Confidences à Allah

Le roman duquel est tirée cette bande dessinée est un chef d’œuvre. Remarquez que tous les livres de Saphia Azzeddine valent le détour ! Mais Confidences à Allah est son premier roman et c’est vraiment un livre qui m’avait marqué par sa puissance !

Confidences à Allah de Saphia Azzeddine, dessin et couleurs de Marie Avril, récit de Eddy Simon

Mais alors, que dire de cette adaptation ? Oui, forcément, j’ai été un peu déçu. J’aurais imaginé des visages différents, d’autres corps, couleurs… Mais surtout, un trait moins lisse, un rendu plus râpeux, rêche, rude comme le désert et toutes ces personnes qui se trouvent sur le chemin de Jbara.

Alors certes, la bande dessinée est fidèle et il est difficile de lui faire d’autres reproches que : « je n’aurais pas vu ça comme ça ».

Je vous laisserais donc vous faire votre avis, mais avant tout : lisez le roman et vous aussi, vous serez envoutés par l’écriture de Saphia Azzeddine

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Allah, si j'étais née dans une famille bien, dans une ville bien, avec une éducation bien, j'aurais forcément été une fille bien. Mais ce n'est pas comme ça que ça s'est passé au départ, Tu avoueras que je suis partie avec vachement plus d'emmerdes.

Eddy Simon et Marie Avril adaptent le monologue fiévreux de Saphia Azzeddine, portrait sans concession d'une jeune femme qui rêve d'émancipation et refuse de se soumettre

La cité des trois saints

Un ex-boxeur violent, une girafe séquestrée, une remorque à paninis, des chiens de combat, des toxicos et des dealers, une amourette interdite et l’église qui processionne… Rien ne va dans cette chronique d’un désastre annoncé à la napolitaine.

La cité des trois saints de Stefano Nardella, dessin de Vincenzo Bizzarri

Et ici, l’image est aussi trash que le propos.

Bienvenue dans l’Italie du Sud ou il faut payer le pizzo ou le payer très cher

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mattè...
... Ici tout est prêt. Va faire sonner les cloches.
Tout de suite, Don Vincè.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Italie, de nos jours.
Au « pays », la mafia gouverne les rues de la ville : impossible d'échapper à sa loi.
Pourtant, trois hommes vont s'y essayer. Michele, l'ex-boxeur Junkie, Nicandro, le jeune roméo des cités, et Marciano, l'ancien mafieux reconverti en vendeur de paninis.
En quelques jours de tension croissante, au cœur de la procession catholique annuelle, leurs récits croisés vont électriser les rues de la cité des trois saints

Confidences à Allah

Et dire que je n’avais pas lu ce premier roman. Quelle erreur (heureusement réparée !)

Comme une bonne claque à ceux qui confondent foi et religion, clergé et Dieu, parole des hommes et message divin.

Tafafilt c'est la mort et pourtant j'y suis née. Je m'appelle Jbara. Il paraît que je suis très belle mais que je ne le sais pas. Ça me fait une belle jambe à moi d'être belle. Je suis pauvre et j'habite dans le trou du cul du monde. Avec mon père, ma mère, mes quatre frères et mes trois sœurs.
Ça baise comme des salauds chez les pauvres, parce que c'est gratuit.
Confidences à Allah de Saphia Azzeddine

L’histoire de Jbara, pauvre bergère du Maghreb qui deviendra prostituée. Une histoire qu’elle raconte elle même au travers de ses conversations avec Allah.

Mes copains n'étaient pas là pour se foutre de moi, alors j'en ai ouvert un, j'ai même osé en lire quelques lignes. Puis une page. Et j'en ai ouvert d'autres. Une fois, j'ai lu un livre entier.
J'apprenais qu'un homme pouvait prendre quatre cents pages pour dire à une femme qu'il l'aime. Quatre cents pages avant le premier baiser, trois cents avant une caresse, deux cents pour oser la regarder, cent pour se l'avouer. À l'heure où on envoie des textos quand on a envie de baiser, je trouvais ça prodigieux, vertigineux, fou, démesuré, extravagant, insensé, grandiose... Voilà, j'apprenais des mots en faisant le ménage. Au moins ça...

Un chef d’oeuvre contre l’obscurantisme, les patriarcats, les religieux qui transforment et utilisent les saintes écritures pour avilir, soumettre et dominer. Des religions comme pouvoir, royaume des hypocrisies !

Et là, au milieu, un message magnifique de tendresse et de candeur

En conclusion : lisez Saphia Azzeddine !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tafafilt c'est la mort et pourtant j'y suis née. Je m'appelle Jbara. Il paraît que je suis très belle mais que je ne le sais pas. Ça me fait une belle jambe à moi d'être belle. Je suis pauvre et j'habite dans le trou du cul du monde. Avec mon père, ma mère, mes quatre frères et mes trois sœurs.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vers qui se tourner quand on vit dans la misère ? À qui parler lorsqu'on est perdu et rejeté par la société ? Jbara, petite bergère des montagnes du Maghreb, choisit Allah. Dans un monde qui ne voulait pas d'elle, Il deviendra son unique confident. C'est à Lui que s'adresse ce monologue fiévreux et enragé, où l'humour perce souvent, celui d'une jeune fille qui tente d'échapper à l'enfermement

Les misérables

J’avais cru qu’en digne héritier de Reiser, Philippe Vuillemin avait tout osé. Je n’avais pas encore croisé Éric Salch !

Les misérables de Éric Salch

Et mazette, Victor Hugo revisité par Éric Salch, c’est quelque chose ! C’est crade, ça pue, c’est sordide, gore, immonde et putride (prenez tous les synonymes et ajoutez les gaiement)

En même temps, c’est assez drôle et cette adaptation irrévérencieuse du chef d’œuvre intouchable a quelque chose de très réussi où des planches très travaillées côtoient ce qui ressemble à des brouillons emballant des andouillettes.

Jean Valjean, Cosette, Javert et les Thénadrier dans un gros bol de vomi risquent de surprendre les cœurs purs

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La périgourdine n'arrangera pas leurs misères... On ne va pas vous réexpliquer Les Misérables de Victor Hugo. On connaît tous les histoires de ses personnages. Celle du pauvre bougre Jean Valjean qui un jour vola un pain, se fit mettre au bagne pendant 19 ans et toute sa vie tenta de racheter ses pêchés. Celle de la petite Cosette, orpheline et élevée par les raclures de Thénardier. Celle de cet indécrottable adorateur du livre des lois qu'est Javert, défenseur obstiné de la justice. Celle de Marius, jeune intellectuel bohème et amoureux de Cosette. Celle de Gavroche, archétype du joyeux gamin des rues parisien... Tout ça, on le sait déjà plus ou moins, mais ce qu'on ne connait pas, ce que jamais on n'aurait pu imaginer, c'est la version des faits par Eric Salch. Drôle et tragique, aidé d'une poésie fiévreuse et souillée bien à lui, Eric Salch livre une vision personnelle et décalée des Misérables. Si le récit suit parfaitement la narration de l'oeuvre originale et que la pertinence de son propos reste indéniable, Eric Salch grossit les traits, ajoute anachronismes et absurdités pour ainsi nous faire rire du drame et du terrible de cette sublime tragédie romanesque

Burgundy

Mélanie Michaud est née dans le quartier de Burgundy, la petite Bourgogne à Montréal. Un joli nom pour la misère. Une enfance de pauvreté sociale et affective, violente et … bah, complètement pourrie quoi.

Mais je n'étais pas des leurs, et tout me trahissait : mon langage, mes habits, mes habitudes, mon comportement, ma délinquance, ma famille ; ces tas de hontes que je traînais dans mon sac à dos tous les matins. Sur mes frêles épaules, mon passé était lourd à porter. Je marchais le dos courbé et la tête baissée.
Burgundy de Mélanie Michaud

Un livre qui rappelle La merditude des choses version Québec. Avec la délinquance et les drogues en plus !

C’est pourtant un livre très drôle, découpé en petits chapitres qui forment en général une petite blague désespérante de cruauté ou d’ironie. Un témoignage de la dèche

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Écrire des souhaits au père Noël, des questions aux Débrouillards, des graffitis à la bombe sur les murs de briques, des productions écrites mensongères ; j'écris ici la vie que je veux effacer. C'est un peu ironique, mais l'ironie, c'est ce qu'on invente pour ne pas affronter une situation avec acuité et qu'on utilise, avec le sarcasme, pour éviter d'admettre nos imperfections et nos erreurs. Je voudrais effacer la laideur de mon existence, mais c'est là, au centre de tout, comme un gros nez au milieu d'une face.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Montréal, milieu des années 1980.
La petite Mélanie se tient droite devant la misère, la cruauté et Montréal, milieu des années 1980. La petite Mélanie se tient droite devant la misère, la cruauté et l’injustice qui règnent dans le quartier de Burgundy. Avec ses cheveux en bataille et ses vêtements trop grands, elle enchaîne les réparties effrontées et n’hésite pas à donner des coups pour éviter d’en prendre. Lorsque les combines et trafics de son père leur permettent de changer de vie et de déménager en banlieue, elle prend conscience que l’on ne se débarrasse pas ainsi des effluves amers de la pauvreté. Et si elle se moque allègrement des « frais chiés », les crâneurs des beaux quartiers, au fond, elle aimerait pouvoir leur ressembler

Je n’ai pas peur

Dans le Sud de l’Italie, dans la chaleur et la rudesse de la pauvreté, Michele, un gamin découvre au fond d’un trou un autre enfant de son âge attaché, séquestré.

Maman ne s'asseyait jamais à table avec nous.
Elle nous servait et elle mangeait debout. Son assiette posée sur le frigo. Elle parlait peu, et restait debout. Elle était toujours debout. A cuisiner. A laver. A repasser. Si elle n'était pas debout, alors elle dormait. La télévision l'ennuyait. Quand elle était fatiguée, elle se jetait sur le lit et elle mourait.
Je n’ai pas peur de Niccolò Ammaniti

Tiraillé entre la peur du père et le respect de l’autorité, les amitiés et secrets d’enfants, les copains roublards ou fidèles et les adultes terrifiants, la curiosité, la droiture, le devoir et les croyances et la chaleur de l’été Michele peine à s’en sortir

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'allais dépasser Salvatore quand j'ai entendu ma sœur hurler. Je me suis retourné et je l'ai vue disparaître, engloutie par le blé qui recouvrait la colline.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Italie, 1978. L'été le plus chaud du siècle. Dans un petit hameau perdu des Pouilles, les parents se terrent dans la fraîcheur des maisons tandis que leurs enfants, en vadrouille au cœur de la campagne brûlante, jouent à se donner des gages. Un jour, une expédition les conduit dans les entrailles d'une maison abandonnée. Par accident, le jeune Michele tombe au fond d'un trou creusé dans le sol. Une sinistre découverte l'y attend : il y a là un enfant nu, l'air malade et faible, presque sauvage. Un face à face s'engage entre les deux garçons qui s'apprivoisent mutuellement. Et une question se pose bientôt à Michele : qui a bien pu enchaîner cet enfant ici, comme un animal ?
Avec une histoire qui oscille entre roman policier et récit initiatique, mêlant suspense, horreur et poésie, Ammaniti signe le livre qui allait le révéler au monde entier

Changer : méthode

Edouard Louis semble avoir un inépuisable besoin de réparer. De se réparer, réparer ses amitiés perdues, réparer ses regrets, ses erreurs…

Changer : méthode de Édouard Louis

Un livre qui tente de revenir aux sources pour expliquer ses fuites, défendre ses choix, prouver son honnêteté, dissiper les malentendus et justifier ses maladresses.

Une biographie de ses choix de vie et de ses motivations. Mais aussi un témoignage duquel semble affleurer une constante culpabilité.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Une question s'est imposée au centre de ma vie, elle a concentré toutes mes réflexions, occupé tous les moments où j'étais seul avec moi-même : comment est-ce que je pouvais prendre ma revanche sur mon passé, par quels moyens ? J'essayais tout»

Libye

Une série de témoignages en bande dessinée sur la Libye entre la révolution et aujourd’hui.

Libye de Gianluca Costantini et Francesca Mannocchi

S’ouvrant sur le massacre de la prison de Abou Salim où 1270 détenus furent exécutés, ce livre apporte des témoignages sur la Libye aujourd’hui. Corruption, migrants, milices, non-droit, peur, restrictions et pauvreté sous le regard détourné de la communauté européenne.

Un choc !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Cet album rend compte de la tragédie que vit la Libye depuis l'intervention armée de 2011, qui a conduit à la chute de Kadhafi, au chaos économique et social et au drame des migrants victimes du trafic d'être humains. Prenant soin d'éviter tout point de vue manichéen, il montre une réalité complexe, bien différente de celle véhiculée par les médias

Factfulness

« There are three kinds of lies : lies, damned lies, and statistics. »

Mark Twain

Hans Rosling tente ici d’objectiver l’état du monde et de montrer qu’il ne va pas aussi mal que ce que nos préjugés nous poussent à croire. Pour cela il s’appuie sur des chiffres, des tableaux, des statistiques… des éléments aussi indiscutables que possible et il est très convainquant. Oui, le monde ne va pas aussi mal et sur beaucoup de points, il va même bien mieux !

Factfulness de Hans Rosling

Et pourtant… le passage d’échelles logarithmiques à des échelles linéaires sans trop d’explications et certains partis pris de l’auteur (oui, lui aussi) m’ont quand-même franchement chiffonné.

Et le réchauffement climatique, et la captation des richesses, la déforestation, la disparition des insectes et des espèces (autres que les rhinos ou les pandas) … on en parle un peu plus ?

Et sans cesse, me revenait cette citation de Mark Twain…

Alors, Non ! Tout ne va pas si mal et Oui ! Certaines choses vont même bien mieux que ce que nos a priori nous poussent à imaginer… Mais !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Nous nous croyons rationnels et informés. Ce n'est pas le cas. Nous nous trompons systématiquement, quel que soit notre niveau d'études, y compris - peut-être même plus - sur les sujets que nous croyons bien connaître.

Mais, comme le met au jour Hans Rosling, statisticien de génie et star des conférences TED, les raisons pour lesquelles nous nous trompons sont toujours les mêmes ! Hérité d'un ancestral instinct de survie, c'est le fonctionnement même de notre cerveau qui nous induit en erreur :
- En nous incitant à chercher un coupable à tout phénomène ;
- En résumant la plupart des problèmes en une stérile opposition binaire ;
- En nous intimant de réagir dans l'urgence (confondant ainsi peur et danger) ;
- En étant facilement ébloui par les gros chiffres ;
- En dramatisant à l'excès (et en adorant ça)...

Ce livre nous apprend à repérer les situations où nos biais de pensée déforment notre vision des choses. Indispensable pour comprendre le monde tel qu'il est, Factfulness permet de prendre, enfin, la saine habitude de ne fonder son opinion que sur des faits

Combats et métamorphoses d’une femme

Après avoir parlé de lui puis de son père, Édouard Louis parle enfin de sa mère. Un livre tendre et apaisé qui décrit une relation qui n’a pas toujours été facile

Combats et métamorphoses d’une femme de Édouard Louis

Une vie de misère et de violence et enfin… sur le tard un peu de lumière

Un livre avec beaucoup de tendresse

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l'écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine. Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme. Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s'est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l'histoire de cette métamorphose