vue de Paris) mais qui ne se côtoie plus, ne s’aime plus et ne se croise plus que rarement dans un grand appartement. D’ailleurs, monsieur s’absente régulièrement dans les bras de jeunes filles et madame boit à la maison. Madame boit beaucoup !
Et madame débarque dans le bureau du commissaire pour signaler la disparition de monsieur Sabin-Levesque…
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Maigret jouait, dans un rayon de soleil de mars encore un peu frileux. Il ne jouait pas avec des cubes, comme quand il était enfant, mais avec des pipes.
Il y en avait toujours cinq ou six sur son bureau et, chaque fois qu'il en bourrait une, il la choisissait avec soin selon son humeur.
Son regard était flou, ses épaules tassées. Il venait de décider du reste de sa carrière. Il ne regrettait rien, mais il en gardait une certaine mélancolie.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Voilà longtemps que Nathalie Sabin-Levesque sait à quoi s'en tenir sur les fugues de son mari. Tandis qu'elle sombre peu à peu dans l'alcool, rejetée par l'entourage de ce confortable notaire du faubourg Saint-Germain, Gérard, qui ne l'aime plus, se distrait dans les boîtes de nuit des Champs-Elysées, où les professionnelles le connaissent sous le nom de monsieur Charles. Mais cela fait un mois maintenant que Gérard n'a pas reparu... C'est à l'histoire d'un couple depuis longtemps désuni que Maigret va s'intéresser ici, telle que lui permettent de la reconstituer les témoignages des amis et des domestiques. Et à une femme dont l'ascension sociale aura été payée du prix de la solitude et de la déchéance
Un recueil de nouvelles macédoniennes, quelle heureuse surprise ici. Écrites par une femme, en plus. Je veux !
Mon cher mari de Rumena Bužarovska
Et c’est très drôle (bon, pas toujours, il y a aussi des drames). On sent quelques petites différences culturelles, des relations de couples un poil plus tradi que dans la littérature française, et ces onze portraits de maris (et amants) brossés par leurs épouses (et maîtresses (et autres complications)) sont pour la plupart très réussis.
Cap sur la Macédoine du Nord où souffle un vent d’émancipation, de liberté et de vie !
Des nouvelles où se côtoient le rire, le drame, le malaise, la viande et le sexe… la vie, donc
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) J'ai rencontré Goran à un festival de poésie. Ses cheveux commençaient à grisonner - maintenant ils sont complètement gris, mais il pense que cela fait partie de son « nouveau sex-appeal », comme il m'a dit un jour.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Des nouvelles de Macédoine du Nord grâce à ce remarquable recueil où, tour à tour, onze femmes détaillent sans tabous leur vie conjugale. Tableau drôle et grinçant du couple et des rôles de chacun et chacune dans la société macédonienne, coincée entre conservatisme et envie de modernité. Une interrogation ironique sur le très sérieux sujet de l’amour et du mariage à la mode balkanique
Raphaël, architecte, dans ce qui ressemble fort à un burn-out ou une grosse crise de la cinquantaine, décide de tout arrêter pour écrire, comme sa femme, écrivaine à petit succès. En panne d’inspiration pour son livre mettant en scène un nazi pétomane, il tombe sur les carnets de sa femme dans lesquels il lit ce qu’il n’aurait jamais dù ! Sa femme a un amant, et bien monté !
Anatomie de l’amant de ma femme de Raphaël Rupert
S’en suit une bonne grosse descente en déprime obsessionnelle, plutôt sexo-drolatico-philo-fantasmatico-masturbatoire
Validé par Beigbeder… Fallait-il le préciser.
C’est bien ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) À midi, je suis allé faire un tour et je me suis souvenu de quelque chose concernant les débuts de roman. Plus précisément l'introduction des personnages principaux dans un récit. L'auteur se sent parfois tenu de justifier le choix de l'identité qu'il a réservée à ses personnages.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À trop fréquenter la littérature, il arrive qu'on tombe dedans. Lecteur invétéré, époux d'une écrivaine nantie d'un petit renom, architecte en rupture de plans, le héros de ce premier roman n'est pas avare de confidences sur son grand projet : écrire un livre, lui aussi. Mais son écran d'ordinateur ne se remplit que d'images qui ralentissent son travail tout en accélérant son flux sanguin... Les affres de la création deviennent de terribles compagnons dont on se distrait d'un poignet actif. Alors, le jour où par ennui ou par dépit, notre homme commet l'incorrection de parcourir le journal intime de sa femme, il en est puni par une découverte qui porte un nom : Léon, et par une révélation : c'est un amant hors normes. Affolé, vexé mais stimulé, il se lance dans une enquête qui a tout d'une quête : pourquoi chez lui sexualité et littérature sont-elles autant liées ? Cet amateur de théories cocasses s'épanche et nous entraîne, l'air de rien, dans la dernière des grandes aventures : celle qui mène à soi
Comment choisir ? Peut-on voir la beauté de ce qui nous est imposé ? Les yeux de ma voisine sont-ils plus verts que ceux de ma femme ?
Le roi des cons de Idi Nouhou
Un livre drôle et naïf dégageant une candeur délicieuse dont il faudrait se méfier de trop en rire.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) "Voici un roman qui nous vient du Niger. Oubliez ce que vous savez du Niger. Oui c'est un pays pauvre, peut-être le plus pauvre. Non, y être une femme n'est pas facile. Oui, la faim n'y est jamais loin, et oui il y a des dunes magnifiques, où furent détenus des otages français, près d'Arlit. Idi Nouhou ne va pas radicalement bousculer ce que vous savez. Mais il va tout déplacer, comme les dunes sous le vent. Le roi des cons est le récit d'un homme partagé entre deux genres de femmes : leur complémentarité semble classique, mais s'avère un peu plus complexe que le schéma occidental de la maman et de la putain. Ne serait-ce que parce que la"putain", selon nos critères, y est voilée comme la maman, et que la maman y est d'une audace redoutable...
C'est un Niamey sensuel, érotique et drôle que nous révèle Idi Nouhou ; mélancolique aussi. Et c'est dans la bouche d'une femme que revient la proustienne phrase : Il n'est pas mon genre."
Marie Darrieussecq
C’est triste comme le mauvais temps, la solitude et l’isolement. Il y a du sexe, mais sans paroles, il y aurait bien des cris, mais ils ne sortent pas, il y a des pleurs, mais on ne voit que les larmes.
Madeleine de Amanda Sthers
Ça fout un peu le blues quand-même.
Un livre déconseillé aux dépressifs, avec quelques clichés et effets de styles dispensables, mais à l’atmosphère bien rendue.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Il l'a vouvoyée. Il n'a parlé de rien. Ni de maisons, ni de ce lit, ni de cette fois. Est-ce un rendez-vous ? Une deuxième visite ? Il a donné l'heure d'arrivée de son avion. Le même, même jour. Déjà deux mois plus tard. Le souvenir est bien là, brûlant sur les cuisses de Madeleine. Est-ce qu'il faut aller chez le coiffeur ? Du noir, ça mincit mais la peur aussi, le lointain. Du marine ? Du marron ? Du temps, pas beaucoup ? Que dit-elle ? Elle dit oui, je vous attendrai. Le silence est long. "Vous me reconnaîtrez ?" essaie-t-elle. Il ne répond même pas. Elle ne sait pas comment on attrape un homme, ils lui glissent entre les doigts comme du vif-argent, et celui-là est bien plus qu'un homme. Il est celui qu'elle aime, celui qu'elle attendait.»