Le roitelet

L’écrivain a la soixantaine, il est marié et il a un chien et un chat. Et un frère schizophrène.

Je crois que le jour où le docteur Dumontier a dit que mon frère souffrait d'une maladie grave, quelque chose s'est brisé. Sauf erreur, et puisqu'il est vrai que les mots donnent sa forme à l'esprit, le fait d'avoir simplement mis le mot schizophrénie sur ce mal a en quelque sorte accéléré la dégringolade de mon frère. Sa jeunesse, que j'avais observée s'enfuir au cours des quelques mois précédents, laissait place désormais à autre chose qui n'était pas encore le déclin mais qui s'y préparait.
Le roitelet de Jean-François Beauchemin

Et très simplement il raconte sa vie, son enfance, la maladie de son frère, la mort de leurs parents… Et ça semble tout simple et c’est pourtant beaucoup plus que ça. C’est toute la tendresse, l’amour, l’accompagnement, la vie, les oiseaux qui chantent, les crises, les peurs, le bonheur d’être là.

Un livre bouleversant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il avait à peine treize ans (et moi quinze) lorsqu'il a sans le savoir planté les premières bornes de son terrible destin. Sur la ferme où on nous avait confié la tâche de ramasser les œufs et de distribuer le foin, une vache que nous connaissions bien s'est écroulée un matin sous nos yeux, prête à accoucher. Restés seuls sur les lieux en l'absence du fermier, mon frère et moi avons dû préparer nous- mêmes, dans une totale improvisation, la mise au monde du veau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un homme vit paisiblement à la campagne avec sa femme Livia, son chien Pablo et le chat Lennon. Pour cet écrivain parvenu à l’aube de la vieillesse, l’essentiel n’est plus tant dans ses actions que dans sa façon d’habiter le Monde, et plus précisément dans la nécessité de l’amour. À intervalles réguliers, il reçoit la visite de son frère malheureux, éprouvé par la schizophrénie. Ici se révèlent, avec une indicible pudeur, les moments forts d’une relation fraternelle marquée par la peine, la solitude et l’inquiétude, mais sans cesse raffermie par la tendresse, la sollicitude.

J’irai déterrer mon père

Rythmée par le tic-tac du temps qui s’écoule, Charlie raconte sa maladie (une boule comme une orange), son frère (un gros connard), son père (suicidé), sa copine (enceinte), sa mère (mère), son compagnon, sa famille…

Tic-tac.
La mort se loge en nous avant même qu'on apprenne à dire son nom. Plus fidèle qu'une chienne, plus vorace qu'un affamé, elle n'est la meilleure amie de personne, mais possède un double de toutes les clés. Je ne l'attendais pas, mais elle est tout de même venue, simplement parce qu'elle vient toujours. La chienne.
J’irai déterrer mon père de Catherine Larochelle

Mais rien n’est immuable au son du tic-tac et le frère est il vraiment aussi con et un père mort n’a-t-il plus rien à dire ?

L’histoire de la maladie qui détruit, mais aussi bien plus que ça.

Un livre splendide, aux émotions qui déchirent, un cocktail de violence et d’amour, de rancunes et de retrouvailles.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je me sens aussi blanche qu'un paysage d'hiver. Ils n'ont pas réussi à passer entièrement le coloscope. Quelque chose bloquait son avancée au niveau de l'intestin. Ce n'est pas bon signe, surtout que mon ventre crie sa douleur depuis longtemps.

Tic-tac.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À 29 ans, Charlie n’a plus de temps à perdre. Sa liste de choses à régler est interminable. Elle entreprend un périple vers le pardon et le deuil, accompagnée de son frère détesté, de sa cheeky best friend, du fantôme de son père, de sa mère trop intense et de son amoureux qu’elle soupçonne de garder dans ses poumons le parfum d’une autre femme.

Un récit porté par une prose à la fois crue et candide, qui fait jaillir la lumière même dans ses coins les plus sombres

Mémoire de soie

Ça commence comme un roman du terroir, avec des belles grosses phrases comme on en fait plus trop, avec des adjectifs qui font joli et tout et tout… Ça continue aussi un peu comme ça, finalement, même si ça devient vite assez méchant.

La proposition de mariage est arrivée comme toute autre nouvelle, par courrier et rédigée par un autre. Baptistin n'apprendrait pas à écrire dans ce foutoir, il n'avait pas su le faire à l'école. Il savait à peine déchiffrer. Il n'a d'ailleurs rien dit de particulier quand Suzanne lui a lu l'ordre de mobilisation générale affiché sur la place du village ce jour-là. 2 août 1914, Suzanne n'était arrivée que depuis deux mois et demi. C'est donc la guerre. Comme valsent les tourments, comme valdinguent les espoirs. C'est donc la guerre.
La vacherie pleine et goulue.
Mémoire de soie de Adrien Borne

Une sale histoire avec deux frères héritiers d’une magnanerie et une salope de mère. Et Suzanne qui se marie avec un des deux qui meurt a se démobilisation de la grippe espagnole.

Une magnanerie de l’époque

Une vache d’époque, où la vie ne compte pas bien plus que ce qu’il faut pour la nourrir. Un époque où on s’arrange, parce qu’il faut bien.

Un roman du terroir bien noir, empêtré dans les ressentiments, les inavouables non-dits… les secrets de famille

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La lumière suinte et dessine autour du volet un liséré clair. Elle reste le plus sûr repère. Celui de la course du soleil. Émile souligne des yeux la marque blanche, tirant sur un jaune léger, elle court jusqu'à sa table de chevet, ne l'atteint pas encore, semble vouloir l'épargner. Il a vingt ans ce 9 juin 1936.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce 9 juin 1936, Émile a vingt ans et il part pour son service militaire. C'est la première fois qu'il quitte la magnanerie où étaient élevés les vers à soie jusqu'à la fin de la guerre. Pourtant, rien ne vient bousculer les habitudes de ses parents. Il y a juste ce livret de famille, glissé au fond de son sac avant qu'il ne prenne le car pour Montélimar. À l'intérieur, deux prénoms. Celui de sa mère, Suzanne, et un autre, Baptistin. Ce n'est pas son père, alors qui est-ce ? Pour comprendre, il faut dévider le cocon et tirer le fil, jusqu'au premier acte de cette malédiction familiale.

Ce premier roman virtuose, âpre et poignant, nous plonge au coeur d'un monde rongé par le silence. Il explore les vies empêchées et les espoirs fracassés, les tragédies intimes et la guerre qui tord le cou au merveilleux. Il raconte la mécanique de l'oubli, mais aussi l'amour, malgré tout, et la vie qui s'accommode et s'obstine.

L’indésir

L’indésir est une quête, celle de Nuria qui enterre sa mère. Une mère qu’elle ne connait pas, qu’elle n’a pas vue depuis 8 ans, une mère absente. Le deuil d’une inconnue.

Abel lève les yeux vers moi. Elle est belle comme toi. Elle n'est pas belle, cette femme. Elle est mauvaise, elle est seule, elle est malheureuse, elle n'est qu'elle et rien ne lui survit. Rien d'autre que les larmes de bébé croco d'un jeune idiot qui se tapait une vieille. Elle n'est pas comme moi. Je crache ça avec mépris.
L’indésir de Joséphine Tassy

Mais aussi une rencontre avec Abel.
bats-toi pour ton désir
attise-le comme un feu qui réchauffe et ne brûle pas 
attise-le comme le feu du jaune de tes yeux
Je ne sais pas quels sont les mots sortis de sa bouche et quels sont ceux sortis de ma tête. Tout s'est mélangé. Ça n'a pas d'importance.
Par faiblesse, j'aurais pu penser: c'est le destin.

Deux événements qui se percutent pour lui donner une chance de ressentir à nouveau, de désirer et de vivre.

Un livre marquant tant par son écriture que sa thématique difficile, une fille qui n’a pas été aimée par sa mère. Comment oser vivre, aimer ou désirer

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce matin, je me suis réveillée avec une impression d'hier.
J'ai regardé mes pelures de la veille abandonnées là où hier je les ai laissées.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce matin, Nuria s'est réveillée avec une impression d'hier. Dans la nuit, son téléphone a sonné : sa mère est morte. Elle ne ressent rien, aucun chagrin pour cette étrangère qu'elle n'a pas vue depuis huit ans. Avec Abel, un garçon croisé en boîte, elle part à la rencontre des drôles d'individus qui ont connu sa mère. Nuria cherche des réponses sans poser de questions. Sauf une, qu'elle garde pour elle. Le souvenir de cette femme qui n'a jamais voulu d'elle la renvoie à l'indésir qui lui colle à la peau.

Sensibilités

A l’heure de la polémique autour de Que notre joie demeure, prix Décembre et Médicis, de Kevin Lambert et de la relecture prépublication par un sensitivity reader, ce livre tombe juste !

En plus, il est très drôle !

FEEL GOOD, UN MOMENT DE BONHEUR !
Partout sur les écrans, des femmes, des hommes, des enfants, des trans, des bis, des gays, des hétéros, des asexuels, de toutes les couleurs, tous les continents, tous les pays, tous les âges, tous les poids, toutes les tailles, tous les handicaps, toutes les religions, lisaient, au ralenti, des livres Feel-Good.
ET SI VOUS VOUS FAISIEZ DU BIEN? susurrait la voix moelleuse et sucrée qui accompagnait ces moments de pur bonheur.
Sensibilités de Tania de Montaigne

Sensibilités est une fable qui se passe dans une maison d’édition feel good et qui, suite au poignardage d’un auteur qui avait heurté la sensibilité d’un lecteur, se dote d’un code de bienveillance ! Mais est-ce possible, souhaitable, réaliste ?

Bienvenue dans une entreprise woke suiviste et jusqu’au-boutiste, secouée par la versatilité des réseaux sociaux et aveuglée par ses profits

Et bravo encore pour le nouveau titre de Noire qui devient Bus. Remarquez que j’aimais bien Jante aussi

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un écrivain venait d'être poignardé à dix- huit reprises. Elle se rappellerait toujours que, le matin même, Feel Good s'apprêtait à entrer en Bourse. La journée, qui avait commencé dans la joie, s'était poursuivie dans le sang.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un écrivain est sauvagement poignardé. Son crime ? avoir heurté les sensibilités.

Immédiatement, une salariée de Feel Good, maison d'édition à la pointe du progrès, décide de tout mettre en oeuvre pour qu'une telle tragédie ne se reproduise jamais.

La méthode est simple et radicale : effacer certains mots des manuscrits, pour que plus personne ne soit heurté dans sa sensibilité. Corriger, couper, remplacer. Que chacun se sente heureux et calme. Les écrivains s'interrogent, luttent, mais le marché et les actionnaires applaudissent, les lectrices et les lecteurs adorent.

Pourtant, chaque jour apporte son lot de violence, de haine, de racisme, d'incompréhension. Ces maux n'ont-ils pas été eux aussi effacés de la société ?

Situations justes et terribles, où l'ironie se mêle à la tendresse. Dialogues acides et hilarants. Sensibilités est une fable de notre temps

Dès que sa bouche fut pleine

Le postulat de ce livre est hilarant (et très intéressant aussi). Et si c’était plutôt le fait de manger qui était tabou plutôt que la sexualité ?

Dès que sa bouche fut pleine, elle sut qu'elle n'oublierait jamais le goût, le plaisir, la puissance de cet instant, et que jamais, même si l'occasion se présentait un jour, même si quelqu'un était d'accord pour l'écouter, elle ne trouverait les mots pour en parler.
Dès que sa bouche fut pleine de Juliette Oury

Et dans cette société où tout le monde vit son alimentation caché – voir honteux – en ne se nourrissant que de barres anaromatiques, tout le monde baise et se touche, se retrouve pour une partie entre amis, partage une banquette entre collègues…

Mais petit à petit, Laetitia (qui s’emmerde quand même un peu dans son couple) sent monter le désir, celui de l’interdit, l’envie de goûter, de cuisiner, de manger, du gras, du goûteux, salé, épicé, sucré, des saveurs et des textures… Croquer dans cette irrésistible pomme !

Un livre sur le désir et la sensualité débordant d’érotisme culinaire

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Laetitia avait rarement très envie, le matin. Son sommeil était lourd et pénétré de rêves obscurs qui collaient à ses yeux quand elle ouvrait les paupières. Pourtant, chaque matin, quand Bertrand posait la main sur elle, quand elle sentait son érection contre sa cuisse, elle lui souriait, et puis elle se laissait faire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce geste ne disait rien du désir de Bertrand, dont elle ne savait pas grand-chose, mais il parlait du jeune homme consciencieux qu'il était, de ceux qui avaient bien noté que les experts considéraient le rapport matinier, en ce qu'il rompait la chasteté de la nuit, comme le meilleur pour le métabolisme. Laetitia voyait que son amoureux mettait un point d'honneur à suivre les recommandations officielles et qu'il baisait donc équilibré, ne s'autorisant que peu d'écarts. »

Dans ce monde où la place du sexe et celle de la nourriture sont inversées, le sexe rythme les journées de tous, tandis que la nourriture est une affaire de l'intime, d'amants, qu'il faut taire et qui fait rougir.

Véritable expérience de lecture, Dès que sa bouche fut pleine est aussi un premier roman initiatique, l'histoire d'une jeune femme entraînée malgré elle par son désir, un désir défendu qu'elle va transformer en une force intime capable de la protéger contre toutes les formes d'aliénation. D'ailleurs, le désir et l'appétit sont-ils vraiment si différents ?

Un simple dîner

À la manière d’un huis-clos de Jaoui-Bacri, Cécile Tlili invite deux couples pour un souper… Chronique d’un drame inévitable.

Johar lève les yeux de son téléphone. Étienne et Claudia arrivent, une assiette dans chaque main, en une ridicule procession. Elle se demande quel besoin a cette femme de se cacher derrière son compagnon, et quel besoin il a, lui, de s'attribuer le mérite des plats qu'elle a visiblement mis des heures à mitonner. À sa gauche, Rémi déguste le bourgogne à petites gorgées. Elle entend un écœurant bruit de succion, on dirait qu'il dépose des baisers humides sur la bordure du verre.
Un simple dîner de Cécile Tlili

Pourtant ici, nulle envie de rire, juste des couples qui s’étiolent, fanés, usés et que nul ne semble avoir la force – ni même l’envie – de faire refleurir.

Un beau livre, moche comme les choses dont a pas pris soin depuis trop longtemps

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Claudia s'adosse au mur de la cuisine. La chaleur emmagasinée par le plâtre tout au long de la journée se propage dans ses hanches, ses omoplates, ses épaules. Sa tête tombe en avant, infiniment lourde. À la vue des striures rouges qui lui barrent la gorge, Claudia s'enfonce un peu plus profondément dans le mur, indifférente aux traces que ses mains, encore grasses d'avoir huilé le pou- let, impriment sur la peinture blanche.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Dans le miroir de la salle de bains, elle se dévisage, et se voit telle que les amis d'Etienne vont la voir : une fille fade et gauche, une fille qu'il a choisie parce qu'elle ne risque pas de lui faire de l'ombre ».
Un soir de canicule, en août à Paris, deux couples se rejoignent pour dîner. La soirée aura lieu chez Etienne. Claudia, sa compagne, d'une timidité maladive, a cuisiné toute la journée pour masquer son appréhension.
Johar et Rémi, leurs invités, n'ont pas l'esprit tranquille non plus. Autour de la table, les uns nourrissent des intentions cachées tandis que les autres font tout pour garder leurs secrets. L'odeur épicée d'un curry, une veste qui glisse d'un fauteuil, il suffit d'un rien pour que tout bascule. Avec ce huis-clos renversant, Cécile Tlili interroge la place des femmes dans la société et tisse, avec délicatesse, une ode à l'émancipation et à la liberté.

Western

Bousculé par la narration, l’écriture et le style (enfin… tout ça quoi), j’ai eu de la peine à entrer et à rester en lien avec ce western. Mais quel livre marquant !

J'entends par western un endroit de l'existence où l'on va jouer sa vie sur une décision, avec ou sans désinvolture, parce qu'il n'y a plus d'autre sens à l'existence que l'arbitraire. C'est un lieu assez nu, on s'y rend au sens du verbe « se rendre ». L'autre y est un décor et le temps dilaté. Le western se fout de son temps et de faire avec, il va contre. Ne coïncident plus l'homme et le manque mais l'homme et la plaine.
Quelque chose précède toujours le western: une logique violemment personnelle et dérisoire, vouée à finir, faite d'ordre et de ville, de liens et d'habitudes. Et de dettes.
Western de Maria Pourchet

Un western moderne, sans gentils ni méchants. En tout cas un espace où il est facile de glisser de l’un à l’autre et selon quels critères, d’ailleurs ?
Alexis ? Un féministe à encenser, salopard que #metoo a trop tardé à crucifier, un homme célèbre qui en a profité sans y voir malice ?
Ou n’est-ce que le roman de notre époque ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Cela commence à Paris, au théâtre, sur la scène, au centre et au fond, dans l'humeur et l'impatience. Le théâtre c'est comme une mine, un volcan ou une fille. Tout se passe dans le ventre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'entends par western un endroit de l'existence où l'on va jouer sa vie sur une décision ».
Éternelle logique de l'Ouest à laquelle se rend le célèbre comédien Alexis Zagner quand, poussé par l'intuition d'un danger, il abandonne un rôle mythique - Dom Juan - et quitte brusquement la ville, à la façon des cow-boys. Quelles lois veut-il laisser derrière lui ? Qu'a-t-il fait pour redouter l'époque qui l'a pourtant consacré ? Et qu'espère-t-il découvrir à l'ouest du pays ? Pas cette femme, Aurore, qui l'arrête en pleine cavale et semble n'avoir rien de mieux à faire que le retenir et percer son secret.
Tandis que dans le sillage d'Alexis se lève une tempête médiatique qui pourrait l'emporter, un face à face impudique s'engage entre les deux exilés. Dans ce roman galopant porté par une écriture éblouissante, Maria Pourchet livre, avec un sens de l'humour à la mesure de son sens du tragique, une profonde réflexion sur notre époque, sa violence, sa vulnérabilité, ses rapports difficiles à la liberté et la place qu'elle peut encore laisser au langage amoureux.

Une femme simple et honnête

Un premier roman vertigineux, terrible et sensuel !

En virtuose, Robert Goolrick dévoile une femme superficielle d’une grande profondeur ainsi qu’un homme richissime rongé par les regrets et les remords dans un poker menteur où personne ne semble pouvoir (ou même vouloir) gagner.

« Il est des choses auxquelles on échappe, pensa-t-il. Mais contre la plupart d'entre elles on ne peut rien, et le froid en fait partie. On n'échappe pas à ce qui est écrit pour nous, surtout au pire. La perte de l'amour. La déception. Le fouet aveugle de la tragédie. »
Une femme simple et honnête de Robert Goolrick

L’histoire de vies perdues, comme cela arrive.

Étourdissant et magistral !

Il faut lire Robert Goolrick !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le froid était glacial, l'air électrique, chargé de tout ce qui allait advenir. Le monde se tint en arrêt, à quatre heures pile. Rien ne bougeait, nulle part, pas un corps, pas un oiseau ; une seconde durant, il n'y eut que le silence et l'immobilité. Des silhouettes gelées sur la terre gelée, hommes, femmes et enfants.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Que vaut une relation qui commence par un mensonge ?
Winsconsin, automne 1907. Ralph Truitt, magnat local, craint et respecté, attend, fébrile, sur un quai de gare enneigé. Ce train en retard renferme son dernier espoir. Après vingt ans de veuvage, l'homme a enfin décidé de se remarier et a placé, plusieurs mois auparavant, une petite annonce dans un journal de Chicago. Et Catherine Land a répondu.
Se décrivant comme "une femme simple et honnête", elle est celle qu'il appelait de tous ses vœux. Mais les apparences peuvent être très trompeuses. Et l'épouse modèle cacher bien des secrets...

Le salon de massage

A la lecture de ce salon de massage, j’ai vraiment eu l’impression que Mazarine avait créé Souheila, lui avait donné un âge, un copain et un métier et s’était ensuite contentée de la regarder vivre…

… et entrer dans un salon de massage et…

Tout mon corps réagissait à ses mains calleuses dont j'aimai immédiatement la texture. Lorsqu'elle remonta le long de mes jambes vers mes fesses, je ne savais plus si j'espérais qu'elle s'y aventure ou si je le redoutais. Mon corps s'ouvrait et se détendait, mon esprit commençait à son tour à lâcher prise. Elle s'en tint au bas des fesses, puis au bas du dos. Rien dans son attitude ne laissait penser que son métier eût un aspect sexuel. D'ailleurs, il était bien noté sur une feuille imprimée et scotchée au mur que toute demande explicite serait sanctionnée par la loi. J'ignorais de quelle loi il s'agissait mais commençais à considérer que cette activité était tout à fait normale: masser était un métier à part entière, [...]
Le salon de massage de Mazarine Pingeot

Une Souheila qui semble vivre comme un bateau en papier qui descend le courant, se laissant porter, coincer, chahuter par les éléments.
Sur le chemin du retour, je laissai couler des larmes de rage et d'impuissance. Je ne savais plus ce que je faisais ni pourquoi. La gratuité de mon existence me sautait aux yeux. J'aurais pu sauter du pont de Tolbiac, mais même ça n'aurait pas eu de sens.

Une vie où même le désir, les rencontres ou les conflits ne semblent réussir à la toucher. Et pour qui ne se laisse pas toucher, quoi de mieux qu’entrer dans un salon de massage ?

« Chaque roman dit au lecteur : "Les choses sont plus compliquées que tu ne le penses." C'est la vérité éternelle du roman mais qui se fait de moins en moins entendre dans le vacarme des réponses simples et rapides qui précèdent la question et l'excluent. »
Milan Kundera, L'Art du roman
Un roman qui commence avec un épigraphe bien sympatoche !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je venais d'avoir 28 ans et un poste à Paris dans une école du XII arrondissement quartier tranquille dont l'ambiance me rappelait Nevers, là où j'ai commencé à enseigner. Je connaissais Paris pour y avoir fait mes études. Ce n'était pas nouveau pour moi, je n'y débarquais pas comme une provinciale apeurée ou au contraire curieuse de tout et qui va au-devant du danger. J'avais aimé la province bien plus que je ne l'avouais à mes amies ou à mon compagnon. Secrètement j'en nourrissais une nostalgie qui me donnait un air blasé, un air de Parisienne.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tout va bien pour Souheila. Ou, plus exactement, rien ne va mal. Alors, qu'est-ce qui la pousse à entrer dans ce salon de massage thaïlandais à deux pas de chez elle qu'elle n'avait jamais remarqué ? Et pourquoi n'en parle-t-elle pas à Rémi, l'homme avec qui elle partage sa vie ? C'est la question à laquelle elle va devoir répondre quand un scandale éclate, qui met au coeur de l'attention le salon de massage et ses clientes.

Souheila, plus à l'aise dans l'ombre et les interstices, se voit contrainte de se rapprocher de ces femmes avec lesquelles elle ne partage rien, si ce n'est d'avoir été victime des mêmes trafiquants. Mais être victime est-il suffisant pour créer des liens ? C'est pourtant par le biais de ce petit groupe que Souheila rencontre un homme qui va bouleverser le cours de son existence, l'obligeant à faire des choix, elle qui s'en remettait au hasard.

Avec une plume saillante et un humour mordant, Mazarine Pingeot s'attaque ici aux sujets les plus brûlants de notre époque