Maigret et les témoins récalcitrants

Maigret se retrouve avec un meurtre dans une famille guère collaborative. Propriétaire d’une ancienne biscuiterie florissante dont il ne reste plus que des miettes et des dettes dans une grande maison peu causeuse.

 - Tu n'as pas oublié ton parapluie ?
 - Non.
La porte allait se refermer et Maigret tournait déjà la tête vers l'escalier.
 - Tu ferais mieux de mettre ton écharpe. Sa femme courait la chercher, sans se douter que cette petite phrase-là allait le barbouiller un bon moment et lui inspirer des pensées mélancoliques.
Maigret et les témoins récalcitrants de Georges Simenon

Alors, cambriolage ou meurtre de l’intérieur ?

Au fond - et sa femme devait le soupçonner depuis longtemps - si Maigret, lorsqu'il était plongé dans une enquête, rentrait rarement chez lui pour les repas, c'était moins pour gagner du temps que pour rester comme replié sur lui-même, à la façon d'un dormeur qui, le matin, se recroqueville, entortillé dans les couvertures, pour mieux s'imprégner de sa propre odeur.
C'était l'intimité des autres, en somme, que Maigret reniflait, et maintenant, par exemple, dans la rue, les mains dans les poches de son pardessus, de la pluie sur le visage, il restait plongé dans l'ahurissante atmosphère du quai de la Gare.

Un commissaire qui rêve déjà de retraite, encombré d’un jeune juge d’instruction envahissant pour une enquête à la Maigret. Il cause, flâne, flaire, renifle, se questionne et interroge

Maigret 81/100

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Tu n'as pas oublié ton parapluie ?
- Non.
La porte allait se refermer et Maigret tournait déjà la tête vers l'escalier.
- Tu ferais mieux de mettre ton écharpe.
Sa femme courait la chercher, sans se douter que cette petite phrase-là allait le barbouiller un bon moment et lui inspirer des pensées mélancoliques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Léonard Lachaume, directeur d'une biscuiterie vétuste, est retrouvé assassiné sur son lit, d'une balle en plein cœur. La famille veut faire croire à une affaire de cambriolage qui aurait mal tourné, mais Maigret n'y croit guère. Son enquête s'avère difficile devant le mutisme de l'entourage de Léonard, d'autant plus que le commissaire se retrouve flanqué d'un jeune juge d'instruction plutôt encombrant. Maigret apprend tout de même que la biscuiterie est au bord de la faillite, et que c'est l'argent de Solange Lauchaume, la belle-sœur de Léonard, qui tient l'entreprise à flots...

L’Arétin français

L’occasion de découvrir (par rebond et sur Wikipedia) qui était Pietro Aretino, vénitien banni de sa ville et qui fit parler de lui au 15e siècle pour ses Sonnets luxurieux

Figure sixième
J'éprouve, à ton aspect, un doux frémissement, 
À ta voix seule, je soupire ; 
J'en suis encore à mon premier moment, 
Plus je jouis, plus je désire.
J'aime à te caresser, l'amour fait mon bonheur. 
Qu'une froide coquette, orgueilleuse statue, 
De ses riches bijoux étale sa splendeur, 
Ma plus belle parure est d'être bien foutue
L’Arétin français de Félix Nogaret

Sinon, pas grand chose à dire de ce tout petit livret trouvé aux puces et qui m’avait amusé… Mais finalement pas trop

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Des feux les plus ardens le con me rend la proie
Le con , par excellence , eſt l’ouvrage des Dieux ;
L’homme au con doit ſa vie, & plus encor ſa joie;
Voltaire a beaucoup fait ; il n’a rien fait de mieux,
Du ſpectacle jamais je ne fus idolâtre,
Il laiſſe à froid ſouvent & l’eſprit & le cœur.
De la place où je ſuis je me forme un théâtre,
Le con, c’eſt-là ma piece , & mon vit eſt l'acteur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Publiés anonymement à Londres en 1787, les poèmes de L'Arétin français sont de Félix Nogaret (1740-1831), qui est aussi l'auteur des Épices de Vénus. Le recueil est composé de dix-neuf courts poèmes, de huit vers chacun, qui servent de légendes à une suite de gravures de Burins d'Elluin d'après Borel.

La nuit merveilleuse : ou le nec plus ultra du plaisir

Voilà une nouvelle érotique du 18e bien amusante. Une nuit torride sur un malentendu… ou presque.

Madame d'Arbonne me prit sans m'aimer; elle me trompa, je me fâchai; elle me quitta; cela était dans l'ordre. Je l'aimais alors, et pour me venger mieux, j'eus le caprice de la ravoir, quand à mon tour je ne l'aimai plus. J'y réussis, et lui tournai la tête; c'est ce que je demandais.
La nuit merveilleuse : ou le nec plus ultra du plaisir de Dominique Vivant Denon

Avec des carrosses, des robes, des gorges fermes, des désirs qui consument, des pommes charmantes et des baisers de feu…

Tout ceci avait été un peu brusqué : nous sentîmes notre faute; nous reprîmes ce qui nous était échappé, avec plus de détails. Trop ardent, on est moins délicat: on court à la jouissance, en confondant tous les délices qui la précèdent. Partout la volupté marque sa trace, et bientôt l'idole ressemble à la victime.
Plus calmes, l'air nous parut plus pur, plus frais.

Un texte tiré de Point de lendemain qui le paraphrase d’une manière fort érotique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Madame d'Arbonne me prit sans m'aimer ; elle me trompa, je me fâchai ; elle me quitta ; cela était dans l'ordre. Je l'aimais alors, et pour me venger mieux, j'eus le caprice de la ravoir, quand à mon tour je ne l'aimai plus. J'y réussis, et lui tournai la tète ; c'est ce que je demandais.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Publié clandestinement en 1794 et en 1800, La Nuit merveilleuse ou Le Nec plus ultra du plaisir est attribué à Dominique Vivant Denon. Diplomate, homme de cour, écrivain léger, ironique, fantasque, l'auteur de Point de lendemain nous laisse ici un miroir fidèle des jeux amoureux que les écrivains du XVIIIe siècle ont su décrire avec tant d'élégance.

Chattitudes

Sayo Koizumi a deux chats, une femelle et un mâle, un gros et une petite, une stérilisée et un castré, une grise et un noir et blanc (enfin presque).

En japonais, chat vient du verbe « dormir »
« Miaou » Mes chats dorment au premier étage de la maison. Quand ils descendent, en général, cela signifie : « J'ai un petit creux ! Donne-moi quelque chose à manger ! » Mes chats ont la belle vie. Ils dorment la plupart du temps et ne se réveillent que pour manger. En japonais, chat se dit neko.
L'étymologie est la suivante : nemuru ko (« dormir » et « enfant ») a donné neko.
Chattitudes de Sayo Koizumi

Et elle les dessine et nous en parle en 100 questions-réponses.

C’est kawaii et choupinou, c’est parfait si votre nièce ou votre filleul a envie d’un chaton, un petit plaisir à offrir pour faire craquer les parents

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
AIMEZ-VOUS LES CHATS ?
JE SUPPOSE QUE OUI PUISQUE VOUS TENEZ CET OUVRAGE ENTRE LES MAINS.
J'ai pour ma part une profonde affection pour les chats, et voilà près de vingt ans que je vis en leur compagnie.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sayo Koizumi nous fait partager avec humour et un grand sens de l'observation 100 moments complices qui en disent long sur le tempérament des chats : comment ils nous disent bonjour, leurs jeux préférés, ce qu'ils expriment quand ils remuent la queue, pourquoi ils dorment tant et dans des postures incroyables...

Chôjirô, le grand frère et Raku la petite soeur, sont les deux chats adorés de Sayo Koizumi, une illustratrice vivant à Tokyo. Comme tous les chats du monde, ils ont leurs habitudes, leurs petits défauts, leur langage, leurs mystères...

Le guide complètement « kawaii » des amoureux des chats !

Depuis plus de 20 ans, Sayo Koizumi dessine et met en scène ses chats. Amusée, tendre, voire taquine, elle les croque dans toutes les situations de la vie quotidienne, nous faisant partager de délicieux moments de complicité...

Il n’y a pas de Ajar : monologue contre l’identité

Et moi qui, petit, trouvait les discours des curés interminables et que pour dire la même chose ils auraient été bien inspirés de raccourcir leur prêches. Je n’avais pas encore entendu de rabbin.

Ajar fut un des noms que Gary créa pour dire au monde qu'il n'allait pas se résoudre à une mort annoncée, ni celle des hommes, ni celle des mots.
Son pseudo fut un dernier pied de nez au morbide qui vous rattrape toujours, mais qu'on peut tromper un temps avec un peu de panache, avec une manigance littéraire qui interdit à l'homme de n'être que lui-même. À travers Ajar, Gary a réussi à dire qu'il existe, pour chaque être, un au-delà de soi ; une possibilité de refuser cette chose à laquelle on donne aujourd'hui un nom vraiment dégoûtant : l'identité.
Il n’y a pas de Ajar : monologue contre l’identité de Delphine Horvilleur

Oui, car malgré la petite taille de l’ouvrage, Delphine Horvilleur se perd en circonvolutions – souvent très drôles et fort bien écrites – pour arriver à ses fins.

Non, non, non, non...
Ne jamais prononcer son nom, non, non, non, non...
Ne jamais prononcer son nom.
J'avais promis à mon père de ne jamais prononcer Son nom. Il m'a dit de ne jamais parler de vous-savez-qui... D'abord, parce qu'Il n'existe pas et ensuite, parce que si tu en parles, Il pourrait très bien croire que tu l'appelles et décider de se pointer.
C'est exactement comme dans la saga d'Harry Potter. Tous évitent soigneusement de nommer le méchant pour pas qu'il montre le bout de son nez. Et effectivement, à la seconde où quelqu'un prononce le nom de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, tout part vrille.

Comme Le siècle des égarés que je lisais juste avant, Il n’y a pas de Ajar tente de lutter contre les identités.

Hélas, toutes ces digressions, traits d’humour, métaphores et images m’ont égaré, noyé dans un propos qui perdait en lisibilité. Et d’ailleurs, l’identité, c’est quoi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Avouez que c'est une drôle de coïncidence. Précisément l'année où je viens au monde, il commence à signer du nom de l'Autre. Comme par hasard, au moment même où un officier d'état civil écrit soigneusement mon nom dans un registre municipal et estampille ma déclaration de naissance, Romain Gary choisit, lui, de publier ses livres sous pseudo.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans ce monologue, un homme mystérieux affirme être le fils d'Émile Ajar, pseudonyme sous lequel Romain Gary a écrit notamment La vie devant soi.

Cet enfant de père inventé demande à celui qui l'écoute : es-tu le fils de ta lignée ou celui des livres que tu as lus ?

En interrogeant la filiation et le poids des héritages, il revisite l'univers de l'écrivain, celui de la Kabbale, de la Bible, de l'humour juif... mais aussi les débats politiques d'aujourd'hui, enfermés dans les tribalismes d'exclusion et les compétitions victimaires.

Et si Gary/Ajar étaient les meilleurs antidotes aux obsessions identitaires et mortifères du moment ?

Vivre vite

Voilà un Goncourt qui a fait couler pas mal d’encre, finaliste d’inséparables. Du coup, un Goncourt un peu mal élu et c’est dommage.

Un titre à la James Dean (déjà utilisé par Philippe Besson), un livre aussi qui, comme Isabelle Carré joue des « si ».

Je résume.La maison, les clés, le garage, ma mère, mon frère, le Japon, Tadao Baba, la semaine de vacances, Hélène, mon service de presse. Ça commence à faire un sacré bordel.
Vivre vite de Brigitte Giraud

Mais si Isabelle Carré s’en amusait, Brigitte Giraud les ressasse. En boucle et sans fin. Et si …, mon amour n’était pas mort.

Claude a dit à notre ami Marc, avec qui nous avions passé un moment le dimanche sous le cerisier, à tester le salon de jardin tout juste acheté aux puces, Claude a dit en désignant la moto dont la présence massive perturbait l'atmosphère du rez-de-chaussée: Ça, c'est interdit, une vraie bombe, il ne faut pas y toucher.Marc me l'a répété après.

Un deuil impossible en forme de litanie.

Un livre juste et touchant où l’émotion, tant d’années plus tard, irradie encore

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Après avoir résisté pendant de longs mois, après avoir ignoré jour après jour les assauts des promoteurs qui me pressaient de leur céder les lieux, j'ai fini par rendre les armes.
Aujourd'hui j'ai signé la vente de la maison.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai été aimantée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C'était inespéré et je n'ai pas flairé l'engrenage qui allait faire basculer notre existence.
Parce que la maison est au cœur de ce qui a provoqué l'accident. »

En un récit tendu qui agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre ce qui a conduit à l'accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999. Vingt ans après, elle fait pour ainsi dire le tour du propriétaire et sonde une dernière fois les questions restées sans réponse. Hasard, destin, coïncidences ? Elle revient sur ces journées qui s'étaient emballées en une suite de dérèglements imprévisibles jusqu'à produire l'inéluctable. À ce point électrisé par la perspective du déménagement, à ce point pressé de commencer les travaux de rénovation, le couple en avait oublié que vivre était dangereux. Brigitte Giraud mène l'enquête et met en scène la vie de Claude, et la leur, miraculeusement ranimée

Journal d’Adam & Journal d’Ève

Un tout petit (vraiment très petit) journal des premiers jours, le journal d’Adam suivi du journal d’Ève

Lundi
La nouvelle créature, avec ses longs cheveux, est toujours fourrée dans mes pattes. Toujours à traîner à mes basques et à me suivre comme un petit chien. Et je n'aime pas ; je n'ai pas l'habitude d'avoir de la compagnie. Si seulement elle voulait bien rester avec les autres animaux... Ciel couvert aujourd'hui, avec un petit vent d'est ; je pense que nous allons avoir de la pluie... Nous ?... Où est-ce que j'ai bien pu dénicher ce mot?... Je me souviens maintenant - c'est la nouvelle créature qui l'emploie.
Journal d’Adam & Journal d’Ève de Mark Twain

C’est cocasse et léger, une petite (oui, vraiment) lecture distrayante.

Avec des trop rares illustrations de Sarah d’Haeyer

Et pourtant, on se lasse rapidement de cet Adam insensible, distant et mutique et de cette Ève bavarde, collante et émotive… (vous saisissez le cliché ?)

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Je crois que je commence à comprendre à quoi sert la semaine : à donner le temps nécessaire pour récupérer des grandes fatigues du dimanche. L'idée n'est pas mauvaise. Il a fallu qu'Ève grimpe à nouveau à cet arbre. Je l'en ai fait redescendre vite fait en lui balançant des mottes de terre. Elle a dit que personne ne l'avait vue. Apparemment, ça lui suffit comme justification pour courir tous les risques, même quand il y a danger. C'est ce que je lui ai dit. Le mot justification l'a remplie d'admiration - et l'a rendue aussi un peu envieuse, je pense. C'est un bon mot

Le siècle des égarés : de l’errance identitaire au sentiment de soi

Julia de Funès se lance à contre-courant et part en campagne contre le wokisme ! Woaw ! Mais bon… pourquoi pas ? Mais non, j’ai quand-même eu un peu de peine à la suivre. Et finalement, réac ou éclairé, j’ai longtemps hésité.

Comprendre qu'on est initialement complet
Chacun, chaque chose a sa « perfection propre », nous dit régulièrement Spinoza. Inutile de lorgner la perfection du voisin, ou d'une identité idéale, pour ressentir le sentiment de soi. Devenir comme untel ou unetelle n'est pas seulement vain et frustrant, mais suicidaire. Supposons un triangle et un carré ; si le triangle rêvait d'avoir comme le carré un côté de plus, il deviendrait avec ce côté, non pas un triangle plus parfait, mais un carré. Il serait mort comme triangle. Spinoza nous alerte : l'imagination nous fait croire que nous pourrions emprunter les qualités aux autres - c'est le principe sur lequel se fonde la publicité -, mais si c'était le cas, ce serait au prix de notre vie. Imiter un autre, c'est mourir à soi-même. La question pour accéder à soi-même n'est donc pas « à qui ressembler ? »
Le siècle des égarés : de l’errance identitaire au sentiment de soi de Julia de Funès

Car, dans ce livre, j’ai eu parfois le sentiment de me retrouver avec des affirmations non étayées, des sophismes ou des propositions personnelles érigées en vérité. Je me suis même demandé si, avec les mêmes arguments et références, il serait possible d’arriver à des conclusions opposées.

L'identité est également l'une des moins bonnes réponses qu'un collectif puisse trouver pour se sentir être. Les conflits sexistes, racistes, idéologiques sont pour la plupart des problèmes identitaires, dont l'éloignement avec l'universalisme des Lumières mène aux pires intransigeances égalitaristes. Si, hier, la bataille pour l'égalité était la bonne, elle ne semble plus l'être aujourd'hui. Chercher à prouver que la femme, le racisé, l'homosexuel est égal à l'homme blanc hétérosexuel n'a plus aucune pertinence en France en 2022. Du point de vue de l'égalité des chances, nous ne sommes certes pas égaux, mais du point de vue de l'égalité de droit, le combat est gagné grâce aux combattants des siècles passés. Ce n'est pas par l'identitarisme ni par son exigence égalitariste que nous progresserons désormais vers une plus juste reconnaissance individuelle et paix sociale, mais par la liberté.

Mais ! Et même si je ne partage vraiment pas toutes ses idées, reste un livre pour comprendre les reproches possibles aux idéologies identitaristes et communautaristes et pour décortiquer le «qui suis-je», l’inné et l’acquis, la construction de soi, nos parts culturelles et biologiques

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Qui suis-je vraiment ? Comment ne pas brimer une partie de moi-même et vivre pleinement ce que je désire ? Quel est mon style ? En ai-je seulement un ? À quel point suis-je le résultat d'une culture, d'une descendance, d'une couleur de peau ou d'un genre ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En faisant de l'identité une priorité, notre siècle s'égare. Philosophiquement, l'identité est un concept dont la validité reste incertaine. Politiquement, les dogmatismes identitaires s'exacerbent au point de déstabiliser l'universalisme républicain. Individuellement, l'identité nous fige dans des postures qui nous éloignent de nous-mêmes.

Si l'identité est à questionner, quelque chose de cette notion semble toutefois ne pas pouvoir se laisser abandonner : le désir d'être soi-même. Alors, comment parvenir au sentiment de soi sans tomber dans le piège identitaire ? Tel est l'enjeu de ce livre

Les métiers cachés de la bande dessinée

Amusant petit livre d’humour rigolo sur les métiers de la BD, des plus foufous aux plus concrets.

Le lecteur idéal est indispensable au travail de l'auteur.
Car le lecteur idéal comprend tout. Il ressent les finesses de l'œuvre, ses nuances, ses non-dits. C'est son métier.
Pour mieux connaître le dessinateur, il a couché avec sa femme, sa mère et sa fille. Il a assisté à ses séances de psychanalyse. Il a promené son chien. Il a nettoyé son appartement. Il a lu tous ses livres.
Les métiers cachés de la bande dessinée de Jean-Luc Coudray, dessins de Emmanuel Reuzé

Amusant aussi de retrouver – à l’heure de la grande controverse de l’expo de Bastien Vivès à Angoulème – un petit Titeuf tout nu avec un gros zizi. Cela pose-t-il problème ? Certes, le dessin est guère réaliste mais le zizi est quand même bien gros, non ?

Le nu de Titeuf révèle, de manière surdimensionnée, les deux éléments relationnels du corps, la tête et le zizi.
Nous découvrons dans cette radiographie une confirmation éclatante de la théorie freudienne qui affirme que le psychique et le sexuel sont à peu près la même chose.
Le tronc, les bras et les jambes, réduits à de simples fils de fer, ne sont que de modestes outils au service de la tête et du sexe.
Nous en déduisons ainsi que Titeuf est un être entièrement orienté vers autrui.
Les mauvais esprits qui penseront, au vu de son zizi imposant, que Titeuf serait projeté vers les autres par des pulsions égoïstes n'auront qu'à se souvenir que le sexe, au service de l'espèce et non de l'individu, est l'organe de l'altruisme.

Un petit moment bien sympa en trois parties. Les vrais-faux métiers, quelques hommages aux grands auteurs de la bande dessinée à la papa et finalement les faux-vrais métiers. Et même si j’aurais bien aimé y retrouver des personnages de comics, mangas ou d’autres plus contemporains, je n’ai pas boudé ces instants drôles

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une réflexion générale sur la bande dessinée par J.-L. Coudray illustrée par E. Reuzé et accompagnée de photos anciennes légendées et détournées

Rendez-vous

Martina (ou presque Martina) a la cinquantaine. Déjà, ça commence pas trop bien. Seule et pas super à l’aise avec ses paupières et elle même. Les solutions ? Tinder et un psy ! Mais un psy plutôt original qui l’invite à rechercher sa force dans des oeuvres d’art. Direction Martigny, New-York, Vienne ou Amsterdam. Pour ce qui est de Tinder, ça sera direction Paris.

 - Vous me prescrivez d'aller voir Le Faux Miroir de Magritte à New York. Indépendamment du fait que ce sera plus coûteux que des pilules roses vendues par la big pharma helvétique, ce qui n'est pas peu dire, le résultat risque d'être au moins aussi aléatoire non ?
 - C'est comme pour tout traitement. Le secret n'est pas dans le médicament lui-même, mais dans le rapport bénéfice-risque. Vous avez à mon sens plus de chance que ce voyage et cette rencontre avec Magritte vous fassent du bien que d'ingérer une molécule pendant des mois sans rien transformer dans votre vie ou plutôt, dans votre vision de la vie.
Rendez-vous de Martina Chyba

Un livre très drôle (en tout cas au début) avec une écriture pleine d’autodérision et de fatalisme enjoué. Puis, petit à petit, Martina entre dans la viande, le dur… La vie n’est jamais simple longtemps.

Petit.
Je le regarde et il me regarde.
Comment ce que je vois peut-il me donner de la force?
Un tableau peut-il murmurer? Oui, définitivement, il peut. Et voici ce qu'il dit: arrête de tout voir toujours en noir, d'imaginer une guerre nucléaire à chaque coin de rue, de croire que tu vas te retrouver à la rue, sans boulot, sans enfants, sans amour, sans rien d'autre que tes articulations pourries, ton hypertension et ton cerveau déréglé qui te feront souffrir, arrête de croire que tu mourras seule bouffée par ton chat ou que tu finiras dans une maison de retraite avec repas à 17h30, extinction des feux à 19 heures et extinction définitive au bout de dix-huit mois en moyenne.

Un titre très amusant qui peut donc se comprendre de plusieurs manières. Parle-t-elle de ses rendez-vous ou est-ce une invitation à se rendre, à accepter sa vie et cesser le combat ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mon gynécologue est un homme charmant. C'est le seul homme de ma vie devant lequel je me suis intégralement déshabillée après seulement cinq minutes de discussion.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai rendez-vous. Avec un homme. Au bas des marches du Sacré- Coeur, à Paris. Je ne le connais pas. C'est un site de rencontres qui nous a mis en contact par erreur. Il va peut-être me découper en rondelles et on ne découvrira jamais mon corps. Ou passer la nuit avec moi et disparaître. Ce n'est pas gagné. Mais ce n'est pas perdu non plus. Il faut essayer.

Je fais partie d'une génération pathétique, révoltée contre rien mais fatiguée de tout, persuadée d'avoir trente ans dans sa tête et dans sa chair, mais désespérée d'en avoir cinquante dans ses artères et dans son job.

J'ai rendez-vous. Avec moi-même. Et pour m'aider, j'ai un psy. Comme les autres, il prescrit des traitements. Mais ce ne sont ni des antidépresseurs, ni des anxiolytiques, ni des somnifères, ni des tisanes, ni des séjours en clinique, ni des stages de méditation.

Mon psy à moi ne prescrit que des oeuvres d'art. Et me demande de les contempler dans les musées en me posant une seule question : Comment ce que je vois peut-il me donner de la force ? »

L'héroïne de ce roman, inspirée par le vécu de l'auteure, cumule les rôles et les défis, entre travail, enfants, deuils, années qui passent, déménagement et amours compliquées. Avec un seul objectif : rester vivante, toujours. Ce livre plein d'humour et sans complexe nous aide à avancer (car ce n'est pas comme si on avait le choix, n'est-ce pas ?) en explorant le pouvoir réparateur des oeuvres d'art