La fuite de Monsieur Monde

Qui n’a jamais rêvé, pris par la vie, la tête dans le guidon, le boulot, les factures… de tout plaquer et de partir en Ardèche pour élever des chèvres ?

Il ne s'était certes pas désincarné. Il était toujours M. Monde, ou Désiré, plutôt Désiré...
Non ! Peu importe... Il était un homme qui avait traîné longtemps sa condition d'homme sans en avoir conscience, comme d'autres traînent une maladie qu'ils ignorent. Il avait été un homme parmi les hommes et il s'était agité comme eux, poussant dans la cohue, tantôt mollement, tantôt avec acharnement, sans savoir où il allait.
Or voilà que, dans les rayons lunaires, il voyait soudain la vie autrement, comme à l'aide de prodigieux rayons X.
Tout ce qui comptait auparavant, toute l'enveloppe, la pulpe, la chair, n'existait plus, ni les faux-semblants, ni presque rien et ce qu'il y avait à la place...
La fuite de Monsieur Monde de Georges Simenon
Pour Monsieur Monde, ça lui est tombé dessus d’un coup, comme ça, il est passé à la banque et il a pris le train, laissant femme, enfants et entreprise prospère. Direction le Sud, Marseille. Et on verra bien.

L’histoire touchante et sensible d’un homme qui fuit avant de dépérir. Sa dernière chance

Le 52e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était cinq heures de l'après-midi, à peine un peu plus ─ une légère flexion de la grande aiguille vers la droite ─, quand, le 16 janvier, Mme Monde fit irruption, en même temps qu'un courant d'air glacé, dans la salle commune du commissariat de police.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
A quarante-huit ans, secrètement déçu par son existence, Norbert Monde décide de tout quitter, sa femme Thérèse, ses enfants, son entreprise d'exportation. Délibérément il choisit une vie errante, marginale et pauvre, qui le conduit bientôt dans un médiocre hôtel marseillais.
C'est là qu'il rencontre Julie, une jeune femme malheureuse qu'il empêchera de se suicider. De la façon la plus imprévue, Monsieur Monde va retrouver le chemin qui mène vers les autres, et vers son ancienne existence... Aucun roman n'est plus typique de l'univers de Georges Simenon, de sa fascination pour les existences en apparence les plus ternes, pour les décors en demi-teinte, pour les marges de la société.
Aucun de ses personnages n'est aussi singulier et mystérieux que ce Monsieur Monde, personnage ordinaire qui découvrira au fond de lui les voies d'une seconde naissance et d'une « froide sérénité ».

La confession

Voilà un livre qui pourrait être vraiment drôle s’il n’était aussi désespérément réaliste. (Bon, j’avoue, je me suis bien marré quand-même !)

L'été de notre premier anniversaire de mariage, après qu'Hugues était rentré du Tchad, sans écrin de bijoutier mais avec une petite sculpture de guerrier sao, difforme et inquiétante, achetée sur le marché de N'Djamena, l'une de ces « africonneries » qu'affectionnent nos militaires, nous avons passé trois jours dans une communauté monastique de la banlieue lyonnaise pour « discerner où le Seigneur allait nous donner de porter du fruit» et « prendre nos décisions à la lumière de l'Évangile », comme l'indiquait l'article du site dont Hugues m'avait envoyé le lien peu avant son retour, exalté de m'apprendre qu'une place s'était libérée pour participer en couple à cette retraite courue par nombre de jeunes officiers et leurs épouses.
La confession de Romane Lafore
La confession, c’est une jeune croyante intégriste catholique, mariée à un militaire, pro-vie convaincue et militante, qui se désespère, mois après mois, règles après règles, de voir son ventre rester vide.

Plongée au cœur d’un activisme crasse et d’une mauvaise foi absolue. Un livre brillant qui, par la candeur d’une confessée, décrit les affres de la prise de conscience d’une jeune femme en plein désespoir face aux injonctions de son éducation, de sa famille, de ses amies, son milieu social et de son église. À la découverte de ses propres désirs, de sa liberté

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Vous avez l'air étonné que je sois revenue. Moi aussi. Après tout, je n'ai pas besoin de vous pour recevoir ma pénitence. Jusqu'au bout, j'ai hésité à faire demi-tour. Il y avait un homme effrayant en bas des marches. Il n'était pas là, la première fois, ou bien étais-je trop bouleversée pour le remarquer. Entortillé dans son sac de couchage, affalé sur un carton, il avait l'air de dormir ─ et puis il s'est redressé d'un coup en m'entendant approcher.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quel crime a commis Agnès pour ressentir aujourd'hui l'impérieux besoin de se confier ?

Cette jeune catholique pratiquante était pourtant parvenue à rendre sa vie conforme à son rêve de petite fille et au scénario souhaité par son milieu : à vingt ans, elle avait rencontré son futur mari au très prisé bal du Triomphe des saint-cyriens, elle avait abandonné sans regret ses études pour le suivre en régiment à Bayonne, où elle avait attendu tranquillement que s'accomplisse sa destinée de mère de famille nombreuse. Engagements, foi, sociabilité : elle avait tout bien fait. Mais les années ont passé, et son ventre est resté vide. Cette maternité qui se refuse, en instillant chez Agnès le sentiment de son imperfection et de son inutilité, a provoqué en elle une fissure. Au point de la pousser à commettre ce qui ressemble au pire, à ses yeux comme à ceux de sa communauté.

Dans ce roman haletant et glaçant, Romane Lafore met en scène une jeune femme, hantée par le bien et le mal, qui tente de trouver son chemin entre culpabilité et liberté.

Les noces de Poitiers

Le roman de la désillusion, de la pauvreté, de la fin des rêves. Ces noces de Poitiers ne font pas rêver. C’est crasse et sans espoir pour ce jeune couple qui se marie, faute de pouvoir cacher leur faute à l’époque où une grossesse hors mariage était impossible dans une petite ville et où l’avortement était interdit, dangereux et condamné. (Des temps révolus ? Pas sûr !)

Je n'en ai pas honte, au contraire. C'est encore une vérité qui n'a pas cours à Poitiers, mais qu'ici il est bon de te mettre dans la tête : plus un homme a de dettes, à Paris, et plus il est considéré, plus il a de crédit... Parfaitement, de crédit... Par contre, il y a une chose qu'on ne te pardonnera jamais : de faire pauvre... Eh bien! mon petit, ne te vexe pas, tu fais pis que pauvre...
Il s'écoutait parler, regardait la fumée de sa cigarette égyptienne à bout doré qui parfumait le bureau, remplissait de vermouth doré les verres qu'il avait apportés.
Tu es encore trop nouveau à Paris pour comprendre... Mais tu comprendras un jour... Par exemple, c'est sans importance que tu décharges les légumes aux Halles, la nuit... Tu pourrais, à la rigueur, coucher sous les ponts ou vendre des journaux dans la rue... Il y en a un qui vendait des journaux dans la rue et qui est aujourd'hui directeur de trois grands théâtres...
Les noces de Poitiers de Georges Simenon
Direction l’anonymat de Paris avec encore l’espoir de pouvoir y fonder leur famille et faire leur vie. Mais comment faire sans argent ?

Tout va mal et rien ne va mieux.

Une sombre histoire, d’une tristesse absolue

Le 54e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quelqu'un qui parlait dut soudain se taire. Mais qui parlait à ce moment-là ? Gérard, quelques secondes plus tard, était incapable de s'en souvenir. Peut-être même personne ne parlait-il ? Sans doute, dans ce cas, le changement eût-il été moins frappant ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Douze personnes qui se taisent dans une arrière-salle lors d'un repas de noce. Et le marié, à la lumière déclinante du soir, qui devine son avenir dans un élan tragique de lucidité ! Auvinet, pourtant, a vingt ans et trouvé une bonne place à Paris. Il va enfin donner libre cours à ses rêves, quitter sa province alanguie et les contraintes de la promiscuité. N'est-il pas courageux, travailleur et vaillant ? N'a-t-il pas pour épouse une douce jeune femme ?.... La réalité d'une grande ville, surtout lorsqu'on y arrive avec des mensonges plein les poches, est autrement plus féroce comme une révélation de soi-même...

Le fils

Dans une longue lettre adressée à son fils, un père se raconte.

Pourtant, en dépit d'une sécheresse voulue, on devine, à l'arrière-plan, une vie brillante, souvent insouciante, des réceptions, des bals, des intrigues où se mêlent l'amour et la politique. 
Non seulement ma mère et ses sœurs ont connu cette existence, mais ma mère a tenu, sur une scène dont le décor était celui des dernières cours, un rôle brillant. Pour elle, Édouard VII, Léopold II, l'empereur d'Allemagne, les grands-ducs, n'étaient pas des noms dans les journaux et les manuels, mais des êtres en chair et en os qui ont souvent, pour certains, figuré sur son carnet de bal.
Elle était belle, son portrait au pastel qui se trouve dans mon bureau en fait foi, et, ce qui te surprendra sans doute, elle avait une vitalité débordante, un dynamisme, comme on dit aujourd'hui, qui en faisait le centre de toutes les fêtes. Plus libre d'allures que la plupart des jeunes filles de son monde en ce temps-là, on lui a imputé, sinon des aventures, tout au moins des imprudences qui alimentaient la chronique scandaleuse.
Le fils de Georges Simenon
Mais cette confession qui semble peine d’humilité tire en longueur. A force de circonvolutions et de rajouts biographiques sur sa famille, tout cela lasse et s’enlise pour donner un portrait de vieux sage aux blessures mal cicatrisées.Ils se sont rencontrés à un bal officiel, quelques mois après le fameux duel dont on devait encore parler, et mon père est tombé follement amoureux. 
Vois-tu à quel point on doit se méfier de certaines images ? Cette vieille femme énorme, à la chair malsaine, que tu n'as connue que dans son fauteuil, l'œil fixe, l'esprit absent, était alors une des jeunes femmes les plus vives et les plus spirituelles de Paris, où ses irrévérences faisaient scandale.Certes, la fin est très impressionnante et pourrait rattraper ce livre qui m’a quand même fait bâiller à plus d’une page

Le 88e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mon fils,
Est-ce que ces deux mots-là te font sourire ? Suffisent-ils à trahir ma gêne ? Je n'ai pas l'habitude de t'écrire. Au fait, je me rends soudain compte que je ne t'ai plus écrit depuis le temps où, enfant, tu partais en vacances plus tôt que moi avec ta mère et où je t'envoyais de courts billets.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Peu après la mort de son père, Alain Lefrançois décide de se raconter par lettre à son fils, Jean-Paul, au moment où il va devenir un homme. Il lui parle de la vie de ses grands-parents, gens de la haute bourgeoisie, de son métier, qui le satisfait, et de sa vie conjugale, qui n'est qu'une demi-réussite. Au rappel de récentes disputes familiales relatives à la succession, il remonte à la période de ses études de droit à Poitiers, de sa mobilisation, de son mariage ; il évoque ses réactions lorsqu'il apprit qu'il allait être père. Enfin, Lefrançois en arrive, « malgré sa répugnance », à parler de son adolescence et de sa jeunesse. Celle-ci est lourde d'un secret.

Faubourg

Un petit voyou, un peu souteneur, un peu arnaqueur et un peu instable arrive désargenté dans la petite ville de son enfance en compagnie d’une ex prostituée.

Il était dans le fiacre, en habit, le haut-de-forme sur les genoux, les traits plus fins, plus nerveux que d'habitude, et sa mère soupirait :
 - Cela me rappelle il y a vingt ans, quand ton cousin Jean s'est marié... Dans la voiture, il a avoué soudain à sa mère :
« - Maman, je marche à l'autel comme on marcherait au supplice ! Je n'ai jamais aimé Antoinette. Je ne l'aimerai jamais... »
De Ritter regardait les maisons qui défilaient dans le soleil et sa mère poursuivait après un nouveau soupir :
 - Hélas! il le fallait bien... Dis-moi, René... Avec moi, tu peux être franc... Avoue qu'il faut que tu te maries...
Faubourg de Georges Simenon
Le décor parfait de Simenon pour y tirer le portrait d’un homme tiraillé par ses rêves et ses frustrations dans un monde (une époque ?) où les hommes sont rois et les femmes à leur service, amoureuses, aimantes, soumises, travailleuses, sacrifiées

Le 21e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ils furent seuls à descendre du train et, dédaigneux du souterrain, ils attendirent le départ du convoi pour traverser les voies. Les wagons défilèrent, sans lumières, rideaux tirés. Tout le monde dormait.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
René Chevalier revient avec une amie, Léa, dans sa ville natale qu'il a quittée vingt-cinq ans auparavant. Les gens ne le reconnaissent pas. Il erre dans les rues pendant plusieurs jours et Léa ne comprend les raisons pour lesquelles il a voulu venir habiter cette ville. Il se décide enfin à aller voir sa mère, sa tante et une jeune fille, Marthe, qui a toujours été amoureuse de lui. Il l'épouse, mais va chaque jour voir Léa dont les mœurs faciles provoquent un jour le drame inévitable...

Les innocents

Dernier des romans durs de Simenon, les innocents est paru en 1972. Et c’est un très bon Simenon ! Alors, certes, la fin s’annonce aussi évidement que le camion du début. Pas vraiment de suspense ici. Mais comme souvent dans ses livres, c’est par sa connaissance de l’âme humaine et son talent à la décrire que Simenon impressionne.

D'évoquer ainsi ses souvenirs du passé ne l'empêchait pas de rester attentif, malgré lui, à ce ce qui se passait autour de lui. Il aurait voulu que la vie soit finie, que la terre cesse de tourner parce que Annette était morte, mais il avait, en arrivant dans l'atelier de la rue de Sévigné, un coup d'œil vers la baie vitrée qui découvrait un ciel qui, depuis quelques jours, restait d'un même bleu pastel, avec le rose des poteries de cheminées qui tranchait sur le gris des toits.
Il saluait chacun d'un mot gentil et ils devaient être persuadés qu'il allait mieux.
Il réalisait maintenant, à son établi, le bijou qu'il dessinait quand le brigadier était venu lui annoncer son malheur. Et il le faisait avec amour, comme s'il le dédiait à Annette.
Pour lui, elle restait vivante et parfois, quand il était boulevard Beaumarchais, il était sur le point de lui adresser la parole.
Les innocents de Georges Simenon
Un homme perd sa femme brutalement, shootée par un camion. Son monde s’écroule.

Et ce n’est pas fini

Le 117e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Même la giboulée de mars qui tombait depuis une heure était savoureuse, car elle donnait à l'atelier une couleur plus intime. On retrouvait les toits de Paris que la pluie laquait d'un noir bleuâtre et le ciel était d'un gris qui gardait une certaine luminosité.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Depuis seize ans, Georges Célerin est associé à son ami Brassier dans une entreprise de bijouterie : le premier dessine les bijoux et dirige l'atelier, le second s'occupe des commandes et de la vente. Célerin vit en parfaite harmonie avec sa femme Annette, leurs deux enfants et ses collaborateurs. Un accident stupide va changer la destinée de cet homme heureux : Annette, qui travaille comme assistante sociale dans le quartier de la Bastille, se fait écraser par un camion en traversant la rue Washington, dans un quartier où, apparemment, elle n'avait rien à faire.

Après ce coup terrible, Célerin n'est plus le même homme. Sur les traces de la morte, il cherche à savoir ce qui s'est passé.

Galette au miel

Tout d’abord, c’est très beau ! Les illustrations de Kat Menschick sont magnifiques avec leurs tons en violet et jaune. Une grosse réussite graphique dans la lignée des précédentes nouvelles de Murakami.

 — Tu étais en train d'écrire ?
 — Plus ou moins...
 — Une nouvelle ?
Jumpei acquiesça d'un signe de tête.
 — Ça marche bien ?
 — Comme d'habitude. J'écris des nouvelles, elles sont publiées dans une revue littéraire, et personne ne les lit.
 — Moi, je lis tout ce que tu écris.
 — Merci, tu es gentille, dit Junpei. Mais les nouvelles, tu vois, comme forme littéraire, c'est à peu près aussi suranné que les bouliers.
Galette au miel de Haruki Murakami, illustrations de Kat Menschik
Et l’histoire n’est pas en reste ! Une nouvelle où se mêle conte, enfance et… une histoire d’amour à trois temps.Alors certes, le format court souffre peut-être de sa superficialité et Murakami ne semble pas toujours à son aise dans les scènes plus intimes, mais voilà un petit plaisir à goûter comme son titre nous y invite

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Masakichi avait pris tellement de miel qu'il ne pouvait pas tout manger, aussi en a-t-il mis dans un seau pour aller le vendre à la ville au pied de la montagne. L'ours Masakichi était un célèbre cueilleur de miel.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
- Je crois que c'est parce qu'elle a trop regardé les informations. Les images du tremblement de terre de Kobe sont sans doute trop impressionnantes pour une petite fille de quatre ans. Depuis le séisme, elle se réveille toutes les nuits. Elle dit que c'est un vilain monsieur qu'elle ne connaît pas qui vient la réveiller.

Elle l'appelle le « Bonhomme Tremblement de Terre ».

Quand la femme dont il est secrètement amoureux lui révèle que sa petite fille est en proie à un cauchemar récurrent, Junpei, auteur de nouvelles, invente l'histoire d'un ours mélomane capable d'apaiser toutes les peines...

Superbement illustrée, une histoire tout en délicatesse et mélancolie en forme d'hommage pudique du maître Murakami aux victimes du séisme de Kobe, et à ceux que leurs failles intérieures font parfois vaciller.

Noces

Un tout petit livre, fort conceptuel, sur le temps qui passe…

Noces de Laurence Boissier

Et les noces ponctuent le temps comme des sous-titres d’une page à remplir

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
coton cuir froment cire bois chypre laine coquelicot


Maud Martha

Maud Martha, c’est l’enfance, la jeunesse, le mariage et la famille d’une femme noire à Chicago dans les années 40.

Ses rêveries n'appartenaient qu'à elle. Elle aimait rêvasser à des textures aussi douces que de la mie de pain, à la lumière, à la beauté sophistiquée, à des surfaces aussi étincelantes que des joyaux. Il n'y avait aucun mal à cela, n'est-ce pas ? Par ailleurs, qui pouvait jurer qu'elle ne réaliserait pas son rêve? Pas complètement, d'accord! Mais au moins en partie ?
Elle avait dix-huit ans et le monde attendait. De pouvoir la caresser.
Maud Martha de Gwendolyn Brooks

C’est donc aussi la violence du racisme, l’inexorable patriarcat, la pauvreté, les petits appartements miteux, les boulots avilissants…

Elle avait aspiré à quelque chose de solide. Elle avait aspiré à quelque chose de chatoyant, de chaleureux, mais qui fût dur aussi, comme du roc, incassable. Elle avait aspiré à établir... une tradition. Elle avait aspiré, pour leur propre usage, pour elle, pour lui, pour la petite Paulette, à un ensemble de coutumes inébranlables. Elle avait aspiré à de la pierre ; seulement voilà, elle se conduisait comme son épouse, apaisante, attentive en tous points, maternante - bref, la voilà qui fêtait Noël en faisant passer des bretzels et des bières.

Mais aussi, les joies de l’enfance, de la maternité, les rêves de l’amour et l’humour cruel de la vie.

Il y avait aussi Clement Lewy, un petit garçon qui vivait au premier étage, dans l'un des logements donnant sur la cour de derrière.
La vie des Lewy n'était pas très animée. Elle était même plutôt sans saveur. Comme une pâte à gâteau pas mélangée. Avec des grumeaux.

C’est écrit magnifiquement bien, les phrases y sont les bijoux d’un collier et les petits chapitres, des tranches de vies comme des peintures évidentes de réalisme

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce qu'elle pouvait aimer les bonbons boutons, et les livres, et peindre la musique (do bleu profond, ré délicatement argenté), et le ciel de l'ouest, si changeant, vu des marches de la véranda de derrière; et les pissenlits.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Publié en 1953, Maud Martha est le premier et unique roman de l'immense poétesse américaine Gwendolyn Brooks. Largement inspiré de la vie de l'autrice, Maud Martha retrace en trente-quatre brefs tableaux les différentes étapes de son existence : enfance, jeunesse, mariage, vie conjugale, maternité... Les épisodes de la vie, qui sont les mêmes pour tous, éprouvés par une jeune femme noire de Chicago dans les années 1940.

À partir des petits riens qui forment le tissu de l'existence et épousent la courbe de la mémoire, Gwendolyn Brooks a composé une grande oeuvre littéraire traversée par les questions raciales et leurs violences silencieuses. Un roman magnifique sur une femme qui doute d'elle-même et de la place qu'elle tient dans le monde.

Le combat ordinaire : intégrale

Un chef d’oeuvre de la BD. Un homme qui s’agrippe et tente de construire sa vie.

Le combat ordinaire de Manu Larcenet

Oscillant entre grosse marrade et profonde déprime, humour léger et crises d’angoisses, ce combat ordinaire dévoile un homme qui doute, se cherche, et se confronte (voir, se retrouve confronté bien malgré lui) pour tenter d’avancer.

Et c’est beau, sensible et d’une grande finesse

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un jeune photographe, en pleine interrogation existentielle, se retire à la campagne. Il rencontre alors un vieux pêcheur, une jeune femme vétérinaire et l'amour, avec les choix qu'il implique