Blackwater, tome 1 : l’épique saga de la famille Caskey : La crue

Suite à de nombreuses incitations et à des couvertures magnifiques, j’ai fini par me lancer dans Blackwater. Et, ma foi, après ce premier tome, je ne regrette pas.

« Oh Sister, marmonna-t-elle d'une voix plaintive. Je savais qu'elle y arriverait...
— Arriverait à quoi maman ?
— À s'immiscer parmi nous. À creuser son trou. À s'enfouir dans la boue de Perdido jusqu'à ce que dix-sept hommes tirant sur une corde nouée autour de son cou - ce qui serait une bonne chose — soient incapables de l'en sortir. 
— Maman ! protesta Sister en tournant la tête vers l'endroit où Elinor, modestement assise, discutait avec Annie Bell Driver, la petite Grace toujours sur les genoux. Je te trouve dure avec elle. Je ne pense pas qu'elle mérite un tel traitement !
— Attends de voir, ma fille. Attends de voir, nous en reparlerons dans six mois. »
Blackwater, tome 1 : l’épique saga de la famille Caskey : La crue de Michael McDowell

Ambiance moite et puante à Perdito après une crue de la rivière et la découverte dans un hôtel au milieu des eaux de Elinor par le fils de la famille Caskey. Et il commence à se passer des choses un peu curieuses…

Oscar savait que Mary-Love et Elinor avaient la capacité de le manipuler. Elles obtenaient ce qu'elles voulaient. En réalité, chaque femme recensée à Perdido obtenait ce qu'elle voulait.

Ambiance étrange, presque gothique, dans le sud des États-Unis raciste au début du 20e siècle…

Vite, la suite !

Blackwater, tome 2

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
À l'aube du dimanche de Pâques 1919, le ciel au-dessus de Perdido avait beau être dégagé et rose pâle, il ne se reflétait pas dans les eaux bourbeuses qui noyaient la ville depuis une semaine.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alors que les flots sombres et menaçants de la rivière submergent Perdido, une petite ville du sud de l'Alabama, les Caskey, une riche famille de propriétaires, doivent faire face aux innombrables dégâts provoqués par la crue. Mené par Harry-Love, la puissante matriarche, et par Oscar, son fils dévoué, le clan s'apprête à se relever. Mais c'est compter sans l'apparition, aussi soudaine que mystérieuse, d'Elinor Dammert, jeune femme séduisante au passé trouble, dont le seul dessein semble être de s'immiscer au cœur de la famille Caskey

L’enragé du ciel

Voilà une bio en BD au personnage central bien truculent.

L’enragé du ciel de Joseph Safieddine et Loïc Guyon

Roger Henrard, fils d’entrepreneur un peu incapable est nommé responsable des ventes dans l’entreprise familiale. Mais voilà, son rêve, sa passion, son obsession (en plus des femmes), c’est voler !

Un homme sans peurs, à l’ancienne, à l’heure des pionniers de l’aviation et des premières et secondes guerres mondiales.

Un trompe la mort drôle et attachant, comme cette BD, d’ailleurs

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Paris, 1907.
Alors, ma petite Simone ! Tu es réveillée ! Tu fais coucou au monsieur ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pilote virtuose, inventeur de la photographie aérienne, officier courageux engagé dans la Seconde Guerre mondiale, espion téméraire, homme à femmes, ami fidèle...

Roger Henrard, ou le destin exceptionnel d'un homme aux multiples facettes !

Les mains glacées

Invitée en résidence sur le Knut, un voilier faisant le tour du Groenland, MarieMo (Marie-Morgane Adatte) en profite pour illustrer son périple. Elle livre ici des petites scènettes qui parlent de la vie dans le grand Nord, de sa fragilité ou de l’impact humain à l’encre de Chine en noir et blanc. C’est parfois drôle, inquiétant et toujours très beau.

Les mains glacées de MarieMo

Ces historiettes sont entrecoupées de pages de journal à l’écriture plus approximative (disons… déchiffrable), des croquis, des notes et des essais dispensables, zut.

Une balade en bateau au milieu des icebergs avec quelques planches remarquables !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Même pas un jour et j'ai déjà plein de choses à dire, à dessiner...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Bande dessinée « reportage », Les Mains Glacées donne une vision sensible du milieu marin polaire et de la fragilité de son écosystème. De retour d'une résidence le long des côtes du Groenland sur le voilier Knut de l'association MaréMotrice, MarieMo élabore cette série de petits sketches magnifiquement illustrés à l'encre de chine. Mélanges entre réalité et imaginaire marin, ils dévoilent un certain regard sur les aléas d'un continent en proie au réchauffement climatique. Un dialogue entre l'océan, la glace, la faune et l'illustratrice

Cabot-Caboche

Quelle merveille de bande dessinée qui m’a tiré des larmes. L’histoire d’une vie de petit chien, Le chien, racontée par lui-même.

Cabot-Caboche de Grégory Panaccione

Une quête adaptée d’un petit roman jeunesse de Daniel Pennac mais qui n’est pas sans rappeler Un océan d’amour, une autre BD de Panaccione qui était sans texte.

Il est un peu moche et sa vie débute dans une décharge. Et c’est beau comme tout !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jugé trop laid pour être adopté, le Chien est laissé pour mort dans une décharge. Gueule Noire, une vieille chienne qui vit là, lui vient en aide. Son principal conseil ? Trouver au plus vite une maîtresse et, surtout, bien la dresser ! Cette maîtresse, ce sera Pomme.Mais cette petite fille a un solide caractère et va s'avérer particulièrement difficile à apprivoiser...
Un récit drôle et sensible, fidèle adaptation du roman dans lequel Daniel Pennac adresse aux enfants un appel pour le respect de toute forme de vie, particulièrement celle de leurs animaux de compagnie

L’inversion de la courbe des sentiments

Robinson possède un vidéoclub. Il est fraîchement séparé et fait quelques brèves rencontres sur les réseaux sociaux. Il a aussi une ex qui vide son appart et un père qui débarque parce qu’il s’est fait virer par sa femme et aussi…

L’inversion de la courbe des sentiments de Jean-Philippe Peyraud

… et aussi une soeur dont le fils à disparu avec une voisine, qui a d’ailleurs un mari jaloux… Et il y a aussi une histoire de braquage…

Tout ça semble bien compliqué, mais finalement, ça passe plutôt bien.

Des destins croisés dans une BD fraiche et dynamique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Grinss !
Mmmmh...
Pff... T'es un lève tôt, toi...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Autour de Robinson on se quitte, on disparaît, on refait sa vie ou on cherche un père. Pendant ce temps-là, Robinson, vend des DVD et drague sur internet.
À moins que la courbe des sentiments ne s'inverse...

Louise : le venin du scorpion

Louise Brooks, actrice du cinéma muet au jeu tout en retenue et naturel à une époque ou la surenchère était de mise.

Louise : le venin du scorpion de Chantal Van den Heuvel et Joël Alessandra

Une femme libre (à l’époque les mots étaient bien différents) qui paya fort cher le prix de son indépendance.

Un bande dessinée aux traits et couleurs très réussis, illustrant l’histoire de cette femme forte au caractère affirmé qui, par ses refus de se plier aux hommes de pouvoir, se fit blacklister de Hollywood

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Louise,
Tu étais la beauté, l'esprit, la grâce incarnés. Et ton jeu était sublime.
Pourtant, un seul film, LouLou, aura marqué ta carrière.
Hollywood, «l'inhumaine usine à films», t'a très vite blacklistée.
Parce que tu en refusais les règles ? Sans doute...
Mais aussi, tu disais de toi-même : «Je suis le poignard de ma propre plaie».
Pourquoi, Louise ?

Motus

Bienvenue à Parisfrance en 2027 dans une société contrôlée par l’AG, l’Administration Générale. Bienvenue dans l’ignorance abrutie où nulle tête ne doit dépasser et où il est commun de se faire tatouer des publicités sur le front pour arrondir les fins de mois dans des blocs de béton abreuvés de télévision.

Je suis dans Boissy III couvert de nuit et de silence. Depuis près de dix-huit ans que j'y vis, je n'ai pas pu encore me faire, me façonner à l'immensité des blocs ternes et massifs, à la longueur presque infinie des allées piétonnières. Mes pas qui résonnent platement sur le béton répondent au bruissement feutré des télévisions en marche derrière chaque fenêtre bleutée. Tous les clapiers ont allumé leur fantôme.
Motus de Lucien-Guy Touati

Une dystopie à la Fahrenheit 451 ou 1984 (tiens, il va me falloir le relire celui-là) écrite pour la jeunesse mais qui tient malgré tout encore presque la route. Une lecture amusante comme un clin d’œil à l’anticipation des années 70.

Julian convoqué chez le médiatre va-t-il s’en sortir ? Et Lodie ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Monsieur Malet Julian doit se rendre le vendredi 26 novembre 2027 à 10 heures au centre psycho-médical de Boissy III. Motif : Rendez-vous avec le Médiatre Pier Roby en vue d'un entretien."
Quand Julian reçoit cette convocation, il se sent en danger. Certes il n'a commis aucun délit, mais il y a longtemps qu'il est repéré.
"Regard vif, démarche rapide. Aucune publicité frontale. Tendance au dialogue", précise sa fiche signalétique.
En 2027, cela suffit pour être mis au banc de la société. Et quelle société ! C'est le règne absolu d'une hyper-administration aberrante. Les individus au regard éteint portent sur le front des slogans publicitaires. On ne se parle plus. La communication entre les êtres se limite au strictement utilitaire.
Indifférents, passifs, soumis, les hommes forment un morne troupeau malléable à merci

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?

Voilà un livre que j’avais lu il y a pas mal de temps et que j’avais un peu oublié. Il se trouve pourtant être à la naissance de ce blog !

LES LIVRES QUE L'ON A OUBLIÉS
OÙ L'ON POSE, AVEC MONTAIGNE, LA QUESTION DE SAVOIR SI UN LIVRE QU'ON A LU ET COMPLÈTEMENT OUBLIÉ, ET DONT ON A MÊME OUBLIE QU'ON L'A LU, EST ENCORE UN LIVRE QU'ON A LU.
Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? de Pierre Bayard

Car oui, qu’est-ce qu’avoir lu un livre ? Peut-on dire qu’on a lu un livre si on l’a totalement oublié ou dont seules quelques bribes indistinctes et confuses zèbrent encore nos vagues souvenirs ? L’oubli et la transformation ne sont-ils pas des éléments indispensable de la mémoire ?

Avec Eco plus encore qu'avec Valéry le livre apparait comme un objet aléatoire sur lequel nous discourons de manière imprécise, un objet avec lequel interfèrent en permanence nos fantasmes et nos illusions. Livre introuvable dans une bibliothèque aux limites infinies, le second volume de la Poétique d'Aristote est à l'image de la plupart des ouvrages dont nous parlons tout au long de notre existence, que nous les ayons lus ou non : des objets reconstruits, dont le modèle lointain est enfoui derrière notre langage et celui des autres, et qu'il est vain d'espérer un jour, même en étant prêt à y perdre la vie, toucher du doigt.

Pour en revenir à ce bouquin drôle et érudit, Pierre Bayard nous parle de ces livres dont on parle (en bien ou en mal) alors qu’on ne les a parfois que parcouru, qu’on a oublié ou même… dont on avait juste entendu parler.

Je feuillette les livres, je ne les estudie pas : ce qui m'en demeure, c'est chose que je ne reconnois plus estre d'autruy ; c'est cela seulement dequoy mon jugement a faict son profict, les discours et les imaginations dequoy il s'est imbu ; l'autheur, le lieu, les mots et autres circonstances. je les oublie incontinent.
Effacement qui est d'ailleurs l'autre face d'un enrichissement, et c'est parce qu'il a fait sien ce qu'il a lu que Montaigne s'empresse de l'oublier, comme si le livre n'était que le support transitoire d'une sagesse impersonnelle et n'avait plus, sa charge accomplie, qu'à disparaître après avoir délivré son message. Mais que l'oubli n'ait pas seulement des aspects négatifs ne résout pas tous les problèmes, notamment psychologiques, qui lui sont liés et ne dissipe pas l'angoisse, accrue par la nécessité quotidienne de parler aux autres, de ne rien pouvoir fixer dans sa mémoire.

Un premier jet sur les grandes mythomanies sociales nées de nos complexes et qui avait donné lieu à d’autres expérimentations du même style dont Comment parler des lieux où l’on a pas été ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Né dans un milieu où on lisait peu, ne goûtant guère cette activité et n'ayant de toute manière pas le temps de m'y consacrer, je me suis fréquemment retrouvé, suite à ces concours de circonstances dont la vie est coutumière, dans des situations délicates où j'étais contraint de m'exprimer à propos de livres que
je n'avais pas lus.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'étude des différentes manières de ne pas lire un livre, des situations délicates où l'on se retrouve quand il faut en parler et des moyens à mettre en œuvre pour se sortir d'affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un livre que l'on n'a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui ne l'a pas lu non plus

Ville avoisinant la terre

Curieuse bande dessinée que cette ville avoisinant la terre dans laquelle Farid, un soir en rentrant du boulot ne retrouve pas son immeuble.

Ville avoisinant la terre de Jorj Abou Mhaya

Folie, amnésie, surréalisme ou fantastique ? Une ville où l’on croise un batman-mouche (ou pas ?) des prostitués transsexuels, des foules traçant un chien pour lui faire la peau…

Curieuse BD, vraiment ! dont je ne suis pas sûr d’avoir saisi le message. C’est plutôt beau, certes, avec un style très assumé et original, mais je me suis perdu dans cette étrangeté

La folie est comme l’oubli : un don des dieux

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jorj Abou Mhaya est né à Beyrouth pendant la guerre civile. Avant de s'intéresser à la bande dessinée, il a commencé par peindre : il expose ses premières toiles à l'âge de dix-sept ans à l'International Art Gallery de Londres. Il devient ensuite caricaturiste et illustrateur pour divers journaux et agences de publicité à Beyrouth et au Moyen-Orient. Ville avoisinant la Terre, son premier album, publié en langue arabe par les éditions Dar Onboz, a remporté le prix du meilleur album du Festival international de la bande dessinée d'Alger